mardi 8 décembre 2015

Mon point de vue sur les corrections et réécritures en externe

Mine de rien, le fait de voir son livre réécrit et amélioré par une maison d'édition, cette idée de franchir un ou plusieurs "paliers de qualité", constitue toujours un facteur de motivation non négligeable pour de nombreux auteurs... et donc, une partie du "fonds de commerce" des maisons d'édition. Quant aux auteurs indépendants dont je fais partie, rien ne nous empêche bien sûr d'externaliser nos corrections. Mais quelle attitude, point de vue et méthode peut-on adopter dès lors qu'il s'agit de corrections? 

A l'époque où je travaillais en tant que rédacteur, puis chef de rubrique jeux vidéo pour le magazine PC Team, au début des années 2000, nous avions un secrétaire de rédaction qui faisait plus que de la retouche d'article: souvent au grand dam de notre directeur de publication, il s'engageait dans la réécriture complète de certains articles, et partielle de tous les articles. Entraînant des retards de publication qui faisaient grincer des dents.

Le but? Créer une véritable empreinte éditoriale permettant de dire que tel ou tel article relève d'une entité collective. Une entité collective appelée PC Team à l'époque. 

Mes articles n'étaient jamais entièrement réécrits, mais déjà à l'époque, je trouvais ces retouches souvent agaçantes. 

Je savais qu'une partie de l'identité de l'individu vient de sa manière de dire le monde, de l'exprimer, et je ressentais dans mes tripes cette dilution de l'identité individuelle au moment de l'intégration de cette entité collective, de cette fameuse ligne éditoriale du magazine. 

Lorsque j'ai été amené à quitter PC Team (pour d'autres raisons que celle-ci, je pensais avoir une opportunité ailleurs qui ne s'est pas concrétisée), je me suis mis à rechercher un poste entre deux piges. 

L'une de mes pistes m'a amené à une légère réorientation: j'ai postulé pour un poste de secrétaire de rédaction. Mon expérience chez PC Team m'avait déjà conduit à avoir une opinion bien arrêtée sur la réécriture. Ainsi, j'expliquai lors de mon entretien d'embauche ma philosophie, qui serait de respecter au maximum la pensée originale de l'auteur et son style d'écriture, en allégeant les retouches. 

Il s'est trouvé que le recruteur recherchait exactement l'inverse, donc l'entretien n'a pas débouché sur un emploi. 

Je ne suis pas sûr, avec le recul, qu'il se soit agi d'un échec. Cette affirmation de l'importance de l'auteur portait en germe celui que j'allais devenir, et en particulier, l'auteur indépendant qui était en moi. Ce que le recruteur avait refusé était l'affirmation de mon identité profonde. J'avais tout à gagner à la défendre, et tout à perdre à la renier. 

Même en ayant été publié entre 2009 et 2011 par une micro maison d'édition, je n'ai jamais travaillé avec un éditeur pratiquant les corrections et la réécriture. Pour autant, je sais que nous développons parfois le fantasme du Guy de Maupassant ou du Victor Hugo qui, en tant que correcteur dans une maison d'édition, va permettre à notre manuscrit de franchir un ou plusieurs paliers, nous élevant au niveau des plus grands noms. 

J'ai aussi fait partie de ceux qui pensent que le simple fait de travailler aux côtés de grands pros va nous aider à nous améliorer. A peu près tous les auteurs souffrent, à des degrés divers, d'un complexe de légitimité de leurs écrits. Stephen King lui-même souffre de ne pas avoir intégré certains cénacles d'écrivains, s'il faut en croire l'auteur Kristine Kathryn Rusch (désolé, je n'ai pas le lien vers l'article exact où elle en parlait).

Et il est vrai que travailler avec d'autres auteurs peut vous aider à vous améliorer, à partir du moment où les critiques sont constructives et ne visent pas à imposer un point de vue, j'allais dire un égo, sur un autre. En ce sens, les forums d'entraide entre auteurs peuvent être d'une aide infiniment précieuse. 

J'ai moi-même un jour donné des conseils d'écriture à un de mes pairs, mais je me suis aperçu en voulant le faire à fond que c'était en réalité mon point de vue que j'essayais d'imposer sur le sien. Ma manière de dire les choses. Faute de pouvoir définir une frontière nette entre ce qui relevait de ma personnalité et une correction entièrement neutre et objective, j'ai décidé de ne plus jamais recommencer l'expérience. 

Si je me méfie de moi-même en tant qu'auteur-correcteur, vous pensez bien que je me méfie de n'importe quel auteur qui pratique des corrections, qu'il le fasse de manière indépendante ou au sein d'une maison d'édition.

Et je ne parle pas que des grosses maisons d'édition. J'ai récemment appris de source sûre qu'une petite maison que je connais, mais uniquement de l'extérieur, réécrivait des chapitres entiers de livres. Peut-être les maisons qui agissent ainsi devraient-elles se mettre en relation avec des spécialistes en développement personnel. 

Encourage-t-on vraiment l'éclosion d'une vraie personnalité, d'une vraie voix en remodelant à tout bout de champ de manière autoritaire? Je ne le crois pas.

S'il est une chose essentielle si l'on veut savoir écrire, c'est de savoir lire. Mon style d'auteur, c'est au travers de mes lectures que je l'ai développé. Par agrégation ou rejet. Des choix personnels, à chaque fois. Qui reflètent l'homme que je suis.

Pour autant, je ne conseille absolument pas aux auteurs de tout faire tout seul. Une vision extérieure sur nos écrits reste indispensable, à la fois sur la forme et sur le fond. Pour des problèmes d'orthographe, de grammaire, de syntaxe, mais aussi de logique, de cohérence, de rythme, de prévisibilité de l'intrigue. De bon sens.

Il existe de nombreux paramètres qui sont objectifs et qui vont nous permettre d'améliorer notre prose.

Ma méthode pour tout ce qui est intrigue et développement de fond d'une histoire consiste à la soumettre à un ou plusieurs lecteur(s) de bon sens, mais pas à un auteur. Il faut bien évidemment connaître la ou les personnes, et la notion de confiance est ici fondamentale.

Pour les problèmes de forme, un logiciel comme Antidote est un outil précieux, à condition d'en identifier les limitations. Cela ne dispense pas de faire appel à un professionnel, mais là encore, attention, car la forme est souvent indissociable du fond. 

Si par exemple, à cause d'un problème de syntaxe, la personne qui vous corrige vous suggère une nouvelle phrase, rien n'empêche de faire une ou plusieurs contre-propositions, sous forme de commentaires en renvoyant le texte.

Si vous faites comme moi une traduction de votre propre livre, vous pouvez même prendre les devants en proposant plusieurs expressions et tournures possibles sous la forme de commentaires, afin d'être certain que le sens que vous souhaitez sera présent au final.

C'est l'un des plus grands avantages de l'autoédition: c'est vous qui de toute façon aurez le dernier mot. Et dites-vous bien une chose, c'est que l'écriture ne sera jamais une science aussi exacte que les mathématiques. 

C'est bien plus organique que cela. Et c'est tant mieux.

mardi 24 novembre 2015

Plus de 1000 livres papier vendus cette année

A la date du 24 novembre, j'ai vendu 1050 livres papier sur l'année 2015, principalement au cours de diverses séances de dédicace (44 dates dont 3 sur 2 jours). Un seuil  symbolique que je n'avais jamais atteint précédemment, bien que je m'en sois fortement rapproché l'an dernier (2014), qui était ma première année à temps plein en tant qu'auteur indépendant. 

J'ai décidé de mettre un terme à la bonne vieille tradition de mes bilans annuels. Cette tradition avait tendance à devenir contraignante d'une part, et mes ventes me semblent plutôt stables d'une année sur l'autre. J'étais à 975 livres papier l'an dernier, je vais terminer au-delà des 1100, à 1200 au maximum. 

Je pense que je vais continuer à tourner entre 800 et 1200 livres papier par an, donc cela va vite devenir monotone. 

Pour ce qui est des ventes d'ebook, je vais finir l'année 2015 aux alentours de 500. 

Mon but n'était de toute façon pas de rendre des comptes année après année, mais de montrer qu'un auteur indépendant pouvait faire aussi bien qu'un micro éditeur, et surtout arriver à en vivre au bout d'un certain temps.

Mais je ne prétends pas non plus que cela soit chose facile. J'ai bénéficié de circonstances favorables dans ma vie, notamment d'héritages qui m'ont permis de m'affranchir, il y a deux ans, de mon boulot alimentaire. 

J'ai récemment posé ma démission - je ne travaillais plus en tant que conseiller emploi depuis deux ans, mais étant dans l'administration, j'avais gardé sous le coude grâce à la mise en disponibilité une option de reprise - achevant ainsi de franchir une étape décisive pour moi. 

Je bénéficie aussi du soutien de mon épouse, qui me permet de bénéficier de sa mutuelle de santé. Le soutien moral est bien sûr le plus important.

Et je ne prétend aucunement m'enrichir financièrement grâce à cette activité: j'étais prêt à abaisser mon niveau de vie, y compris en rognant sur les vacances pour vivre pleinement ma passion. 

