vendredi 25 décembre 2020

Ces gens-là

Paroles de Jacques Brel.


D’abord, d’abord, y a l’aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qu´y boit
Tellement qu´il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n´en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui s´prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu´on retrouve matin
Dans l´église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l´œil qui divague
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas, Monsieur
On ne pense pas, on prie

Et puis, y a l´autre
Des carottes dans les cheveux
Qu´a jamais vu un peigne
Qu´est méchant comme une teigne
Même qu´il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d´une autre ville
Et que c´est pas fini
Qui fait ses p´tites affaires
Avec son p´tit chapeau
Avec son p´tit manteau
Avec sa p´tite auto
Qu´aimerait bien avoir l´air
Mais qui a pas l´air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n´a pas le sou
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´vit pas, Monsieur
On n´vit pas, on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n´importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d´apôtre
Et dans son cadre en bois
Y a la moustache du père
Qui est mort d´une glissade
Et qui r´garde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands slurp
Et ça fait des grands slurp
Et puis y a la toute vieille
Qu´en finit pas d´vibrer
Et qu´on attend qu´elle crève
Vu qu´c´est elle qu´a l´oseille
Et qu´on n´écoute même pas
C´que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´cause pas, Monsieur
On n´cause pas, on compte

Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m´aime pareil
Que moi j´aime Frida
Même qu´on se dit souvent
Qu´on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu´on vivra dedans
Et qu´il fera bon y être
Et que si c´est pas sûr
C´est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu´elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J´ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j´ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c´est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu´elle partira
Elle dit qu´elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois, Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur, on ne s´en va pas
On ne s´en va pas, Monsieur
On ne s´en va pas
Mais il est tard, Monsieur
Il faut que je rentre chez moi

 

Autre article sur le même sujet : Maladies mentales 

vendredi 11 décembre 2020

Jean Castex reconnaît l'échec du reconfinement

Jean Castex n'a pas dû lire mon article de blog du 29 octobre 2020. Dans son allocution du 10 décembre, il a omis de dire: "l'auteur Alan Spade avait raison sur son blog. Le reconfinement tel que nous l'avons mis en place était voué à l'échec". Il s'est contenté de reconnaître son échec à demi-mot, en disant: "la partie est loin d'être gagnée", et en confessant que le nombre de contaminations ne baissera pas à moins de 5000 par jour d'ici le 15 décembre. Il devrait lire mon blog, car je l'avais prédit.

Je ne suis pas Nostradamus. Même avec des variables aussi fluctuantes que celles du covid-19, il était aisé de faire cette prédiction en étant presque sûr de la pertinence de celle-ci. Les principales variables qui fluctuent sont: 

- le comportement du virus, plus agressif l'hiver car il y a beaucoup moins d'évaporation des gouttelettes, qui restent donc actives dans l'air et contaminantes

- le comportement des Français, qui s'est avéré plus adapté à la situation que je ne l'aurais cru

- les avancées médicales, qui permettent de vider les hôpitaux sur un rythme plus rapide qu'ils ne se remplissent, et en particulier pour les services de réanimation, avec une efficacité, là encore supérieure à mes prévisions

Les deux derniers facteurs, quoique positifs, n'ont pas été suffisants pour faire baisser le nombre de contaminations en dessous de 5000 par jour, en raison de l'ouverture des frontières, de l'ouverture maintenue des collèges, lycées et écoles, d'une activité en télétravail limitée, occasionnant de nombreuses personnes dans les transports en commun, et enfin, du fait que tous les Français n'appliquent pas les gestes barrières, nombreux étant ceux qui se contentent de faire semblant de porter le masque.

Jean Castex s'appuie donc sur la baisse assez modérée des hospitalisations et du nombre de personnes en réanimation pour transformer ce confinement en couvre-feu après 20h00. J'avais prédit que le gouvernement serait forcé de maintenir le confinement, je me suis donc trompé. Mais disons-le tout net, c'est surtout parce que j'ai sous-estimé le cynisme de ce gouvernement, qui préfère maintenir l'économie en faisant courir un risque mortel aux plus âgés et aux plus fragiles. 

Rappelons les chiffres les plus importants, ceux que Jean Castex et Olivier Véran n'ont finalement que peu mentionné le 10 décembre: un peu plus de 36 000 morts du covid-19 le 30 octobre 2020, jour du reconfinement, près de 57 000 morts le 10 décembre, jour de l'allocution. Près de 21 000 morts pendant tout le mois du confinement et les dix jours qui ont suivi, c'est beaucoup trop. C'est le chiffre le plus important. La stratégie du gouvernement est inefficace. 

C'est inefficace, d'abord parce que Macron s'y est pris trop tard pour reconfiner, comme il l'a reconnu lui-même dans son discours de reconfinement. Il disait qu'il ne reconfinait qu'à plus de 20 000 contaminations par jour, alors que l'Allemagne prenait des mesures importantes à partir de 6000 contaminations par jour. Il affichait ainsi sa faiblesse de président, en cédant aux Français les plus râleurs.

Mais s'il cédait ainsi aux Français les plus râleurs, c'est qu'il n'avait pas mis de contrat en place avec eux: il n'avait su avoir suffisamment confiance en eux, et obtenir suffisamment de confiance de leur part, pour leur promettre de déconfiner le 15 décembre, et se préparer ainsi à la reprise du travail. 

Et bien sûr, comme je le disais, les mesures étaient loin d'être suffisamment strictes. S'il avait mis en place des mesures suffisamment strictes, le secteur de la culture, notamment, aurait pu être déconfiné le 15 décembre. 

La France, au cours de ce mois et demi de confinement, a connu une mortalité liée au covid similaire à celle des Etats-Unis de Trump, dont les chiffres sont catastrophiques. Les Etats-Unis ont cinq fois plus de population que la France. Donc, 57 000 morts multiplié par cinq, cela fait 285 000. Les Etats-Unis sont aujourd'hui à 292 000. Et ils ont eu Thanksgiving, eux. Nous sommes presque sur le même rythme de mortalité qu'eux, alors même que nous sommes encore en confinement jusqu'au 15 décembre. 

Il n'y aurait pas un petit problème? Alors, oui, l'Italie et la Grande-Bretagne ne s'en sont pas mieux sortis que nous. L'Allemagne connaît elle-même un hiver très douloureux. Mais l'Espagne a fait assez nettement mieux que nous. Et l'on peut considérer que c'est la politique européenne dans son ensemble, de toute façon, qui est défaillante. La politique individuelle des Etats de l'Europe, plus précisément, ce qui prouve qu'un fédéralisme Européen suffisamment strict nous aurait été utile en la circonstance.

Avec la possibilité de sortir juste avant Noël, les gens vont se presser dans les magasins. Il n'y aura pas de couvre-feu à Noël, donc possibilité de se rassembler nombreux autour du sapin. Il y aura le couvre-feu pour le réveillon du Nouvel An, mais cela n'empêchera pas ceux qui le souhaitent de se rassembler à 30 dans un même logement pour y faire la fête, à condition de passer la nuit ensemble. 

Un fort rebond des contaminations, des hospitalisations, des personnes en réanimation, et des morts me semble inéluctable. 

Je vais être franc, même si le gouvernement Macron avait lu mon article de blog du 29 octobre et suivi mes recommandations, même s'il nous avait permis de faire largement redescendre le nombre de contaminations, il aurait dû mettre en place des règles drastiques pour le jour de Noël et celui du Nouvel An. Ce qui n'aurait pas empêché de déconfiner dès le 15 décembre, notez-le bien.

