vendredi 29 avril 2016

Mortelle célébrité

Les statistiques sont formelles, si vous êtes artiste et que vous connaissiez la célébrité, entre le moment où vous devenez célèbre et la 25ème année après ce moment, vous aurez 1,7 fois plus de chance de mourir que le restant de la population. Même si votre gloire est éphémère. Tout en se gardant de brosser un tableau trop noir, il serait peut-être temps de se demander ce que l'on veut vraiment... 

Célébrité, ça veut dire quoi? Dans mon esprit, vous êtes célèbre si l'on vous reconnaît dans la rue, ou si des paparazzi s'efforcent de vous arracher au travers de leurs objectifs quelques bribes de votre intimité - et de votre identité - pour les étaler dans la presse people. Bref, cela va plus loin que la simple notoriété. 

Devenir riche et célèbre est rarement un plan de carrière, mais il n'empêche que c'est un rêve partagé par une grande partie de la population. C'est aussi un idéal mis en avant par notre société de consommation.

Je m'en rends compte avec l'âge, même pour un auteur comme moi, qui a très rapidement pris ces distances avec cette part de rêve, en insistant sur l'aspect artisanal de sa vocation, il est impossible de balayer d'un simple revers de main la notion de célébrité.

Pourquoi? Parce que le rêve de gloire et de richesse est un rêve narcissique. Il nous renvoie à une période, où dans le ventre de nos mères, nous vivions dans un état d'extase permanente. Où le moindre de nos désirs était comblé. 

Le monde autour de nous était entièrement à notre service. Tout le monde a vécu cela, ce qui explique l'universalité de cette part de rêve. On pourrait même aller jusqu'à dire que ce "rétro-rêve" est sans doute à l'origine de tous les désirs humains. 

Mais cet idéal de vie est profondément régressif.  Car, en contrepartie, nous étions aussi dans un état de dépendance total.

De même, la star servie par une suite de 150 personnes, qui finit par considérer, dans son narcissisme, chacune de ses personnes comme une extension de soi, ne supporte pas que l'un de ses membres puisse lui faire soudainement défaut. Il faut alors s'attendre à un caprice ou à une colère. 

La frustration ayant été éliminée, si elle réapparaît, elle est vécue comme une attaque, et déclenche l'agressivité. 

Tous les désirs étant comblés immédiatement dans une sorte de gavage systématique, la notion de plaisir, quant à elle, disparaît pour faire place à une forme de nausée. 

Il n'empêche que le désir de devenir cette personne comblée jusqu'à la nausée est très largement partagé. 

Les personnes dont le désir est le plus fort de se rapprocher, tel Icare, du soleil de la célébrité, sont des hommes et des femmes qui ont subi des blessures narcissiques. 

Le fait d'être orphelin de naissance, par exemple. Ou bien d'avoir perdu un proche qui comptait dans l'enfance. Tout cela sont des blessures qui touchent à l'identité de chacun.

En tant qu'être humain, on se construit au travers des interactions avec d'autres. L'identité n'est jamais quelque chose de fixe et définitif, elle se modifie tout au long de la vie. Néanmoins, les racines comptent plus que le reste.

Dans l'enfance, l'identification avec un père ou une mère est partie intégrante du processus d'identité. Vous savez qui vous êtes parce que vous savez qui vous a fait. 

Dans l'adolescence, les parents peuvent aussi servir de repoussoir: vous allez construire votre identité autrement, parce que le modèle parental ne vous convient pas. Le "non", le refus, est tout aussi crucial dans la création d'une identité propre que l'absorption.

Le "non" intervient d'ailleurs beaucoup plus tôt qu'à l'adolescence, mais disons que la rébellion est une sorte de marque de fabrique de cette période si particulière.

La mort d'un membre aussi proche qu'un père ou une mère est donc invalidante. Elle créé un manque que l'on va s'efforcer de combler tout au long de sa vie. 

Ceux dont l'identité est trop faible peuvent être tentés de harceler, voire dans le pire des cas, de s'approprier l'identité de stars en mettant fin à la vie de leur modèle. C'est l'aspect cannibale du fan, qui n'intervient au plus haut degré heureusement que très rarement. 

De manière un peu plus fréquente, il existe des fans qui deviennent des sosies sans pour autant faire preuve de cannibalisme, et qui peuvent développer une carrière de sosie.