Cesser de travailler dans mon ancien boulot alimentaire était aussi pour moi une question de santé mentale, je tiens à le souligner. Eh oui, je suis un être fragile, comme tout le monde. 

Ne croyez donc pas ceux qui vous diront que je suis une exception. C'est juste qu'ayant été journaliste, la plupart du temps pigiste, entre 1996 et 2004, je me suis entraîné à vivre de ma plume à plein temps. 

Je voulais retrouver cela, et bien que je me sois aperçu en cours de route que la société considérait le métier d'auteur comme une activité annexe, ne pouvant se pérenniser non seulement qu'en passant par cette absurde roue de la fortune qu'est l'édition traditionnelle, mais surtout à condition de profiter d'une série invraisemblable de coup de chances, j'ai décidé que ces règles du jeu ne me convenaient pas. J'ai donc inventé les miennes. 

Je crois n'être pas le seul dans ce cas. Je crois aussi qu'il y a de nombreuses autres personnes qui vivent grâce à l'écriture dans leur métier, qu'ils soient journalistes pigistes ou autres, et qui sont donc susceptibles de faire aussi bien, sinon mieux que moi en passant dans l'écriture de fiction. 

Les outils se sont largement développés pour les auteurs indépendants dans les années 2000.

Je suis quelqu'un qui progresse par défis, le dernier consistant à traduire ma trilogie de Fantasy en anglais. Si l'on me demandait le secret de mon indépendance, je dirais que cela consiste à ne pas laisser d'autres personnes définir mes critères de succès.

vendredi 20 novembre 2015

Terrorisme médiatique

"Bien des premiers seront les derniers et bien des derniers seront les premiers", nous dit la Bible. Est-il pour autant nécessaire de surmédiatiser les cancres devenus des petites frappes de banlieue, puis des terroristes? En une semaine, l'un de ces cancres à l'origine des attentats de vendredi dernier est devenu le terroriste dont on parle le plus depuis celui à l'origine des attentats du World Trade Center, s'il faut en croire le New-York Times. Ne serait-il pas temps de laisser ces cancres dans l'anonymat dont ils ne devraient jamais sortir? Afin d'éviter de devoir revivre dans un cycle sans fin ces attentats à grand spectacle? Quel modèle veut-on donner à nos enfants?

Une télé-réalité du terrorisme. Voilà ce à quoi j'ai l'impression d'assister depuis une semaine. Alors oui, il est temps pour moi de m'écarter très provisoirement des sujets de prédilection de ce blog. 

Certains diront, "Alan Spade, c'est l'exemple type de l'artiste jaloux du succès médiatique d'autrui". Il y a sans doute du vrai là-dedans, puisque après tout, écrire et vouloir être lu, c'est s'exposer à la lumière, mais qui est cet autrui? Quels sont ses mérites, en dehors d'avoir planifié une opération militaire réussie (de son point de vue), dans laquelle il a fini par sacrifier sa vie? 

Lorsque les médias disent: "cela va se reproduire, c'est certain", ne peut-on y voir une prophétie auto-réalisatrice? 

J'imagine les journalistes de TF1 parler en "off" du visage du cancre ennemi public n°1. "Tu as vu sa trombine? Il a une gueule super charismatique. Il faut qu'on le montre, les gens vont adorer le détester." Et ils nous l'auront montré, sa gueule. Ça oui!

Il est temps de clamer haut et fort que les médias, en offrant à ce cancre le paradis médiatique à défaut de celui des 72 vierges, sont en train de donner naissance à des vocations. 

Ils se comportent en imbéciles narcissiques et irresponsables. Mettre ce terroriste à la Une, même pour dénoncer ses actes, c'est aussi se complaire dans la contemplation d'un pouvoir médiatique collectif, au niveau international aussi bien que national. Un pouvoir morbide, en l'occurrence.

Je reconnais que j'avais réagi au moment de l'attentat de Charlie Hebdo en mettant une bannière "Je suis Charlie" sur ma page Facebook. Je me sentais proche des gens de Charlie, mon propre père ayant été dessinateur.

Là, je n'ai pas réfléchi très longtemps avant de refuser la suggestion de Facebook de mettre un drapeau français en transparence sur mon profil. Non pas que j'ai quoi que ce soit à reprocher à ce drapeau. 

C'est juste que les apprentis djihadistes qui visitent les réseaux sociaux peuvent voir chaque drapeau comme un trophée. Inutile et contre-productif de leur donner cette satisfaction - même si, bien sûr, je sais pertinemment que ceux qui affichent ce drapeau le font pour ce qu'ils pensent être de bonnes raisons.

Les médias de toute nature envoient des messages subliminaux aux terroristes, mais en ce moment, c'est devenu tellement lourdingue qu'on n'est plus vraiment dans le subliminal. 

Alors, comment traiter l'info? Faut-il ne parler de rien, faire l'autruche?

Non, bien sûr. Les Français avaient le droit de savoir ce qu'il se passait. Il faut anonymiser les terroristes. En clair, ne jamais donner leur nom. Ne jamais montrer leur photo. Ne jamais les filmer. Se concentrer sur les victimes, mais tout en évitant de s'étendre.

Cesser de filmer en direct les assauts, et prendre des mesures pour que tout ceux qui filment tombent sous le coup de l'apologie du terrorisme. Tourner la page au plus vite. Ne jamais se faire le complice de la célébrité d'un de ces cancres. Faire taire la fascination morbide qui existe en chacun de nous, et tend à nous transformer en vautours.

Cela n'empêchera ni la police, ni les enquêteurs de faire leur travail. On sera bien plus en sécurité en décourageant les vocations qu'en les encourageant ainsi. 

Les médias doivent grandir. Apprendre le sens des responsabilités. Car leur pouvoir est immense, et un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités.

jeudi 19 novembre 2015

Les auteurs et écrivains : tous des "hobbyists" (amateurs)?

Si ce qu'on appelle les écrivains ou "grands écrivains" jouissent d'une forme d'estime parmi le grand public, leurs revenus d'écriture font plus souvent qu'à leur tour le grand écart avec cette considération. Lorsque l'on s'intéresse à la place qu'occupent ces auteurs et écrivains dans le marché du livre, on s'aperçoit avec étonnement qu'ils n'en sont que des satellites. Ma théorie personnelle est qu'au-delà des strass et paillettes, ils sont en réalité considérés par les "professionnels du livre" de tout acabit comme des "hobbyists", des personnes pratiquant un hobby. Bonne nouvelle, les choses sont en train de changer, en grande partie grâce à l'autoédition. 

Le terme "hobbyist" est un terme anglais qui peut être traduit par une périphrase, "personne pratiquant un hobby, un loisir", ou plus simplement par le terme "amateur". J'aime bien ce terme de "hobbyist", car il dit de manière très directe ce qui n'est décrit que de manière imparfaite en français.

Récemment, on a vu des articles (je pense notamment à un article de BFM) qualifier les auteurs autoédités "d'écrivains du dimanche", qui se rapproche également très fort de l'acception de "personne pratiquant un hobby", mais en y ajoutant une notion péjorative jouant sur le contraste entre "écrivain" et "du dimanche".

Avec un soupçon de malice, on pourrait renverser le sarcasme qui se cache derrière ce terme d'"écrivains du dimanche" pour affirmer que les amateurs, délivrés des soucis pécuniaires, sont les seuls véritables artistes, car les seuls à même de créer sans aucun souci de plaire, ni aucune considération pour le marché. 

Après tout, n'y a-t-il pas dans "amateur" le mot "amoureux"? Être amoureux de son art, je ne vois pas où est le problème là-dedans. Cela me paraîtrait même être un prérequis. 

De très nombreux auteurs se sont contentés d'être ces amoureux de leur art, produisant des œuvres de qualité en parallèle de leur métier alimentaire, un peu comme un dérivatif. Stefan Wul, de son vrai nom Pierre Pairault, que j'admire énormément, était dans ce cas. J.R.R. Tolkien lui-même était professeur d'anglais.

Robert E. Howard a quant à lui réussi à échapper à ce tropisme, cette tendance lourde, à force de travail et d'abnégation, en soumettant ses nouvelles à des pulps, célèbres magazines dont l'emblématique Weird Tales - concernant Robert E. Howard, si vous comprenez l'anglais, je ne peux que recommander de regarder le film The Whole Wide World.

Il est intéressant de constater que le travail de nouvelliste désirant se faire publier dans un magazine a pas mal de points communs avec celui de journaliste pigiste dans la presse écrite. Là encore, un autre satellite.

La société a beau mettre littéralement au Panthéon certains écrivains, il ne faut pas croire, elle garde les pieds sur terre, et nombreuses sont les personnes à considérer qu'écrivain n'est pas un métier. Ou alors, un métier de crève-la-faim. 

Les seuls vrais professionnels seraient les participants de la chaîne du livre, éditeurs, libraires, bibliothécaires, distributeurs, diffuseurs, publicistes, imprimeurs... plus les rarissimes auteurs qui se sont rendus indispensables à ce marché du livre, de par le nombre de lecteurs et fans qui les suivent. Comme avait su le faire R.E. Howard avec Weird Tales.

