A titre expérimental, j'ai décidé de
faire paraître un nouveau chapitre de mon dernier roman, L'Essence des Sens
(Science-Fiction), sur ce blog chaque semaine. Voici le quarantième.
40. Le jeu des pyramides
En reprenant connaissance, Shaella réalisa que son nanite était encore fonctionnel. Conçu pour résister à des décharges électriques, il avait donc passé l’épreuve avec brio. Elle sut qu’elle avait été droguée, de même que ses compagnons, eux aussi transportés sur les épaules de Zayborgs — ses membres refusaient de lui répondre. Décidée à masquer les rares atouts dont elle pouvait disposer aux yeux de l’ennemi, elle choisit de ne pas se servir de son augmentation pour essayer de reprendre le contrôle sur son corps. Son nanite lui apprit tout de même que Fal n’était pas dans leur groupe.
Au moment où une porte glissait pour leur livrer le passage, Shaella redressa la tête et aperçut Jaynak et Naldeia. Eux aussi avaient repris conscience, mais ne paraissaient pas plus maîtres de leurs mouvements. Dans la salle spacieuse où ils venaient d’entrer, des icônes en langage ektrim flottaient au-dessus de consoles opérées par des individus longilignes, au crâne oblong, dont les doigts interminables s’agitaient comme au ralenti. Coincée sur l’épaule de son porteur, il était difficile à Shaella de se faire une idée de ses environs. Ce ne fut que lorsqu’on la plaça dans un champ de stase à l’avant de la pièce, en face de baies panoramiques donnant sur l’hyperespace, qu’elle réalisa être dans la salle de commande du vaisseau — aux premières loges. Ses compagnons furent installés sur des dispositifs similaires, six autres humains et deux Nadariens. Le champ permettait de tourner la tête, mais bras et jambes, soulevés en l’air, ne bénéficiaient que d’une mobilité limitée. Shaella connaissait le principe de ce type de technologie. Elle savait que toute tentative pour forcer le champ entraînerait une immobilisation totale. Pour couronner le tout, la moindre utilisation de son nanite serait aussitôt repérée.
Les tachyons qui environnaient Shaella avaient de quoi donner le tournis. De toutes les couleurs du spectre lumineux, ils déferlaient sans répit comme s’ils avaient pour but de vous engloutir dans leur tourbillon chromatique. Ils disparurent d’un seul coup, remplacés par une lueur blanche qui aurait été aveuglante sans la polarisation automatique des parois de vitriglass. Celles-ci permettaient de distinguer des secteurs plus foncés. L’éclat ardent emplissait l’intégralité des baies devant Shaella.
Shaella savait n’avoir été inconsciente que pendant une période relativement courte. Comme la plupart des bâtiments d’un gabarit similaire, le croiseur ektrim était capable de recourir à des sauts en hyperespace par lui-même, sans passer par un Relais d’Accélération. La portée de ces sauts était cependant plus limitée.
Ce qu’elle avait sous les yeux ne pouvait donc être qu’Altanis. On pouvait presque deviner les réactions nucléaires se produisant sur l’étoile du secteur, tant elle était proche, à présent. La température de la pièce, pourtant, demeurait stable autant que Shaella put en juger. Elle percevait l’écho de conversations et des cliquetis. Les voix étaient celles d’Ektrims, à l’exception de feulements indiscutablement fengiriens.
Les membres du commando de l’Angle M, quant à eux, restaient muets, respectant les consignes à observer dans ce cas de figure. Jaynak et Naldeia ne disaient mot eux non plus, apparemment écrasés par la situation. On ne pouvait le leur reprocher — la présence si proche de l’étoile du système des Nadariens était de mauvais augure.
Un double bruit de pas se fit entendre, l’un mat et distinct, l’autre étouffé. Drapé dans une toge semi-transparente laissant apercevoir les courants électriques qui le traversaient, l’Ektrim avait de petits yeux emplis de malice enfoncés dans leurs orbites. La peau de son visage était lisse, cependant sa manière de se mouvoir, ainsi que l’expérience au fond de ses yeux auguraient le grand âge. Ce liseré rouge autour du col le désignait comme commandant du vaisseau. Shaella ne fit qu’entrevoir le Fengirien qui l’accompagnait, lequel restait en retrait. L’Ektrim passa devant chacun des champs de stase et dévisagea les prisonniers tour à tour. Nul indice extérieur n’indiquait le rang de Shaella, et pourtant, ce fut en la scrutant du regard qu’il prit la parole.
