dimanche 31 décembre 2017

Passager clandestin

Quel rapport entre le meurtre d’une relation d’enfance de Vick Lempereur, le procès d’un célèbre laboratoire pharmaceutique, et l’association AlimAgrobio ? Vick va devoir mener l’enquête sous couverture dans le milieu de l’agro-industrie. Malheureusement, un inexplicable décès dans le manoir de l’association où il a trouvé refuge menace de tout compromettre.


  1. La prison de Fresnes

« Ça m’est arrivé souvent... de rêver que tu te retrouves là, tu sais. »

L’homme de l’autre côté de la vitre avait nettement plus de cheveux gris que dans son souvenir. Son visage hirsute, piqueté de noir et de gris au niveau des joues et du menton, avait ce teint blafard propre aux individus qui ne voient que rarement la lumière du jour. Les tatouages qui devaient recouvrir son corps affleuraient au-delà du col de sa chemise sur sa gorge. Pour un peu, son haleine chargée d’alcool viendrait l’assaillir comme cela avait été si souvent le cas — sauf que l’alcool était interdit ici, bien sûr.

« Quand tu as fini par t’y retrouver, il était... trop tard. Trop tard, pour elle. »

Sous les paupières gonflées, les yeux globuleux le fixaient d’un air de reproche — le monde à l’envers. Un rictus déforma ses lèvres. « Je serais censé t’apporter du réconfort, comme un bon fils. C’est ça ? » Il secoua la tête tout en maintenant le combiné du téléphone contre son oreille. « J’ai si longtemps vécu la peur au ventre. Et ensuite ça a été la haine. Là, tu vois, fit-il en plaquant la main gauche contre ses entrailles. Comme un poing refermé dans mon bide. Et ça, le vieux, va donc chercher à t’en débarrasser ! » Il s’absorba un instant dans la contemplation de la table du parloir, striée de rainures, avant de relever les paupières. « Tu te souviens de la fois où t’es revenu du bar tellement bourré que tu marchais en te cognant contre les murs du couloir de l’appart ? » Il marqua une courte pause. « Non, ça te dit rien à c’que j’vois. Faut dire que ça t’est arrivé tellement souvent... J’avais pris l’habitude de me prendre ma raclée en voulant défendre maman, mais cette fois-là, tu m’as loupé avec ta droite. Et j’ai réussi à te faire tomber en te faisant un croche-pied — tu ne tenais plus sur tes guiboles, faut dire. C’est moi qui t’ai roué de coups cette nuit-là. Je t’ai pris à coups de pieds dans la tête, et t’as même pas été capable de te relever. J’avais quoi ? Treize ans ? Le lendemain, ton visage était complètement tuméfié, et après que t’aies dessoûlé, on t’a raconté avec maman qu’on t’avait retrouvé comme ça dans la rue. Que tu t’étais fait passer à tabac par un inconnu. Et devine quoi ? Tu nous as crus. Tu te souvenais de rien. » Il sourit. Une partie de la tension qu’il ressentait s’évacua.

Pour la première fois, l’expression de son père se modifia. Il retrouva cette crispation sur chaque coin de la bouche, cette mâchoire serrée qui avait été si souvent le prélude a des explosions de colère. Mais cette fois, l’homme en face de lui fit effort pour se maîtriser, effaçant toute trace d’émotion de son visage.

« Après ça, reprit Vick, j’ai compris qu’il fallait que je me forme aux techniques de combat. Du coup, souvent depuis, mon corps percute plus vite que mon esprit. M’est arrivé de faire des conneries, ouais... » Il eut une esquisse de sourire sans joie. « Tu vois, tu m’as plus défait que tu ne m’as fait. » Il s’éclaircit la gorge. Son père avait décidément le masque livide d’un spectre. De tous les fantômes de son passé, il était celui qui l’avait le plus torturé. « J’ai lu quelques bouquins, là-bas, en Afrique. Ouais, je sais, un truc de tafiole. N’empêche, j’ai appris des tas de choses sur les gens comme toi. Ça m’a aidé à ouvrir les yeux. A me poser les bonnes questions. Comme, par exemple, où s’arrête ta putain de responsabilité et où commence la mienne... rapport à tout ce que j’ai fait. »

Il soupesa son père du regard. La respiration de celui-ci était rauque dans le combiné. « Pas le genre de trucs qui te soucierait, pas vrai ? La faute, ça a toujours été celle des autres, pas la tienne. Celle de maman. La mienne. J’me goure ? »

Un silence de plomb tomba, seulement troublé par cette lourde respiration, toujours. Le détenu Bertrand Lempereur gardait la bouche ouverte, mais sa voix était aux abonnés absents. Il y avait dans son regard un air de vague tristesse et de mépris. Vick se prit à se demander pourquoi il faisait la conversation à cet étranger. « Ne me dis pas, reprit-il, les dents serrées, que tu n’as pas eu le temps de te bricoler une conscience, ici. Est-ce que tu regrettes... d’avoir buté maman ? »

Il eut envie de se maudire. Sa voix s’était brisée sur la dernière question, on aurait dit de nouveau le morveux de tout juste quatorze ans.

L’homme, en face, avait à peine cillé. Du moins n’était-il pas en train de se foutre de sa gueule. Un roc, un dur à cuire. Les couloirs interminables et glaciaux de cette prison de merde, ses murs trop exigus, la promiscuité, la compagnie de criminels pires encore que lui avaient fini par l’insensibiliser tout à fait. Par tuer ce qui restait de l’être humain. La main de Vick agrippant le combiné tremblait presque.

Il respira lentement. Lui qui pensait s’être forgé une vraie armure au fil de ses années en tant que mercenaire...

« Qu’est-ce... qu’est-ce que tu fais de tes journées ? » finit-il par demander.

Son géniteur le regarda une nouvelle fois, les paupières mi-closes, sans répondre. Si sa haine pour lui avait été plus complète... si l’ivrogne à la main si lourde avait été entièrement dépourvu de qualités, les choses auraient été tellement plus faciles. Sur un signe de tête négatif, le détenu raccrocha pour lui tourner le dos sans autre forme de procès.

« Emouvantes retrouvailles », marmonna Vick. Il avait le détestable goût de la défaite dans la bouche, qu’il tordit sur un nouveau rictus. Il se leva brusquement.

Raccompagné par un gardien, Vick Lempereur remonta le déprimant couloir de la prison de Fresnes par lequel il était venu. Pas une bonne idée, de se pointer ici. Si les murs n’étaient pas aussi miteux qu’on pouvait si attendre — ils avaient été repeints récemment, et le bleu ciel alternait avec le beige —, en revanche, le fait que l’on retrouve occasionnellement par-ci par-là l’un des taulards, pendu ou les veines tailladées, n’avait rien d’étonnant. Combien de peines de prison transformées en peine de mort par la simple surpopulation ? Ils vivaient ici comme des rats — et avec pour compagnons de véritables rats, à ce qu’on disait.

Vick prenait garde à éviter tout contact. Ces murs avaient beau avoir été repeints, ils étaient anciens. De ténébreuses histoires exsudaient en permanence des lieux, le passé pesant sur le présent plus qu’en tout autre endroit qu’il avait visité.

Quel que fût le salaire des matons de ces oubliettes modernes, ce n’était pas assez. Vick ne se sentit mieux qu’une fois l’enceinte franchie.
*****

DATE DE SORTIE : 31 décembre 2017 : 

- versions ebook AMAZON  LA FNAC  KOBO  APPLE

8 janvier 2018 : 

Version papier sur la Fnac et autres distributeurs

PRIX DE LANCEMENT EBOOK : 0,99 € le 31 décembre et 1er janvier 2018 seulement

Prix habituel: 2,99 €

LIVRE PAPIER 148 x 210, 312 pages. ISBN : 979-10-90571-35-8. Prix: 17 €


Disponibilité 31 décembre sur Amazon


Autres distributeurs: 8 janvier 2018


Joyeux réveillon à tous !

