mardi 26 juin 2018

Symboles et littérature de l'imaginaire

Le plus bel objet magique sur lequel je sois tombé dans ma vie de lecteur, le plus symbolique, celui qui a le plus résonné en moi, est le Choixpeau magique dans Harry Potter à l'école des sorciers. Il s'agit d'un objet magique dont la symbolique est rattachée au monde réel, et en cela il résume parfaitement la série Harry Potter: un roman qui mélange monde réel et monde magique. 



Vous êtes plutôt littéraire ou plutôt matheux? Ni l'un ni l'autre? Plutôt intellectuel ou manuel? Timide ou audacieux? Courageux ou prudent? Paresseux ou travailleur?

Ces différentes caractéristiques, ces différents penchants, aptitudes ou compétences, ces traits de personnalité et ces valeurs, et bien d'autres, sont ceux qui nous définissent en tant qu'êtres humains. 

Ils nous renvoient tout aussi bien à la génétique qu'au développement personnel, à l'inné aussi bien qu'à l'acquis, au figé qu'à l'évolutif. 

La question métaphysique de la prédestination, du destin, de notre évolution, de notre présent et de notre futur, déjà écrit ou non, est intimement liée à ces caractéristiques, ces éléments qui nous composent. 

En inventant le Choixpeau magique, un chapeau qui, au moment de votre arrivée à l'école de Poudlard, va vous envoyer dans différentes familles auxquelles sont liées différents traits de personnalité et aptitudes (Gryffondor, Serdaigle, Poufsouffle, Serpentard), la romancière J.K. Rowling a réalisé le tour de force d'inventer (de découvrir, ou de redécouvrir, diront certains) un objet magique qui fait résonner tout cela en nous. 

Dans le roman, il est précisé que le Choixpeau tient compte de l'envie des élèves. Sur Internet, on peut aussi tomber sur différentes théories, dont l'une d'entre elle établit que le Choixpeau prend en fait en compte des valeurs auxquelles les enfants sont attachés. Vous n'irez pas forcément à Gryffondor parce que vous êtes courageux, mais parce que vous estimez que le courage est un idéal à atteindre. 

Je dirais qu'à la rigueur, peu importe la fonction exacte du Choixpeau, en tout cas du point de vue de l'auteur que je suis. Ce qui compte, c'est sa charge symbolique. La manière dont il va faire résonner toute une série de connaissances en nous, par rapport à notre évolution, justement dans un moment où les enfants, dans le récit, doivent faire le choix qui va conditionner les prochaines années qu'ils vont vivre, et peut-être, leur futur entier. 

Si vous n'êtes pas capable de faire le parallèle avec vos années de collège, c'est sans doute que vous n'avez jamais été au collège.

On a donc cet objet magique qui nous renvoie à tout un tas de choses du monde réel. Je n'aborderai pas l'aspect psychanalytique des symboles. Si cet aspect vous intéresse, je ne saurais trop vous conseiller de vous plonger dans Psychanalyse des contes de fées, de Bruno Bettelheim. Cette lecture ne pourra que vous confirmer que la symbolique, dans un récit, a un impact réel sur le lecteur. 

L'exemple de ce Choixpeau dans Harry Potter est fascinant pour moi en tant qu'auteur de littérature de l'imaginaire. Est-ce que, en tant que romanciers, nous faisons la démarche volontaire de rechercher des symboles à haut niveau de résonnance? Je ne le pense pas. Je ne crois pas que telle ait été la démarche de J.K. Rowling, et ce n'est pas la mienne non plus. Je crois que ces symboles nous sont apportés par le fil du récit, par l'histoire. 

Je ne dis pas non plus qu'il n'y ait pas quelques séances de brainstorming, ou si vous préférez, de cogitation. 

[Attention spoilers: univers d'Ardalia] 

Quand j'ai défini l'univers d'Ardalia, je me suis appuyé sur des objets magiques, avec des propriétés symboliques de leur élément. Le noueux, sorte de baguette magique qui permet aux shamans de convoquer les vents, ou l'orbe de Kerengar, qui possède des propriétés liées à la matière, et à la terre. 

J'ai aussi ajouté un aspect spirituel aux éléments. Le dieu du vent, par exemple, est aussi celui du Destin.

Mais je dois bien reconnaître que je n'ai jamais conçu (ou découvert) un objet qui puisse posséder une résonnance aussi forte, à différents niveaux, que ce Choixpeau. 

L'une des choses dont je suis le plus fier est l'Eau Turquoise des Malians, le peuple semi-aquatique aux pieds palmés. Un fluide qui va comporter différentes caractéristiques selon les bassins dans lesquels il est placé. Dans le bassin d'apprentissage, l'eau a une mémoire, et permet aux malians d'accéder à la sagesse de leurs ancêtres. 




Mais dans les bassins de naissance et de seconde chance, ce fluide va permettre aux créatures (pas toutes, d'ailleurs) de fusionner. De devenir l'équivalent de frères ou soeurs siamoises, si l'on veut se rapprocher de quelque chose d'humain.