Dans d'autres cas, la personne victime d'une blessure va tenter de se construire une nouvelle identité en se contentant de s'inspirer de modèles: modèle dans l'écriture, dans le cinéma, la musique.

Il ne s'agit plus comme pour le fan de réplication, mais bien d'inspiration, avec des choix propres à chaque artiste, des choix qui deviennent plus personnels avec l'expérience. 

Il y a donc acte de création, mais avec une volonté plus ou moins forte selon l'intensité des blessures et les personnalités de panser ses blessures narcissiques à l'aide de l'amour du public. Il faut combler le vide affectif. 

Le problème est que cette personne proche qui vous manque, ce membre du couple qui a divorcé et s'est irrémédiablement éloigné, ne vous apportait pas seulement de l'affection. Il ou elle vous aidait aussi à vous construire, à affermir votre identité. 

Ce ne sera jamais le cas du public. En outre, l'amour du public est volage, inconstant. 

Toute personne qui essaye donc de se construire au travers du regard du public commet une douloureuse erreur, et s'en mordra les doigts. 

Le succès est tout aussi volatil. Les professionnels qui entourent un chanteur ou un groupe savent qu'il faut "faire marcher la planche à billet" dès que la sauce a pris. Multiplier les dates. Les interviews, les concerts, les événements.

Pour tenir, à l'instar du cadre supérieur qui ne sait pas déléguer, on va prendre des "uppers": se shooter aux amphétamines, cocaïne et autres acides. On va en prendre d'autant plus si le trac de se retrouver devant des milliers de personnes nous terrifie.

Cela arrive à certains artistes, et apparemment, Prince était du nombre.

Si le succès se maintient plusieurs mois, pendant lesquels l'on ne cesse de voyager, l'identité, qui a besoin du repérage temps/espace, se retrouve bien vite attaquée de toute part. On ne sait plus où on est. On a du mal à dire qui on est. 

En même temps, on n'a plus de limites, et tous les besoins, y compris sexuels, sont comblés. On se retrouve dans cet état régressif proche de la béatitude pré-natale. 

Des dépendances se créent. Dépendance avec le succès, mais aussi, dépendance avec d'autres éléments beaucoup plus stables et rassurants dans leur manière de vous replonger dans les paradis artificiels: la boisson et les drogues.

Comme on a désappris le sommeil à force d'hyperactivité, on a aussi besoin d'autres drogues, les "downers", les barbituriques, pour s'endormir. Parfois davantage que de simples cachets, comme ce fut le cas de Michael Jackson.

L'hyperactivité ne signifie en rien que vous entretenez de véritables rapports interpersonnels. Comme l'identité se construit au cours de rencontres suivies et que vous n'entretenez que des rapports simplistes avec le public, votre identité se délite. Vous devenez superficiel.

Si vous avez choisi le cinéma, il y a de fortes chances que vous passiez par des méthodes dérivées de l'Actors Studio. Or cette méthode, qui décrète qu'il ne faut pas seulement jouer, mais aussi "être", attaque l'identité, et est pointée du doigt par des psychologues. 

Certains acteurs et actrices ont révélé que les personnages joués leur paraissaient plus réels que leur propre vie privée. 

C'est un immense paradoxe de notre société. Adolescents, on tombe amoureux de stars en raison de l'image forte qu'elles projettent. Mais si l'on réalisait un rêve un peu fou de se marier avec l'une de ces stars (et j'avoue qu'en ce qui me concerne, j'étais attiré par Sharon Stone), il y aurait fort à parier que l'on réaliserait, d'une part, qu'on ne connaît pas du tout la personne derrière l'actrice, et d'autre part, que sa personnalité est trop évasive, trop indéfinissable, trop atrophiée peut-être pour parvenir réellement à s'y attacher. 

Parce que, par exemple, cette star vit des relations bidimensionnelles avec le public, mais n'a pas le temps de s'investir réellement dans une relation plus complexe d'ordre privée, qui par ailleurs, nécessiterait qu'elle se "mette au clair" avec elle-même. 