[EDIT 1er janvier 2018] : Bonne année à tous! Pour bien la commencer, le recueil Le Vagabond et quatre autres thrillers est en promo à 0,99€ pendant tout ce mois de janvier! Il s'agit du premier livre dans lequel apparaît Vick Lempereur. Il n'est pas indispensable d'avoir lu Le Vagabond pour lire Passager clandestin, mais je souhaitais ainsi permettre à toute personne intéressée de faire plus ample connaissance avec Vick!


lundi 18 décembre 2017

Mon avis sur Star Wars Episode 8 : Les derniers Jedi

L'Empire Contre Attaque (Star Wars: Episode 5) a été le tout premier film que je suis allé voir au cinéma, le second de la première trilogie historique Guerre des Etoiles. Il m'a laissé un souvenir marquant. Pour faire honneur à ce souvenir, et aussi parce que la saga est un phénomène culturel qui va alimenter pas mal de conversations, je laisse ici mon avis sur le deuxième film de la troisième trilogie, cette fois produite par Disney. Un avis où je vais tâcher d'éviter les spoilers. 



Je préfère prévenir: j'avais détesté le précédent épisode, l'épisode 7: le réveil de la Force, au point qu'il m'a fallu le prétexte d'emmener mes enfants voir le suivant pour me décider à aller voir la suite.

Un mot tout d'abord sur l'affiche: sans la regarder attentivement, je trouvais que le personnage encapuchonné faisait trop penser à Dark Sidious, l'empereur du côté sombre, et je craignais vraiment que le syndrome du reboot frappe encore. 

C'était en effet l'une de mes craintes principales. J'avais trouvé que l'épisode 7 était un reboot, ou si vous préférez, une resucée des épisodes 4, 5 et 6 (saga originelle). Le Réveil de la Force se caractérisait par des scènes qui ressemblaient à s'y tromper à des remakes de moments de chacun des trois films, la Guerre des Etoiles, l'Empire contre attaque et le Retour du Jedi. Mais le tout était fait en dépit de toute vraisemblance et bien sûr originalité. Une énorme déception. 

Eh bien figurez-vous que l'encapuchonné sur l'image est trompeur si l'on n'y prête pas une trop grande attention.

La très très bonne nouvelle, c'est que l'intrigue de l'épisode 8, Les derniers Jedi, est à l'image de cette affiche, elle surprend à plusieurs reprises. Du coup, moi qui m'attendais au pire, si je n'ai pas eu le grand frisson, je l'ai regardé avec un certain plaisir.

Ce titre, Les derniers Jedi, fait penser au retour du Jedi, et sans trop spoiler, on peut dire que le personnage de Luke Skywalker y joue également un rôle de pivot.

Pour l'épisode 7, j'avais l'impression qu'on avait confié le scénario au premier stagiaire venu, voire que c'était un commercial de Disney qui était à la baguette. 

Pour cet épisode 8, j'ai trouvé que les scénaristes avaient fait preuve d'habileté, en prenant à chaque fois à contre-pied les attentes des spectateurs. Quant à l'aspect reboot, notamment de l'Empire contre attaque, je trouve que l'écueil est à peu près évité. Il y a bien sûr des clins d’œil très appuyés à l'épisode 5 et même 6, mais cela reste acceptable.

Le méchant, Kylo Ren joué par Adam Driver, évolue de manière crédible, il est beaucoup moins ridicule que dans l'épisode 7. Les scénaristes font preuve à son égard d'une sorte d'humour à froid qui nous rend le personnage plus acceptable.

Il y a donc un énorme progrès entre le 7 et le 8. Néanmoins, est-ce qu'on peut parler de film brillant ou incontournable? Pour moi, la réponse est clairement non. 

Bien sûr, si vous êtes fan des Star Wars, vous irez sans doute le voir, et vous passerez probablement un bon moment.

Mais l'épisode 8 ne pouvait pas effacer les énormes handicaps du 7, à savoir un cahier des charges qui fait de cette nouvelle trilogie, aux deux tiers en tout cas, une simple resucée plutôt que quelque chose de créatif, amenant du nouveau. 

Ce Nouvel Ordre dont on ne sait d'où il sort, mais qui ressemble comme deux gouttes d'eau à l'ancien Empire, et surtout ces rebelles dont on va retrouver, de manière totalement inexplicable, exactement la même flotte, avec son bon vieux croiseur Mon Calamari, son amiral Akhbar et la frégate médicale. En dépit de toute logique et de toute cohérence. 

Le rôle de Leia, simplement une transposition de celui de Mon Mothma, très décevant également.

Du côté de l'ajout à l'univers Star Wars, cela reste extrêmement pauvre. 

Et du côté des scènes d'action, cet épisode 8 est malheureusement fidèle au 7, à savoir, du très grand n'importe quoi. 

Les épisodes de la saga originelle, 4, 5 et 6 avaient une manière de briser les lois de la physique grâce aux Jedi, à la Force et aux sabro-lasers, qui démontraient un certain respect des lois de la physique. Bien sûr, il s'agit de space opera, pas de hard SF, on ne demande pas un réalisme à tout crin. 

Mais personnellement, je souhaite toujours que les scénaristes n'insultent ni mon intelligence, ni ma culture, et surtout, maintiennent une certaine suspension d'incrédulité pour les différentes scènes. Qu'ils fassent en sorte, si vous préférez, que mon esprit critique ne prenne pas le dessus en me faisant décrocher de l'histoire. 

J'avais heureusement remisé mon esprit critique dans un coffre-fort digne de Fort Knox, ce qui m'a permis de profiter grosso modo du film.

Mais avec le recul, il est évident que la surenchère dans le côté impossible, surréaliste des scènes d'action, déjà manifeste dans l'épisode 7, vient ici se renforcer du côté plus sombre de cet épisode 8. On a voulu faire dans le désespéré de chez désespéré de chez désespéré, et quand vous ajoutez à cela l'aspect hautement improbable des scènes d'action, eh bien vous créez de sacrées brèches dans la suspension d'incrédulité.

Je sais: les gens ont tendance à mettre tous les films dans un même panier dès que l'on parle d'action. Je pense de mon côté qu'il y a un distinguo à faire entre un film comme Independance day, par exemple, et les Star Wars de Lucas. Je dis bien: de George Lucas, et non de Disney.

Alors certes, le seuil de l'acceptable et de l'inacceptable varie suivant les individus, et évolue sans doute avec ce que nous fait avaler le cinéma. Comme disait l'autre, "les cons, ça ose tout".

Je choisis néanmoins, au final, de retenir l'habileté scénaristique, et les évolutions de cet épisode 8 vers quelque chose qui pourrait, finalement, amener un renouveau. 

Un avis nettement plus positif, bourré de spoilers et en anglais sur l'épisode 8. Très intéressant.

vendredi 8 décembre 2017

Société du "marche ou crève"

«­On peut mesurer le degré de civilisation d'une société en visitant ses prisons» disaient Fedor Dostoievski et Albert Camus. Ils avaient raison, mais ils auraient pu ajouter: «et en examinant la manière dont l'urbanisme s'occupe des sans abris et vagabonds».

Des abribus conçus, non pour abriter, mais pour que le vent s'y engouffre:

Il ne faudrait surtout pas y rester trop longtemps, 
et quelle largeur de banc!

Des bancs munis d'arceaux en acier:

Faites un geste civique: 
prenez un chalumeau et découpez-moi ces foutus arceaux!

Des perrons sur lesquels on plante des boulons: 

Charming, isn't it? 
 
Des allées centrales sous les ponts recouvertes de pointes:

Je vous jure que si on pouvait recouvrir de pointes l'intégralité
du bitume pour empêcher les SDF de s'y allonger, on le ferait!

"On ne veut pas de ça chez nous". C'est en gros la manière dont les maires s'occupent des SDF et autres laissés pour compte. "Bienvenue dans nos territoires d'exclusion, garantis anti-SDF!"

Deux maires de gauche à Paris ces dernières années. Et ils ont laissé passer ça???!! Mais bordel, où sont passées les valeurs de la gauche? 

Nous sommes dans une société qui fabrique du déséquilibre et de la pauvreté. Le SDF de demain, ça peut être moi, ça peut être vous. 

