Nous autres auteurs sommes victimes de toutes sortes de syndromes.
Peur de diffuser ses écrits, difficulté à les porter au-devant du
public, c'est à dire à les promouvoir (nous ne sommes
clairement pas les mieux placés pour cela), repli sur soi... Le syndrome de l'oisillon, finalement, n'est peut-être que l'une des innombrables variantes du même problème.
C'est de notoriété publique, entre la multiplication du nombre
d'auteurs et la raréfaction des éditeurs ayant accès aux grands réseaux
de distribution, il est de plus en plus difficile pour un
inconnu de se faire publier de manière satisfaisante. J'ai
naturellement tendance à regarder les choses du point de vue de
l'auteur, mais il peut être intéressant d'examiner les conséquences
qu'une telle situation peut avoir pour un éditeur. En particulier
un petit éditeur, puisque finalement, un inconnu comme moi aura le plus
de chances de se faire éditer via un petit éditeur. La
difficulté de la recherche étant ce qu'elle est, le risque est de
croire, en tant qu'auteurs, que si nous trouvons un éditeur à compte
d'éditeur, quelle que soit sa taille, nous aurons décroché
le gros lot. Et donc, de se dire que c'est gagné et de nous
reposer entièrement sur cet éditeur pour tout ce qui est promotion,
diffusion, valorisation de l'oeuvre, en plus des aspects
traditionnels de relecture/correction et choix d'une illustration
de couverture. C'est ce que j'appelle le syndrome de l'oisillon, qui
veut que les auteurs attendent, le bec ouvert, que les
choses leur arrivent toutes cuites une fois édités. Voilà ce que
c'est de considérer avoir accompli l'essentiel du travail une fois le
livre écrit et l'éditeur trouvé... Ce syndrome va générer
à l'évidence un surcroît de travail pour l'éditeur, non seulement
de par le défaut d'engagement de ses auteurs, mais aussi de par la
multiplication du nombre d'auteurs en regard du nombre
d'éditeurs à compte d'éditeur. Double impact, donc, et des petits
éditeurs qui croulent sous le boulot dans une situation concurrentielle
qui leur est forcément défavorable à cause du système
des offices des plus grands éditeurs.
On peut en fait diagnostiquer une triple mauvaise répartition :
mauvaise répartition du nombre d'auteurs parvenant à trouver un éditeur,
trop nombreux étant ceux à rester sur le carreau,
mauvaise répartition du travail d'édition, trop de choses reposant
sur les épaules d'un seul éditeur, et enfin, mauvaise répartition du
revenu d'auteur, puisque de 8 à 10%, c'est trop faible
pour un auteur, particulièrement si ce dernier accepte de mettre
la main à la pâte pour tout ce qui est promotion/diffusion/recherche
d'un imprimeur concurrentiel, etc.
En ce sens, je crois que la "sélection naturelle" du marché
devrait amener les auteurs, de plus en plus, à mener un travail proche
de celui d'éditeur. On se rend compte que c'est déjà ce que
font pas mal d'auteurs édités par de petites maisons (ne serait-ce
que le fait de publier un blog fait partie de l'arsenal promotionnel).
C'est mon avis, mais peut-être qu'il y a cinquante ans, on tenait déjà le même discours...
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