L'expression "passer du côté obscur", ou "basculer du côté obscur de la Force" est l'une des plus galvaudées et stéréotypée que l'on puisse utiliser de nos jours. Et pourtant, elle va comme un gant à Elon Musk.
Dans l'Empire contre-attaque de George Lucas, réalisé par Irvin Kershner, Dark Vador (Darth Vader) révèle à Luke Skywalker qu'il est son père et s'efforce de l'attirer du côté obscur de la Force.
Imaginons que Dark Vador ait réussi dans son entreprise.
Eh bien, dans la vraie vie, c'est ce qui s'est produit avec Elon Musk. J'irais même plus loin: à l'instar de Luke qui combat Dark Vador dans la grotte de Dagobah, Elon Musk est devenu son père.
Oui, vous avez compris. Il m'est impossible de parler du passage du côté obscur d'Elon Musk sans parler de l'intime et du familial à son sujet. Voire de l'aspect psychanalytique. C'est la seule manière, à mon sens, d'aborder le pourquoi et le comment, en allant un peu plus loin qu'une simple discussion de comptoir.
Cela étant, si vous êtes un ancien employé d'Elon Musk, vous allez peut-être déclarer : "il a toujours été du côté obscur". Et quelque part, ça se tient. Musk a toujours eu des méthodes brutales de management à l'égard de ses employés. Je veux dire, relisez juste mon article sur la biographie d'Elon Musk par Ashlee Vance, et la manière dont Elon a traité une certaine Marie Beth Brown.
Il est tout à fait possible d'envisager l'idée que Musk, en bon manipulateur, n'ait voté Obama et Biden que pour mieux masquer son jeu. Qu'il ne se soit marié avec une romancière de Fantasy progressiste, Justine Wilson, en l'an 2000, que pour donner le change. Même si à ce stade, reconnaissez que ça paraît un peu tiré par les cheveux.
On peut aussi estimer que l'engagement climatique de Musk n'est pas réel. Qu'il n'a décidé de remettre en jeu sa fortune d'une centaine de millions de dollars dans les voitures électriques (en 2008) et dans Space X que parce qu'il percevait là, en excellent entrepreneur, des opportunités futures de marché, et non pour réaliser ses rêves d'enfance. Qu'il ne s'est servi des aspirations et rêves des gens progressistes autour de lui que pour mieux les piéger. Parce que son but à lui, depuis le début, ce n'était que le pouvoir. Pouvoir de l'argent et de la célébrité.
Bref, il est sans doute possible de brosser un tableau d'Elon Musk encore plus noir qu'il ne l'est réellement.
Mais cela signifierait oublier un élément crucial nommé Errol Musk. Le père d'Elon. Errol Musk est lui-même un entrepreneur et un ingénieur. Un grand partisan de Donald Trump.
Ce qui devrait vous mettre la puce à l'oreille, cela dit, c'est qu'Errol Musk dit que celui de ses fils qui a vraiment réussi dans la vie est Kimbal et non Elon.
Elon n'était pas le fils préféré, et c'est sans doute un euphémisme. On sait qu'il est parti de manière précoce du nid familial en Afrique du Sud pour migrer au Canada, puis aux Etats-Unis. Le fils a donc mis un océan entre lui et son père.
Dans les interviews de Musk où il relate son enfance et adolescence, on comprend qu'il détestait son père et a cherché à s'en éloigner. Ce
qui me fait dire qu'Elon Musk n'a pas toujours été du côté obscur, et
que ses élans progressistes n'étaient pas seulement des façades, c'est
qu'il a été capable de reconnaître le côté malsain de son père et de le
combattre, dans une certaine mesure.
Mais,
à l'instar de Luke Skywalker dans sa grotte, tout en combattant son
père, comme il en adoptait toutes les méthodes, Elon est devenu son
père.
Le fait, par exemple, qu'il ait choisi le même métier qu'Errol et qu'il ait été attiré par le management montre l'aspect ambivalent du jeune Elon. Pour son métier, il a choisi de marcher dans les pas de son père. Tout en faisant preuve de résilience dans son jeune âge en s'éloignant de ce père peu aimant, il en a repris les méthodes de management et les valeurs... ou l'absence de valeurs, puisqu'il ne faut pas oublier qu'une société comme Tesla a eu à faire face à un procès pour racisme, que l'entreprise a perdu.
Elon Musk s'est mis à répéter le schéma familial, avec le même attrait pour le pouvoir et la richesse que son père.
Et c'est allé plus loin que ces méthodes de management ultra brutales. C'est allé plus loin que l'hyper agressivité que je décrivais déjà dans cet article de 2019, et qui est l'un des moteurs d'Elon Musk.