C'est pourquoi il me semble raisonnable de penser que par défaut, tous les auteurs sont considérés comme des amateurs. Ce qui explique, bien évidemment, les contrats extrêmement défavorables aux auteurs. Oui, pour un éditeur, il y a souvent "bonne poire" écrit en lettres invisibles sur votre front d'auteur.  

Et on peut penser que même les auteurs qui ont gagné en notoriété sont toujours considérés comme des bonnes poires par leur éditeur, dans la mesure où il n'ont pas montré une connaissance suffisamment intime du marché pour savoir où se situait leur meilleur intérêt. Pour gagner le respect de quelqu'un, il faut jouer le même jeu que lui, et non s'extraire du jeu en se disant qu'on est au-dessus de tout cela. Ce n'est pas pour rien si l'auteur qui vend le plus au monde, James Patterson, est aussi un expert en marketing.

Loin de moi l'idée de dire que l'on doit viser à devenir le prochain Patterson. Il en va souvent, tout simplement, de l'avenir de l'auteur: rares sont ceux qui arrivent à vivre à plein temps de leur plume, et s'ils y parviennent, ils ont intérêt, s'ils veulent maintenir cette activité d'écriture à temps plein, à se donner les armes pour y parvenir. 

Le bouleversement de l'autoédition par voie électronique

L'autoédition est une belle illustration du fait que la professionnalisation des auteurs découle d'un amateurisme de départ. Un journaliste qui voudrait parler d'écrivains du dimanche pourrait sélectionner des milliers d’œuvres autoéditées à titre d'exemple. Tout en oubliant, bien sûr, les auteurs qui ont une démarche vraiment pro. 

Si l'autoédition, en France, y compris par voie électronique, n'a pas vraiment changé le fait que très peu d'auteurs en vivent, le véritable chamboulement se situe en réalité dans la démarche: grâce à Internet, de plus en plus d'auteurs ont une démarche professionnelle, s'inscrivant dans un marché. Il n'y a que comme cela qu'ils s'attireront le véritable respect de la société, et qu'ils cesseront de se faire marcher dessus.

Le fait que la plupart des auteurs autoédités qui réussissent passent exclusivement par Amazon, lequel Amazon fonctionne presque en vase clos, est évidemment gênant.

Notez tout de même le "presque": Amélie Antoine, lauréate du prix de l'autoédition Amazon, va se faire publier par Michel Lafon, un éditeur traditionnel. Nul auteur n'est prisonnier d'Amazon. 

Le point le plus positif pour les auteurs et leur "viabilité financière" dans la société est bien que ce bouleversement dans la démarche - couvertures de plus en plus léchées, argumentaire percutant, liens tissés avec les lecteurs, notamment au travers de newsletters, des réseaux sociaux ou de blogs -  ait eu lieu. Bien que la concurrence ne soit pas pour l'instant à la hauteur d'Amazon, elle a le mérite d'exister, et d'avoir compris l'intérêt de soutenir les auteurs autoédités.

Si la tendance se poursuit, à la fois du côté des auteurs pour ce qui est de la professionnalisation, et des plates-formes pour la mise en valeur, il se pourrait bien qu'un beau jour, on se réveille en constatant que les auteurs ne sont plus considérés par les professionnels du livre comme des "hobbyists". 

vendredi 13 novembre 2015

Retour sur une promo réussie

Au moment où j'écris ces lignes, la trilogie Ardalia, roman de Fantasy, est n°6 sur le site de la Fnac après avoir été n°4 mardi 10 novembre, et n°1 en Fantasy sur le site de Kobo, suite à une promotion exceptionnelle la semaine dernière. Attention si vous êtes lecteur, vous allez avoir la même impression en lisant la suite que lorsqu'un illusionniste vous explique ses trucs, ou lorsque vous regardez des vidéos expliquant les effets spéciaux d'un film. Si vous êtes auteur ou responsable de la promotion sur les sites de la Fnac, Kobo, Google ou Apple, ceci pourrait toutefois vous intéresser...




Numéro 4 sur l'ensemble des ventes ebook Fnac, 
un moment historique pour moi 
(Cliquez pour agrandir)


Tout d'abord, il faut rendre à César ce qui est à César. Les deux facteurs primordiaux responsables du succès de cette promotion ont été la chance - une promo qui arrive au bon moment pour les lecteurs - et la collaboration active de Kobo et la Fnac en la personne de Camille Modifi (à présent remplacée par Laurie Baum, mais pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le présent article), responsable des relations avec les auteurs et éditeurs sur ces plates-formes. 

J'ai pendant longtemps rêvé de "faire mon trou" tout seul, par mes propres moyens, mais il faut bien reconnaître que la puissance promotionnelle d'un gros site de vente ne doit pas être prise à la légère... surtout puisque l'on parle en fait de deux sites, Kobobooks et la Fnac.  

Même chose pour Amazon: lorsque les algorithmes du site ont "repéré" que vous grimpez régulièrement, toute une machine promotionnelle se met en marche, qui n'a rien à voir avec ce dont bénéficie un auteur qui vendrait un ou deux ebooks par jour. 

C'est Azel Bury dans le podcast de Cyril Godefroy qui m'a fait prendre conscience que, dans ma volonté farouche de défendre les auteurs indépendants sur ce blog, j'avais peut-être tendance à me renfermer un chouïa sur moi-même - ce qui, j'en conviens, est assez paradoxal pour un auteur qui part chaque week-end à la rencontre de ses lecteurs, à l'occasion de séances de dédicaces sur la région parisienne. 

En écoutant Azel dans ce podcast si romantiquement intitulé De l'Amour et des Livres, j'ai compris qu'il était dans mon intérêt de me mettre ponctuellement en contact avec la ou les plates-formes de ventes à l'occasion d'opération promotionnelles.

Je l'ai d'autant mieux compris que l'auteur Philippe Saimbert m'avait laissé entendre à plusieurs reprises que Kobo s'ouvrait aux auteurs indépendants. 

J'avais aussi besoin de démontrer aux auteurs persuadés que les auteurs indépendants sont forcément des auteurs Amazon qu'il existe une autre voie possible.

Les lecteurs de ce blog savent que je ne suis pas en faveur de la politique actuelle d'Amazon, en particulier de sa politique d'exclusivité des œuvres des auteurs indépendants sur KDP Select.

Non pas que je déteste Amazon, bien au contraire: je leur ai même donné des conseils susceptibles de me redonner confiance, et de faire de cette plate-forme, non plus l'ennemi public n°1 de toutes les autres, mais quelque chose qui s'intègre un peu plus harmonieusement dans le paysage éditorial. 

J'ai donc contacté Camille, de Kobo/Fnac, en lui proposant carrément la promotion la plus importante que j'ai jamais faite sur ma trilogie Ardalia: 0,99 € sur une semaine, du 2 au 9 novembre, pour une trilogie de plus de 1200 pages en format ebook. 

J'ai mis en avant le fait que cette trilogie, reliée en un volume, n'est pas en vente sur Amazon (seuls les romans individuels le sont). J'ai aussi indiqué que je prévoyais un budget de 200 € de pub Facebook pour cette promo. 

Là encore, un budget jamais atteint pour aucune de mes modestes tentatives de pub sur Facebook. 

Quel autre géant, en effet, opposer à l'efficacité de Jeff Bezos et d'Amazon, si ce n'est quelqu'un de presque aussi riche que Jeff, Mark Zuckerberg? 

Camille a accepté, et contre toute attente, même après que je lui ai envoyé les éléments sur la pub que je comptais lancer, loin d'annuler la promo, elle m'a indiqué les dates du 2 au 9 novembre. 

Les trente personnes qui me suivent sur Facebook seront peut-être étonnées de l'apprendre, puisque je n'ai annoncé officiellement cette promo qu'à partir de mon billet du vendredi 6 novembre.

Cela faisait partie de ma stratégie de montée en puissance.

Publicités Facebook : chiffres et stats

Mes ventes étant quasiment au point mort auparavant, je savais aussi que, en me contentant de la promo Kobo sans faire appel à Facebook, le livre resterait invisible au début et ne ferait sans doute aucune vente tant qu'il n'y aurait pas de vraie mise en avant sur l'un des sites, Kobo ou la Fnac. C'était à moi de susciter les premières ventes. Mais je ne voulais pas le faire en annonçant la promo sur les réseaux sociaux et mon blog, ceci afin de tester de manière plus fine l'efficacité de Facebook. 

J'avais décliné deux publicités, une à destination du Québec, une de la France. Les deux ciblant le jeune public, jusqu'à 44 ans. J'ai mis cinq euros dans chacune le premier jour. Pour les spécialistes, je n'ai pas créé de pixel de ventes, c'est à dire d'outil me permettant de mesurer précisément qui, parmi ceux qui cliquaient sur les pubs, achetaient.

