Il existe évidemment une infinité de registres et de gammes
d'émotions, de celle, de type Mc Do, bien grasse et gouleyante que l'on
va trouver dans les chiens écrasés à celles beaucoup plus
subtiles et raffinées qui nichent dans les recoins de bibliothèques.
Mais peut-être importe-t-il, de temps en temps, de s'arrêter et de se
poser une ou deux questions. Où va nous mener cette
boulimie ? J'ai conscience, en écrivant ces lignes, de la banalité
de mon propos, mais je ne suis pas sûr que cela en diminue pour autant
la pertinence. Toutes ces émotions factices que l'on se
crée ne vont-elles pas, à terme, tuer toute vérité de sentiment en
nous ? Réagissons-nous ainsi par défiance envers la montée des
technologies, pour nous retrouver en terrain connu ? Et
paradoxalement, cette surexposition ne nous transforme-t-elle pas en
machine dans notre vie quotidienne, à force de nous blinder contre les
images qui nous sont imposées ? Le jeu, faire battre un
peu plus vite nos cœurs, en vaut-il toujours la chandelle ? Ceux
qui alimentent cette grande machine des passions dans notre société des
loisirs, et moi le premier, le savent : si l'effet
recherché est celui produit, l'argent est à la clé.
Je ne suis pas sûr que cela puisse me dédouaner, mais en ce qui me
concerne, quand j'écris, je ne cherche pas seulement à faire vivre des
émotions et des sensations. Je recherche la justesse et
le sens. Et, si possible, la justesse de sens. Je me suis demandé en
écrivant ce billet si je ne devrais pas me tourner vers l'écriture de
polars, qui privilégient les capacités de déduction et
de réflexion. Il est possible que je le fasse un jour. Mais je crois
malgré tout qu'il est possible d'aller vers la justesse quel que soit
le genre littéraire que l'on privilégie - y compris la
bit-lit. En conclusion, mon conseil sera des plus banals, mais plus
que jamais d'actualité : faites fonctionner vos neurones et votre sens
critique. Privilégiez la presse écrite, sur le net, le
papier ou les liseuses, celle qui donne à penser plutôt qu'à voir.
N'oubliez pas que les hommes politiques s'entourent de conseillers pour
se construire une image, et qu'à partir du moment où il
y a information, il y a mise en forme et manipulation. Et gardez
votre coeur pour les moments propices.
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