Je suis désolé de faire tomber cet article sous le coup de la loi de Godwin, mais c'est pas un peu facho, tout ça? Cette manière de nier la pauvreté tout juste ce qu'il faut pour prendre des mesures d'exclusion? 

Si on est capable de faire ça aussi facilement, aussi efficacement, est-ce que la prochaine étape, ce ne serait pas de construire en secret des camps de la mort pour gazer discrètement nos sans domicile?

Alors, bien sûr après, on va dire que le revenu universel, le logement universel, le partage des ressources sont des utopies. Eh bien je vais vous dire, je suis d'accord. Dans une société du "marche ou crève", ces concepts resteront à jamais utopiques. 

Je vous laisse, je vais vomir.


jeudi 23 novembre 2017

Vivre de l'écriture, c'est résister

"Résiste! Prouve que tu existes!" scandait France Gall dans une chanson célèbre composée par Michel Berger. Si l'on souhaite s'enrichir financièrement, les métiers de la banque ou de la Bourse conviendront beaucoup mieux que l'écriture, c'est un fait. En revanche, le fait de vouloir gagner sa vie, mener une carrière avec l'écriture dénature-t-il ce que l'on écrit ou pire encore, l'artiste en nous, comme semble le suggérer l'auteur Luc Landrot dans son dernier billet? Gérer son entreprise d'autoédition nous transforme-t-il en entrepreneurs sans scrupules? En commerciaux, en obsédés de la vente? Bien que ne vivant de l'écriture de mes romans de fiction que depuis un peu moins de quatre ans, je peux déjà faire part de mes impressions. 

Le billet de Luc est à la fois très sincère et touchant dans sa manière de vouloir préserver le cœur, l'essence même de notre passion. Ce désir d'écrire des histoires qui vont nous emporter avant peut-être, qui sait, d'emporter quelques lecteurs, de leur permettre de s'évader, de vivre cette union télépathique avec l'auteur. Et pourquoi pas, si l'on a autour de soi des gens avec lesquels on partage les mêmes goûts, d'échanger sur un livre comme on échangerait sur un film, de comparer son ressenti.

Ce qui m'a frappé c'est que, d'après ce billet, Luc exerçait la mission d'ingénieur en CDI avant de déposer sa démission pour "voyager et faire ce qui [lui] plaît."

L'un des passages de son billet est particulièrement marquant:

Certains sont même “jaloux/admiratifs” de ma situation, dans le sens où ils estiment n’avoir jamais le cran de faire pareil. Et pourtant, parfois on a quand même l’impression qu’on est illégitime. J’avais beau me répéter à moi-même que j’assumais mes choix, qu’ils étaient fondés, raisonnés, légitimes, je n’arrive pas à me débarrasser de ce poids social qui ne vient même pas des gens directement mais de la culture globale.

Vers la fin de son billet, Luc, qui a écrit un seul roman, indique que son métier principal "redeviendra probablement ingénieur". 

Je ne vais bien sûr pas me lancer dans un jugement de valeur sur le parcours d'un collègue.

Ce que je peux vous dire, c'est que ce "poids social" ressenti par Luc, il pèse aussi sur mes épaules. Je me le représente comme une entropie sociétale : si l'on envisage les métiers classiques comme le centre d'une planète, c'est un peu comme une force de la gravitation, ou une courbure de l'espace-temps, pour reprendre la théorie d'Einstein, qui vous force à glisser vers le centre si vous exercez un métier un peu plus périphérique. L'un de ces métiers qui ne sont pas préconisés par la société. Un métier artistique. 

Alors, qu'est-ce qui me différencie de quelqu'un comme Luc? D'abord, je n'ai rien d'un matheux. Notre société privilégie la fonction d'ingénieur, avec des études à base de maths et de physique. On trouve beaucoup plus facilement un métier si l'on souhaite devenir ingénieur, et c'est beaucoup mieux rémunéré. Luc a donc énormément de mérite d'avoir su briser ce carcan, cette entropie, pour poser sa démission et explorer d'autres facettes de la vie.

Ma volonté de tracer mon sillon s'est traduite par plusieurs combats, et tout d'abord celui de vivre de ma plume, principalement en tant que journaliste pigiste dans la presse écrite. J'y suis parvenu pendant huit ans, avant de céder à cette fameuse entropie, aux nécessités matérielles pour devenir conseiller emploi, pendant huit ans également. 

Fin 2013, j'ai déposé ma démission, et depuis, je vis de nouveau de l'écriture, mais de romans de fiction cette fois. Ayant déjà eu à mener ce combat pour vivre de ma plume, je sais ce que c'est. 

Alors j’ai commencé à effleurer le tourbillon infernal du marketing offensif, nous dit Luc. Lentement mais sûrement, j’opérais la transformation d’artiste à pro du marketing. 

Est-ce mon cas? Oui, dans une certaine mesure, je ne peux nier avoir dû intégrer des notions de marketing. Est-ce que ça m'a pour autant privé de mon âme d'auteur? Je laisserai chacun en décider en lisant mon prochain roman, Passager clandestin, qui sortira fin décembre. ;)

Pour appuyer son propos, Luc cite Victor Hugo: Qui n'est pas capable d'être pauvre n'est pas capable d'être libre. Ce qu'il y a de curieux dans cette citation, c'est que justement, ceux qui font le choix d'une carrière dans l'écriture, s'ils sont bien informés, savent qu'ils ont des chances infimes de s'enrichir. Ils font donc le choix, si l'on veut, de la pauvreté matérielle et de la richesse intellectuelle. 

L'autoédition est aussi vieille que la littérature. Avant que des géants comme Amazon ne boostent ce phénomène de l'autoédition, le métier se pratiquait loin des projecteurs. Officiellement, ce que la société voulait, c'est que l'auteur s'abrite derrière un éditeur qui lui, assumerait les démarches commerciales... de la même manière, si vous voulez, qu'un ingénieur va s'abriter derrière les forces de vente pour que les produits qu'il imagine et développe trouvent des débouchés.

La société semble admettre difficilement qu'un auteur fasse la promotion de ses propres œuvres: il doit donc le faire par des moyens détournés.

L'autoédition assumée a, quant à elle, donné lieu à des dérives: harcèlement, spam en tout genre, que Luc dénonce à juste titre. Forcer un lecteur à faire quoi que ce soit n'a rien de bon, et détruit en effet l'essence même du rêve.

Pour autant, faut-il renoncer à faire carrière dans ce métier d'auteur? Je ne le crois pas. Mon expérience me fait dire qu'il y a moyen de faire comprendre les choses sans brusquer, sans heurter. 

Nous devons garder le rêve intact. Mais tout le sens de mon combat pour vivre de ma plume, c'est aussi de faire comprendre à la société que ce métier est légitime. 

Ce n'est pas à la société, ou à l'administration fiscale, de dicter à l'auteur la manière dont il entend gagner sa vie. Ce combat, nous autres auteurs pouvons seuls le mener. Si nous nous y prenons de la bonne manière, nous gagnerons le soutien des lecteurs.

Vous aimez vous évader, et la société vous traite de lunatique? Parlez-lui des expériences de pensée d'Einstein. Dites-lui que sans ces expériences, il n'aurait pu établir l'équation E=MC². Cette équation n'a pour l'instant comme application pratique que le GPS, mais ouvre des perspectives phénoménales pour la société humaine dans son ensemble.  Demandez-vous, aussi, ce que pensait Einstein de l'imagination...

Si nous sommes suffisamment nombreux à résister à l'effet d'entropie, peut-être parviendrons-nous à créer des points d'amarrage suffisants pour crédibiliser notre activité, et le fait d'en vivre.    


mercredi 8 novembre 2017

Apple et les ebooks : un marché de plus en plus fermé

Vous avez dit repli sur soi? Apple se désengage de plus en plus de la vente d'ebooks. Avec la sortie de la version 12.7 de l'iTunes Store, l'Appstore, qui contenait tous les ebooks et permettait de les acheter directement via son PC à base de Windows, disparaît. Cela signifie qu'il faut impérativement avoir l'application iBooks, et celle-ci n'existant que sur les appareils d'Apple, les autres utilisateurs se retrouvent d'emblée exclus. 