Le deux novembre, la trilogie s'est vendue à deux exemplaires (à 0,99€). Huit clics sur la pub française à destination du site de la Fnac. Aucune vente au Québec, j'ai donc ramené le budget Québec à 2 €/jour. Le 3 novembre, je passe à dix euros par jour sur la pub française, avec un seul exemplaire vendu pour 18 clics. Déception, donc. 

Je constate en regardant mes stats de vente qu'il n'y a aucun clic à partir de la tranche 34-44 ans. Je supprime donc cette tranche pour les deux pubs: elles s'adresseront dorénavant aux 13-34 ans.

Le 4 novembre, un mercredi, je passe à 20 €/jour pour la pub française (la pub québecoise restera à 2€ par jour, sauf le samedi et le dimanche, où elle passe respectivement à 5 puis 10€). Là, 12 ventes, 42 clics. 

J'avoue que je ne sais pas à quel moment la trilogie est rentrée dans le bandeau du "top 50" sur Kobo, ce qui, je le sais, aide les ventes. Mais ce n'était certainement pas avant cette journée du mercredi 4. 

Le 5 novembre, je reste à 22 €/jour pour les deux pubs: 6 ventes, 26 clics sur la Fnac.

Le vendredi 6 novembre, l'après-midi je passe à 32 €/jour et j'annonce la promo sur mon blog: 16 ventes, 89 clics.

C'est là que j'ai dérapé. Être auteur indépendant, cela veut dire avoir la capacité d'expérimenter et de faire preuve d'audace. Trop, parfois.

Je suis passé à 50€/jour le samedi 7 novembre (juste avant de partir le même jour en dédicace), ce qui était une très bonne manœuvre, mais j'ai cliqué sur le bouton "Instagram", ce qui était, comme on dit dans le Sud, "une vraie caguade".  

Instagram, c'est un réseau social très fréquenté par les jeunes, donc ça rentrait dans le cadre de la pub. Sauf que l'outil Facebook, à partir du moment où on le lie à Instagram, n'est plus du tout, mais alors plus du tout au point. 

Le 6 novembre, à 32 €/jour j'étais à 89 clics pour 16 ventes, et le 7 novembre à 55 €/jour, Jour Noir d'Instagram, je passe à 446 clics... ouah! Fantastique! Sauf que non, pas du tout: 12 ventes seulement. Le fait d'avoir mis la pub sur Instagram fausse complètement mes stats, et a grandement réduit mes ventes. 

Je n'ai pas pu m'en apercevoir dans la journée, étant en dédicace à Fosses.

Si je n'ai pas mis le soir, en rentrant, le statut Facebook: "Qu'est-ce que j'ai merdé aujourd'hui !", c'est que la trilogie Ardalia pointait à la troisième place du classement Fantasy sur Kobo. Ça aurait paru un peu contradictoire, peut-être.

Mais ce n'est pas fini: le samedi 7 novembre au soir, je décoche le perfide bouton Instagram...qui se venge: je ne m'en rendrai compte que le lundi 9 novembre, mais, par une bizarre alchimie, les pubs Facebook et Instagram sont liées: en retirant la pub Instagram, la moitié la plus percutante de mon argumentaire de vente sur la pub Facebook a disparu! Top délire!

Pourquoi ne m'en suis-je rendu compte que le lundi 9 novembre? Parce que le dimanche 8 novembre, Kobo met la trilogie en avant sur sa plate-forme, faisant d'elle l'ebook du jour, une mise en avant vraiment exceptionnelle. 

Résultat, 63 ventes dans la journée. C'est grâce à ce chiffre que la trilogie a pu arriver à la quatrième place. Mais elle aurait pu faire mieux si j'avais mieux maîtrisé l'outil Facebook.  Nettement mieux.




Je n'ai jamais suivi les cours complet des auteurs Mark Dawson ni de Nick Stephenson sur les pubs Facebook, juste quelques vidéos gratuites. 

Je n'ai jamais prétendu être un pro du marketing. Je glane quelques notions ici et là sur le net, mais j'ai fait des études de journalisme, pas de marketing. 

Cela signifie bien sûr que n'importe qui peut arriver au même niveau de résultat que moi, à condition de ne pas avoir peur d'investir sur soi-même.

Le dimanche 8 novembre, dont, 34 clics seulement pour 60 € investis. Gulp. Les 63 ventes semblent bien n'être dues qu'à Kobo/la Fnac. 

Le lundi 9 novembre, les ventes retombent. Très sèchement. Pire, alors que j'ai mis un budget de 22€ pour la journée du 9, le taux de clics par rapport aux ventes est très mauvais. C'est alors que je m'aperçois du délire concocté par le bouton Instagram, et que je rectifie le tir en modifiant de nouveau l'argumentaire de la publicité (perdant au passage tous les like et partages pour cette pub).

J'ai tout de même un peu remonté la pente dans la soirée du lundi en faisant 6 ventes (pour 20 clics). Puis, la trilogie est revenue à son prix initial. 

Je ne suis pas encore revenu sur les 230 € dépensés en tout, comme on le voit sur l'image ci dessous, mais je pense que l'exposition en valait la dépense, et devrait m'aider pour les séances de dédicace.


Le message que je voudrais adresser aux autres plates-formes, telles Google et Apple, c'est de ne pas prendre les auteurs autoédités de trop haut.

Pendant la période promotionnelle, j'ai fait une vente sur Google de la trilogie et une sur Apple.

Faites comme Kobo et la Fnac: embauchez une personne responsable des relations avec les auteurs indépendants et les éditeurs. 

Je tiens aussi à souligner que je m'inscris dans un collectif: mes posts sur Facebook ont été partagés par plusieurs auteurs, c'est pourquoi le succès que j'ai pu obtenir est avant tout un succès collectif. 

Comparaison avec Amazon

Les auteurs ayant bénéficié de l'offre éclair ne seront sans doute pas impressionnés par ces chiffres. Suite à la promotion dont j'ai bénéficié, j'ai voulu remettre les pieds sur terre en menant une enquête auprès de collègues auteurs ayant bénéficié de l'offre éclair Amazon. 

Il en ressort que l'offre éclair "a rapporté" en un jour entre 500 et 1000 ventes à ces auteurs, qui souhaitent conserver l'anonymat. Je n'ai absolument aucun doute quant à ces chiffres.

[EDIT 23/11/2015] Après consultations d'autres auteurs, la fourchette de l'offre éclair sur Amazon serait plus importante: entre 200 et 1000 ventes. 

Pourquoi une telle différence avec Kobo/la Fnac? 

Je suis persuadé que l'efficacité de l'offre éclairs tient à la base de données utilisateurs d'Amazon, et notamment à leur newsletter s'adressant aux personnes désireuses de bénéficier de ces offres éclairs.

La newsletter Amazon est parfaitement mise en valeur sur leur site, il est facile de s'y inscrire. Elle apparaît en haut de l'écran, juste au niveau des yeux. On ne peut pas la louper. 

Les "indispensables alertes Fnac" ne semblent pas si indispensables que cela, puisqu'elles apparaissent tout en bas du site, dans un bandeau difficilement lisible sur fond jaune vif. 

Quant à la newsletter Kobo... je n'en ai pas trouvé. Il y a une newsletter à destination des auteurs, mais je n'en ai pas vu pour les lecteurs, et je n'en ai pas vu pour les offres du jour. 

Mon chiffre de vente du dimanche 8 novembre, entièrement dû à la mise en avant Kobo (puisque ma pub n'était plus efficace à ce moment), prouve qu'il y a un vrai public sur la Fnac et Kobo. 

On va peut-être me traiter d'auteur ingrat (ce qui est faux, j'éprouve une vraie gratitude envers le fait que Kobo se tourne vraiment vers les auteurs autoédités, et j'ai conscience que les grands moyens ont été mis au cours de cette promo-ci), me reprocher de faire des critiques, mais j'estime que Kobo et la Fnac gagneraient grandement à entretenir une relation avec les lecteurs via une vraie newsletter.

Et continuez à soutenir les auteurs indépendants. Ils vous le rendront. Ma pub à destination de la Fnac et Kobo a été vue sur Facebook et Instagram par 82 282 personnes en l'espace d'une semaine.



EDIT 28/05/2017: Pubs Facebook: attention aux "j'aime" frauduleux!

vendredi 6 novembre 2015

Promo flash : la Trilogie Ardalia

Pendant tout ce week-end et la journée du lundi, la trilogie Ardalia, roman de Fantasy en format ebook, est en promo à 0,99 € seulement sur la Fnac/Kobo, Apple et Google Play. Au moment où j'écris ces lignes, la trilogie est classée n°29 au classement général Fnac des meilleures ventes ebook, et n°6 des meilleures ventes Fantasy sur la Fnac. 
 
Sur le site Kobobooks.com, la Trilogie Ardalia est n°7 en SF et Fantasy/Fantasy, n°3 en SF et Fantasy/Fantasy/Fantasy épique, et n°3 en Jeunesse/Ados et jeunes adultes/Fantastique et magie.

Elle a fait son apparition dans le fameux bandeau top 50 SF et Fantasy du site Kobobooks.