Le
moment où le manager aux multiples casquettes a commencé à basculer "officiellement" du côté
obscur a sans doute correspondu à la pandémie de covid 19 en 2020. La maladie a
déboussolé pas mal de monde, dont Elon. Mais l'esprit analytique de Musk
a par la suite perçu qu'il y avait de véritables bénéfices politiques à
retirer de cette perte soudaine de repères des gens. Les gens devenaient d'un seul coup beaucoup plus vulnérables aux fake news.
Le bond technologique auquel participe pleinement Musk, avec l'accélération folle de l'informatique et des sciences, est secondé de modifications profondes au niveau sociologique. Une bien plus grande importance accordée aux femmes dans la société. La reconnaissance des minorités sexuelles aussi bien qu'ethniques, qui a pris le nom de wokisme aux Etats-Unis, a elle-même été propulsée par le phénomène metoo.
Le wokisme, pour moi, c'est le droit du plus faible. Un descendant des droits de l'homme d'essentiel pour la société. Le fait que ce terme n'ait été forgé qu'au XXème siècle par Martin Luther King en dit long sur l'espèce humaine. Mais le wokisme existe depuis toujours, et n'est propre ni aux Etats-Unis ni au communautarisme. Il fallait juste mettre un nom sur le concept.
La lutte des minorités est bien sûr une lutte des pouvoirs. Elle peut entraîner des excès, des travers, et notamment une manière absolument détestable de vouloir policer le langage, et d'instruire une sorte de police de la pensée, de "politiquement correct" permanent.
Ces excès ont donné une teinte très négative au wokisme chez la plupart des Américains. C'est une partie de ce qui a porté en germe la défaite de Kamala Harris contre Donald Trump en cette année 2024. Mais entendons-nous bien, seulement une partie. Pour moi, les gens qui ont voté Trump l'ont d'abord fait de manière égoïste, pour que l'on baisse leurs taxes et impôts. Ils l'ont ensuite fait pour rejeter l'immigration de masse. Troisièmement, ils l'ont fait par dégagisme du précédent gouvernement, et seulement à un quatrième niveau par rejet du wokisme et des évolutions sociétales.
La perte de repères généralisée, aussi bien sociologique que technologique, a bien sûr favorisé un élan conservateur.
Il est donc très fortement ironique que l'un des plus grands propagateurs du changement, Elon Musk lui-même, après le rachat de Twitter en 2022, le transforme en X l'année suivante avant, en 2024, d'en faire un instrument de propagande au service de son nouveau maître, l'empereur du conservatisme Trump. Musk a posté des centaines de tweets par jour en faveur de Trump pour sa campagne, et a donné 100 millions de dollars.
Celui que nombre de ses employés surnomment sans doute Dark Vador, Musk, est allé jusqu'à faire modifier les algorithmes de l'ex Twitter pour favoriser les discours pro-Trump.
Le PDG a sans doute conçu une jubilation malsaine à transformer Twitter, un instrument
anciennement progressiste et modéré, en un gros virus informatique disséminateur
de fake news et de propagande. Souvenez-vous : la même jubilation de sociopathe qu'il éprouvait en se baladant dans les locaux de Twitter en transportant un évier.
Pour prendre une autre métaphore, si Trump est le joueur de flûte maléfique qui entraîne son peuple dans l'abîme, la flûte, c'est X.
L'anti-wokisme d'Elon n'est pas seulement politique. Au contraire, il est fortement rattaché à sa famille. A la détestation du lycée dans lequel a évolué son fils Xavier, où il aurait contracté "le virus woke". Pour moi, le jour où Elon a signé du sang familial son passage du côté obscur a été celui où il a dit que le virus woke avait tué son fils Xavier, en 2022. Le jour où il a rejeté son propre fils en raison de sa transition vers le sexe féminin. Le jour où il a rejeté définitivement Vivian Jenna Wilson.
C'est à ce moment-là qu'Elon Musk a fusionné avec son père Errol.
Et Vivian Jenna Wilson a réagi, en 2024, de la même manière que son géniteur à l'époque où il avait quitté le nid familial pour migrer vers un autre pays. A la suite de l'élection de Donald Trump, Vivian a en effet annoncé sa décision de quitter les Etats-Unis.
Vous commencez à me croire, quand je parle de schémas familiaux?
Il faut savoir que les personnes qui effectuent en toute bonne foi des transitions vers le sexe opposé, et vont au bout, physiquement, de la démarche, sont souvent des personnes autistes.
Elon Musk est lui-même autiste Asperger. Il y a fort à parier que Vivian Jenna Wilson soit aussi dans le spectre du trouble autistique. Ce qui signifie que Musk a peut-être rejeté celui des membres de sa famille qui était le plus proche de lui. Par ignorance. Par folie.