De nombreuses célébrités, cela dit, ont recours à la psychanalyse, qui peut vraiment aider lorsque pratiquée par de vrais spécialistes, de manière professionnelle. Mais l'incroyable attirance exercée par les stars peut même faire perdre le nord à des professionnels, comme ce fut le cas du psychanalyste de Marylin Monroe. 

L'auteur va comme les autres effectuer sa recherche d'amour narcissique dans le regard du public. Et comme le musicien ou l'acteur, il va connaître des périodes de transe dans sa créativité. 

Ces périodes de transe qui nous permettent de sortir de notre corps pour nous incorporer dans quelque chose de beaucoup plus grand que nous, sans forcément avoir recours à des produits, se rapprochent d'un état d'extase pré-natal. 

Ces périodes sont malheureusement souvent suivies, et je peux en attester, de terribles périodes de doute. On a ainsi l'impression de naviguer entre hauts sommets et abysses, au sein même de sa créativité, comme cela peut être le cas pour ce qui concerne le succès public ou même la simple popularité sur les réseaux sociaux, ou ce que l'on en ressent. 

En cela, nous autres auteurs nous rapprochons beaucoup de personnes victimes de troubles bipolaires.

C'est un obstacle, cela dit, qui n'est pas insurmontable, mais il faut savoir que cela existe. 

Si j'ai choisi de décrire dans cet article la part sombre de l'activité artistique, ce n'est ni pour décourager ni pour me plaindre.

Je tiens simplement à prendre mes distances par rapport aux idéaux de gloire et de richesse qui relèvent, non seulement de la société, mais bien de notre nature profonde, en tant qu'être humains.

Je le reconnais: j'ai un rapport fascination/attirance/méfiance/aversion envers la richesse et la célébrité.

Certaines stars arrivent cependant à mettre de côté l'aspect narcissique pour s'occuper de nobles causes. Ou bien de leurs enfants. 

Le fait de connaître la décadence et une mort prématurée n'est donc en rien une fatalité pour un artiste. Nous pourrons d'autant mieux nous mobiliser que nous sommes conscients des dangers.  

Peut-être certaines personnes attirées par la vocation artistique réaliseront-elles à temps, en lisant cet article, qu'en se privant d'une trop grande part de leur identité propre, en ne sachant plus, au niveau relationnel, que recevoir et non plus donner, si un jour elles devaient procréer, elles ne mettraient au monde que des "fils de", qui auraient d'autant plus de mal à se fabriquer une identité que leur géniteur et génitrice, trop souvent absents, en sont dépourvus... 

Se connaître soi-même pour mieux cultiver son jardin intérieur et ce, tout au long de sa vie, voilà qui est toujours d'actualité.

Je ne saurais trop en tout cas recommander la lecture de Succès damné, le passionnant et brillant ouvrage de référence d'Eric Corbobesse et Laurent Muldworf, paru chez Fayard.

https://store.kobobooks.com/fr-fr/ebook/succes-damne


Cet article est en effet très largement inspiré de cet ouvrage, qui est, dans son ton, toujours bienveillant envers les artistes. 

La statistique que je cite au début concernant la mortalité plus importante des artistes devenus célèbres provient d'une étude citée dans ce livre.

Pour que moi, auteur autoédité militant, aille conseiller la lecture d'un ouvrage traditionnellement édité, qui plus est vendu à 12,99€ dans sa version ebook, vous vous doutez qu'il faut qu'il m'ait convaincu!  

Je terminerai par le début de Succès damné, cette citation d'Albert Camus: Tout artiste qui se mêle de vouloir être célèbre dans notre société doit savoir que ce n'est pas lui qui le sera, mais quelqu'un d'autre sous son nom, qui finira par lui échapper et, peut-être, un jour, par tuer en lui le véritable artiste.

Autre article sur le même sujet : 

Succès, gloire... et amour ?

mardi 19 avril 2016

Rencontre du troisième type

Il arrive parfois de faire des rencontres pour le moins inattendues en dédicace.

Il y a des moments, comme ça, où le destin vous envoie de petits signes. J'ai interprété le dernier comme une incitation à écrire un nouvel article de blog, celui que vous lisez en ce moment.

J'avais abordé un homme d'âge moyen pour lui parler de mes bouquins. "Justement, je suis réalisateur de films d'animations," me répond-il, "je travaille en numérique sur fond vert, tout ça."