« Heureux de voir que vous avez tous repris conscience », fit l’Ektrim. Sa voix avait la propriété perturbante d’être à la fois haut perchée et de s’insinuer dans les oreilles, comme si elle provoquait un écho, ou comme si elle provenait de plusieurs endroits en même temps. « La Confédération des Planètes Unies a eu tort d’aller fourrer son sale nez dans des affaires qui ne la concernent en rien. » L’individu se déplaça jusqu’à se mettre en face de Naldeia et Jaynak. « Quant aux Nadariens, ils n’ont, pour utiliser l’une de vos pittoresques formules humaines, rien compris au film. Ils n’ont pas saisi qu’ils n’existeraient déjà plus s’ils n’avaient pas intégré l’Expansion, jadis. Nos alliés les Fengirs voulaient les anéantir. Dans sa grande mansuétude, l’Assemblée galactique ektrim en a décidé autrement.
– Afin de nous réduire en esclavage, lâcha Jaynak entre ses dents.
– Les esclaves connaissent leur statut. Nous vous avons offert bien mieux. Nous vous avons offert l’illusion de la liberté. Mieux encore — nous vous avons offert la possibilité de donner votre vie pour une cause qui vous dépasse largement, celle de l’Expansion. » L’Ektrim pivota pour s’avancer à grands pas vers Shaella. Le Fengir à la fourrure rousse observait son manège les bras croisés, imperturbable. « Et quant à vous, reprit l’Ektrim, la pitoyable tentative de votre minable organisation n’aura servi qu’à faire troquer aux Nadariens une illusion contre une autre. Vous les avez plongés dans la chimère de la rébellion. Quand bien même aucune rébellion n’était possible. Comme vous allez en avoir l’éclatante démonstration, les Ektrims ont toujours le dernier mot. » Le commandant de vaisseau désignait l’extérieur de l’une de ses serres. Le ricanement qui s’échappa des minces lèvres, presque translucides, était si aigu qu’il vrillait le cerveau — une série d’électrochocs aurait eu un effet similaire.
Shaella ne cilla pas.
« Regardez cela ! fit l’Ektrim. Et ceci ! » Successivement, il pointa l’un de ses longs doigts crochus en direction des baies à bâbord et tribord, vers ce qui pouvait figurer une paire de pyramides d’obsidienne en position horizontale. Soudain, l’individu dégingandé se figea et prit une inspiration. Ses pupilles atteignirent la fixité de celui qui regarde vers l’intérieur. Les pyramides se détachèrent alors du vaisseau et s’éloignèrent l’une de l’autre, s’orientant sur Altanis. Shaella devinait que l’Ektrim venait d’en donner l’ordre en passant par une augmentation cérébrale. « Un seul double tir de ces fabuleuses pointes d’antimatière, expliqua le commandant, suffirait à ravager la moitié de Nadar. Ce n’est pourtant pas ce qu’elles vont faire. » Il y avait indiscutablement une lueur de folie dans le regard qu’il jeta à Shaella. « Les explosions que ces pointes vont provoquer à la surface d’Altanis ne permettront bien sûr pas de détruire l’étoile. En revanche, les réactions en chaîne vont créer une tâche stellaire de nature à augmenter la température de l’atmosphère de Nadar de 20 degrés. Dans les cinquante prochaines années, l’évaporation va générer un effet de serre qui recouvrira Nadar comme une cloche. Le prodigieux effet d’emballement augmentera cette fois la température de surface de 100 degrés. L’effet est irréversible. Nul de vos nouveaux petits alliés ne pourra y survivre, humaine. Une mort soudaine aurait été bien trop douce, vous comprenez. On ne quitte pas l’Expansion sans conséquence. »
Un nouveau ricanement monstrueux s’éleva dans la salle de commande du croiseur.
***
Belganov savait avoir pris un vrai risque en sautant aussi près de l’étoile de Nadar. Mais que pouvait-il faire d’autre ? Le récit de Balchak l’avait convaincu que l’avenir de son peuple était en jeu. Le croiseur possédait plusieurs heures d’avance, que l’on ne pouvait regagner qu’en faisant un pari avec le destin. Le Coordonnateur des Nadariens disposait cependant d’un atout — son croiseur comme les deux destroyers venaient d’être construits et étaient tous trois équipés de la dernière génération de réacteurs antigrav et d’impulsion. En contrepartie, les vaisseaux n’avaient pas encore fait leurs preuves au combat.