Et voilà qu'en 2024, Elon Musk et son père Errol s'unissent pour chanter les louanges d'un homme, Donald Trump. Donald Trump, qui va bénéficier des bons conseils d'Elon, puisqu'il se lance dans le business des cryptomonnaies. Un business d'autant plus juteux quand on devient président des Etats-Unis. Non, non, pas de conflit d'intérêt bien sûr...
Trump n'est pas, bien sûr, qu'un père de substitution pour Musk. Le fait de se rallier à lui va lui permettre de bénéficier d'exemption de taxes à partir de 2025. Son ralliement, c'est avant tout du business, comme l'a montré le bond des entreprises muskiennes à la bourse une fois "Dumpy Trumpy" élu.
J'avais évoqué Donald Trump dans mon article sur les maladies mentales, au sujet des sociopathes. Mais j'y parlais aussi des mères fusionnelles possessives et des mères peu aimantes.
En examinant le cas de la famille d'Elon Musk, je pense pouvoir dire qu'il y a un aspect fusionnel de type "père peu aimant", aussi bien dans la relation d'Errol avec son fils, que dans la relation d'Elon avec Vivian Jenna Wilson.
Mon hypothèse est que le gène de la schizophrénie a des dérivés parmi lesquels l'autisme, et notamment l'autisme de type Asperger. L'autisme et la schizophrénie paranoïde sont évidemment des affections très différentes. Mais à mon sens, ce qui les relie, c'est l'aspect fusionnel. Dans ce cas, le passage du côté obscur d'Elon Musk signifierait une régression sur le plan mental dans laquelle l'individualité psychique d'Elon se confondrait avec celle de son père.
Le père d'Elon, Errol, a 81 ans. Le moyen de vérifier ma théorie serait d'examiner dans quel état se retrouve Elon à la mort de son père. S'il se retrouve entièrement dévasté, dans un état de dépression profonde, ce sera le signe que mon hypothèse est correcte.
Je n'ai bien sûr aucune compétence de psy, mais de par mon passé familial, je m'intéresse à des affections comme la schizophrénie et à ses gènes dérivés (je précise, je n'ai moi-même jamais été atteint de schizophrénie. Mais interrogez les auteurs autour de vous, et je suis sûr que vous retrouverez des cas de schizophrénie dans leur famille).
Alors, maintenant, me direz-vous, que faut-il penser de Space X et de Tesla? Faut-il boycotter les entreprises de Musk comme on boycotterait Elon lui-même?
Ma réponse est non. Si j'avais à choisir aujourd'hui un nouveau véhicule en 2024, et non en 2020 comme je l'ai fait, il est probable que je ne voudrais pas mettre de l'argent dans la poche d'Elon Musk en achetant l'une de ses voitures. Je me tournerai sans doute vers la concurrence, vers une autre voiture électrique. Mais ce serait une réponse avant tout émotionnelle, parce que le meilleur réseau de recharge reste celui de Tesla.
Et il faut bien le reconnaître, ma Tesla reste une voiture fantastique à mes yeux, même si les entreprises de Musk portent sa signature de manière indélébile, et même si mon opinion sur l'individu a fortement évolué. Comme vous pourrez vous en rendre compte en lisant les articles ci-dessous.
Les employés de Tesla et de Space X restent à mon avis en grande majorité des progressistes. Ils veulent faire évoluer l'humanité dans le bon sens et non dans celui de la dictature trumpiste, dont on ne sait si les Etats-Unis se relèveront.
Au sujet de Space X, le fait de vouloir industrialiser l'espace me semble toujours indispensable à la conquête de Mars. Mais il y aura des retombées écologiques qui peuvent être très lourdes au niveau de la couche d'ozone, et qu'il faut surveiller de très près.
Le fait que les organismes de surveillance comme la FAA ou la FDA soient soumis, sous l'administration Trump à partir de 2025, au contrôle d'Elon Musk lui-même fait froid dans le dos. En revanche, le comité théodule décrété par Trump que coprésidera Elon Musk ressemble fort, d'ores et déjà, à une pantalonnade. Un comité chargé de tailler dans les dépenses publiques qui va rémunérer non pas un mais deux directeurs, cela ne me semble ni porter en son sein des valeurs de bonne gestion économique ni des valeurs d'efficacité.
Voilà donc pour mon très modeste éclairage sur les dernières évolutions du nouveau résident de Mar-a-Lago, Elon Musk. En espérant que vous en retirerez un peu plus de profit que d'une simple discussion de comptoir.
[EDIT 02/12/2024] : cet article de la nouvelle tribune rend compte à quel point le fait qu'Elon Musk se soit "éloigné de la rive" déteint sur l'une de ses entreprises phares, Tesla, qui se rend coupable d'abus écologiques, trahissant ainsi l'une de ses missions.
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