mercredi 29 octobre 2014

[Archive 8 juin 2013] Les étapes de création d'un ebook - 1ère partie

Vous êtes auteur édité de longue date, mais votre éditeur n'a pas inclus les droits numériques dans votre contrat d'édition, ou ne les exploite en aucune manière. Vous êtes jeune auteur et, en analysant le marché, vous vous êtes aperçu(e) que les ventes de liseuses numériques avaient décollé depuis 2011 en France, que l'ebook allait devenir dans le futur le moyen de distribution rêvé puisque ne comportant pas de retours et limitant considérablement le risque financier. Dans un cas comme dans l'autre, il est temps de proposer au public vos textes au format numérique. Voici donc quelques exemples parmi d'autres d'étapes de la création d'ebooks qui permettront aux auteurs d'ouvrages non illustrés de numériser leur(s) roman(s) de manière simple et rapide. [Article déjà paru sur le site Espaces Comprises]

1re étape : ISBN et exclusivité

Si j'ai tenu à lier le sujet du numéro ISBN, numéro d'identification de votre livre, à celui de la distribution exclusive ou non, c'est que le principal acteur du livre numérique, loin devant tous les autres en ce qui concerne la visibilité qu'il procure aux auteurs indépendants, Amazon, ne demande pas d'ISBN et propose une option d'exclusivité, appelée KDP Select.

En d'autres termes, pour ceux qui auraient à l'esprit de profiter des fonctionnalités de KDP Select, à savoir la gratuité de leur ouvrage pour une période promotionnelle de cinq jours maximum et la mise à disposition (contre paiement à chaque téléchargement) dans la bibliothèque de prêt du Kindle, en échange de l'exclusivité pour trois mois de leurs ouvrages sur Amazon, il y a matière à questionner l'utilité d'un numéro ISBN.

Que cela soit clair, je déconseille fortement l'exclusivité. Certes, les concurrents d'Amazon commencent seulement à comprendre que tous les auteurs indépendants réunis pèsent à peu près 25% des ventes d'ebooks, soit autant que les deux plus gros éditeurs aux États-Unis.

Certes, le modèle économique des concurrents d'Amazon semble lié au modèle des gros éditeurs, et les Kobo, Apple et consorts ne commencent à miser que très prudemment sur les auteurs indépendants, avec beaucoup de retard.

Mais le poids économique des auteurs indépendants va finir par faire pencher la balance. C'est irrémédiable. Aux États-Unis, l'essor de l'ebook est allé de pair avec la progression des ventes d'ebooks des auteurs indépendants, et le basculement des auteurs de milieu de liste vers l'autoédition.

Ainsi, dans le milieu de la SFFF (science-fiction, fantasy, fantastique), on estime que le seuil des 50% d'ebooks vendus par rapport aux livres papier a été dépassé outre-Atlantique.

Il est donc fort probable que la SFFF soit, avec la romance, les livres érotiques et le polar, le premier domaine à basculer du côté indépendant de la Force en France. Et dans ce cas, les concurrents d'Amazon suivront, contraints et forcés.

Donc, privilégiez le plus grand nombre de distributeurs possible, pour ne pas favoriser l'un d'eux, préserver votre future indépendance et ne pas nuire aux lecteurs qui ne possèderaient pas un Kindle. Faites en sorte de ne pas tarir les petits ruisseaux si vous voulez un jour avoir une grande rivière. En d'autres termes, ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier.

Vous pouvez récupérer le Formulaire d'autoédition pour le particulier demandeur d'un ISBN auprès de l'AFNIL : http://wwww.afnil.org, les numéros vous seront ensuite envoyés. Libre à vous de les utiliser pour les ouvrages numériques ou papier de votre choix. Les ISBN permettent en théorie un meilleur repérage de vos ebooks sur Internet, donc mieux vaut ne pas les négliger pour les distributeurs concurrents d'Amazon.

2e étape : la conversion

Le moyen le plus simple revient à utiliser le site Feedbooks, à y copier/coller vos documents, à les publier gratuitement, juste le temps de récupérer les fichiers epub et Kindle, puis à les retirer du site.

C'est cependant une solution qui reste amateur, valable si vous souhaitez juste offrir un extrait de vos textes en format numérique sur votre site, mais pas si vous souhaitez vendre – les fichiers créés par ce biais comporteront la mention Feedbooks.

Je recommande de créer des fichiers sans DRM (digital rights management, verrous numériques). Les DRM empêchent en effet la conversion et la sauvegarde des fichiers ebook par les lecteurs, ce qui est préjudiciable pour ces derniers, et sont aisément contournés par les pirates de tous bords.

Amazon est le seul distributeur à permettre la conversion directement à partir de fichiers Word (.doc). Personnellement, je préfère utiliser le logiciel Mobipocket creator. Il existe un tutoriel en anglais que je recommande. Si j'utilise Mobipocket, c'est qu'il me permet de compresser au maximum mes fichiers Kindle, ce qui diminue mes "frais de livraison" à chaque vente d'ebook sur Amazon et améliore ma marge.