Moi: "Vous ne travailleriez pas pour Luc Besson, quand même?"

Lui, "Si, justement si."

Il me raconte un peu son travail, il a l'air sympa. C'est typiquement le genre de personnes que j'aurais voulu rencontrer dans d'autres circonstances.

Mais voilà, il y a le récent procès remporté par les dessinateurs créateurs d'Arthur et les Minimoys, et la condamnation de Luc Besson pour contrefaçon. Je lui en parle parce que j'avais été choqué, non seulement par le fait que les dessinateurs n'aient pas touché les 0,3% qui leur étaient dus sur les recettes du film, ce qui ne me paraissait pas une revendication excessive, mais parce qu'ils avaient aussi été spoliés des droits sur les produits dérivés.

A ma surprise, il n'était pas au courant. Mais il me parle d'un autre procès de Luc Besson dont je n'avais pas entendu parler contre un autre réalisateur - le nom de ce dernier ne me dit rien, et je l'oublie aussitôt.

J'évoque ensuite devant lui le cas de Thomas Clément. Thomas Clément est un auteur qui avait failli signer avec les éditions Intervista, la maison d'édition de Luc Besson fondée à la fin des années 90 et qui a mis fin à son activité en 2011.

L'un des trois articles où Thomas Clément explique son aventure me semble avoir été tronqué, car je l'avais lu à l'époque de sa publication sur son blog, à l'époque où Thomas n'avait pas encore été publié par Le Diable Vauvert.  Il me semble bien qu'il disait que les gens d'Intervista, après lui avoir fait réécrire son œuvre, avaient carrément chargé des écrivains maison de le réécrire à nouveau, pour se l'approprier en toute illégalité.

Mais ma mémoire peut me jouer des tours, bien sûr. Thomas Clément n'a en tout cas pas été dépossédé de ses droits sur son livre, au final.

Bref. Je lui reparle un peu de mes bouquins, et lui laisse malgré tout mon email parce qu'il me fait bonne impression.

Il me lance en partant que "certains réalisateurs veulent devenir califes à la place du calife".

Même après coup, je ne regrette pas de lui avoir laissé mon email. Je ne travaillerai certes pas pour Europa Corp, mais on ne sait jamais, s'il se faisait débaucher par un studio aux Etats-Unis et qu'il repensait à moi... 

Un studio qui aurait pour productrice une femme de préférence, bienveillante envers ses artistes. Je parle d'un monde de bisounours? Un tel studio n'existe pas?

Il n'est pas interdit de rêver...

D'autant que de nombreuses personnes qui voient les couvertures de mes livres, et en particulier de la trilogie Ardalia, me demandent quand le film va sortir.

Et surtout, je sais qu'il est dans l'ADN de ma trilogie d'être adaptée en film, jeu vidéo ou BD, pour les raisons suivantes:

- mon père était dessinateur et nous avions une cave entière remplie de bande dessinées, que je fréquentais assiduement. Cela se ressent dans mon écriture, volontiers visuelle

- j'ai été critique de jeu vidéo, ce qui a déteint sur l'univers entièrement original d'Ardalia, lequel a un aspect ludique

- j'ai été influencé par les grands classiques de la science-fiction, de la fantasy, mais aussi du fantastique et de l'horreur, que ce soit en littérature ou au cinéma

- enfin et c'est sans doute le plus important, même si je n'ai pas la distance critique par rapport à mon œuvre, je pense y avoir insufflé suffisamment de moi-même et de ce que j'appréhende de l'univers pour rendre les relations entre les personnages intéressantes, et faire en sorte que le roman soit prenant, comme certaines critiques le laissent entendre.

J'ai conscience, cela dit, que les chances sont infimes que l'une de mes œuvres soient un jour adaptée. Le fait que mon sens de l'honneur, mon estime personnelle ainsi que mon sens de la préservation m'interdisent de signer un contrat de dupes ne fait que diminuer ces chances déjà maigres, bien sûr.

En rentrant chez moi, les paroles de ce réalisateur inconnu (je n'ai pas pris son nom) me sont restées à l'esprit. Je me demandais qui était cet autre réalisateur dont il m'avait parlé, et en quoi il avait pu vouloir devenir calife à la place du calife.