Ne vous étonnez pas si vous vendez moins d'ebooks sur Apple, le marché devient de plus en plus fermé avec l'apparition de la version 12.7 de l'iTunes Store datant de septembre 2017. 

Dans un souci de "simplification", cette version 12.7 a donc supprimé l'App Store. Problème, l'App Store est lié à l'application iBooks, qui permettait d'acheter des ebooks directement à partir d'un PC.

Donc, Apple se coupe d'un coup de tous les utilisateurs autres qu'Apple. Pire encore, même lorsqu'on est sur Mac OS, l'impossibilité d'accéder à l'App Store avec cette version empêche de pouvoir télécharger des ebooks. Un comble!

La solution? Revenir sur une ancienne version de l'iTunes Store, comme le préconise cet article de Mac Generation.

La version 12.6, cela dit, n'a initialement pas marché chez moi. Pour parvenir à la faire fonctionner, j'ai carrément supprimé tout mon dossier iTunes qui figurait dans mon répertoire Bibliothèques/Musique/Ma musique. Oui, oui, c'est radical.

J'ai vérifié: je peux maintenant de nouveau modifier le menu afin d'ajouter le menu "livres" sur iTunes. Une fois dans l'interface "livres", il redevient possible d'acheter des ebooks à partir d'un PC! 

Cliquez sur l'image pour l'agrandir 


Les pas en avant d'Apple sont des fois de gros pas en arrière... 


mardi 26 septembre 2017

« Bestsellers du gaspillage »

Avec 142 millions de livres pilonnés (entendez: détruits sans avoir été lus) en France en 2015 (source: Libération) un auteur ne peut aujourd'hui se considérer comme éco-responsable dans sa démarche professionnelle qu'en choisissant l'autoédition ou la petite édition... à condition que ni l'un ni l'autre ne soient vus comme des tremplins vers la grande édition.

Ce chiffre de 142 millions de livres pilonnés en une seule année est effarant. Monstrueux. Quelle autre industrie est aussi gaspilleuse que celle du livre? La question se pose. 

Un autre article que celui de Libération, de 2009 celui-ci, de la librairie Monet, estime quant à lui à 20 millions de livres "seulement" le nombre d'ouvrage pilonnés: en effet, ce dernier article stipule: En France, on estime à environ 100 millions le nombre de titres qui sont ainsi pilonnés chaque année, soit le cinquième de la production annuelle. Nous n’avons pas les chiffres exacts pour le Québec, mais tout porte à croire que le ratio est semblable. Les entreprises du livre ne sont toutefois pas celles qui ont le plus recours au pilon. Le taux serait de 30% pour la presse quotidienne et 50% pour le domaine de la presse magazine.

30% de presse quotidienne + 50% de presse magazine, cela fait 80% des 100 millions d'exemplaires pilonnés par la presse, et donc, les 20% d'exemplaires restants, soit 20 millions, seraient des livres. 

Quoi qu'il en soit, quel que soit le chiffre, 20 millions ou 142 millions, c'est beaucoup trop au XXIème siècle.


Dans le domaine de l'édition tradi, il faut savoir que les livres les plus pilonnés sont des livres d'auteurs bestsellers. Ces ouvrages, souvent pilonnés à plus de 50%, sont ceux que j'appelle les "bestsellers du gaspillage".

L'édition traditionnelle, il faut le savoir, est d'un cynisme et d'une cruauté sans nom. Les précieuses places en rayon de librairie, qui sont pour les livres papier ce que l'oxygène est pour l'être humain, ces précieuses places sont trustées, et notamment les têtes de gondoles, par des livres bestsellers, ou que l'on voudrait devenir bestsellers. 

Le problème, c'est que ces livres que vous retrouvez un peu partout en librairie, en raison des accords commerciaux de location d'espace de vente entre les gros éditeurs et les libraires, ces livres sont beaucoup plus nombreux que ceux qui vont être vendus. Et les éditeurs le savent pertinemment.

Donc, oui, il y a de fortes probabilités que le Stephen King que vous voyez là soit pilonné. Des probabilités nettement plus fortes que pour un livre lambda. Pourquoi? Parce que, à partir du moment où un auteur a créé la surprise en ayant des statistiques de ventes merveilleuses par rapport au nombre de livres imprimés, en créant un bestseller, cet auteur sera considéré comme bestseller, et son prochain titre va faire l'objet d'une surproduction, à des fins, principalement, d'affichage et de publicité, mais aussi pour étouffer dans l’œuf la concurrence en s'appropriant les meilleurs espaces.

Et bien entendu, cette surproduction rend, en apparence, les livres de l'auteur bestseller moins chers pour l'éditeur que les livres de l'auteur moins connu. Jamais l'expression "cercle vicieux" n'aura aussi bien porté son nom.

Un éditeur tradi vous répondra, si vous lui en parlez, que des auteurs comme Stephen King, Musso ou Lévy sont des locomotives pour l'édition, et permettent à d'autres auteurs d'être publiés. 

A quoi je répondrais: dans quelle mesure ces autres auteurs moins connus ne sont-ils pas que de simples faire-valoir, quand on sait que la grande majorité des nouveaux titres vont rester de un à trois mois en librairie avant de disparaître définitivement? Dans quelle mesure ce n'est pas du vanity publishing, que d'être publié par l'édition tradi? 

Si un jour, l'un de mes enfants me dit: Papa, tu avais le choix entre l'édition traditionnelle et l'autoédition, et tu as fait le choix de l'édition traditionnelle, sachant qu'elle était la plus gaspilleuse qui soit, est-ce que je pourrais le ou la regarder en face et assumer ce choix? 

Ma femme travaille dans une association de lutte contre la torture. Quand je lui ai expliqué le problème, elle m'a dit que son association, au lieu d'imprimer ses rapports à environ 700 exemplaires, va les tirer à 2000 ou 3000, parce que cela coûte moins cher. Résultat, l'un des salariés a passé l'été à mettre des rapports au pilon.

Et là, elle met le doigt, en effet, sur un aspect très pervers des économies d'échelle: à partir du moment où vous passez le cap des 500 exemplaires, il va être plus intéressant de passer en offset, qui va revenir moins cher que l'impression numérique entre 500 et 1000, pour un nombre supérieur d'exemplaires.

On imagine bien que la tentation du profit, ou en tout cas de l'économie, est irrésistible, pour toute association ou entreprise ayant une activité de presse. C'est là que le bât blesse.

Nous avons aussi notre responsabilité en tant que consommateurs. Les liseuses électroniques peuvent sembler plus écolo. Marion Feige-Muller, analyste pour le Basic, un organisme analysant l'impact environnemental de nos modes de production et de consommation, estime dans l'article de Libé que «Quand on regarde les émissions de CO2, il faut être un très gros lecteur pour que ce soit rentable (12 livres par an pendant vingt ans). C’est sans compter sur l’obsolescence programmée, les minerais utilisés pour la construction, et la logique de concentration qui est accentuée par rapport au livre papier».

Ce chiffre de 12 livres par an pendant 20 ans pour rentabiliser une liseuse correspond à 240 livres. Cela m'a surpris de lire cela, parce qu'auparavant, on m'avait assuré qu'il fallait lire 50 livres sur liseuse électronique pour la rentabiliser. J'aimerais bien savoir une bonne fois pour toutes ce qu'il en est, parce qu'à ce sujet, j'ai l'impression de me faire balader.

Je ne sais pas si je suis arrivé à 240 sur la mienne, cela dit, mais j'ai acheté ma Kindle Paperwhite en 2012 et elle ne donne pas de signe de faiblesse, à part deux ou trois pixels en moins qui ne gênent pas la lecture pour l'instant. Donc, déjà, pour l'obsolescence programmée, je trouve que Marion se fourvoie. Et ça me fait remettre en question son autre chiffre, du coup.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les gens lisent de plus en plus sur smartphone.