Et je reconnais aussi que ces règles pour ces moments festifs auraient été particulièrement ardues à respecter, et qu'il y aurait sans doute eu un rebond, malgré tout, de l'épidémie. Mais un rebond certainement moins douloureux que celui que nous nous apprêtons à vivre. Le discours à tenir aurait été celui-ci: "oui, le sacrifice que vous demande le gouvernement, celui de Noël et du Nouvel An, est considérable. Mais la lumière est au bout du tunnel. Les vaccins arrivent. Et il nous faut tenir jusqu'à l'arrivée des vaccins."

Et surtout, surtout, nous ne serions pas à près de 60 000 morts en France du covid. 

A titre personnel, j'ai perdu une tante, un oncle par alliance (tous deux Belges, preuve de l'échec au niveau européen) et le père de ma belle-sœur, lequel avait déjà une affection respiratoire auparavant. Tous frappés par le covid.

[Autre article sur le même sujet :] Pourquoi le nouveau confinement est voué à l'échec.

Post scriptum: Le jour où a été écrit cet article, il y a eu 627 morts du coronavirus et 13406 nouveaux cas confirmés en France.

vendredi 20 novembre 2020

Maladies mentales

Les maladies mentales sont beaucoup plus répandues dans la société qu'on ne le croit. Souvent, elles sont d'origine génétique. Faut-il intervenir sur les gènes pour les éliminer, comme on le fait avec la procréation médicalement assistée (PMA) pour certaines maladies rares? Avoir recours, donc, à l'eugénisme? Certainement pas, car si les maladies mentales peuvent être toxiques et dangereuses, les gènes qui les transportent sont une condition de notre richesse et diversité génétique.

Dans la sublime série Star Trek: Deep Space Nine, le docteur Julian Bashir, être génétiquement amélioré et supérieurement intelligent, va faire la connaissance de mutants génétiquement améliorés d'un genre bien particulier. En effet, dans les épisodes Probabilités et statistiques (saison 6) et Chrysalide (saison 7), ces mutants s'avèrent souffrir de forme d'autisme et de schizophrénie. Ou en tout cas de maladies mentales. A tel point qu'on pourrait les croire sortis d'un asile. 

Ils n'en sont pas moins terriblement sympathiques, et permettent de résoudre de grands problèmes de l'humanité. 

Au passage, le personnage de Julian Bashir m'a inspiré mon Docteur Shirba dans ma nouvelle humoristique de Science-Fiction Désastre, tirée du recueil Les Explorateurs. 

 


La série nous met cependant en garde: mettre ces mutants dans des positions de pouvoir, c'est sans doute faire courir l'humanité à sa perte, rien de moins. 

Vous voyez où je veux en venir? Dans l'actualité récente, nous avons un président des Etats-Unis, Donald Trump, qui ne semble pas prendre des décisions rationnelles. Par exemple, au moment même où son pays est ravagé par le coronavirus, il s'acharne à prétendre, deux semaines après les résultats de l'élection qui a vu la victoire de son rival Joe Biden, que celle-ci est truquée. 

Si on examine sous l'angle de la santé mentale Donald Trump, il souffre en fait de sociopathie, ou désordre de la personnalité antisociale, et remplit à un stade aigu à peu près tous les critères définis par la clinique de Mayo

- Le mépris du bien et du mal

- Mensonge ou tromperie persistants pour exploiter les autres

- Être impitoyable, cynique et irrespectueux des autres

- Utiliser le charme ou l'esprit pour manipuler les autres à des fins personnelles ou de plaisir

- L'arrogance, le sentiment de supériorité et le fait d'avoir des opinions très arrêtées

- Problèmes récurrents avec la loi, y compris les comportements criminels

- Violation répétée des droits d'autrui par l'intimidation et la malhonnêteté

- L'impulsivité ou l'absence de planification

- Hostilité, irritabilité importante, agitation, agression ou violence

- Manque d'empathie pour les autres et absence de remords pour avoir fait du mal aux autres

- Prise de risques inutiles ou comportement dangereux sans égard à sa propre sécurité ou à celle des autres

- Relations médiocres ou abusives

- Ne pas tenir compte des conséquences négatives de son comportement ou ne pas en tirer les leçons

- Être constamment irresponsable et manquer de façon répétée à ses obligations professionnelles ou financières

Mais ce n'est pas grave, il est juste Président du pays le plus puissant au monde... 

Dans un autre genre, Emmanuel Macron, le président français, souffre lui aussi de symptômes proches de la psychopathie, comme l'absence d'empathie, le cynisme, l'absence de remords... C'est moins visible chez Macron, car il est moins excentrique, mais si vous doutez de mon objectivité à son égard, regardez quels sont deux des pays où l'on dénombre le plus de morts du coronavirus au monde: les Etats-Unis avec plus de 252000 morts au 20 novembre 2020, la France avec plus de 47000 morts à la même date, pour une population bien plus réduite que les Etats-Unis. Nous sommes dans le peloton de tête des dix pays avec le plus de morts lié au covid-19, et depuis un moment.

En fait, on a le sentiment que pour avoir une chance d'être président en France, il faut être un animal politique, et que pour être un animal politique, il faut être un tueur. Développez des qualités de sociopathe ou de psychopathe, et vous serez récompensé par la société avec la plus haute fonction existante. 

Cela vous semble extrême? Considérons maintenant l'un des fléaux du siècle. Le harcèlement en entreprise. Très souvent, ce harcèlement vient de responsables hiérarchiques qui sont arrivés à ce poste à force de carriérisme, d'opportunisme et, lâchons le mot, de prédation. Eux aussi ont été récompensés du mal qu'ils ont fait avec un beau salaire et des privilèges en veux-tu en voilà.

Si vous dressez le profil psychologique de votre harceleur en entreprise, il y a fort à parier que vous repérerez des traits de sociopathe, et notamment l'absence d'empathie, le cynisme et la manipulation. C'est d'ailleurs un exercice très sain et que je vous recommande afin de vous mettre à distance de la personne en question.

Maintenant, prenons les problèmes domestiques. Le nombre de femmes battues. Mais aussi, l'inceste. Une personne sur dix qui aurait été victime d'inceste dans son enfance, ce n'est pas le signe d'une société qui fait preuve d'une santé mentale rayonnante, il me semble. 

Ces différents fléaux sont donc très souvent du fait des hommes. Mieux vaut être un homme, d'ailleurs, pour être élu président de la république française. Les femmes présidentes se comptent sur les doigts de... enfin, sur aucun doigt. Même chose aux Etats-Unis, d'ailleurs.

Ce sont le plus souvent les hommes qui battent ceux ou celles qui sont moins forts physiquement, eux qui exercent la violence psychologique, parce que notre société patriarcale les a placés en position de puissance sans pour autant leur fournir l'éducation adaptée. Et, toujours, en récompensant dans les faits la prédation que cette même société dénonce hypocritement en paroles.

Le mot "caïd", ou "petit caïd", le mot "tyran", le mot "dictateur" se déclinent au masculin, pas au féminin.

Ne faisons pas d'angélisme non plus, il serait faux de dire que les femmes sont incapables de manipulation, de violence psychologique ou physique, ou de prédation. Elles en ont sans doute moins envie, mais elles sont surtout souvent moins en position de le faire. 