Armé de Google, j'ai donc mené une petite enquête. Le procès de ce réalisateur ne pouvait être celui gagné par Luc Besson contre Moebius (Giraud) et les Humanos Associés dans le cadre de la comparaison Incal/5ème Elément.

Je suis rapidement tombé sur le lien du procès gagné par John Carpenter contre Luc Besson. Néanmoins, je connais les films du réalisateur John Carpenter, et je m'en serais souvenu. Fausse piste.

Comme il s'agissait d'une question de pouvoir (histoire du calife), je me suis demandé s'il ne pouvait pas s'agir du procès perdu par Luc Besson contre Pierre-Ange Le Pogam.

En effet, Pierre-Ange Le Pogam était le bras droit de Luc Besson, qu'il avait licencié d'Europa Corp en 2010. Le Pogam avait créé sa firme en 2011, Stone Angels. D'après l'article de Gala, Luc Besson avait alors demandé 2,35 millions d'euros pour non respect de la clause de non concurrence et "dénigrement public".

C'était finalement Pierre-Ange Le Pogam qui avait gagné aux Prudhommes, le tribunal estimant qu'il n'y avait pas de motif "réel ni sérieux" à son licenciement pour faute lourde.

Problème, Pierre-Ange Le Pogam est producteur et acteur, et non réalisateur.

J'ai fini par tomber sur cet impressionnant article paru dans GQ. Et là, je crois que c'était bien la bonne pioche: il s'agirait de Julien Séri, le réalisateur de Yamakasi.

Pour résumer ce que j'ai compris, Luc Besson était le mentor de Julien Séri, ils avaient une relation étroite. Il lui a appris à voler de ses propres ailes, et surtout à ne jamais, en tant que réalisateur, céder aux exigences tyranniques d'un producteur.

Mais voilà, un jour, Besson a débarqué sur le tournage de Yamakasi. Il était mécontent d'un plan et tenait absolument à ce qu'il soit modifié. Julien Séri ayant refusé, il a été renvoyé pour "faute grave".  Luc Besson a ensuite, semble-t-il, remporté le procès aux prudhommes.

Cette affaire cadre complètement avec ce que m'a dit l'autre réalisateur.

Cela m'a rappelé l'armée. En tant que jeune appelé à l'armée (de l'air, opérateur téléphonique), j'avais eu à subir les blagues très désagréables d'autres appelés plus expérimentés.

Notamment, un coup de fil de l'un d'eux se faisant passer pour un haut gradé, et me passant un savon.

Lorsque, plus tard, j'étais devenu plus expérimenté, on m'avait incité à jouer ce type de tour aux nouveaux appelés.

J'avais alors essayé d'expliquer que mieux valait avoir une attitude bienveillante, ou au minimum neutre envers les autres appelés. Le but était de faire en sorte que cette pénible contrainte de 10 mois (à mon époque) se passe de manière cordiale, et le plus vite possible.

Tout le monde aurait été gagnant. Mais je n'ai pas été entendu. Trop de testostérone.

Je me suis demandé si la testostérone ne serait pas aussi en cause dans ce nombre assez incroyable de procès autour d'Europa Corp.

Après tout, un studio qui se fait poursuivre par un autre producteur avant même que son prochain film, Valérian, ne sorte, ce n'est pas courant, non?

Luc Besson serait-il sévèrement burné?



Ma femme, qui a la dent moins dure que moi, m'a fait remarquer que Luc Besson avait aussi créé la cité du cinéma à Saint Denis, avec une école gratuite (même si la sélection y est considérable).

L'homme aurait donc plusieurs facettes.

C'est tant mieux. Tout cela ne fait néanmoins que renforcer mon féminisme: oui, je crois qu'il faudrait plus de femmes à des postes d'influence, d'argent et de pouvoir. Dans le cinéma comme partout ailleurs. 

Vous me direz, les femmes aussi peuvent être corrompues. Et le sont.

Vrai. Mais la plupart des femmes ne visent pas ces postes où l'argent coule à flots, ce qui, selon moi, serait presque un prérequis: mieux vaut des personnes qui aient un style de vie simple et une certaine répugnance, ou une méfiance vis-à-vis du pouvoir et de l'argent, pour garantir plus d'équité et de négociation, plutôt que des personnes qui convoitent ces postes pour, notamment, faire subir aux autres ce qu'elles-mêmes ont subi.