Il existe deux autres axes pour lutter contre le gaspillage de papier:

- l'analyse prédictive des ventes
- l'impression à la demande

L'acteur qui a développé la meilleure expertise pour l'analyse prédictive des ventes est Amazon. Cela n'a évidemment rien d'un hasard, puisque le nombre de clients d'Amazon a atteint un stade démographique, c'est à dire que chaque mois, l'équivalent de la population de pays entiers va y faire son shopping. 

Quand vous avez autant de visiteurs, quand vous vous servez de logiciels espion pour traquer les habitudes des clients, quand vous mettez en place des précommandes, vous avez moyen de développer des algorithmes prédisant très finement les prochaines ventes sur le site. Les éditeurs peuvent donc savoir exactement ce qu'ils doivent envoyer en stock à Amazon, et se retrouver avec très peu de pilon de ce côté. 

Evidemment, le problème de l'analyse prédictive est qu'il faut un très gros site pour que ça marche. Cela entraîne un déséquilibre dans les rapports de force qui n'est pas souhaitable dans le monde déjà excessivement concentré de l'édition.

L'impression à la demande est selon moi ce qui devrait être mis en place de manière massive en librairie. Elle est utilisée, mais encore beaucoup trop peu. 

Des machines comme celles utilisées par Orséry, ou leur concurrent l'Espresso Book Machine, sont pour l'instant dédiées aux livres rares ou épuisés, ou à certains auteurs pratiquant l'autoédition, suivez mon regard...

La technologie, cela dit, ne nous sauvera pas à elle seule. Il faut que les lecteurs sortent de la logique des bestsellers, en se mettant bien dans la tête que ces livres que l'on retrouve un peu partout en librairie, sur plusieurs rayons je veux dire, sont les livres qui entraînent le plus de gaspillage. 

[EDIT 27/09/2017]: J'ose espérer que dans son analyse de l'impact environnemental des liseuses électroniques face aux livres papier, le Basic prenne en compte les facteurs suivants: 

- le rapport poids/énergie des livres papier, souvent plus pesants que les liseuses électroniques, donc plus coûteux à transporter
- les tonnes de gasoil dépensés pour le transport des livres, et notamment sur les lieux de leur destruction ou recyclage (impact direct sur le réchauffement climatique)
- le coût écologique du recyclage des livres, et notamment de l'encre

J'ose aussi espérer que ne sont pas assimilées aux liseuses électroniques des tablettes de type iPad, qui cumulent d'autres fonctions et ont un écran plus grand que la majorité des liseuses. Il faut comparer ce qui est comparable.


mercredi 23 août 2017

Droits audiovisuels: la stratégie Rowling

La romancière à laquelle on doit (entre autres) les Harry Potter, J.K. Rowling, est aussi une businesswoman avisée. Elle a su faire fructifier le fruit les adaptations audiovisuelles de son œuvre avec une habileté et une volonté dignes d'une indépendante. Peut-être plus important encore, elle a su garder le contrôle créatif, ce qui compte souvent autant que l'argent pour nous autres auteurs. Attention, cet article contient un spoiler sur la saga Harry Potter.

"Monnaie de singe": c'est ainsi que, dans le milieu du cinéma, on qualifie les revenus d'auteurs, que ce soit le scénariste ou bien l'auteur d'une œuvre adaptée au cinéma. 

Vous trouvez le terme insultant pour la profession? Eh bien sachez que ce pourcentage, qui, avant amortissement du film, se situerait entre 0,5% et 1,5% des recettes en salles, d'après ce document officiel (p.59), est rarement versé. Il s'agit donc bien de monnaie de singe au sens péjoratif du terme.

Pourquoi cela? Parce que si l'auteur va en justice, les avocats de la partie adverse vont s'ingénier à lui faire perdre du temps et de l'argent en frais d'avocat, et le jeu pour récupérer ce qui est souvent une somme assez faible n'en vaut pas la chandelle.

Tenez-vous le pour dit: à partir du moment où vous pénétrez dans le milieu du cinéma, vous entrez dans un monde fondamentalement hostile aux créateurs.

Alors bien sûr, il y a d'autres modalités de versement, pour l'auteur d'un roman: 

- l'option, un document donnant une option exclusive à un producteur sur l'adaptation de votre roman, en échange d'une somme d'argent
- l'à-valoir, une somme fixe que le producteur se remboursera sur le montant de votre pourcentage, et qui vous restera due, même si le film est un échec commercial
- le pourcentage après amortissement du film, qui peut aller de 2 à 10% selon le document plutôt optimiste précité
- les autres exploitations
- les droits en cas de remake

Sans l'à-valoir, en particulier, on peut penser que le cinéma ne parviendrait pas à convaincre des éditeurs de céder des droits sur des œuvres à succès.

C'est d'ailleurs une chose à garder en tête dans vos relations avec le milieu du cinéma: ne jamais démarcher des producteurs. Attendre qu'ils viennent vers vous, afin d'être en position de force pour la négociation.

Il est en effet beaucoup plus facile de dire "non" lorsqu'on vient vous faire une proposition. C'est d'ailleurs tout l'objet de cet article (en anglais) de Kristine Kathryn Rusch, dont je recommande la lecture.

Si vous avez vraiment écrit un méga succès, qui vous a déjà rendu riche, et si vous êtes sûr du succès de l'adaptation au cinéma de votre poule aux œufs d'or, le mieux est encore de faire comme l'autrice J.K. Rowling: devenir producteur de cinéma.

C'est ce qu'elle a fait pour le tome 7 d'Harry Potter, Les Reliques de la Mort, dont elle a été la productrice des deux films. 

En y réfléchissant, je me suis demandé: mais, même riche, comment a-t-elle pu devenir productrice du film? La série Harry Potter au cinéma, c'est une franchise à succès. Les producteurs attitrés, David Heyman et David Barron, n'avaient sans doute pas très envie de partager les bénéfices au-delà des maigres revenus traditionnellement accordés à l'auteur.

Que les choses soient claires: je ne connais pas les deux David. Ce que je formule, ce n'est qu'une supposition, une conjecture que j'espère la plus éclairée possible.

D'après ce que je connais du milieu du cinéma, je suppose que Rowling est allée au rapport de force: "si je ne suis pas co-productrice, les deux derniers films ne se font pas".

Si elle a pu y parvenir, c'est parce que l'éditeur de Rowling avait dû avoir la sagesse de ne pas accorder de droit de préférence, ni encore moins d'exclusivité, aux producteurs du début. 

De la même manière, dans un contrat d'édition, je suis partisan de n'accorder des droits que sur un livre après l'autre, même dans le cadre d'une série. 

Ainsi, si quelque chose se passe mal, vous pouvez tout arrêter.

Mais bien sûr, vous me connaissez, en matière de livres, je suis plutôt partisan de l'autoédition.

A partir du deuxième roman, l'éditeur de Rowling, ou Rowling elle-même, n'a donc vendu les options d'adaptation que sur chaque roman individuellement, et pas avant de connaître le succès commercial du film précédent.

Quand Rowling a vu que le succès des films était au rendez-vous, elle était apparemment en situation de s'imposer en tant que productrice.

Ce qui me fait dire que Rowling a agi de la sorte comme une autrice indépendante, c'est qu'elle avait eu également la sagesse de se garder les droits sur les versions ebook. Quand vous allez sur un ebook Harry Potter sur Amazon, vous remarquez ainsi la mention: "Editeur: Pottermore from J.K. Rowling". 


Vous allez me dire, Rowling est un cas très particulier qui ne se reproduira probablement jamais dans le milieu de l'édition. Elle a pu imposer ses conditions dans le milieu de l'audiovisuel parce qu'elle avait connu un succès phénoménal en librairie. 

Certes, vous ne serez sans doute pas à même de négocier au même niveau. Mais cet article ne vise pas à vous faire contacter des producteurs pour adapter votre livre: ça ne marchera pas, ou bien vous êtes sûr de vous faire exploiter à mort. 