Jusqu'au lundi 9 novembre (inclus) vous pouvez vous procurer ces quelques 1200 pages de lecture à prix modique en cliquant sur l'un de ces liens (prix habituel: 12,99 €) :

La Fnac  Kobobooks   Apple iBooks   Google Play

Si vous possédez une liseuse Kindle, vous avez la possibilité d'acquérir l'ebook compatible sur mon :

Site d'Auteur (colonne de gauche)




Présentation :

Pelmen doit beaucoup à la famille Boisencroix. Jusqu’à sa rencontre avec Teleg, le fils, il avait pour seule perspective la découpe de peaux de bêtes à l’aide d’un silex à la tannerie nauséabonde de son village. C’est ce nouvel ami qui lui a fait découvrir le travail du bois. Mieux encore, Galn, le père de Teleg, l’a initié au tir à l’arc, et Pelmen s’est révélé tellement doué pour cet art qu’il a réussi à infléchir la course de son destin en devenant archer.

Mais un jour, de mystérieux individus entrent en contact avec Teleg dans une taverne. En lui proposant un fragment d’ambreroche, minerai précieux entre tous, et en lui promettant la richesse, les inconnus parviennent à le convaincre de s’exiler pour travailler dans une mine.

Lorsque Pelmen apprend que ces personnages sont des adorateurs du feu, ennemis héréditaires, il n’hésite pas à se lancer dans l’aventure. Pour retrouver son ami et le tirer des griffes des nylevs, serviteurs du dieu de la destruction, il lui faudra surmonter bien des appréhensions et s’allier avec des êtres étranges et fantastiques : un shaman maîtrisant le souffle d’Aoles, autrement dit le pouvoir du vent, un krongos, créature de la terre capable de s’incorporer à la roche, et enfin des malians adeptes de la magie de l’eau.

Le meilleur roman de fantasy autopublié de ces dernières années - Les Chroniques de l'Imaginaire, août 2013.

Cette version compilée du cycle d’Ardalia comprend les romans Le Souffle d’Aoles, Eau Turquoise et Les Flammes de l’Immolé.

Ce qu'en disent les lecteurs

"Ce qui m'a plu dans ce livre c'est la sensibilité de l'auteur qui transparait dans la narration. Le style est élégant sans être lourd, les descriptions sont riches sans être assommantes et on est totalement dépaysés par cet univers inédit peuplé de personnages étonnants." —Ayaquina 

"Vraiment excellent ! Parfaitement bien écrit, d'une richesse de personnages extraordinaire, une imagination débordante, un univers époustouflant de trouvailles. Pour ceux qui n'ont pas peur de sortir des sentiers battus et que les néologismes ne rebutent pas, à lire sans modération." —Monique

"Ce que j'ai vraiment aimé dans ce cycle, c'est que nous restons plongés dans l'histoire du début à la fin. Il est très difficile de décrocher avant d'avoir terminé et c'est très plaisant. Et encore une fois, c'est écrit avec une grande simplicité qui n'est pas là pour nous déplaire, bien au contraire!" —Flynn

mardi 13 octobre 2015

Ma réaction "à chaud" à l'article du Monde sur l'autoédition

Florence Aubenas lirait-elle mon blog? Dans un article du 13 octobre 2015 intitulé L'autoédition, cheval de Troie d'Amazon, la journaliste du Monde cite certaines phrases de mon dernier article de blog, quelque peu tirées de leur contexte. Un redoutable honneur, donc, partagé par les auteurs Charlie Bregman et Thibault Delavaud.

Aucun grand auteur ne semble s'être décidé pour l'autoédition sur Amazon Kindle, dit Florence Aubenas dans son article. A part bien sûr J.K. Rowling, qui autoédite les versions ebooks d'Harry Potter. Détail si insignifiant, bien sûr, qu'il ne valait pas la peine d'être mentionné...

Que J.K. Rowling autoédite de manière non exclusive sur Amazon n'en demeure pas moins qu'elle se publie elle-même, et cela fait d'elle, n'en déplaise à certains, une auteur hybride, qui joue sur les deux tableaux. 

Ironie mise à part, Florence Aubenas m'a donné l'impression d'utiliser au départ un ton hyper critique envers l'autoédition sur Amazon, un ton qui est d'usage dans la presse grand public lorsqu'il s'agit d'évoquer ce grand perturbateur de géant américain, pour pouvoir ensuite s'autoriser à aller davantage au fond des choses et faire, finalement, un article assez sérieux.

Elle a cité une phrase de mon blog quelque peu sortie de son contexte: si Amazon avec KDP Select joue en effet sur l'espoir et l'émotion des auteurs, que dire des médias lorsqu'ils encensent un Da Vinci Code ou le dernier Goncourt?

Tous les grands médias participent de la pyramide de Ponzi de l'édition traditionnelle, c'est à dire un système d'incitation qui, pris au pied de la lettre, sans recul, se transforme en arnaque pour la très grande majorité des auteurs.

Elle a raison de pointer que le système Amazon fonctionne en vase clos. C'est bien l'une des choses que je dénonce, sans utiliser ce terme, dans mon dernier article de blog: Amazon gagnerait à être plus ouvert sur l'extérieur, et il y a des mesures simples qu'il pourrait mettre en place.

Après, est-ce que pour la plupart des auteurs, l'édition papier demeure un rêve? Cela demande à être vérifié. Je crois que l'idéal d'être publié en papier à des millions d'exemplaires en librairie reste un rêve, mais un rêve qui vient de plus en plus à l'arrière-plan, parce que les auteurs, même lorsqu'ils n'appartiennent pas au cénacle germanopratin, sont de mieux en mieux informés des rouages du système.

Ils connaissent le prix à payer pour ce rêve.

jeudi 8 octobre 2015

Comment Amazon peut rétablir ma confiance

Amazon doit une partie de son succès au fait d'avoir su être se mettre à l'écoute non seulement de ses clients, mais aussi de ses fournisseurs, et parmi eux, les auteurs. Voici donc une série de suggestions qui, si elles étaient au moins partiellement mises en œuvre, me permettraient en tant qu'auteur indépendant d'envisager l'avenir de la publication d'ebooks sur Amazon, et en particulier Amazon Etats-Unis, avec un peu plus de confiance. Je précise que je ne les fait bien sûr qu'en mon nom propre. 

Etant donné les campagnes de presse orchestrées par l'édition traditionnelle contre Amazon, il serait facile de glisser dans une rhétorique visant à propager le doute et l'incertitude à propos du futur de l'autoédition sur cette plate-forme. 

Je vous rassure, ce blog n'a en rien vocation à être une chambre d'écho de l'édition traditionnelle. 

Je suis persuadé que les auteurs autoédités, à titre individuel comme ici ou de manière plus collective, doivent aussi savoir faire entendre leur voix, tout simplement parce que nous sommes les premiers impactés lorsqu'un revendeur, qui est aussi un éditeur et un diffuseur, décide de changer certaines règles du jeu, de manière induite ou officielle. 

Voici donc une série de suggestions visant à permettre une meilleure visibilité pour tous les auteurs indépendants.

1. En finir avec l'exclusivité de publication sur Amazon

Quand les agents des chanteuses Beyoncé ou Rihanna concluent un marché de publication exclusive de leur dernier album pendant un mois sur une plate-forme comme iTunes, cela s'accompagne d'une mise en avant exceptionnelle sur le site, mais aussi à n'en pas douter de jolis chèques. 

Cela peut se comprendre. Ce sont des deals ponctuels et sur une durée très limitée, qui concernent très peu de grands noms. 

Lorsque Amazon propose, contre une mise en avant sur le site qui n'est pas automatique, mais dépendra de la capacité de l'ebook de l'auteur à attirer des lecteurs, une exclusivité de trois mois tacitement reconductible, nous ne sommes plus dans un deal ponctuel et pas forcément d'une durée limitée. 

Lorsque plus d'un million d'ebooks se retrouvent en exclusivité sur le site chaque mois de l'année, nous sommes dans un phénomène massif de distortion de concurrence. 

Si un jour, Amazon doit répondre de ses actes devant le Département de la Justice américain pour abus de position dominante, il le devra, à mon humble avis, à KDP Select et à ses conditions d'exclusivité. 

Les deux seuls éléments qui empêchent une telle action de la justice pour le moment sont cette précaution de trois mois renouvelables prise par Amazon, et le fait que l'exclusivité ne s'étende pas aux éditeurs traditionnels. 

Cependant, si ce million d'ebooks représente à l'heure actuelle un poids économique incontestable, et qui ne fait que se renforcer mois après mois, c'est bien parce que les maisons d'édition se retrouvent peu à peu vidées de leur substance. Je veux parler des auteurs, bien sûr, qui choisissent de plus en plus de s'autopublier ou bien de jouer sur les deux tableaux. 

Vous allez me dire, si l'exclusivité tombe, qu'en est-il des avantages spéciaux de visibilité de KDP Select? Amazon ne va pas les fournir gracieusement, sans contrepartie. On veut le beurre et l'argent du beurre? 