En fait, ce sont nos gènes qui, pour faire de nous de meilleurs prédateurs, mais aussi des gens plus créatifs, comme on l'a vu dans la série Deep Space Nine, nous ont prédisposés aux maladies mentales. C'est pourquoi l'évolution n'a pas éliminé ces gènes, qui sont également partagés entre hommes et femmes. 

Dans ce cadre de la maladie mentale, je me suis intéressé récemment aux mères fusionnelles. Non pas pour rejeter la "faute" sur les femmes, mais parce que cela fait partie du problème. D'ailleurs, si ce sont les gènes les principaux responsables, de quelle faute parle-t-on? Peut-on reprocher à quelqu'un d'avoir hérité de gènes toxiques? N'y aurait-il pas une légère forme d'injustice à le faire? 

Les mères fusionnelles, donc, sont décrites par ce très bon article de deux types: les mères étouffantes et les mères peu aimantes. Toutes deux sont qualifiées de manipulatrices et toxiques. Ce qui signifie que vous pouvez avoir une mère qui met de la distance, mais qui sera quand même une mère fusionnelle. Cela peut sembler paradoxal, et notamment avec cette phrase de l'article: Nombreuses sont celles qui se retrouvent face à des thérapeutes parce que leur mère les a étouffées, absorbées, écrasées de cet amour qui les a ligotées, toujours ramenées en arrière comme le ferait un cordon ombilical en bretelle, empêchant le bébé de quitter le ventre maternel. Mais les mères peu aimantes et fusionnelles, cela existe aussi.

A quel point ces mères fusionnelles, d'un genre ou de l'autre, sont-elles courantes dans la société? C'est une question importante, parce qu'au travers de mes recherches sur le sujet, j'ai pu relier ces mères à l'affection connue sous le nom de schizophrénie.   

Ce trouble mental qu'est la schizophrénie est d'une grande complexité, comme vous pouvez le découvrir dans cet article Wikipédia. J'ai eu l'impression en me documentant que la schizophrénie était la mère de pas mal de troubles mentaux, en fait. Par exemple, l'autisme et ses dérivés seraient considérés comme un symptôme de la schizophrénie. 

En effet, la schizophrénie qui fait le plus peur, celle dont on refuse de parler et qui est souvent "l'éléphant dans la pièce" dans les familles, la schizophrénie paranoïde, n'est que l'une des formes que revêt ce trouble mental. 

En me documentant, j'ai constaté que la science est loin d'avoir tout découvert à ce sujet. Je suis persuadé qu'il existe de la schizophrénie sous des formes atténuées qui échapperont à des tests classiques de psychiatrie, et qui ne vous feront pas envoyer dans un asile.

On remarque bien sûr à quel point cette affection a fait peur à la société dans la répression qu'elle a exercé à l'égard des malades: internement, camisoles de force, électrochocs, lobotomie, neuroleptiques ultra puissants... On a déployé les grands moyens.

On a cru à un moment que la schizophrénie était surtout liée à l'acquis, c'est à dire aux interactions entre la mère et son enfant. Mais les études plus ou moins récentes, comme cette très bonne étude québecoise, démontrent que c'est avant tout une affection d'ordre génétique, héréditaire. 

Quel rapport, allez-vous me demander, avec les mères fusionnelles? Eh bien, c'est vraiment relié, comme le montre cet article, qui étudie le cas d'un patient schizophrène appelé Monsieur X.

Voici les extraits qui me font dire cela:  

 
Dans la structure d’une personnalité psychotique, la relation d’objet est fusionnelle, et il y a déni de la réalité extérieure. Si la mère est trop fusionnelle, elle ne permet pas l’altérité. Le «je» ne peut se former qu’en opposition à l’«Autre»

Monsieur X interagit soit de façon fusionnelle, soit par l’exclusion; donc excès ou défaut de présence.


Le contact se crée et devient graduellement trop intense, car fusionnel. Le patient devient «accéléré», s’excite, devient nerveux et tend soit à se refermer, soit à me questionner sur l’existence et l’aspect bénéfique de certaines parties de son corps. C’est alors que j’introduis de fréquentes pauses afin de « défusionner » la relation avec le patient lorsque celui-ci démontre des signes d’inquiétude face à la transmutation des parties de son corps ou encore lorsqu’il devient agité.

Et surtout ceci, très important: À la question concernant comment il se situe par rapport aux autres êtres humains, incluant moi-même, Monsieur X a été en mesure de nous placer à l’extérieur de lui-même, sauf pour ce qui est de sa mère, qu’il a catégoriquement déclarée comme étant à l’intérieur de lui-même. Cela confirme l’aspect fusionnel de sa relation à sa mère. «Pourquoi dire “je”, s’il n’y a personne à qui l’opposer? La mère fusionnelle ne permet pas l’altérité.» (Lacan, 1949)

Jacques Lacan est cité dans l'article, et il ne faut pas hésiter à se documenter sur ses écrits pour en savoir plus. 

S'il est aussi important pour moi d'évoquer les mères fusionnelles dans cet article, c'est parce qu'elles représentent un retour aux sources, un retour vers les causes premières de certaines maladies mentales. Retour aux sources, parce que cela nous renvoie à une réalité commune: à l'exception des êtres humains nés dans des couveuses, nous avons tous été fusionnés à une mère, reliés à elle par un cordon ombilical. La problématique de "fusion/défusion" revêt une importance capitale sur le plan mental, me semble-t-il. 

Cela dit, je peux me tromper. 

Je parlais à un moment de la notion de créativité liée aux maladies mentales. Si vous vous rendez sur la page Wikipédia qui traite des personnalités ayant le syndrome d'Asperger (une variante de l'autisme, elle-même dérivée, donc, de la schizophrénie), vous pourrez lire ceci: Albert Einstein, Isaac Newton, Charles Darwin, William Butler Yeats et Thomas Jefferson entre autres, présentent des traits associés au spectre de l'autisme ainsi qu'une intelligence et une créativité hors normes. Les excentricités du pianiste virtuose Glenn Gould ont souvent été reliées au SA. Plusieurs psychiatres ont conclu que l'ancien champion du monde d'échecs Bobby Fischer était également autiste Asperger.

J'ajouterais à cette liste Elon Musk, qui présente notamment des difficultés d'élocution. Ces différentes personnalités, Einstein, Newton, Darwin, Yeats, Musk, etc. peuvent être considérés comme des locomotives, des gens qui à eux seuls font avancer l'humanité.

Bon, je nuance, quand même. Quelqu'un comme Elon Musk sait s'entourer et ne serait pas arrivé à ce niveau s'il n'avait pas d'excellents collaborateurs à ses côtés. Son hyper agressivité a parfois été un frein, mais souvent, il a su la canaliser pour en faire un atout. S'il parvient à réaliser son rêve de coloniser Mars, son nom restera davantage dans l'Histoire que celui de Christophe Colomb. Mais il a d'autres choses à son actif: Tesla, The boring Company, et... Neuralink. 

Et Neuralink, justement, c'est ce qui rend la mention d'Elon Musk si pertinente par rapport à cet article. Neuralink envisage notamment de supprimer des affections comme Alzeimer grâce à des implants dans le cerveau. Mais l'objectif final de Neuralink va plus loin: permettre à l'homme d'absorber et d'échanger de plus grands volumes d'information en interne pour suivre le rythme infernal des intelligences artificielles. 