Si ça ne marche pas avec les femmes, il sera toujours temps de faire appel à des algorithmes dans la gestion des richesses. Eux au moins, sont impartiaux. Tant qu'ils ne sont pas détournés... 

Pour conclure cet article sur une note plus légère, je dirais qu'après avoir vécu une rencontre du troisième type, je ne souhaite pas avoir un entretien avec un vampire...

vendredi 15 avril 2016

On ne vend pas de livres en juillet-août ?

Il m'arrive souvent d'être confronté à une certaine réticence, quand ce n'est pas à un refus catégorique, de la part des professionnels que je contacte pour obtenir une séance de dédicace en juillet ou en août. L'idée serait qu'on ne vend pas de livres dans ces périodes et que je vais me casser le nez. Une idée pourtant mise à mal par mes statistiques de ventes sur ces deux mois, et notamment en 2015. 

Gardez à l'esprit en consultant mes chiffres de vente que je ne suis pas Raymond Poulidor. Je suis un auteur parfaitement inconnu du grand public. Un anonyme, auteur autoédité parmi tant d'autres.    

Qui plus est, je dédicace principalement des romans de Fantasy, auxquels s'ajoute un recueil de Science-Fiction et un recueil de thrillers. La SF et la Fantasy sont des genres littéraires moins "vendeurs" que par exemple le polar, ou la romance. 

Malgré cela, en juillet 2015, j'ai dédicacé 82 livres en quatre séances. 

En août 2015, j'en ai dédicacé 50 sur deux jours, en une seule séance.

Détails :

- 4 juillet 2015, Leclerc Fosses (95) : 17 ventes, 6 Le Souffle d'Aoles (Fantasy), 1 Eau Turquoise (Fantasy), 2 Les Flammes de l'Immolé (Fantasy), 1 Les Explorateurs (Science-Fiction), 7 Le Vagabond (Thriller)

- 11 juillet 2015, Cultura Franconville (95) : 26 ventes, 6 Le Souffle d'Aoles (Fantasy), 2 Eau Turquoise (Fantasy), 2 Les Flammes de l'Immolé (Fantasy), 2 Les Explorateurs (Science-Fiction), 14 Le Vagabond (Thriller)

- 17 juillet 2015, Auchan Vélizy (78) :  18 ventes, 5 Le Souffle d'Aoles (Fantasy), 5 Les Explorateurs (Science-Fiction), 8 Le Vagabond (Thriller)

- 18 juillet 2015, Cultura Carré Sénart (91) :  21 ventes, 7 Le Souffle d'Aoles (Fantasy), 1 Eau Turquoise (Fantasy), 2 Les Flammes de l'Immolé (Fantasy), 4 Les Explorateurs (Science-Fiction), 7 Le Vagabond (Thriller)

- 29 et 30 août 2015, Auchan Plaisir (78) :  50 ventes, 10 Le Souffle d'Aoles (Fantasy), 3 Eau Turquoise (Fantasy), 3 Les Flammes de l'Immolé (Fantasy), 5 Les Explorateurs (Science-Fiction), 29 Le Vagabond (Thriller)

Notez que vous ne trouverez aucune Fnac parmi les endroits où je dédicace mes livres. Ils refusent de descendre en dessous de 40% de marge. 

Il faut voir que j'amène moi-même mes livres dans ma voiture, que je repars avec les invendus (conditions du dépôt-vente) et que je ne demande aucun défraiement pour mes déplacements. Dans ces conditions, hors de question que j'aille dédicacer en donnant 40% du prix des livres à la Fnac. 

Vous aurez sans doute remarqué le faible nombre de ventes d'Eau Turquoise et des Flammes de l'Immolé, respectivement tome 2 et 3 du cycle d'Ardalia. Il n'est évidemment pas facile de débourser 66€ pour une trilogie complète de Fantasy. C'est valable toute l'année, pas seulement l'été. 

En revanche, je vous rassure, le ratio de ventes des tomes 2 et 3 est bien meilleur en version ebook. Le format ebook fait en effet office de "version de poche" de mes romans papier grand format.

Alors certes, j'ai eu de la chance de vendre autant de livres en juillet et en août de l'an dernier. Je n'en disconviens pas. 

