vendredi 31 octobre 2014

[Archive 28/04/2010] MédiasTox, un outil pour évaluer la toxicité des médias

De la même manière qu'il existe des organismes de mesure de la pollution de l'air, comme Airparif en Ile-de-France, on pourrait inventer MédiasTox, un organisme chargé de mesurer la toxicité des médias. Les médias les plus invasifs que sont la télévision et la radio seraient bien sûr les premiers "mesurés". Les présentateurs télé ont  d'ailleurs déjà commencé une démarche d'auto-évaluation, puisqu'ils informent souvent ainsi : "attention, les images suivantes peuvent heurter la sensibilité des jeunes téléspectateurs". Mais il s'agirait d'aller plus loin, en mesurant l'impact des informations sur le moral des personnes qui y sont soumises. Une démarche d'utilité publique, donc, qui pourrait permettre de faire diminuer la consommation d'antidépresseurs, de produits addictifs tels que l'alcool et le tabac, voire, de manière plus générale, la surconsommation induite par l'état de stress...
  




A titre personnel, je n'aime pas trop les messages un peu hypocrites du style : "fumer tue", ou "évitez de grignoter entre les repas". Mais, s'ils sont une manière d'évacuer les problèmes et de dire en quelque sorte, "je m'en lave les mains", ils peuvent peut-être chez certains provoquer une prise de conscience. De la même manière, avant les flashs infos, on pourrait peut-être passer des messages du style : "l'abus d'informations anxiogènes peut  provoquer des états de stress ou une aggravation d'états dépressifs, chez l'enfant comme chez l'adulte". Cela permettrait peut-être de faire baisser le trou de la Sécu.
 
Par ailleurs, un site qui évaluerait l'anxiété générée par les informations sur une échelle de 1 à 10 permettrait à chacun de regarder des flashs infos ou d'écouter la radio en toute connaissance de cause, en sachant ce qui l'attend et donc, en renforçant plus ou moins ses propres défenses.
 
Et la liberté de la presse, dans tout ça ?
 
Il s'agit effectivement du point le plus délicat. MédiasTox serait un instrument, rappelons-le, de mesure et non de contrôle de la toxicité de l'information, à savoir que l'organisme n'aurait aucun droit de préconisation d'aucune sorte pouvant porter atteinte à la liberté de la presse. La toxicité serait évaluée à posteriori de chaque journal, afin que l'organisme ne puisse s'arroger des droits sur l'information supérieurs à ceux du citoyen.
 
Mais, même ainsi, les médias eux-mêmes, en découvrant la toxicité des informations qu'ils délivrent, pourraient être tentés de s'autocensurer. Là n'est pas le but recherché, il ne s'agit pas non plus de fermer les yeux sur les drames du monde ni de faire l'autruche. Les journalistes devront s'en tenir à ce qu'ils faisaient avant, ni plus ni moins. 
 
Pour ce qui est de la mesure de la toxicité de l'info sur Internet, cela semble beaucoup moins praticable, mais Internet est aussi un média qui peut s'autoréguler, des sites comme Hoaxbuster le prouvent.
 
Après, vous me direz, comment déterminer ce qui est toxique de ce qui ne l'est pas ? De par les informations traitées, bien sûr, mais aussi de par la manière dont on les traite. Des termes comme "alarmant", "anormal", "préoccupant", "inquiétant", "crise", "choquant", sont des termes anxiogènes. Il ne s'agirait pas de les interdire, bien au contraire, mais que l'organisme les repère pour les faire entrer dans le champ de son évaluation. L'organisme pourrait tenir un compte de ces termes, mais uniquement à titre justificatif, pour qu'il puisse expliquer pourquoi il a évalué la toxicité de tel journal à 9 sur 10 par exemple.
 
Je sais déjà que l'on va malgré tout me reprocher de vouloir porter atteinte à la liberté de la presse, à laquelle je suis profondément attaché, je sais que l'on va me dire que les dons pour les réfugiés d'Haïti n'auraient pas été si importants si les journaux n'avaient fait une telle audience, que vouloir afficher des informations susceptibles de dissuader les gens d'avoir recours aux médias, c'est faire acte d'anti-citoyenneté, que les journalistes sont les premiers défenseurs des droits de l'homme et qu'ils le payent souvent de leur vie à l'étranger... Je sais tout cela. Il n'empêche, l'information n'est pas neutre, et son impact dans notre vie quotidienne est bien réel. Il importe de mesurer au mieux cet impact pour pouvoir protéger ne serait-ce que les personnes les plus fragiles.


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