On peut se demander si Neuralink ne sera pas tenté de supprimer des affections mentales comme la schizophrénie. Et elle est là, toute l'ironie savoureuse de la chose: si Elon Musk parvient à nous supprimer le gène de la schizophrénie (ce que je crois impossible), il empêchera l'humanité, dans le futur, de faire naître d'autres Elon Musk. Il n'y aura plus de personnes victimes du syndrome d'Asperger, et capables d'une créativité débridée. Tant il est plus facile de supprimer que de créer ce que la nature, la créatrice la plus fertile, a conçu.

Donc l'eugénisme ne devrait être utilisé que dans des cadres strictement réglementés comme ceux de la procréation médicale assistée, pour éviter des drames familiaux. 

Bien meilleure que l'eugénisme, me semble-t-il, serait l'idée, pour chaque individu, de bénéficier d'une sorte de cartographie génétique remontant sur trois ou quatre générations -- les gènes peuvent sauter une génération. Savoir de quelles affections génétiques souffrent nos parents ou grands-parents, ou ce que l'on peut léguer à nos enfants peut s'avérer extrêmement précieux. Et pas seulement pour certaines formes de cancer ou les maladies rares.

En effet, à partir du moment où des gènes peuvent influer sur des comportements, de la même manière que vous pouvez vous prémunir, ou anticiper les actes d'un harceleur au bureau en définissant son profil psychologique, de la même manière vous pourrez le faire à la maison. Vous pourrez même essayer d'éduquer vos enfants à l'empathie et de la développer chez eux, car les formes de psychopathie pure, qui interdisent cet apprentissage, sont rares. Vous pourrez aussi travailler sur la mise à distance, y compris sur vous-même.

Et qu'en est-il des auteurs, me direz-vous? Nous autres auteurs sommes-nous tous des malades mentaux, nous aussi? Nous vivons de nos affabulations. Nous manipulons nos personnages, et à travers eux, le lecteur. A la manière des prestidigitateurs, nous détournons l'attention du lecteur pour mieux réaliser nos tours de passe-passe. Nous manipulons aussi les lecteurs par d'autres moyens, et notamment, l'émotion. Certains d'entre nous sont créatifs, ont de l'imagination.

Tout cela s'inscrit en effet dans le champ d'une hétérodoxie mentale. Aliénation serait peut-être un peu fort, mais il n'empêche que le fait de s'incarner dans un personnage peut faire penser au fameux dédoublement de la personnalité, ou en tout cas rendre plus vulnérable aux troubles de la personnalité. 

Faut-il pour autant ne jamais s'approcher à moins de cinq mètres des auteurs? Les considérer comme des gens toxiques et peu fiables? Eh bien, demandez-vous quelle est l'intention derrière leurs écrits. S'il s'agit juste de vous distraire, il me semble que cela fait partie des demandes fondamentales de l'humanité, et que nous répondons donc à un besoin, une nécessité. 

Il est peut-être plus difficile de juger un auteur par ses actes, parce que souvent, nos actes sont nos écrits, mais cela reste une grille de lecture valable, me semble-t-il. 

De manière générale, on pourrait juger les maladies mentales sous le prisme de la bienveillance ou de la malveillance dans le comportement des individus. Manipulation, oui, mais à quelle fin? Qu'est-ce qui relève des gènes, qu'est-ce qui est guérissable ou ajustable? Comment la méditation peut-elle être un meilleur remède que pas mal de médicaments?  Comment nos sociétés trop individualistes empirent-elles le mal par l'internement ou d'autres formes punitives? Vaste sujet à explorer.

Nous arrivons à la fin de ce billet de blog. Il y a des articles que vous lisez sur Internet qui d'un seul coup, vous permettent d'envisager le monde sous un autre angle. Ces articles sont précieux. Celui-ci m'a demandé pas mal de documentation et de travail. Je ne serais pas arrivé à ces conclusions, bien sûr, sans un cheminement personnel qui a commencé il y a longtemps, mais qui s'est accéléré avec la rédaction de la Lettre à moi-même.

Si vous trouvez que cet article vous a apporté quelque chose et que vous souhaitiez me récompenser, merci de télécharger la Lettre à moi-même, sur un site payant de préférence (Amazon   Kobo  Apple   Google). 

Vous pouvez aussi la lire, par simple curiosité.

 

[EDIT 23/11/2020] Le gène de la paranoïa, s'il existe, nous a quant à lui été transmis pour faire de nous, non de meilleurs prédateurs, mais de meilleurs survivants. A l'époque où les premiers hommes évoluaient dans les hautes plaines, ceux qui croyaient que seul le vent faisait bouger les herbes étaient défavorisés par rapport aux plus paranos, qui pensaient que c'étaient des prédateurs.     

dimanche 8 novembre 2020

Cynisme

L'ascension au pouvoir de Donald Trump a été rendue possible par le cynisme des précédents gouvernements aux Etats-Unis, lesquels, en devenant toujours plus corrompus, en trahissant leurs promesses à l'égard des minorités, sont devenus mûrs pour accueillir un sociopathe à la Maison blanche. De la même manière, les gens qui, en France, disent que rien ne va changer sous Joe Biden font preuve de cynisme. 


Le cynisme tel que pratiqué par Diogène dans la philosophie grecque prônait la sagesse et la vertu. Mais avec le temps, le sens du mot s'est altéré. Le dictionnaire dit maintenant ceci: "Mépris des conventions sociales, de l'opinion publique, des idées reçues, généralement fondé sur le refus de l'hypocrisie et/ou sur le désabusement, souvent avec une intention de provocation."

Par rapport à cette définition, je dirais que ce que j'entends, moi, par le cynisme contient une bonne part de fatalisme pouvant aller jusqu'au désespoir -- ce que le dictionnaire appelle "désabusement". Avec parfois une dose d'humour noir à la Charlie Hebdo. Il engendre chez les gens qui le pratiquent une sensation de supériorité intellectuelle par rapport à ceux qui le refusent.

J'ai écouté le discours de victoire de Joe Biden, et je trouve que c'est le plus beau discours que j'ai jamais entendu d'un homme politique. Vous pouvez accéder à l'intégralité de son discours en cliquant sur ce lien. Un discours d'union, de rassemblement et de bienveillance. Mais pas seulement. C'était la première fois que j'entendais un président américain parler de "racisme systémique" aux Etats-Unis.

Biden, qui se définit comme "le mari de Jo" a été élu par les minorités, et il le sait. Il a fait parler Kamala Harris, sa vice-présidente de couleur, avant lui -- le discours de Kamala n'était pas mal non plus. 

S'il n'y a pas de changement aux Etats-Unis avec Joe Biden et Kamala Harris au pouvoir, il n'y en aura jamais. Le changement, de toute façon, est déjà arrivé: il suffisait de voir les foules faire la fête le 7 novembre 2020, jour de la victoire de Biden. Ce changement est déjà arrivé, parce que celui qui fait figure de modèle, c'est désormais le nouveau président élu, et non le clown narcissique, pathétique et infantile de la Maison blanche, qui ne vit que par et pour son ego. Kamala va, avec Michelle Obama, constituer un très beau modèle pour les petites filles, et en particulier les petites filles noires. C'est la première fois qu'on a une vice-présidente à la Maison blanche, bon sang!