Dès la sortie de l’hyperespace, les signaux d’alarme de la salle des machines retentirent dans Le Réfractaire — le patronyme du croiseur, récemment renommé. Le voyant orange du système de survie se mit lui aussi à clignoter, alertant sur une prochaine défaillance possible. L’intolérable chaleur en provenance de l’étoile Altanis saturait les dispositifs de captation d’énergie et de retransmission au vaisseau, et les boucliers déflecteurs étaient sursollicités. Belganov fut néanmoins soulagé de constater que les deux destroyers en avaient également réchappé. L’Adepte-technicien de la salle des machines vint prévenir que tous les systèmes étaient au maximum de leur capacité, mais ne pourraient sans doute pas tenir bien longtemps. Belganov se concentra sur les signaux des stations de protection.
« Par les démons des strates ! marmonna-t-il. »
Balchak, qui avait eu le temps de le rejoindre, lui lança un regard inquiet.
Belganov effleura une icône de sa console, et les hologrammes de deux pyramides autopropulsées, se détachant sur la blancheur aveuglante d’Altanis, apparurent. « D’après les données en provenance des stations de protection, corroborées par l’Intelligence Synthétique du vaisseau, nous avons là deux projecteurs d’antimatière. Il y a 99 % de chance que ce soit le moyen par lequel les Ektrims entendent éradiquer notre civilisation.
– Ces espèces de pyramides seraient suffisantes pour détruire votre étoile ? » Balchak ne masquait pas son scepticisme.
– Non, bien sûr. Mais l’explosion d’antimatière serait assez puissante pour l’agacer et déclencher sa colère. Il en résulterait une hausse de température dans tout le système, qui nous serait fatale sur le moyen terme. » Belganov avait les yeux dans le vague, et Balchak ne douta pas qu’il avait eu recours à son augmentation pour effectuer ses calculs et formuler sa prédiction. Belganov secoua la tête. « Nous sommes mal placés pour intercepter ces projecteurs. Et les stations de protection ne peuvent pas intervenir, en raison du saut en hyperespace de l’Ektrim, qui l’a mis hors de portée.
– Voilà qui semble très mal engagé.
– En revanche, poursuivit Belganov sans relever la remarque, nos destroyers sont chacun en situation de pouvoir intercepter l’un de ces projecteurs. Et Le Réfractaire est bien placé pour s’occuper du croiseur ennemi. »
Belganov donna ses ordres. Les deux destroyers se détachèrent pour se diriger chacun vers l’une des pyramides. La salle des machines reçut pour instruction de mettre les réacteurs antigrav en surrégime. Lentement au début, puis avec une vitesse croissante, le croiseur s’arracha à l’effarante gravité d’Altanis.
« Nous serons à portée de tir du croiseur ennemi dans trois minutes », annonça l’Adepte en charge des systèmes de combat.
Le voyant orange des systèmes de survie repassa au vert, signe qu’ils s’étaient suffisamment éloignés de la couronne d’Altanis. La lueur bleutée dans les yeux de Belganov s’agrandit. Une nuée de Zarins, chasseurs pilotés par les Zayborgs, venait de surgir des entrailles du croiseur. « Comment pourront-ils échapper à l’attraction d’Altanis ? s’interrogea-t-il.
– Ils ne pourront pas, dit Balchak. Aussi près de la couronne de l’étoile, des vaisseaux de cette taille ne sont pas équipés pour. Le seul moyen pour eux de survivre serait que le croiseur ektrim accélère pour se positionner sur leur trajectoire et les récupérer. Mais il ne le fera pas. Ces Zarins ne sont qu’une distraction, visant à donner l’occasion à ce satané croiseur de s’enfuir. Je suggère de modifier légèrement votre trajectoire d’interception afin de les éviter, mais de garder vos propres chasseurs bien à l’abri. »
L’Adepte de la sécurité devait posséder un traducteur simultané, car il se mit à protester auprès de Belganov. Celui-ci savait que nulle hésitation n’était permise à ce stade. Il décida de se fier à son intuition.