La symbolique que l'on peut trouver dans l'Eau Turquoise, c'est l'harmonie entre les êtres - la déesse des Malians est la déesse de l'harmonie. C'est aussi, quelque part, notre propre évolution en tant qu'êtres humains issus de l'eau dans les temps anciens.

Mais il y a bien sûr quelque chose d'expérimental, dans cette trilogie Ardalia, l'idée de concevoir des peuples extraterrestres à une époque primitive et sauvage, grosso modo avant l'âge du fer.

C'est peut-être cet aspect expérimental, en dépit des nombreux repères qui existent par rapport à notre réalité, qui rend la résonnance moins forte avec celle-ci. 

En dehors de ses fonctions d'évasion pure, l'imaginaire nous permet en tout cas d'interroger, parfois de décrypter, notre univers. D'où ces nombreuses passerelles avec le monde réel que l'on trouve dans les univers de l'imaginaire.

lundi 18 juin 2018

Commander les livres Alan Spade

Lorsqu'on est comme moi auteur autoédité, l'un des plus grands écueils à surmonter est la distribution en librairie. C'est tout le sens de mon partenariat avec Expressediteur.com. Si vous vous demandez comment commander les romans Alan Spade en format papier, voici le mode d'emploi.

Tout d'abord, un immense merci à vous, lecteurs, pour votre soutien ! Grâce à vous, j'ai récemment dépassé le 12 000ème exemplaire vendu (ebook et livre papier cumulés).

Vous avez remarqué que mes romans n'étaient pas présents en rayon, mais vous souhaitez les commander auprès de votre libraire? Pas de souci, il suffit de demander à votre libraire de passer par le site Expresséditeur.com

Tous mes livres (en français) sont référencés sur ce site, qui permet aux libraires de les commander en toute sécurité, avec envoi du livre dans les 48h. C'est sécurisé pour le libraire (marge de 35% garantie), sécurisé pour vous, le lecteur, et sécurisé pour moi, l'auteur-éditeur. Que demander de plus? 

Vous pouvez aussi commander mes livres sur Amazon, en version papier ou ebook. A noter: les versions anglaises des livres papier de la trilogie Ardalia (The Breath of Aoles, Turquoise Water et The Flames of the Immolated) ne peuvent être commandées que sur Amazon. Il vous faudra alors cliquer sur le lien "livres étrangers". 

Les versions anglaises de mes ebooks sont quant à elles disponibles sur les grandes plates-formes, Amazon, La Fnac, Kobo, Apple, Google Play. Depuis peu, il existe également des versions ebooks contenant les deux langues, français et anglais, à prix abordable sur ces plates-formes. Des versions bilingues, donc, idéales pour l'apprentissage. 

Pour les commandes Fnac Alan Spade de livres papier, il arrive, malheureusement trop fréquemment, que ces commandes soient gelées. Comme on dit, il faut bien vivre, et lorsqu'une facture Fnac dépasse le délai légal de paiement de deux mois j'attends d'être réglé par la société qui gère les factures Fnac, Alize-SFL, avant d'accepter toute nouvelle commande.
Dans ce cas, je l'indique sur mon site d'auteur. Mieux vaut alors passer par votre libraire, ou par Amazon, pour commander votre livre et gagner du temps.


La société Alize-SFL gagnerait d'ailleurs énormément à s'inspirer du système mis en place par Expresséditeur.com

On peut continuer à commander les versions ebook de mes livres sur le site de la Fnac, car ce n'est pas Alize-SFL qui s'occupe des règlements, et je n'ai pas de souci de ce côté. 

Enfin, si vous préférez régler directement le créateur, ce qui est aussi le choix d'un certain nombre d'entre vous, il existe une possibilité de commandes groupées sur mon site, avec règlement en ligne par Paypal. Les versions ebooks sont dans ce cas offertes en plus des livres papier. 

Ces commandes groupées ne concernent pour l'instant que mes romans de SF et Fantasy, mais je pense faire une offre groupée sur les thrillers dès que le prochain, en cours d'écriture, sera sorti. 

Encore un grand merci  à vous tous, grâce auxquels cette aventure peut se poursuivre!

dimanche 10 juin 2018

Ronron et disruption

Dans la vie courante, le fait d'être arraché de votre sommeil par un bruit soudain est l'une des choses les plus brutales et agressives qui puissent vous arriver. Rien d'étonnant à ce que la disruption, qui vient perturber le ronron habituel d'un secteur économique, soit ressentie par ceux qui en sont victimes comme cataclysmique. Et pourtant, cette disruption peut être un facteur d'innovation, voire de progrès, et avoir un effet libérateur. 

Selon la définition du terme, la disruption, au niveau marketing, est une "stratégie d'innovation par la remise en question des formes généralement pratiquées sur un marché, pour accoucher d'une "vision", créatrice de produits ou de services radicalement innovants."

Je suis le survivant d'une disruption. Celle-ci, dans mon cas, n'a pas été le fait d'une entreprise en particulier mais du phénomène global d'Internet. Le groupe de presse, Posse Press, qui m'employait au début des années 2000, offrait des sharewares dans des DVD sous blister, livrés aux lecteurs avec les revues du groupe. 