La première décision qu'a pris Joe Biden est celle qui va marquer sa présidence: c'est la décision bienveillante de mettre au point une "task force" pour contrer le coronavirus. 

J'aurais beau sortir tous les arguments du monde en faveur de Joe Biden, je sais la réponse que me feront certains. "Tu es naïf, Alan", ou bien "Tu vis dans un monde de bisounours". 

C'est la réponse classique des cyniques. Des gens désabusés. Des gens qui ont désappris à regarder le monde avec leurs yeux d'enfants. Qui ont désappris l'espoir.

Ce cynisme nous a mené, en France, à élire le président le plus cynique de la Vème République, Emmanuel Macron. C'est à dire que la prochaine étape, si nous continuons sur cette pente, va consister à élire un ou une présidente sociopathe. Nous sommes mûrs pour cela. 

Le cynisme va aussi consister à dire: "ce ne sont que les vieux qui meurent du coronavirus", on ne va pas faire de confinement sévère. Ou pas de confinement du tout.

Hé, les gens. Nous avons eu 86 852 contaminés, et avons dépassé les 40 000 morts le jour où Joe Biden a été élu 46ème Président des Etats-Unis. Le 7 novembre. Une semaine après le début du reconfinement. Les lits de réanimation sont occupés à plus de 85% en France. Ce ne sont pas que les vieux qui meurent du covid. Et même si. Elle est où, la bienveillance, elle est où l'empathie?

On se tirera de cette épidémie ensemble, ou pas du tout.


Posez-vous la question: y aurait-il eu une Sécurité sociale en France sans un minimum d'espoir, de foi en l'avenir, ou dans les vertus du partage de ressources?

Cela fait déjà une semaine que j'écrivais dans un article que le confinement est voué à l'échec. Le confinement tel que voulu par Macron, en tout cas. Car pas assez strict, loin de là. Il ne définit pas non plus de limite temporelle, ce qui est catastrophique économiquement, mais aussi du point de vue du moral pour les Français, et de l'indispensable bienveillance dont il faut faire preuve. Mais qu'attendre d'autre d'un président aussi cynique que le nôtre? Un président incapable de passer un contrat moral avec les Français, parce qu'il ne leur fait pas confiance -- il préfère la répression.

J'en suis désolé, mais ma voix est trop faible pour que cet article ait porté ses fruits. Il aurait fallu pour cela qu'un nombre massif de gens le partagent sur les réseaux sociaux. 

Un grand message d'espoir nous est venu des Etats-Unis. Vous êtes libres d'en ignorer la portée ou la signification. Vous êtes libres de dire que je vois le monde avec des verres de lunettes colorés en rose. Mais je crois bien que le cynisme ne nous mènera nulle part.

jeudi 29 octobre 2020

Pourquoi le nouveau confinement est voué à l'échec

Il m'est impossible de jouer le jeu de l'unité nationale quand je vois les mesures prises par Emmanuel Macron pour le reconfinement du 30 octobre. Le chef de l'Etat demande aux Français de se cacher derrière leur petit doigt. Je prédis que dès le mois de décembre, le gouvernement sera forcé de durcir le confinement, et que celui-ci va perdurer au moins jusqu'en février 2021. En voici les raisons. 

Sauver Noël. Empêcher la propagation du virus. Eviter aux hôpitaux de se retrouver débordés. Tels sont soi-disant les objectifs de ce nouveau confinement. Malheureusement, le gouvernement n'a pas pris des mesures suffisamment vigoureuses, loin de là:

- les écoles, collèges et lycées, restent ouverts

- le télétravail n'est que fortement encouragé, mais les entreprises continuent à tourner

- de nombreuses dérogations existent, comme le fait d'aller voir ses proches en Ehpad

- les frontières restent ouvertes, alors que le virus circule très activement en Europe

Bref, ce gouvernement a surtout pour vocation de maintenir à flot tant bien que mal l'économie du pays.

Souvenons-nous du premier confinement en mars dernier. Les mesures avaient été nettement plus sévères, avec notamment la fermeture des écoles, collèges et lycées, et la fermeture des frontières. Malgré cela, le confinement avait duré beaucoup trop longtemps, et le virus circulait encore un peu trop, même au moment du déconfinement. 

Avec le recul, il paraît évident que le confinement aurait dû être beaucoup plus dur en mars dernier. Il aurait fallu pratiquer un confinement à la chinoise, afin de limiter la durée d'autres restrictions, nettement plus draconiennes. 

Qu'est-ce que l'on voit aujourd'hui en France? Le virus circule encore beaucoup plus qu'en mars dernier, les gestes barrières et les masques ne suffisent pas, toutes les régions sont touchées, et on sait déjà que quoi que l'on fasse, les lits de réanimation seront tous occupés aux alentours du 15 novembre. 

La seule mesure intelligente et courageuse à prendre, c'est donc un confinement à la chinoise, ce qui suppose: 

- fermeture des frontières

- fermeture des écoles, collèges et lycées

- fermeture de toutes les usines ou entreprises non essentielles qui ne pratiquent pas le télétravail

- arrêt total de tous les transports en commun

Bref, il nous faut une France à l'arrêt quasiment total. C'est le seul moyen de faire comprendre à nos concitoyens la gravité de ce que nous vivons. C'est l'unique moyen de resserrer dans le temps ce confinement, et de sauver effectivement Noël. 

Tout se passe comme si le gouvernement connaissait déjà l'inefficacité de ses propres mesures. Tout se passe comme si le gouvernement voulait confiner les gens pendant tout le mois de novembre, décembre, janvier et peut-être février et au-delà, tout en laissant tourner l'économie au ralenti. 

En dehors du fait de laisser tourner l'économie, le but, pour le gouvernement, serait de générer des contraintes suffisamment étendues dans le temps pour garantir la motivation des Français à se faire vacciner, une fois le bon vaccin sélectionné. 

Qu'est-ce qui vaut mieux? Une économie qui va tourner au ralenti, en battant de l'aile, dans les 4 à 6 prochains mois, avec un virus qui continue à circuler et à faire des morts, ou une économie à l'arrêt total pendant 6 semaines, qui peut ensuite redémarrer à peu près normalement, avec de bien meilleures possibilités pour casser les chaînes de contamination? 

Demandez aux Chinois. Eux ont fait le bon choix. Notre gouvernement, une nouvelle fois, agit de manière totalement irresponsable. On se retrouve en décembre et on en discute.

[EDIT 11 novembre 2020] : le tableau le plus pertinent pour se faire une idée du nombre de personnes en réanimation et comparer avec le premier confinement qui a commencé le 16 mars 2020 ci-dessous. Retenez-bien une chose: la baisse du nombre de personnes en contamination ne s'est amorcée que cinq semaines après le début du premier confinement. Mais le chiffre que nous atteignons à présent est déjà bien plus élevé que deux semaines après le premier confinement. Et le second confinement est beaucoup moins strict que le premier.



mercredi 14 octobre 2020

Lettre à moi-même

Mon alter ego Emmanuel Guillot publie aujourd'hui, en version ebook uniquement, un texte autobiographique, Lettre à moi-même. Présentation: Tout le monde devrait, adulte, s’écrire une lettre à soi-même dans le passé. Afin de donner des conseils, délivrer des suggestions à l’adolescent que l’on était. Pour faire le point sur sa vie, et qui sait, entrevoir de nouvelles vérités. L’auteur-éditeur Emmanuel Guillot revient ici sur ses 16 ans et son premier amour, mais aussi sur les drames devenus en quelque sorte des secrets de famille. Il dévoile aussi l’histoire de son nom de plume, Alan Spade. Retrouvez dans cet article de blog la première page de cette lettre.