Vous n'êtes pas obligé(e) d'utiliser la table des matières de Mobipocket. En utilisant les feuilles de style de Word, il y a moyen de créer un sommaire comportant des hyperliens pour chaque titre de chapitre. Il n'est pas indispensable de le faire, mais cela facilite la navigation à l'intérieur du livre et c'est plus professionnel. 

[EDIT 29/10/2014] Je ne me sers désormais plus du tout de Mobipocket Creator, me contentant dans l'ordre de convertir mes fichiers Libre Office en epub via Writer 2epub, puis de vérifier et de sauvegarder systématiquement l'epub sous Sigil, et enfin de convertir l'epub en .mobi via Calibre (ce qui rajoute une table des matières à la fin). Les conseils ci-dessous demeurent cependant valables.

Il importe de remplir les champs de métadonnées quel que soit le distributeur. Les métadonnées correspondent à la signature numérique de votre fichier. Par exemple, pour un fichier de type Word, vous accédez aux propriétés pour savoir qui est le créateur du document. Les métadonnées sont un peu plus étendues : elles comprennent non seulement le nom de l'auteur, mais celui de l'éditeur s'il y a lieu, l'ISBN, la description du livre (quatrième de couverture), et parfois même la couverture, que vous pouvez y intégrer directement.

En théorie, on peut se passer des métadonnées internes au fichier epub, car tous ces renseignements, il vous faut les communiquer de nouveau dans les champs appropriés sur les sites ou fichiers excel des distributeurs concernés. Il n'est en général pas nécessaire d'intégrer la couverture de l'ebook dans les métadonnées. Attention, pour Apple, non seulement ce n'est pas nécessaire mais il ne faut pas le faire, sous peine de voir votre fichier epub refusé (oui, Apple utilise l'epub, un format commun aux PC et Mac, tout comme les fichiers .RTF).

Votre fichier de départ doit être "propre", c'est à dire que les polices de caractère prises en compte par les ebooks sont basiques, pas au-delà de la taille 14, les lettrines ne sont pas prises en compte, et les césures ne sont pas définies par vous, mais par le matériel utilisé (liseuse). Ainsi, la Kindle Paperwhite ne pratique pas la césure, là où les dernières Bookeen et Kobo proposent l'option. Dans le corps du texte de votre traitement de texte, veillez à ce que le style reste partout sur "standard", et ce afin d'éviter les surprises.

J'ai tendance à inclure une présentation de l'ouvrage (de type quatrième de couverture) au début de l'ebook (je parle ici du corps du livre), afin que le lecteur sache de quoi il s'agit s'il ne l'a plus lu depuis longtemps. Je le fais, même si j'ai déjà rentré la présentation dans le champ de métadonnées de l'ebook.

À des fins promotionnelles, je rentre aussi la description de mes autres ouvrages en fin de fichier, avec des liens hypertextes vers mon site et mon blog. Il est aussi possible de procéder à des échanges de présentation avec d'autres auteurs, afin d'essayer de «  partager le lectorat  ».

Pour les fichiers EPUB, auparavant, j'utilisais le logiciel Calibre couplé au logiciel Sigil. Calibre permet d'assurer une conversion de manière simple (personnellement, dans l'onglet présentation, je supprime l'interligne automatique entre paragraphes, pour resserrer le texte). Il est possible si l'on maîtrise le css de faire un epub de A à Z avec le logiciel Sigil (merci à Roshieru Chan pour l'info). Personnellement, je ne l'utilise qu'à partir de fichiers epub déjà constitués (il n'y a pas besoin de connaître le css dans ce cas de figure). Sigil permet, avec l'onglet "Insert", puis "SGF Chapter marker", d'insérer très facilement des chapitres, puis de générer une table des matières sans avoir à le faire sous Calibre (moins fiable, selon mon expérience).

En ce moment, je bâtis mes fichiers epub directement à partir du traitement de texte que j'utilise, à savoir LibreOffice. Je continue à utiliser Sigil, mais juste pour la vérification finale de l'epub, même plus pour le chapitrage.

Pour cela, je suis allé récupérer le plugin Writer to ePub sur Internet. Puis dans l'onglet "Outils" de Libre Office, en sélectionnant "Gestionnaire d'extensions", je l'ai ajouté.

Il me suffit ensuite de créer tous mes titres de chapitres (juste les titres de chapitre, pas les chapitres entiers) à l'aide des feuilles de style en titre 1 (en limitant la police de caractère à la taille 14, les tailles supérieures n'étant de toute façon pas gérées par les ebooks) pour obtenir un chapitrage automatiquement. Je rentre les métadonnées, je laisse les préférences par défaut, je lance la conversion et c'est magique, tout se fait tout seul (l'epub est créé dans le même répertoire que celui du document converti). C'est une solution ultrasimple une fois que le plugin est installé, plus encore que de définir des hyperliens sous Word.

(Etapes 3 et 4 à venir dans le prochain article.)

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