Mais cette chance, je l'ai provoquée. J'étais présent sur ces six journées différentes, de 10h00 à 19h00. J'ai travaillé. Si j'avais trouvé porte close à chaque fois, il est certain que je n'aurais rien vendu. 

Je peux comprendre que l'effectif des librairies et centres culturels sur les mois d'été ne soit pas le même que sur le reste de l'année, rendant plus compliquée l'organisation de séances de dédicace.  

J'ai fait le choix délibéré d'étaler ces rendez-vous avec le public sur toute l'année. 

Ce n'est pas le choix de tous les auteurs, mais c'est le mien. 

Alors, merci à tous les libraires qui ne font pas de cette phrase, "on ne vend rien en juillet-août", une prophétie auto-réalisatrice. 

mardi 12 avril 2016

Auteurs : un truc important à savoir sur Facebook

Si vous n'avez pas touché aux paramètres par défaut de votre messagerie Facebook, il y a de fortes chances qu'un nombre considérable de messages se retrouvent filtrés d'office et invisibles pour vous. Il s'agit des messages de personnes ayant cherché à vous contacter sans pour autant faire partie de vos amis Facebook. Si vous êtes auteur, il y a des chances que parmi la masse de spams figure d'authentiques messages de lecteurs. Je vous donne ici le moyen d'y accéder. Merci qui?

Si pouvoir accéder à ces messages a été pour moi une très bonne surprise, ce n'est pas parce que j'ai appris que j'étais l'heureux héritier de Mr Spade aux Etats-Unis, et que la somme de 12 milliards 568 millions de dollars allait m'être attribuée. ;)

Ce n'est pas non plus, j'en ai peur, en raison des nombreux messages d'auteurs me présentant leurs œuvres. 

Et encore moins en raison des faux profils, qui prolifèrent en ce moment, visant soi-disant à faire connaissance - le phishing, ou hameçonnage, est devenue une véritable cyber-discipline internationale. 

C'est plutôt en raison de quelques messages de lecteurs auxquels je n'avais pas eu accès. Parmi eux, un lecteur m'a signalé une énorme faute de grammaire dans Les Flammes de l'Immolé, me prouvant une nouvelle fois la validité de l'aphorisme "plus c'est gros, plus ça passe", même dès lors qu'il s'agit de se relire... 

Ce message en particulier m'a donc permis d'améliorer le livre. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que des remarques de lecteurs me permettent de corriger des erreurs. Qu'ils en soient ici chaleureusement remerciés.

En tant que testeur de jeu vidéo (entre 1996 et 2004), je n'appréciais guère le fait que des développeurs (ou leurs éditeurs) sortent des jeux aux deux tiers ou aux trois quart finis, comptant sur les patchs correctifs pour remédier aux nombreux bugs et imperfections.

J'ai essayé de ne pas tomber dans le même travers en tant qu'auteur, en livrant des romans les plus aboutis possible. Mais même un livre qui passe au travers d'un correcteur automatique de type Antidote, puis de relectures successives d'autres personnes, peut encore se traîner des coquilles, comme le savent tous les professionnels. 

Ce n'est évidemment pas le rôle des lecteurs de signaler des erreurs. Mais je prends. Comme un cadeau tombé du ciel.

J'ai aussi trouvé une invitation au Salon de la Libre Ecriture le samedi 7 mai à Sceaux, salon qui peut permettre de faire connaître une œuvre auprès du jeune public. Etant déjà en dédicace à cette date, j'ai décliné.

Ouf, pas de message en provenance d'Hollywood pour une adaptation ciné d'un de mes livres. Certains messages filtrés remontant jusqu'en 2007, mes débuts sur Facebook, on peut tout imaginer...

Pour retrouver, donc, ces fameux messages invisibles, c'est simple, il vous faut cliquer sur l'onglet "messages", puis, "tout afficher". Enfin, cliquer sur l'onglet "plus" en haut à gauche, et "Filtrés".


Personnellement, reconnaissant à Facebook de m'avoir filtré de très nombreux messages qui m'auraient fait perdre mon temps (pas les messages de mes lecteurs, bien sûr), j'ai choisi de garder mes paramètres de messagerie en l'état, mais d'aller faire un petit tour dans les spams de temps en temps. 

A vous de filtrer, à présent! You've got mails...