 

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Juste un petit avertissement préalable : si vous vous lancez dans la lecture de cette lettre, vous risquez de ne pas oublier cette histoire avant un moment. 


A Bernadette et Tristan,

Pardonnez-moi d’avoir écrit cette lettre

Et surtout, de l’avoir rendue publique


Les enfants commencent par aimer leurs parents en avançant en âge, ils les jugent il leur arrive de leur pardonner — Oscar Wilde


Cher moi-même,

A toi qui t’es un jour exclamé devant tes parents, tes deux frères et ta sœur : « Je suis le martyre de cette famille ! », ce qui t’a valu pendant des années, et en particulier de la part de l’aîné, Tristan, ce sobriquet de « Martyre de la Famille », je tenais à t’écrire cette lettre. Le « je », c’est toi devenu adulte, qui va sur tes 49 ans. Le destinataire, c’est moi plus jeune, adolescent de 16 ans, entré depuis quelques mois au lycée Félix Esclangon de Manosque, dans les Alpes de Haute Provence.

Pourquoi avoir choisi cet âge ? Pourquoi ne pas t’écrire plus tôt, pour te prévenir, te permettre d’éviter ce premier drame ? Ce cataclysme qui s’est abattu sur la famille il y a moins d’un an, en cette fin de mois de juillet 1986 ?

Parce que ton moi futur est devenu romancier. Il a pris le parti de rédiger cette biographie sous forme de lettre unique, sans réponse de ta part, comme un message envoyé dans le passé, alors même qu’il était en train de préparer son prochain roman de Science-fiction, qui porte sur la mémoire. En tant qu’auteur de fiction, il faut à ton moi futur un drame, un point d’accroche sur lequel rebondir. C’est la règle du jeu.

Tu n’as pas encore vu Blow Out, de Brian de Palma. « Un si merveilleux cri » était en quelque sorte la conclusion du film. La fiction tire son poids, sa pertinence, de la réalité. Cette lettre est une biographie. Nulle fiction là-dedans. Il n’en reste pas moins qu’il me faut un tremplin pour l’écrire, et faire passer ce que j’ai envie non, ce que j’ai un besoin vital de faire passer. Ce prétexte, c’est cette idée de message à soi-même dans le passé. Un message où je pourrais te livrer mes réflexions et mon ressenti sur ce que tu as vécu, mais aussi sur ce que tu es en train de vivre en ce moment, et sur ce qui va t’arriver dans le futur. Un message pour donner des conseils et suggestions à l’ado déphasé que tu es. Un message, enfin, volontairement rendu public, sous forme de lettre publiée en version électronique.

Tu excuseras l’aspect décousu de cette lettre. Ces bonds dans ton futur. Ces retours dans ton passé. Cette missive est à l’image de mes souvenirs. A toi de remettre de l’ordre dans ce puzzle chronologique.

Je dois te l’avouer, je n’ai, en tant qu’auteur, jamais réussi à communiquer autant d’émotion que je le souhaitais dans mes romans. Il me faut bien faire ce constat d’échec, je n’arrive pas à « me lâcher » tout à fait. Paradoxalement, alors que les biographies sont le genre qui m’attire le moins, j’ai le sentiment — peut-être à tort — que cette lettre va être la chose la plus puissante en émotion que j’ai écrite. En tant qu’artiste, je me dois de la communiquer au public pour partager cela et échanger. Même si un tel acte constitue aussi, j’en ai conscience, un manque d’empathie, de délicatesse, de sensibilité envers mes proches — d’où la dédicace du début. Cela pourrait aussi passer pour une sorte de profanation des secrets de famille à usage bassement mercantile. Un manque abyssal de pudeur. Pourtant, cet éclairage du public est la lumière dont j’ai besoin pour me délivrer des ombres du passé, nourries par le sceau du secret de la vie privée. C’est ainsi, en quelque sorte, une déclaration d’indépendance. Une émancipation. J’écris donc ces lignes avant tout pour moi. Mais j’ai aussi l’espoir d’aider des personnes qui vivraient des difficultés similaires à celle que toi, l’ado, tu es en train de traverser. Même s’il faut pour cela remuer le passé. Même s’il me coûte, aussi, d’écrire ce qui va suivre.

Mais tout d’abord, comment m’est-elle venue, cette idée de lettre à moi-même, qui n’a rien de novateur ?

Une image, dans un rêve. Très intense. Celle de Laetitia, celle que tu prétends être ton premier amour. Et aussitôt après, la honte. L’envie si forte de lui demander pardon, non seulement de m’être immiscé dans sa vie, mais surtout pardon pour cette forme de harcèlement visuel qui va durer deux ans. Tu as un grand vide dans ton cœur au moment où tu reçois cette lettre, Emmanuel. Un gouffre affectif. Dû à cette perte terrible, il y a seulement un an. Tu subis également une sournoise pression sociale, non pas en provenance de ta famille, mais des jeunes de ton âge. Cette pression, tu te l’es aussi mise sur les épaules et dans la tête, en observant des couples se former au collège et au lycée, et se bécoter ouvertement. Tu enviais tellement ceux qui partageaient ces idylles ! Sans doute pressentais-tu que ton salut passerait par l’amour. Tu as souhaité vivre ta propre histoire à ton tour. Ton instinct était dans le vrai quand il t’a fait savoir que l’amour ne tomberait pas du ciel. Ce sont des choses qui se provoquent. Il faut le vouloir.

Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi être prêt à franchir le cap de la relation à deux, et tu ne l’es absolument pas. 

 *****

Vous souhaitez lire la suite ? Vraiment ? Ce texte court, d’un peu plus de 12 000 mots, soit sept fois moins qu’un roman de taille standard, vendu uniquement en version électronique, ne bénéficiera jamais de rabais promotionnel de la part de l’auteur-éditeur. Beaucoup diront que c’est du vol. De l’extorsion. Avant de cliquer sur le bouton d’achat, souvenez-vous que vous avez été prévenu. 

 

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[EDIT 15/10/2020] : Juste un mot. Je sais que nous vivons une période difficile, voire déprimante pour certains. L'évocation de drames familiaux pourra vous donner envie de vous tourner plutôt vers une comédie, ou une comédie romantique. Quelque chose de léger. Mais s'il y a une chose qui, je pense, caractérise cette lettre, c'est la résilience.


Nous avons besoin de résilience et nous en aurons encore plus besoin dans les mois à venir.

Moi, mon travail thérapeutique est fait grâce à cette lettre. Je suis content, car je peux passer à autre chose. Mais je suis convaincu que cette lettre peut aider certains d'entre vous. Elle ne pourra jouer son rôle, cela dit, que si elle est lue et commentée.

samedi 22 août 2020

Ma Tesla et moi

Juste avant le confinement, le vendredi 13 mars, je suis allé prendre livraison de ma Tesla model 3 à Chambourcy. Le taxi qui m'y a conduit m'a dit: "chez Tesla, une fois votre voiture achetée, ils ne veulent plus vous voir!" Les frais d'entretien sont en effet réputés être limités pour ce véhicule entièrement électrique. J'avais commandé la voiture en novembre 2019 pour bénéficier du bonus écologique à 6000 €, l'attente a donc été bien longue. J'ai encore attendu de la tester, en août, au cours de mes vacances en Aveyron avant de vous la présenter dans cet article de blog. 