Le message que j'ai envie de faire passer est bien celui-ci: en cas de succès de votre livre, si l'on vient vous voir, c'est que l'on sera motivé par le potentiel de ce que vous avez écrit. Ce potentiel a une valeur marchande : à vous d'en tirer le meilleur profit. Si le producteur ne met pas les moyens que vous jugez appropriés, autant dire non. Un film, ça représente beaucoup de stress, donc si dès le départ, vous sentez qu'il y a un loup, autant ne pas donner suite. Une adaptation ne peut être un but en soi. Le but reste toujours le livre. 

Pour revenir à la saga Harry Potter, on s'aperçoit aussi que, dès le premier film, Rowling a su s'assurer le contrôle créatif, ou droit de regard sur le scénario. 

Tous les auteurs savent qu'adapter, c'est trahir. En d'autres termes, la liberté artistique du metteur en scène va très souvent transformer une œuvre, en faire quelque chose d'autre. Parfois, le résultat est meilleur, parfois, il est pire. 

Rowling a su faire en sorte que les adaptations soient fidèles aux romans. Elle en a profité pour faire l'éclatante démonstration envers Hollywood que ce n'est pas parce qu'une romancière se mêle du scénario d'un film que celui-ci va faire un flop.

ATTENTION SPOILER : 

Le danger pour un auteur qui tient vraiment à son livre, c'est de voir celui-ci complètement dénaturé à l'écran: imagine-t-on un film historique contre l'esclavagisme avoir pour protagoniste principal un esclave blanc dans un champ de coton du Sud américain, quand dans le livre, ce même protagoniste avait la peau noire? 

C'est un cas un peu extrême, mais vous voyez ce que je veux dire. Un simple détail peut tout changer. Si, par exemple, le personnage du professeur Rogue dans Harry Potter avait été entièrement négatif, s'il avait fait partie des méchants d'un bout à l'autre, sans être le personnage ambivalent, et au final, positif, qu'il est dans la saga, c'est tout le scénario conçu par l'autrice qui aurait été foutu en l'air. 

Donc oui, dans la mesure où l'on s'intéresse au devenir cinématographique de son livre, et à son image de marque, le contrôle créatif me semble important pour un auteur. 

"J'ai vendu mes enfants à des marchands d'esclave", telle a été la réaction de George Lucas après la sortie de Star Wars Episode 7. Il n'y a pas que l'argent...

Il est possible, pour un auteur, de s'assurer de ce contrôle créatif dès le stade de l'option, et c'est ce que je recommande. Vous pouvez télécharger un modèle d'option sur le site de la SACD.
  

vendredi 18 août 2017

Interdépendance

On assiste en ce moment à un énième épisode d'hystérie médiatique à la suite des attentats à Barcelone et à Cambrils (Catalogne). Rien de tel que les médias, en particulier audiovisuels, pour transformer ce qui est une piqûre de moustique, à l'échelle de la société, en une charge de rhinocéros. En réalité, le véritable rhinocéros dans la pièce, ce n'est pas le terroriste, mais bien cette charge émotionnelle, relayée et amplifiée à outrance par les médias. Mais les journalistes sont-ils les seuls coupables? Sans demande, il n'y a pas d'offre. J'ai envie de me pencher aujourd'hui sur les questions d'interdépendance dans notre société. 

En écoutant cet été l'ancien journaliste Claude Sérillon évoquer devant Laurent Ruquier, de France 2, la violence professionnelle de France Télévision, et n'être contredit par aucune des personnes présentes sur le plateau d'On n'est pas couché, je me suis dit que les plus grands adeptes du média bashing ("taper sur les médias") étaient soit d'anciens journalistes, soit des journalistes en fonction. 

C'est le même type de réflexion que je me fait lorsque je tombe sur Internet sur un commentaire de livre particulièrement virulent, commentaire en provenance d'un auteur. Les plus grands adeptes de l'auteur-bashing sont des auteurs.

Claude Sérillon disait notamment que le journalisme qu'il avait tenté de favoriser à son époque, à l'instar de Bernard Rapp, était davantage un journalisme de grands reporters plutôt que de faits divers. 

Imaginez maintenant, si Claude Sérillon est déjà aussi critique envers la presse en étant interviewé à la télé, à quel point il doit l'être encore plus dans le privé. Cela laisse songeur.

On me pardonnera donc d'avoir une petite dent contre les médias, puisque j'ai moi-même été journaliste pendant 8 ans. Quand on a été formé sur un métier, on se fait toujours une idée de ce que devrait être ce métier.

Pour revenir sur la situation actuelle, quels sont ces attentats auxquels on assiste, si ce n'est des faits divers un peu particuliers, car mis en œuvre de manière à pouvoir être facilement montés en épingle. 

La recette est connue:

- s'en prendre à l'autorité sous toutes ses formes: militaire, gouvernementale, religieuse
- choisir un haut lieu touristique
- frapper au moment où l'on ne s'y attend pas, en étant prêt à se sacrifier, en faisant le plus de victimes possible, et de la manière la plus spectaculaire

Ces attentats doivent provoquer des réactions émotionnelles fortes. Le fait que j'écrive cet article, et donc que je me distancie de la révolte que m'inspire ces attentats, ne doit pas faire croire que cette révolte est absente chez moi, ni que je suis insensibilisé par rapport à la réalité. 

Si je prends mes distances, ou, pour forcer le trait, si je fais l'autruche, c'est consciemment. J'ai bien sûr une pensée pour les victimes. Le risque serait en effet de tomber dans l'excès inverse, et de se transformer en robots.

J'ai déjà évoqué, dans l'article Terrorisme médiatique, l'interdépendance entre les médias et les terroristes. En tant qu'auteur, je suis bien placé pour savoir que l'une des clés d'une histoire réussie est d'avoir un méchant réussi. Or, pour les journalistes, qui, tout comme les politiques, se servent du storytelling (raconter une histoire) afin d'améliorer l'audience, et donc les revenus publicitaires, quels plus parfaits anti-héros que les terroristes? 

Ces mêmes terroristes qui, en tant que stars de cette télé-réalité d'un nouveau genre, se nourrissent aussi, même de manière anticipée, ou de manière collective pour leur clan, de cette sur-médiatisation.

Etant donné les effets pervers que cela occasionne, je ne saurai trop conseiller au grand public de se lancer dans la lecture d'un bon bouquin, plutôt que de rechercher cette actualité morbide, aussi fascinante en apparence soit-elle. La réalité devient invasive et dangereuse quand on essaie d'en faire une histoire dans les actualités. En particulier quand c'est une réalité violente, choquante.

C'est cette interdépendance entre les médias et le public qui me tient aujourd'hui à cœur. Il faudrait demander à un psy ce qui se passe dans la tête des gens quand ils regardent des infos dramatiques, mais je ne crois pas me tromper en disant que, par empathie, le public ressent une bonne part de la détresse et du chagrin des victimes.

Cette "messe médiatique" du 20 heures se transforme donc souvent en une séance de flagellation.

C'est bien sûr à dessein que j'emploie des termes religieux. Je pense que si la notion de Péché Originel a aussi bien marché dans la religion chrétienne, c'est que nous avions un terreau propice dans nos cœurs de femmes et d'hommes (pourquoi mettre toujours les hommes en premier?).  

Recherche de spiritualité, recherche d'autorité d'un côté, et de l'autre, processus de culpabilisation, puis ensuite de soumission, et enfin de manipulation, je pense que c'est à peu près dans cet ordre que les choses doivent se faire. 

Non pas que toutes les religions soient négatives, tel n'est absolument pas mon propos. Mais la religion mal comprise a pu être un outil de domination.

Le fait, pour l'être humain, de culpabiliser, est à la fois une supériorité et une faille. Une supériorité, car cela nous permet de nous remettre en cause, et corriger des erreurs. Une faille, parce qu'en faisant porter le poids d'une culpabilité trop lourde, cela permet de dominer et de diriger. 

Méfiez-vous de toute doctrine ou système de pensée qui vous fasse culpabiliser en tant qu'être humain, car c'est un point de vulnérabilité susceptible d'être exploité. 