« Calcul d’une nouvelle trajectoire d’interception, dit Belganov. Préparez les systèmes défensifs et offensifs. » Son augmentation lui suggérait différentes possibilités d’attaque contre ce type de croiseur. Il choisit d’alterner lancement de missiles et de torpilles tout en ciblant l’ennemi à l’aide des canons lasers et à protons. L’attaque devrait être dévastatrice, la plus brève possible.
Les Zarins s’efforcèrent de corriger leur trajectoire pour intercepter le croiseur. Trop forte, la gravité de l’étoile du système ne l’autorisa pas. Leurs tirs de torpilles et leurs lasers manquèrent Le Réfractaire ou s’écrasèrent sur ses boucliers. Comme l’avait prédit Balchak, les chasseurs légers continuèrent leur course en direction d’Altanis, sans parvenir à faire demi-tour.
Le croiseur ennemi, en revanche, fit feu de toutes ses pièces. Belganov fut contraint de modifier son champ de déflexion, lequel ne protégea plus aussi bien le vaisseau contre le rayonnement d’Altanis. Le Réfractaire fut très vite secoué, et l’on signala des dégâts au niveau de la poupe. Le croiseur ektrim, quant à lui, avait survécu aux différents projectiles. Son propre bouclier luisait sous les tirs, mais tenait bon. Il lâcha soudain un éclair bleuté, qui illumina la salle de commande, mais ne parvint pas à franchir les défenses du Réfractaire.
« Les boucliers ne sont plus qu’à 30 %, signala l’Adepte chargé des systèmes défensifs. Nous ne pourrons plus résister bien longtemps à ce rythme.
– C’est pourtant ce que nous devons faire, dit Belganov.
– L’Eclat d’Alcor pourrait vous venir en aide, suggéra Balchak.
– Ce serait du suicide. Ce qui est valable pour les Zarins l’est aussi pour vous, mon cher. »
Belganov décida de poursuivre les attaques sans relâche. Il savait être désavantagé en raison de sa proximité plus grande avec Altanis, laquelle avait affaibli ses boucliers. Néanmoins, il devait se raccrocher à l’idée de finir par trouver une faille dans la cuirasse. Les explosions retentissaient de manière de plus en plus violente dans le croiseur.
« Nous avons perdu tous les canons à protons à tribord, et tous les lasers sauf un », annonça un Adepte.
– Boucliers à 10 %. »
La projection holo du croiseur ennemi, dont les boucliers s’étaient affaiblis sérieusement, révélait que ces derniers ne recevaient presque plus d’impacts. Belganov se dit qu’au prochain tir adverse, leur propre vaisseau ne pourrait plus résister à l’éclat d’Altanis. La partie était jouée, et ils avaient perdu. Il serra les dents, attendant l’impact fatal.
De violents éclats de lumière entourèrent le croiseur ektrim. Ses boucliers devinrent rouge cramoisi, puis une explosion se forma sur la partie sphérique de sa superstructure. Les courants bleutés qui parcouraient le croiseur n’étaient presque plus visibles. L’un des Adeptes signala que l’ennemi avait perdu ses boucliers, son système de distorsion et la majeure partie de sa puissance en impulsion. Belganov consulta ses détecteurs, et s’aperçut que les deux croiseurs l’avaient finalement rejoint. C’étaient eux qui concentraient leur tir sur l’ennemi, désormais privé de boucliers.
« Cessez le feu ! ordonna-t-il. Abordage simultané en ventral et en dorsal. Commandants de destroyers au rapport.
– Cible détruite, fit l’un.
– Cible détruite », fit l’autre.
Un irrépressible tremblement saisit Belganov, qui se serait écroulé si Balchak n’avait eu le réflexe de le soutenir. La tension nerveuse avait été terrifiante. Belganov ne réalisa pleinement la portée de l’exploit qu’en recevant une double transmission qui montrait les explosions de plasma englober les sombres pyramides. Selon ses commandants, aucun des deux projecteurs d’antimatière n’avait eu le temps de tirer sur l’étoile.
Shaella prit conscience que l’éclat des boucliers déflecteurs avait viré au rouge grenat. C’était la fin des haricots pour le croiseur ektrim, mais aussi pour tous ses occupants. Une vague d’énergie succéda à cette constatation, déferlant dans la salle, et Shaella sut que les systèmes gravimétriques avaient connu une défaillance en voyant voler plusieurs ektrims, qui allèrent se fracasser contre les parois. Elle se demanda pourquoi elle et ses compagnons n’avaient pas subi le même sort. Différentes alertes stridentes retentissaient au moment où le champ de stase, qui leur avait sauvé la vie, n’étant plus alimenté, libéra l’équipage du Croc de Shaenor. Hébétés, les compagnons s’entreregardèrent. Ils semblaient tous aller bien, y compris Jaynak et Naldeia, qui tombèrent dans les bras l’un de l’autre.