 

 Le chargeur au fond à gauche est un chargeur Tesla. Il m'en a coûté un peu plus de 800 € pour l'achat et l'installation, et il me permet de charger à environ 50 km sur une heure au lieu de 20 km par heure avec une prise classique.

Tout d'abord un petit mot pour dire que je suis totalement novice sur les véhicules électriques. Vous allez donc voir l'étendue de mon ignorance, et mes découvertes, tout au long de l'article. Je ne prétends pas non plus être précurseur sur le véhicule électrique. Dès 2014, Dany Boon avait fait l'acquisition d'une Tesla Model S:

La vidéo peut agacer. Ce n'est pas vraiment mon cas, puisqu'il s'agissait d'une émission réunissant des comiques, j'estime que c'est un peu la règle du jeu de se moquer. Mais ce type de réaction est tout de même représentatif de l'accueil des véhicules électriques chez une partie du public en France

Pourquoi ai-je attendu aussi longtemps pour acheter un véhicule électrique, alors que des auteurs que je connais possèdent déjà des Nissan Leaf, ou des Zoé électriques depuis un bon moment? 

 Question de budget par rapport au modèle souhaité.

 Je ne prétends pas non plus avoir fait un achat écologique. Le Model 3 S+ dont j'ai fait l'acquisition vient de Californie, et a donc été convoyé jusqu'en Belgique par bateau de type Supercontainer (très polluant), puis par camion non électrique jusqu'en France. 

 Pour ne pas polluer, ou en tout cas, beaucoup moins polluer, il aurait fallu que j'attende la fin de la construction de l'usine Tesla à Berlin prévue en juillet 2021, et l'importer d'Allemagne. La voiture devrait aussi revenir moins cher à cette date.

Bien sûr, il y a aussi la pollution induite par la construction du véhicule, les batteries, etc. Pour ne pas polluer du tout, autant s'en tenir à son bon vieux vélo (le mien doit avoir plus de 25 ans et me rend encore de fiers services). 

Mais il y avait une dimension stratégique à cet achat: soutenir LE constructeur qui a opéré les meilleurs choix sur l'électrique, le seul ayant tout misé sur l'électrique et parvenant à produire et à vendre des centaines de milliers de modèles dans le monde. En tout cas en 2019, au moment où j'ai passé commande. Le seul à même d'impulser réellement une transition par rapport aux flottes de véhicules thermiques, ne serait-ce que par le jeu de la concurrence. 

Comment, allez-vous me demander, un auteur autoédité peut-il se payer une Tesla? 

Eh bien, depuis 2007 j'ai la chance d'être propriétaire, et d'avoir pu économiser. Et surtout, à force de faire l'éloge de cette voiture, j'ai fini par convaincre ma femme, qui est cadre dans une association. Elle a mis 23 600 €, j'ai mis 20 000 €, plus l'achat et l'installation de la borne électrique. Je lui ai dit qu'il fallait considérer l'investissement au même titre qu'un investissement immobilier. Que symboliquement, ce serait notre première voiture achetée neuve, la seule de notre foyer, et qu'il fallait que ce soit une voiture électrique. 

Quid des hybrides ? 

Auparavant, nous avions une Ford Focus 1.6 de 2010, achetée d'occasion. Elle consommait peu. Ma réflexion a été la suivante, après avoir regardé la consommation des hybrides: "j'ai une Ford Focus diesel qui consomme très peu, environ 5 litres aux 100. Les hybrides vont me permettre d'économiser 1 ou 2 litres au 100, ce qui est bien, mais ça ne va pas radicalement changer les choses, dans le fond. Or, si j'achète une voiture neuve électrique, je suis prêt à mettre beaucoup plus que pour une voiture classique, à la considérer quasiment comme un investissement immobilier, à condition que ce soit un changement vraiment radical. Et que la voiture soit fiable, et me fasse économiser en frais d'entretien."

Je savais qu'importer la voiture depuis la Californie ne serait pas un choix écologique. Mais je savais aussi que je voulais sortir du pétrole, de manière radicale. Pour moi, prendre une hybride équivalait à "faire semblant" de vouloir quitter le pétrole. Et pourtant, mon propre frère a une Prius. 

 En plus, avec 130 000 km au compteur, la Ford m'avait occasionné plus de 1200 euros de frais d'entretien l'année précédente, et je sentais qu'il allait bientôt y avoir d'autres frais. Intuition qui n'a pas été démentie quand le garagiste auquel je l'ai revendue une bouchée de pain, en plein confinement, m'a signalé qu'il fallait changer la courroie de transmission. 

Alors, bien sûr, j'avais émis des réserves sur la Model 3 dans un précédent article, réserves liées à la visualisation du compteur de vitesse. Mais il me fallait une berline plus grande qu'une Zoé pour ma femme et mes deux enfants lorsque nous partons chargés pour les vacances. Elle devait avoir plus d'autonomie et se recharger plus rapidement qu'une Nissan Leaf ou qu'une Zoé. Son réseau de superchargeurs devait être plus étoffé que ses concurrents, pour assurer des trajets en toute quiétude. Seule Tesla, l'entreprise construisant uniquement des modèles électriques, offrait tout cela. 

Et je savais que le problème du compteur de vitesse décalé sur la droite n'en deviendrait plus un dès lors que je me serais habitué à cette "tablette montée sur roues" qu'est la Tesla. Ce qui est d'ailleurs arrivé très vite. 

Par rapport à une Zoé qui est à plus de 30 000 € si on la prend avec les batteries, la différence n'était que d'environ 11 000 €, en nous offrant plus d'autonomie, beaucoup plus d'espace à l'intérieur de la voiture, une formidable capacité d'accélération et des recharges plus rapides. L'autonomie est de 350 km en autonomie réelle. Nettement moins sur autoroute. Grâce au maillage, sur le territoire, des Superchargeurs, c'est suffisant pour de longs voyages. Ces trajets prennent un peu plus de temps, puisque les recharges peuvent prendre entre 40 et 50 minutes maximum. Mais c'est tout à fait gérable sur une journée.

La tablette, en plus, bénéficie de mises à jour à distance qui améliorent progressivement le véhicule. Ces mises à jour peuvent cependant être à double tranchant, j'y reviendrai.

Pourquoi, me direz-vous, ne pas opter plutôt pour une voiture à hydrogène?

Les voitures à hydrogène existent depuis 1990. Des modèles ont été mis au point. Leur technologie s'est améliorée avec le temps. Cependant, si elles avaient dû décoller pour s'imposer, elles l'auraient déjà fait. Ce n'est clairement pas le cas dans les chiffres. A tel point même que l'on peut se demander si l'hydrogène liquide n'a pas été un argument utilisé par le lobby pétrolier pour empêcher l'avènement de la voiture électrique en conduisant les gens dans une impasse technologique. 

On peut aussi se demander si ce n'est pas un bon prétexte pour les gens qui ne veulent pas changer de motorisation d'attendre... et d'attendre... et d'attendre encore. Qu'il y ait suffisamment de stations à hydrogène sur les routes, que la technologie soit au point, les prétextes sont nombreux.