Est-ce pour autant que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes? Non, le verre à moitié vide existe. Le huitième continent formé par les déchets, le réchauffement climatique, le péril écologique, les tortures humaines, les tortures animales, tous les maux de ce monde. Les causes à défendre sont innombrables.

De la même manière que pour moi, l'homme doit mener de front lutte contre la faim dans le monde et conquête spatiale, il doit aussi lutter de front contre les tortures faites aux hommes et aux animaux. 

Pourquoi? Parce que des sujets aussi différents peuvent se retrouver liés, interconnectés. Pour moi, le mot de cette année 2017 est "interdépendance".

jeudi 10 août 2017

Dix mille

Quand on est auteur, toutes les occasions sont bonnes pour boire un coup! Blague à part, je suis heureux d'annoncer aujourd'hui avoir dépassé les 10 000 livres et ebooks vendus en autoédition en ce mois d'août, et ce depuis l'année 2010 (l'année de sortie du Souffle d'Aoles, roman de fantasy). Je tiens à remercier mes proches, qui m'ont soutenu tout du long, mes lecteurs, pour leur fidélité, et bien sûr mes partenaires, libraires et plate-formes de vente. Le chemin aura été escarpé, avec des hauts et des bas, mais comme tout chemin de montagne, c'est ce qui en fait la beauté.

On a beau vouloir être indépendant, et s'autoéditer, il faut bien reconnaître que c'est du travail d'équipe. 

Sans le soutien de mes proches, et en particulier de mon épouse, je n'en serais pas là aujourd'hui. 

Sans les partenaires avec lesquelles je travaille, centres culturels et centres commerciaux en Ile de France, plates-forme de vente, je ne serais pas arrivé à toucher un aussi large public. 

Sans ma correctrice professionnelle de langue anglaise, je ne serais pas parvenu à exporter mes ebooks au Royaume Uni et aux Etats-Unis dans la langue de Shakespeare.

Sur ces 10 000 livres et ebooks vendu, près de 6800, une large majorité, donc, sont des livres papier. 

C'est une fierté, parce que les promos d'ebooks à 0,99€ peuvent parfois gonfler les ventes sans que cela reflète une réelle adhésion du public au contenu. 

Ainsi par exemple, les quelques 250 ventes en une semaine de ma promo anglo-saxonne la plus réussie, ont été obtenues en vendant la trilogie complète en anglais, de plus de 1400 pages, à 0,99$. Eh oui...

Ça ne signifie pas qu'il soit facile de générer ce genre d'intérêt, spécialement dans le monde anglo-saxon, où la concurrence est plus rude encore qu'en France. Mais il s'agit d'une marque d'intérêt plus que de réel engagement. 

Les commentaires sont mieux à même de mesurer l'engagement, et je suis heureux de ceux que j'ai reçu jusqu'à présent. De même, recevoir un email d'un lecteur enthousiaste est toujours un moment fort pour moi.  Ça et les ventes, c'est ce qu'il y a de plus tangible pour un auteur.

Est-ce que, malgré tout, on peut parfois être tenté de jeter l'éponge? Je dirais que le parcours d'artiste, pour mes semblables, ceux, du moins, qui ne transforment pas tout ce qu'ils touchent en or, c'est un peu comme dans Rocky, il faut savoir encaisser. 

Ces dix mille livres et ebooks vendus, c'est avant tout de la persévérance et de la patience.

Et le chapitre suivant de ma vie d'auteur sera bien sûr un nouveau livre. :)

mardi 8 août 2017

Elon Musk stripping Tesla Model 3 of a Speedometer: why it is a Very Bad Idea

I love the way Elon Musk is redefining technology and shaping the future with his different companies, so I was eagerly waiting for the presentation of Tesla Model 3. But I also know how to recognize a Very Bad Idea when I see one. Moving the speedometer and the other gauges traditionally located behind the steering wheel to a 15-inch touchscreen display located in the center of the dash comes as a huge disappointment for me. There are a number of reasons for that. 



Safety: when you are driving as fast a car as a Tesla Model 3 -- one of the marketing arguments is that a Model 3 can reach 0 to 60 miles per hour in 5.6 seconds -- you must keep an eye on your speed very often if you do not want being flashed by a radar and break the law. I don't want to have to search the information on a 15-inches screen. It is distracting and dangerous.

Elon Musk said that "You won't care" because the more autonomous a vehicle is, the less it needs such a display.

I have two problems with that statement. The first is obvious: the technology is not ready yet, especially so in Europe. Besides, you have to pay more for the automated software: it is not installed by default on the Model 3.

The other objection is a more philosophical one. The speedometer is an instrument of control. Do you want to control your vehicle, or be controlled by it?

In my opinion, an autonomous vehicle is only progress if we are able to take the control back at any moment.

As a customer, because of this absence of a speedometer, I have the impression that Musk wants to coerce me into using the autonomous feature. Which is, of course, a very bad thing.

Why? Because I can't help wondering why he wants me to surrender control. Has Tesla made a secret deal with Mac Donald, so that my vehicle will automatically park near a Mac Donald restaurant? Or with another company? As you can see, it raises many unwanted questions.

Second-rate car: maybe the absence of a speedometer would seem more natural if that were the case in all Tesla cars. But it is not the case on Tesla Model S. And neither on Tesla Model X. The comparison is bound to happen: why on a Tesla Model S, and not on a Tesla Model 3?

The inevitable answer: budget. Money. I don't want a car I own to shout that I have less money than the owner of a Model S. I find it incredibly awkward on Elon Musk's part, not to have thought about that.

As much as I want electric vehicles to succeed, and the Tesla model 3 to thrive, I am sorry to say that I most probably will not buy it.

dimanche 28 mai 2017

Pubs Facebook: attention aux "j'aime" frauduleux !

Facebook est malade de ses faux profils, supprimés chaque année par centaines de milliers par l'équipe de Mark Zuckerberg. Le dévoiement, ou détournement des profils n'est d'ailleurs pas propre à Facebook: c'est juste qu'il semble monter en puissance avec la popularité d'un réseau social. Les détournements et arnaques sont de nature diverses, et peuvent provenir aussi bien d'individus malintentionnés, de bots (robots) que de "clicks farms", les fameuses "fermes à clic". Le problème pour les auteurs est que ces détournements touchent le nerf de la guerre, les publicités Facebook, qui risquent de devenir de moins en moins pertinentes. 

Ce dimanche 28 mai est la Fête des Mères. A cette occasion, et depuis mardi dernier, j'ai baissé le prix de chacun de mes ebooks, Le Souffle d'Aoles, Eau Turquoise et Les Flammes de l'Immolé, à 0,99€ chacun. 

Pour en avertir les utilisateurs de Facebook, j'ai choisi de propulser un article élogieux portant sur Les Flammes de l'Immolé, celui du blog Des livres, des fils et un peu de farine...

Il m'en a coûté 45€ pour booster cet article, somme que j'ai définie moi-même, avec la possibilité d'interrompre cette publicité Facebook, et donc le versement d'argent, à tout moment.

Voici le lien vers la publicité en question

Très rapidement j'ai obtenu des "j'aime", mais tout aussi rapidement, je me suis interrogé sur la provenance d'une bonne part de ces appréciations. 

Si je vendais sur une base régulière mes ebooks en Afghanistan, aux Comorres ou en Turquie, je n'aurais pas été surpris d'avoir des utilisateurs de Facebook en provenance de ces pays cliquant sur "j'aime". 

Malheureusement, ce n'est pas le cas. 

Je vous invite à cliquer sur le lien des "j'aime" de cette publicité, et à examiner les profils en question. 

De la même manière, si vous êtes auteur et faites de la pub en utilisant Facebook, je vous recommande fortement de cliquer sur les appréciations de chacune de vos pubs pour en vérifier la fiabilité. 

Sur les 69 "j'aime" de ma pub, je dirais qu'au moins 45 sont de provenance douteuse ou très douteuse. Une très grande majorité hélas!