Avec la montée en puissance du haut débit, les lecteurs se sont mis à télécharger de plus en plus, et comme ils lisaient de plus en plus les articles de tests de produits sur le net, de manière gratuite, ils ont fini par se détourner des revues payantes. 

La disruption s'accompagne en effet souvent d'une baisse de coût pour le consommateur, et en cela, le phénomène du "low cost" est un phénomène essentiellement disruptif. 

Je pourrais donc avoir une dent contre ces nouvelles technologies qui m'ont forcé à opérer deux reconversions professionnelles successives. Pourtant, il me serait difficile de nier que dans le cas d'Internet, le positif l'emporte largement sur le négatif. 

L'ironie des choses, c'est qu'après avoir été victime d'une disruption, j'en ai été le bénéficiaire: en lançant la liseuse Kindle en 2007, Amazon est venu chambouler le paysage de l'édition traditionnelle. 

Nous autres auteurs, à quelques exceptions près que l'on met en vitrine, sommes traditionnellement les otages du marché du livre, les seuls acteurs qui ne sont pas considérés comme des professionnels, notamment parce que nos revenus liés à l'écriture ou à la vente de nos livres sont insuffisants, et que nous devons, dans notre grande majorité, prendre un boulot alimentaire pour faire bouillir la marmite. 

Après la révolution de l'ebook qui a véritablement débuté en 2009, en particulier aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en France, une nouvelle catégorie d'auteurs est née, capable d'assurer sa subsistance de manière indépendante, via la vente d'ebooks. Les journalistes ont parlé d'ubérisation de l'édition. 

Cette révolution ne m'a pas permis, dans mon cas particulier, de vivre de la vente d'ebooks, mais a amené des ressources supplémentaires. Je n'ai pu manquer de ressentir l'aspect libérateur de ce qui a été, pour le monde de l'édition, une énorme perturbation. 

Il y a un domaine que l'on pourrait penser à l'abri de toute disruption. A la fois parce que ce domaine relève d'une haute technologie, inaccessible au commun des mortels, et parce qu'il est traditionnellement le domaine réservé des gouvernements. Il s'agit de la fabrication de fusées, du lancement de satellites, et, de manière plus large, de la conquête spatiale. 

Oui, vous me voyez venir avec mon Space X. La compagnie d'Elon Musk a prouvé qu'elle pouvait remettre en cause le modèle traditionnel de lancement de fusées. En parvenant à faire atterrir les premiers étages des lanceurs, Musk a prouvé qu'un autre modèle, beaucoup plus économe, était possible. 

En concevant ses entreprises autour de labo de recherche et de développement et non en rajoutant ces labos dans un deuxième temps aux entreprises, Musk a prouvé qu'on pouvait innover de manière plus pointue encore. 

Il a démontré, en cassant le secteur réservé des grands marchés de l'espace, que ceux-ci étaient dans un ronron, et gaspillaient dans une large mesure l'argent du contribuable. Pourquoi? Parce que, notamment, le fait de faire atterrir le premier étage des fusées était jugé infaisable ou trop coûteux. 

Il est venu avec un regard neuf, et a prouvé que c'était possible, d'une certaine manière, parce qu'il était trop con pour comprendre que c'était impossible. 

Combien de personnes ont dû être jugées trop stupides, parce que faisant preuve d'audace ou d'un regard neuf? Les adversaires de Napoléon auraient probablement jugé ses plans de combat complètement insensés. De même, l'idée, pour les Allemands, de passer en force avec des blindés dans la forêt des Ardennes devait sembler totalement irréaliste à l'état-major français. 

Dans le domaine scientifique, la disruption procède aussi de la remise en cause des théories existentes. Imaginez le tremblement de terre dans la communauté scientifique, quand on a été à même de prouver que la loi de Newton ne s'appliquait pas pour la planète Mercure? Que c'était Einstein qui avait raison avec sa théorie de la relativité? 

Récemment, sur Facebook, je pointais du doigt le gaspillage des briques de jus de fruit, de lait et de potage, qui conservent des gouttes de contenu aux quatre coins. Une autrice, Isabelle Grammont, est intervenue en disant: "le meilleur emballage, c'est celui qu'on ne produit pas", que je traduirais avec mes mots à moi: le meilleur emballage, c'est quand il n'y a pas d'emballage. 

Imaginez maintenant un entrepreneur qui me prenne au mot. Cet entrepreneur se mettrait à stocker le lait, les jus de fruits et autres, dans des cuves. Il installerait une tuyauterie parallèle dans chaque foyer. Cette tuyauterie serait reliée à un ou des robinets distincts des arrivées d'eau. 

Résultat des courses, la prochaine fois que vous voulez un jus d'orange, vous surfez à l'aide de l'app sur votre smartphone, achetez la quantité requise, et faites couler le robinet prévu à cet effet pour recueillir votre boisson. 

Une idée farfelue? Ou bien un regard neuf posé sur l'industrie? A l'heure où l'on parle d'un septième continent de plastique, l'emballage va devenir un secteur à fort enjeu. 

Je peux me tromper, mais je prédis que c'est l'un des secteurs qui va subir une disruption au XXIème siècle.