2. En finir avec la montée en classement pour chaque emprunt Kindle Unlimited

La montée en classement qui se produit à chaque emprunt Kindle Unlimited, c'est la carotte qu'offre Amazon aux auteurs pour les persuader de rejoindre KDP Select. 

Cette montée en classement, si elle est favorable à certains auteurs, si elle leur donne des armes pour rivaliser avec l'édition traditionnelle qui a plus de moyens pour ses quelques auteurs phares, dénature le classement Amazon et en remet en question la valeur et la pertinence. 

Elle le dénature parce qu'un emprunt n'est pas une vente. Un livre emprunté qui ne sera pas lu ne rapportera rien à l'auteur. Même si le livre est lu dans sa totalité, tout dépend de sa taille: un livre de 200 pages rapporte en ce moment un peu plus d'un euro à l'auteur.

"En ce moment", car l'auteur n'a plus les commandes à partir du moment où son livre se retrouve sur Kindle Unlimited et est emprunté, ce n'est plus lui qui décide du prix, mais bien Amazon, au travers d'une formule suffisamment complexe pour que son entendement puisse échapper au commun des mortels. Un prix révisé chaque mois.

Par ailleurs, l'investissement moral d'un lecteur qui achète un ebook à 2,99€ ne sera pas le même que celui qui emprunte juste un livre dont il ne lira peut-être que dix pages avant de passer au suivant, puisqu'il bénéficie d'une formule illimitée à 9,99€ par mois. 

Le classement ne devrait pas mélanger les deux. On peut vouloir être un acteur disrupteur, un perturbateur en bon français, cela ne veut pas dire que l'on doive perturber son propre modèle au point de le faire marcher sur la tête. 

Est-ce à dire que je suis contre Kindle Unlimited? Non, je pense qu'Amazon, les lecteurs et même les auteurs ont intérêt à avoir un système de souscription dynamique, qui favorise en particulier les lecteurs voraces. C'est pourquoi il faudrait:

3. Des algorithmes propres aux ebooks Kindle Unlimited empruntés ainsi qu'un onglet dédié à ces ebooks

Amazon a prouvé, avec l'onglet ebooks gratuits, qu'il pouvait créer une fenêtre de visibilité bénéficiant de ses propres algorithmes. Il serait donc tout à fait envisageable qu'il crée un nouvel onglet dédié aux ebooks Kindle Unlimited (KU). Cela aurait plusieurs avantages: 

- permettre aux lecteurs inscrits de retrouver rapidement les ebooks KU populaires
- donner de la visibilité à ces ebooks, qui pourraient bien sûr être achetés de manière classique par les non abonnés
- donner un surcroît de publicité à Kindle Unlimited, ce qui, du point de vue d'Amazon, ne peut qu'être avantageux
- en finir avec le mélange emprunts/livres achetés dans le classement traditionnel

On pourrait bien évidemment avoir des ebooks Kindle Unlimited dans le classement traditionnel, mais ils ne le devraient qu'à leurs ventes, plus à leurs emprunts. 

La création d'un nouvel onglet perdrait bien évidemment presque tout son sens si l'ancien système de boost des emprunts devait être maintenu. 

4. Autoriser la diffusion multi plates-formes pour les titres des maisons d'édition Amazon

Amazon possède différentes maisons d'édition, dont Amazon Crossing, qui publie notamment l'auteur Jacques Vandroux. Son roman traduit en anglais, Heart Collector, ne peut être acheté sur Apple, Kobo ou Google.

Il en est de même pour tous les ouvrages des auteurs édités par l'une des maisons d'Amazon. Cela fait plusieurs milliers de titres, que les lecteurs de Kobo, par exemple, seraient sans doute heureux de voir débouler sur leur plate-forme. 

Et je pense pouvoir dire que les auteurs concernés ne s'opposeraient pas à ce que leurs ebooks soient vendus sur d'autres plates-formes qu'Amazon.

N'est-ce pas le but d'un éditeur, de diffuser le plus largement possible les ouvrages de ses auteurs, et de les faire connaître sans parti pris?

La logique de confrontation, on le sait, est rarement favorable aux affaires.

Si Amazon fait ce geste de publier ses auteurs sur d'autres plates-formes, ce sera un geste fort d'ouverture envers le monde extérieur. Un geste qui montrera qu'Amazon ne se considère plus comme une planète visant à attirer puis assimiler tout ce qui se trouve dans son orbite, mais bien comme un acteur adulte et ouvert sur le monde.

Si Amazon devait aussi en parallèle laisser tomber ses conditions d'exclusivité, il bénéficierait d'un important regain de popularité. Beaucoup plus d'auteurs voudraient y être publiés, car il serait nettement moins perçu comme un prédateur. 

On pourrait même envisager qu'à l'instar de Tolino, Amazon puisse essayer de se rapprocher de certains libraires pour y vendre des ouvrages, qu'ils soient autoédités ou de ses auteurs maison. De la science-fiction? Tout est possible quand on est un disrupteur. 

5. En finir avec la "course aux armements" des commentaires

Je ne peux que féliciter Alice Quinn d'avoir obtenu 1860 commentaires pour Queen of the Trailer Park, la traduction anglaise d'Un palace en Enfer

Mais en même temps, je ne peux que m'inquiéter lorsque l'auteur Joanna Penn affirme qu'il faut au moins 100 commentaires pour qu'un livre soit visible sur Amazon Etats-Unis. 

Je conçois que les commentaires sont l'une des rares armes qu'Amazon ait à opposer aux romans traditionnellement édités.

Le problème, c'est que de plus en plus d'auteurs vont se mettre à penser qu'à partir du moment où les commentaires d'Amazon viennent le plus souvent de lecteurs inscrits au service premium (Amazon Prime) et bénéficiant, en contrepartie de leurs commentaires, de cadeaux, cela reviendrait au même, en ce qui les concerne, de payer pour ces commentaires. 

De même d'ailleurs que les éditeurs offrent des cadeaux aux blogueuses les plus en vue afin qu'elles consacrent du temps aux ouvrages de leurs auteurs. 

Bref, tout cela crée une surenchère qui n'est pas propice à la sérénité, ni des auteurs, ni des chroniqueurs, et qui va surtout à l'encontre des lecteurs, lesquels sont bien évidemment en droit de questionner la sincérité de nombreux commentaires.

Réduire de un mois à quinze jours la période des livres dans Amazon First (pour comprendre de quoi il retourne, lisez cet article) me paraîtrait une bonne mesure pour revenir à un nombre de commentaires plus acceptable.
 
6. En finir enfin avec la clause de confidentialité des contrats des maisons d'édition Amazon

Amazon souhaite montrer qu'il est un perturbateur? Ce serait un bon moyen. Je suis persuadé que les contrats seraient encore plus favorables aux auteurs s'ils étaient discutés sur la place publique, sur Internet. Faites confiance à l'intelligence collective des auteurs, elle peut accomplir des prouesses.

Historiquement, les clauses de confidentialité ont bénéficié à deux types d'acteurs: 

- les super bestsellers, qui avaient moyen d'insérer des clauses spéciales très favorables, de manière à aligner leurs droits d'auteur sur ce que la maison d'édition proposait de mieux aux autres auteurs de cette maison
- les éditeurs, et de manière massive, en privilégiant une loi du silence qui leur permettait d'insérer des clauses aussi infâmes que celles de non compétition ou de droit de préférence

Je peux comprendre qu'il y ait des clauses de confidentialité dans des domaines super stratégiques, dans certains domaines commerciaux sensibles ou dans la sécurité. Mais dans l'édition? Pour les auteurs?

Cela a été avant tout, pour certains auteurs, le moyen de prendre l'ascendant sur d'autres, et pour les éditeurs, de rouler dans la farine le plus grand nombre, pour rester poli. 

Je pense qu'il faut en finir avec ces clauses, et qu'Amazon devrait montrer l'exemple.



Voilà pour mes suggestions, un peu longues je sais. Vous remarquerez que les mesures 1, 2 et 3 sont liées. Si elles étaient toutes les trois appliquées, on aurait davantage de livres dans Kindle Unlimited et un système de classement plus fiable.

samedi 3 octobre 2015

Offres éclairs : la nouvelle "arme de persuasion massive" d'Amazon

On va me dire qu'en ce moment, j'ai une dent contre Amazon, mais je crois qu'il est important de garder une vision aussi objective que possible de la situation, et comme d'habitude, d'avoir une perspective à la fois globale et allant au-delà du court terme. Il semblerait en effet que depuis la fin des négociations avec Hachette et les autres gros éditeurs, Amazon joue à fond la carte des autoédités. Malheureusement, si l'on prend la globalité des auteurs autoédités, le compte n'y est pas, et les carottes offertes par Amazon demeurent très inférieures aux sacrifices consentis par la totalité des auteurs qui publient en exclusivité leurs œuvres sur KDP Select.

On peut me reprocher d'avoir une vision froide et statistique en l'occurrence. En effet, ce que fait Amazon en ce moment, c'est du jamais vu sur un site de détaillant de cette envergure s'adressant au grand public. 