Ce n'est pas le cas de toutes les pubs ou articles sponsorisés que l'on trouve sur Facebook, cela dit. Certains ne souffrent pas de ce problème, c'est pourquoi je recommande d'agir au cas par cas plutôt que de manière systématique.

L'auteur autoédité Mark Dawson, que j'ai interrogé à ce sujet, et qui possède une mailing list de plus de 65 000 personnes, m'a confirmé qu'il tirait toujours la plupart de ses revenus de pubs Facebook, qu'il s'agisse d'accroître sa newsletter ou de faire des ventes directes.


Pour plus de transparence, voici quel était le "ciblage" de ma pub Facebook: 

- Pays: France et Wallonie
- Audience: hommes et femmes entre 16 et 44 ans
- Centres d'intérêts : Heroic Fantasy, les auteurs Robert Jordan, Frank Herbert, David Gemmell, Terry Goodkind, Robin Hobb, Fiona McIntosh, Brandon Sanderson, Ursula K. Le Guin, Jack Vance, Morgan Rice, Rick Riordan, plus le roman Les Enfants de la Terre et le personnage de Percy Jackson

Cette audience représentait plus de 1,5 millions de personnes. La publicité a démarré le mardi. En supprimant Heroic Fantasy et Percy Jackson après une journée, dès le mercredi, j'ai réduit l'audience à 30 000 personnes. J'espérais ainsi éviter les clicks farms.

Malgré cela, l'hémorragie des fausses appréciations, vraisemblablement en provenance de "fermes à clics" s'est poursuivie durant toute la durée de la pub, que j'ai interrompue le vendredi soir. 
 
L'explication de ce problème se trouve sans doute dans cette vidéo de langue anglaise de 2014 intitulée Facebook Fraud


Pour résumer, les employés des fameuses Clicks Farms, afin de légitimer leurs appréciations, de faire en sorte qu'elles soient validées par Facebook, vont cliquer sur les "j'aime" ou "j'adore" des publicités de manière aléatoire, et parviennent à localiser leurs profils dans les pays ciblés par ces publicités. 

En gros, ce n'est pas parce que vous ne ciblez pas l'Afghanistan, que vous n'aurez pas un Afghan dont il est écrit sur le profil qu'il vit à Paris qui va vous aimer votre pub. 

Comme le précise la vidéo ci-dessus, ces appréciations sont en fait très néfastes par rapport à votre pub, parce que nuisant à l'effet boule de neige, Facebook ayant mis en place des contre-mesures pour réduire la popularité en cas de doute sur la provenance des clics.

En plus, n'importe qui cliquant sur les appréciations se demandera si vous n'avez pas vous-même fait appel à une "ferme à clics". 

Inutile de dire que j'ai eu très peu de ventes à la suite de cette pub: moins d'une dizaine. 

Il fut un temps où je parlais d'une promo réussie en raison de deux facteurs, l'aide de la plate-forme de vente et les pubs Facebook.

Les choses ont bien changé.

Il s'avère qu'il va devenir de plus en plus difficile de s'appuyer sur les pubs Facebook pour faire connaître ses romans.    

vendredi 19 mai 2017

De nouveaux blogs et services pour les auteurs

Le blog L'évasion littéraire recense près de 200 blogs de chroniqueuses ou chroniqueurs qui lisent des auteurs autoédités. C'est une immense satisfaction pour moi! A noter aussi: Le site Simplement Pro, très efficace apparemment, pour proposer vos livres ou ebooks à des blogueurs sans les contacter directement, via un service de presse qui accepte tous les auteurs. 

Le blog L'évasion littéraire, de Mélanie. 

Le site Simplement Pro.

J'ai bien sûr réactualisé mon article La liste des sites et blogs ouverts à tous les livres et/ou ebooks

Je n'ai pas réactualisé les deux sous-listes de l'article différenciant les blogs ne prenant que des livres de ceux acceptant aussi les ebooks: ça m'aurait demandé trop de travail. Je me suis contenté de mettre l'adresse vers le blog de Mélanie en bas d'article.

Le changement dans la blogosphère me semble aller dans le sens des auteurs autoédités, et c'est une très bonne chose. 

Même si les ventes ne suivent pas toujours, même s'il est indispensable que l'article soit impartial, vous pouvez imaginer le bien que peut faire un article comme celui-ci d'une chroniqueuse sur le moral d'un auteur.

lundi 15 mai 2017

Mes livres imprimés par Orséry

Vous vous souvenez de l'Espresso Book Machine, l'imprimante capable de fabriquer et sortir un exemplaire d'un livre en librairie, devant vous, en cinq à dix minutes? Eh bien, quatre des cinq livres des Editions Emmanuel Guillot sont maintenant disponibles chez le concurrent de l'Espresso Book Machine, Orséry. On peut les faire fabriquer au Cultura la Villette ou chez le libraire Une page de vie à Viroflay (78).

L'impression à la demande en librairie connaîtrait-elle le début d'un frémissement? J'ai en tout cas souhaité être à la pointe de la technologie, en permettant à mes lecteurs de faire fabriquer en une petite dizaine de minutes maximum par livre les quatre cinquièmes de mon catalogue dans ces deux points de vente, le Cultura la Villette et la librairie Une page de vie à Viroflay (78)

Il s'agit des titres: 
- Le Souffle d'Aoles (Ardalia, premier tome)
- Eau Turquoise (Ardalia, deuxième tome)
- Les Explorateurs
- Le Vagabond

Seul manque à l'appel le troisième tome de la trilogie Ardalia, Les Flammes de l'Immolé, en raison d'une contrainte technique: la machine ne peut imprimer des livres au-delà des 400 pages, et ce tome en fait plus de 500. 

J'ai eu entre les mains un exemplaire de test du Vagabond. Malheureusement, les pages sont très blanches à mon goût, je n'ai pas eu la possibilité d'obtenir des pages couleur crème comme c'est le cas d'habitude. La couverture est un peu plus souple que de coutume, mais solide. 

J'ai donc signé un contrat avec Orséry, et je me réjouis de ce partenariat. Il ne s'agit pas tant, pour moi, d'espérer gagner beaucoup d'argent que de dépanner certains lecteurs. 

En effet, je gagnerai entre 2 et 4 € par livre imprimé par ce biais, avec relevé de ventes et paiement une fois par an seulement, après l'établissement par l'éditeur/auteur d'une facture. Ça, c'est le côté un peu frustrant.

La rémunération de l'éditeur, ou dans mon cas, de l'auteur autoédité, est de 40% de la marge globale du livre, le reste étant réparti entre Orséry et le libraire. 

Le coût hors taxe de fabrication pour un livre est de 4,20 € plus 0,013€ par page noir et blanc, 0,036€ par page couleur, et 0,330€ pour la couverture. 

Pour un recueil de 224 pages comme Le Vagabond, le coût de fabrication serait de 3,24 + 4,20 = 7,44 € HT, soit 7,85 € TTC. Le recueil coûtant 14€ à l'achat, la marge globale du livre est de 6,56€. 

Je toucherai donc 40% de ces 6,56 €, soit 2,62 € par exemplaire du Vagabond vendu.

La marge dépend donc du prix global de chaque livre et du nombre de pages.

On le voit, la vente de livres par ce biais ne rapporte pas beaucoup plus qu'un ebook, mais de nombreuses personnes étant encore attachées au livre papier, cela permet de rendre ce service directement en librairie. 

S'il s'avère que j'écoule plus de 10 exemplaires d'Eau Turquoise, le tome 2 d'Ardalia, par an par ce biais (c'est à dire fabriqués par Orséry), alors je réaliserai la maquette d'un tome 3 et d'un tome 4 qui ne seront imprimés que par Orséry, et qui feront environ 250 pages chacun. Ces deux tomes correspondront au tome 3 actuel.

La réalisation de maquettes de livres prenant du temps, je préfère pour l'instant me consacrer à mon prochain roman, qui devrait sortir d'ici la fin de l'année. 

J'espère en tout cas qu'Orséry pourra s'étendre dans tout le réseau Cultura, pourquoi pas dans les Espaces culturel Leclerc, et dans de nombreuses librairies!