La salle de commandement était sens dessus dessous. Le sang bleu sombre d’Ektrims maculait les parois, on retrouvait ça et là des membres ou autres composants de droïdes ou d’appareils divers. Un grognement masqua un instant le bruit des sirènes. Une fourrure rousse se détacha de l’une des baies de vitriglass où la silhouette laissa des traces écarlates mêlées à des poils. L’un des yeux du Fengir avait éclaté dans son orbite, tandis que le second était fixé sur Shaella. Le leader fengirien ne réussit pas à sortir toutes les griffes de ses quatre mains, mais il trouva suffisamment d’équilibre pour se mettre en position et bondir.
Shaella activa aussitôt le mode combat de son augmentation neuronale. Les derniers restes de drogue qui n’avaient pas été balayés par l’afflux d’adrénaline le furent sous l’effet des courants issus de ses neurones, reliés à ses modifications sur chaque membre. Elle évita avec une vivacité surhumaine les griffes ennemies, se déporta de côté et enchaîna avec un violent coup de pied dirigé sur la carotide de son adversaire. Le Fengir se rejeta en arrière, sonné. L’afflux sanguin n’avait été interrompu que brièvement cependant, et l’ennemi devait bénéficier de ses propres améliorations.
Un bras nadarien s’enroula autour du cou recouvert de fourrure. Une main se plaqua sur la pommette. Il y eut un craquement quand Jaynak, d’une torsion soudaine, brisa les cervicales du Fengir. Le colossal corps roux retomba au sol. Il y tressauta quelques instants comme s’il essayait de ramper, avant de s’immobiliser définitivement.
Shaella n’eut pas le temps de remercier ou de féliciter Jaynak. Un premier choc retentit, qui projeta tout le monde au sol. Puis un second, qui souleva humains comme Nadariens.
« On dirait bien que le croiseur vient d’être abordé », dit-elle.
Elle se dirigea vers ce qu’elle devinait être la console de commandement principal. Le modèle fut heureusement reconnu par ses bases de données, et elle commença aussitôt à le pirater. Il était temps — l’IS du vaisseau ayant détecté la mort de l’Ektrim qui commandait le croiseur, cherchait à déclencher l’autodestruction. Seuls les dégâts subis l’avaient empêché jusqu’à présent d’entamer la réaction finale. Une partie du vaisseau avait été exposé au vide stellaire, mais les systèmes automatiques avaient procédé avec succès au confinement d’urgence. L’explosion qui avait provoqué cela était selon toute évidence responsable de la défaillance des systèmes gravimétriques, tout comme de la vague d’énergie à laquelle ils devaient la mort de leurs ravisseurs.
Shaella s’efforça de couper les entrées à l’IS menant au réseau énergétique. Elle téléchargea ensuite un plan du vaisseau, avec l’endroit où Fal était gardé prisonnier.
Le temps que son équipage et elle se mettent à parcourir les coursives, des combats s’étaient déclenchés. Les drones et droïdes nadariens s’avéraient cependant plus nombreux et en meilleur état que leurs adversaires. Rares étaient quant à eux les Zayborgs et Fengirs à avoir survécu. Quand un commando nadarien intercepta Shaella et ses hommes, elle communiqua au Guide les données concernant Fal. Le Nadarien chercha à la convaincre d’évacuer aussitôt, mais céda devant sa détermination.
Les droïdes qui se trouvaient dans la même pièce que Fal avaient tous été vaincus au combat. L’androïde n’en était cependant pas responsable puisqu’il portait toujours son verrou de contention. Ils transportèrent Fal en attendant de pouvoir s’attaquer à cette technologie exotique.
Des dispositifs antigrav les soulevèrent jusqu’à l’un des destroyers qui avaient pris le croiseur en sandwich. Le Réfractaire était le plus endommagé des bâtiments alliés. Il parvint malgré tout à accompagner les deux destroyers, et d’un commun effort, les trois vaisseaux s’arrachèrent une nouvelle fois à la gravitation d’Altanis.
Derrière eux, une explosion finale engloutit le croiseur ektrim.
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