Amazon vient d'envoyer une lettre à certains auteurs indépendants, dont je ne fais d'ailleurs pas partie, pour leur proposer d'inscrire leurs œuvres sur une liste de titres susceptibles de bénéficier d'une promo. 

Ces promos sont de deux sortes, les offres éclairs (730 titres par an) et les promotions du mois (1200 titres). Un gros volume, donc.

Ces offres sont clairement visibles sur le site d'Amazon, de sorte que les ebooks qui en bénéficient se retrouvent propulsés dans le top 100, bénéficiant d'une exposition fantastique.

Je peux donc tout à fait comprendre l'enthousiasme des auteurs, cela représente une chance énorme pour leur livre. 

Il est vrai que dans l'univers de l'édition, ce genre d'opportunité ne se présente pas tous les jours.  Pensez donc: les titres promus représentent environ la moitié des livres du top 100 d'Amazon!

Tout serait parfait si ces offres n'étaient pas réservées aux auteurs inscrits sur KDP Select, c'est à dire sous condition d'exclusivité de diffusion de leurs ouvrages sur Amazon pendant une période minimum de trois mois, tacitement reconductible.

D'autres critères existent: 

- pour les offres Eclairs, les auteurs devront faire une remise sur le prix de leur ebook de 70% minimum
- la note moyenne (3 étoiles minimum)
- le nombre de commentaires clients (2 minimum)
- la date de la dernière baisse de prix (4 mois minimum)
- le prix de référence de 2.99€ minimum et le titre doit déjà être publié (pas de date de publication dans le futur).


Seuls les titres entrant dans les catégories suivantes peuvent être retenus:

- littérature
- policier et Suspense
- jeunesse et Ados
- littérature sentimentale
- santé et bien-être
- actu, Politique et Société
- autre


Etant donné que je connais l'extrême difficulté du milieu de l'édition, il serait à la fois déraisonnable et de mauvaise foi de ma part de conseiller aux auteurs qui ont reçu cette lettre de refuser la proposition d'Amazon. D'autant plus déraisonnable que ces auteurs sont déjà sur KDP Select, ils ont donc déjà fait ce choix pour au moins l'un de leurs livres. 

Néanmoins, il est aussi de mon devoir de dire qu'Amazon joue là à un jeu qui consiste à privilégier une partie des titres (1930 par an, si mon compte est bon), aux dépens de la majorité des auteurs. 

Et d'autant que ces offres éclairs et promotions du mois, comme me le fait remarquer Cyril Godefroy en commentaire de ce blog, ne sont pas l'exclusivité des auteurs indépendants. Les maisons d'édition traditionnelles bénéficient de ces promos, et sans condition d'exclusivité.

Ce n'est donc pas 1930 titres par an dont vont bénéficier les indés, mais beaucoup moins que cela!

Combien sommes-nous, d'ailleurs d'auteurs indépendants à publier sur Amazon? Il y avait 20 000 titres sur Kindle Unlimited (KU) en décembre 2014. Comme les auteurs indépendants sont largement majoritaires à utiliser KU, il est raisonnable de penser que nous sommes plus de 10 000 (dix mille) auteurs indépendants. 

Cela signifie qu'au moins 80% des auteurs indépendants, et très certainement davantage, ne bénéficieront pas de ces offres. Même s'ils sont sur KDP Select.

Il y a de grandes chances que les auteurs contactés par Amazon soient ceux qui ont déjà fait des ventes. 

La conclusion logique est que si vous ne vendez pas sur Amazon, vous n'avez aucun intérêt à aller vers KDP Select, même si vous aimeriez profiter de l'offre éclair ou d'autres avantages, comme par exemple le nouveau prix des auteurs autoédités lancé par Amazon. 

Evidemment, les auteurs indépendants ne réfléchissent pas comme des Vulcains, les émotions jouent un rôle, et c'est sur cela que compte Amazon pour entraîner de plus en plus de monde vers KDP Select et Kindle Unlimited.

Comme d'habitude, faites votre choix en votre âme et conscience. Mon rôle est ici celui de l'observateur qui se borne à lever un coin de rideau pour vous faire entrevoir ce qui se joue en coulisses.

jeudi 24 septembre 2015

Mon blog Overblog supprimé

Après en avoir discuté avec l'auteur Cyril Godefroy, j'ai décidé de supprimer mon ancien blog d'Overblog. Je ne l'ai pas fait de gaieté de cœur, puisque ce blog avait reçu quelques commentaires, heureusement peu nombreux, qui sont bien évidemment une vraie richesse. La raison ? Mon ancien blog apparaissait en tête des recherches sur mon nom sur Google. Je souhaitais éviter aux personnes faisant une recherche sur mon nom de cliquer sur un lien inutile. Ce qui prouve au moins que je ne suis pas narcissique au point de rechercher sans cesse mon nom dans Google! ;)

J'ai également fait subir, toujours sur le conseil décidément éclairé de Cyril,  de légers changement à ce blog (colonne de droite) et à mon site, en donnant la possibilité aux lecteurs amateurs de Fantasy, de Science-Fiction ou de Thrillers, de s'inscrire dans mon Groupe de lecteurs beaucoup plus facilement. 

Comme cadeau de bienvenue, ils recevront un lien avec le premier tome du Cycle d'Ardalia en version epub ou Kindle (mobi).

Ils seront bien évidemment les premiers informés de mes promotions, mais il est possible que je les informe aussi d'autres promos dans les domaines qui les intéressent.





mardi 15 septembre 2015

« Prends l'argent et barre-toi ! »

Le site Author Earnings vient de publier son rapport de septembre 2015, qui concerne Amazon Etats-Unis. De manière frappante, il apparaît que les 5 plus gros éditeurs américains ont vu leur nombre de ventes passer de 45% des ebooks vendus à 32%, et leurs revenus brut passer de 64% à 50%. Comme le dit l'article du site Author Earnings, la montée en puissance de Kindle Unlimited, auquel ne participent (presque) pas les gros éditeurs, y est pour quelque chose. Autre enseignement, et non des moindres, les maisons d'édition d'Amazon ont presque doublé leurs parts de marché depuis Février 2014, passant de 7% à 13%.

"Take the money and run", ou sa version française, "Prends l'argent et barre-toi !" sont des injonctions qui reviennent fréquemment dans les discussions sur Internet lorsqu'un auteur est placé devant la possibilité d'engranger une avance de droits d'auteur très juteuse de la part d'un éditeur.

Les fameux "deals à 7 chiffres", à au moins un million (d'ailleurs nettement plus souvent en dollars qu'en euros, des avances aussi conséquentes se pratiquant avant tout aux Etats-Unis) peuvent changer la vie d'un auteur, en le mettant à l'abri du besoin, parfois définitivement. 

On se souvient que l'auteur Barry Eisler avait défrayé la chronique en 2011 en refusant une avance de 500 000 $ pour préférer l'autoédition. De tels cas sont rares, les auteurs préférant souvent une somme assurée plutôt qu'un revenu potentiel. 

Pourtant, les auteurs savent aussi (en tout cas, ceux qui lisent mon blog), qu'en acceptant ces avances, ils favorisent un système d'édition de sommet de pyramide, et le schéma de Ponzi de la grande édition.  La fraction infime d'auteurs bénéficiant de ces contrats mirifiques servira à prendre au piège l'immense majorité des auteurs, qui travailleront pour presque rien.

Cet état de fait se voit confirmé par la liste provisoire des Best Seller 2015 sur Amazon Etats-Unis. Un seul coup d’œil à cette liste d'ebooks, et au niveau des prix des ebooks, vous convaincra que cette liste est trustée par des auteurs de grosses maisons d'édition. 

Contradictoire avec le dernier rapport Author Earnings?  Pas tant que cela. Pour en avoir discuté avec Data Guy, l'auteur des rapports Author Earnings, il apparaît que la liste des auteurs indépendants qui arrivent dans le top 100 aux Etats-Unis bouge tous les jours, et que ce ne sont pas les mêmes à chaque fois. 

Du coup, les auteurs traditionnels, qui sont beaucoup plus stables pour leur part, se retrouvent tous aux meilleures places dans les listes annuelles de best-seller. Mais cette stabilité a un prix: pour revenir sur les énormes avances faites aux auteurs phares, tous les moyens marketing des grosses maisons sont mobilisés uniquement pour ces auteurs phares.

Au détriment de tous les autres auteurs de ces mêmes maisons.

C'est cette injustice terriblement criante que l'autoédition vient contrecarrer. Le fait que les auteurs indépendants se succèdent si rapidement dans le top 100 me semble sain est naturel, cela signifie qu'aucun auteur n'a cadenassé les ventes sur Amazon comme les gros éditeurs cadenassent, par exemple, la diffusion /distribution des livres papier.

Tout le monde a sa chance, à condition d'être indépendant. 

Mais... mais il se trouve qu'Amazon est aussi éditeur via ses multiples maisons d'édition. Et Amazon pèse de plus en plus fort sur les ventes, et en particulier du top 100 US. Bien que les titres des maisons d'édition Amazon ne soient que quelques milliers sur plus de 3 millions que compte le site d'Amazon, bien qu'ils ne représentent que 1% des titres, ils représentent 13% des ventes! 

Alors que par comparaison, les titres indépendants, qui représentent 27% du nombre total de titres, représentent 37% des ventes.

Amazon obtient des centaines, voire des milliers de commentaires dès le premier mois pour ses livres grâce à un système maison, Amazon First, qui rend les ouvrages en pré-commande gratuits pendant un mois avant parution pour tous les abonnés à Amazon Prime (Premium, si vous préférez).

Ces abonnés bénéficient de cadeaux en fonction du nombre de commentaires sur les produits labellisés Prime qu'ils font.

C'est pourquoi j'aurais aimé qu'Author Earnings se penche aussi sur le top 100 d'Amazon Etats-Unis, avec des graphiques dédiés à l'évolution des ventes sur le top 100. (J'ai suggéré la chose à Data Guy, qui préfère rester uniquement sur les 165 000 livres comprenant 60% de la totalité des revenus ebook sur Amazon.)  

En effet, de la capacité d'Amazon à occuper toutes les places intéressantes du classement dépendra l'indépendance future des auteurs.   

Sachant bien sûr que les auteurs qui publient en exclusivité sur KDP Select ne sont plus indépendants, à partir du moment où ils le font sur tous leurs titres toute l'année.

Kindle Unlimited, dont le tarif à la page vient de subir une baisse de 16% par rapport au mois dernier d'après l'auteur Jacques Vandroux sur Facebook, procure lui aussi un avantage compétitif aux auteurs déjà en vue sur Amazon. 

Cette domination inconditionnelle de quelques-uns aux dépens de tous les autres qui est le legs de l'édition traditionnelle semble donc être en voie d'être reconduite par Amazon, surtout si l'on considère le top 100 US. 

Au moment où Amazon est encore un site qui représente la liberté pour de nombreux auteurs, il serait peut-être temps de réfléchir à la manière dont l'édition traditionnelle, et à présent Amazon, joue sur l'égoïsme de chacun d'entre nous (et je me comprends dans le lot, je ne suis pas meilleur qu'un autre) pour procurer à quelques-uns des avantages compétitifs écrasants aux dépens de tous les autres. 

Il faut savoir d'où l'on vient. Il faut savoir où on va. 

Vous allez me dire, on ne peut pas avoir de riches s'il n'y a pas de pauvres. Mais nous, les auteurs, sommes censés avoir compris aussi bien que n'importe qui d'autre les changements apportés par le siècle des Lumières par rapport au système féodal. 

Lorsqu'on nous propose un système de domination économique moyenâgeux, nous devrions être capables de le refuser en faveur de quelque chose un chouïa plus équilibré. 

Ne sous-estimons pas la multitude de petits pouvoirs additionnés que nous représentons. Nos choix peuvent façonner l'avenir.


P-S: pour ceux qui se demandent si les chiffres du site Author Earnings sont encore fiables malgré les changements KU, Data Guy explique sur une page dédiée son mode de calcul pour Kindle Unlimited 2.0.

dimanche 30 août 2015

Createspace: à quand une présence au Canada ?

Au moment où un livre pour enfants imprimé à la demande par Createspace se hisse à la première place des classements Amazon Etats-Unis et Barnes & Noble, ce qui laisserait à penser que les tirages papier des éditeurs sont en forte baisse, j'ai été contacté par une auteur Canadienne qui déplore à juste raison l'absence de Createspace au Canada. Cette absence nous est aussi préjudiciable, à nous autres auteurs Français. 

Voici le témoignage de Caroline Plouffe, l'auteur Canadienne indépendante dont je parlais: 

"J’ai dernièrement publié une pétition bilingue sur Change.org afin que les indés canadiens aient aussi droit aux services de Createspace pour pouvoir vendre leurs livres papier sur Amazon. Pour le moment, la seule option disponible est le Extended Distribution Channel afin de pouvoir vendre sur les Amazon des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Europe, et ce, avec des redevances beaucoup moins élevées, soit la moitié du montant habituel. Malgré le message standard de Createspace indiquant que les livres pourraient également se retrouver sur Amazon.ca, ce n’est pas le cas dans la réalité.

Les auteurs Canadiens ne seraient pas les seuls à être avantagés avec un Createspace.ca, mais également les auteurs de l’Europe puisque, pour le moment, eux aussi doivent utiliser le Extended Distribution Channel pour vendre au Canada, au lieu d’avoir droit à totalité de leurs redevances.

Au Canada, le marché du livre papier est encore (malheureusement) très fort. Les gens sont encore obsédés par l’odeur du papier et sa texture et ne peuvent concevoir de lire avec une liseuse. Pas tout le monde, heureusement, mais une bonne partie de la population. Je dois donc faire affaire avec un imprimeur indépendant, puisque je ne vends presque pas en format numérique. 

Voici quelques chiffres afin de vous donner une idée. Veuillez noter que j’ai fait plusieurs soumissions et c’est encore mon imprimeur actuel qui est le plus bas soumissionnaire. Avec une commande d’au moins vingt-cinq livres, mon prix de base est de 8 $ CAN (5,40 €). Je dois ensuite compter les frais de port au Canada (environ 5$, soit 3.7 €) et m’occuper moi-même de l’empaquetage et de la livraison (ce qui inclut l’achat des enveloppes capitonnées). 

Il m’est donc impossible de vendre ce même livre à un montant plus élevé que 12 $ (8,10 €) puisque je dois facturer la livraison et assumer les frais de paiement si c’est par PayPal. Vous me direz que 25 % à 33 % de gain n’est pas trop mal. Le marché reste toutefois plutôt restreint puisque je dois entrer en contact direct avec l’acheteur, aucun achat spontané n’est possible. Une fois mes stocks épuisés (car avec plus de vingt-cinq copies, je risque fort de voir mes livres prendre la poussière dans un coin avec aucune certitude de les vendre), je dois rediriger le lecteur vers l’imprimeur, qui a heureusement une librairie en ligne, mais qui facture 10 $ (6,75 €) de frais d’expédition en plus des frais de cartes de crédit. Je dois donc baisser mes redevances à 6 % pour un livre de 15 $ (10,12 €). 

J’ai fait une soumission de base sur Createspace.com afin de voir quels pourraient en être les chiffres : si je vends ce même livre sur Amazon à l’aide de Createspace à un montant de seulement 8 €, j’obtiendrais environ 3 €, soit près de 38 % de redevance, sans me soucier de l’expédition et en pouvant atteindre un plus grand public. Soyons toutefois logique : je vendrais probablement ce livre aux alentours de 10 € avec des redevances de 40 %. 

Plusieurs personnes m’ont parlé de lulu.com, mais les redevances sont minimes pour les ventes Amazon, pratiquement nulles même. J’ai regardé les chiffres et je ne vois pour le moment aucun avantage à faire le saut vers cette organisation.

Je dois avouer que, bien que ma pétition s’adresse principalement aux auteurs et lecteurs canadiens, je compte beaucoup sur mes cousins de l’autre côté de l’Atlantique pour m’aider à changer les choses. Je n’ai malheureusement pas eu un accueil très chaleureux de la part de mes homologues québécois… il a même été d’un froid digne de nos légendaires hivers. Je préfère garder pour moi l’explication à ce sujet ne désirant pas me faire plus d’ennemis que j’en ai déjà. Disons que « l’Anglais » (en tant que personne) n’est pas bien vu dans la province et que le géant Amazon est perçu comme un gros méchant menaçant l’économie canadienne tout entière. Vaut mieux rester petit… c’est plus sécurisant.

Je saisis l’occasion pour remercier mes amis auteurs de la France qui m’ont encouragé et supporté dans ma démarche (ils se reconnaitront). Sans eux, je serais comme un bateau sans phare perdu au large d’une contrée inconnue."

Je remercie Caroline Plouffe pour son témoignage. 

Sans même parler des redevances d'auteur, j'avais déjà signalé que la distribution étendue avec Createspace engendrait une perte de contrôle par rapport aux revendeurs assez inquiétante pour les auteurs.

J'ai tout de même laissé mon livre The Breath of Aoles en anglais en distribution étendue. En revanche, j'ai laissé la version française, Le Souffle d'Aoles, uniquement sur Createspace. 

La différence est édifiante entre le prix de la version papier de langue anglaise vendue sur Amazon.ca,  22,72 CDN$, et la version papier en langue française vendue sur le même Amazon.ca, 70,03 CDN$. 

La première somme correspond à environ 14€, quand la deuxième somme correspond à plus de 47 €!

Je conseille donc aux auteurs indépendants de langue française de se joindre à cette pétition de Caroline Plouffe, mais aussi pourquoi pas aux lecteurs. Plus les auteurs et lecteurs seront nombreux à signer, plus il y aura de chances que Createspace et Amazon comprennent qu'il peut y avoir un marché pour eux, et que tout le monde serait gagnant à ce que Createspace soit aussi présent au Canada.