On a une dangerosité de l'hydrogène liquide bien supérieure à celle des batteries de voitures électriques.

Mais ce qui me retiendra toujours, c'est la pensée d'un nouveau type de carburant, l'hydrogène liquide, que je dois acheter pour produire de l'électricité.
Avec l'électricité et les batteries, on est beaucoup moins dépendants. Depuis que j'ai une Tesla je me sens beaucoup plus "empowered", comme disent les Américains, beaucoup plus autonome. Si les dépôts de carburant sont bloqués, je peux rouler. Ce serait impossible avec de l'hydrogène.


J'ai presque l'impression d'avoir une annexe à la maison. C'est la première voiture que je possède où j'ai envie d'aller même quand elle est stationnée, sans la conduire. Pour y jouer à des jeux vidéo, par exemple.

L'hydrogène pourrait en revanche marcher pour les camions. Ou même comme source d'énergie verte. J'ai lu un article selon lequel un village au Mali est alimenté par de l'hydrogène sortant d'un puits et faisant tourner une turbine. L'hydrogène n'a pas à être purifié, il s'agit d'émanations naturelles d'hydrogène pur assez facilement exploitables.

Cette énergie là, oui, a de l'avenir comme énergie verte. Mais dans les voitures, je ne pense pas que ça se démocratisera vraiment un jour.
Le modèle de l'hydrogène copie trop le modèle du carburant fossile, ce qui limite l'innovation.

La recherche va permettre d'améliorer peu à peu les véhicules électriques. C'est là une immense différence avec les véhicules thermiques, dont on avait l'impression que les technologies fondamentales stagnaient. On se contentait d'améliorations cosmétiques. Tesla est possédé en bonne partie (20%) par Elon Musk, qui possède aussi Space X, et qui fait bénéficier Tesla des innovations Space X. Sans compter le rachat par Tesla de certaines compagnies spécialisées dans les batteries, et les alliances que passe la compagnie. Le "Battery Day" le 22 septembre, attendu impatiemment, va être l'occasion d'annoncer de nouvelles avancées sur les batteries.

D'autres centres de recherche existent que ceux de Tesla. Avec le travail sur l'anode et la cathode, les véhicules électriques sont en train de se débarrasser de l'électrolyte liquide, polluant, et surtout, qui nécessite du cobalt exploité dans des conditions plus que discutables (que je dénonce dans mon dernier roman, Les Nouveaux Gardiens). C'est un électrolyte solide qui va le remplacer. "Ce matériau serait un type de céramique à base de sodium, zirconium et de phosphore, potentiellement non toxique et disponible en grande quantité, notamment en Europe, dans l’écorce terrestre, limitant par la même occasion les importations de matières premières."

C'est à dire que pour le futur, on oublie le lithium-ion, qui entraîne effectivement des problèmes écologiques, pour un matériau beaucoup plus répandu, facilement recyclable, moins polluant. Cela ouvre des perspectives. 

Il y a eu de très nombreux articles dans les grands médias contre le véhicule électrique. Cette propagande anti-électrique est peu à peu retombée. Mais l'une des choses fondamentales à retenir pour les véhicules électriques, selon moi, c'est qu'ils mettent le doigt sur la manière dont nos centrales produisent de l'électricité.

Parce que les VE, eux, n'émettent rien. Les efforts sont donc à la fois à concentrer dans l'extraction des minerais type lithium, dans la fabrication et production des véhicules, et dans la fabrication de l'électricité elle-même. Les voitures électriques forcent notre société à devenir une société plus verte.

Il faut savoir aussi que Tesla a racheté Solar City, sociétée spécialisée dans les panneaux photovoltaïques, et que l'on peut d'ores et déjà réserver son toit solaire en Europe. Si l'on en croit le cours de l'action Tesla, la société d'Elon Musk semble promise à un bel avenir. Aux Etats-Unis, 40% des possesseurs de Tesla sont équipés en panneaux ou tuiles solaires. 

J'avais déjà écrit un article sur les maisons sans facture énergétique, et sur l'importance de développer le solaire.

Les craintes sur la saturation du réseau, si tout le monde a un véhicule électrique? Très exagérées à mon sens: chez moi, je recharge surtout de nuit, pendant 4 à 5 heures. Peu de risques que le réseau sature dans ces conditions. 

Le prix? Une recharge me coûte entre 5 et 7 €. En énergie, cela représente un tiers (333 km) d'un plein avec ma Ford Focus. L'équivalent d'un plein sur une thermique me revient donc en électrique à une vingtaine d'euros. Avec les Superchargeurs, c'est plutôt dans les 30 €. Nettement moins cher, donc que le diesel.

Mais revenons sur mon expérience avec le Model 3. TM3 pour les intimes (Tesla Model 3). 

Comme elle a été livrée pendant le confinement, il y a d'abord eu pas mal de frustration. Mes séances de dédicace ont été annulées les unes après les autres, et je n'avais pas l'occasion de la conduire. 

Frustration redoublée quand la voiture a dû être remorquée au Service Center de Chambourcy et y subir une semaine de réparation suite à une mise à jour. J'ai eu un peu l'impression que c'était un colosse aux pieds d'argile: apparemment, c'est parce que j'ai joué à Fallout Shelter dans la voiture que ça a fait planter le système, allant jusqu'à endommager la batterie 12 volts, dont une pièce a dû être remplacée (une semaine d'immobilisation, alors qu'elle était toute neuve). Ça ne m'a rien coûté, tout était couvert par la garantie, y compris la voiture de location de remplacement, et le taxi pour aller la chercher.

En revanche, je n'ai eu le diagnostic sur la panne de mon véhicule qu'en allant le récupérer, et je n'ai pas du tout été informé du délai d'immobilisation du véhicule. La réputation de Tesla en tant que société technologique froide qui demande un bon degré de débrouillardise, et de patience à ses clients n'est pas usurpée.

Donc, les mises à jour sont loin d'être anodines sur cette voiture. Mais elles apportent aussi de nouvelles fonctionnalités. J'ai plusieurs caméras intégrées à la voiture qui me permettent de la surveiller ou de filmer la route quand je le souhaite. Le pilotage automatique va aller s'améliorant. Je ne recommande cependant pas l'achat de l'option Full Self Driving tant que la législation en Europe ne permettra pas la conduite autonome. Cette conduite pleinement autonome nous est promise dès novembre 2020 par Elon Musk, avec en perspective un service de Robot-taxis... pour les pays où la règlementation l'autorisera (pour l'instant, ça se réduit à peu près à la Californie). 

 Qu'en est-il des sensations de conduite? 

C'est beaucoup plus simple et reposant à conduire qu'une voiture classique grâce aux vitesses automatiques. Centre de gravité très bas, volant très stable. J'aime beaucoup ce volant, personnellement. Le freinage régénératif est tellement puissant que je n'ai presque plus besoin de freiner: je conduis avec une seule pédale. C'est à dire que dès que je décélère, c'est comme si je freinais (les feux rouge arrière s'allument). J'estime que je n'aurais jamais à faire remplacer le liquide freinage pendant toute la durée de vie de la voiture. Au niveau entretien, le principal poste de dépense sera sans doute les pneus, à remplacer environ tous les 30 000 km (peut différer selon le style de conduite).

Si vous souhaitez vous faire une idée des frais d'entretien, sachez que l'entretien des 80 000 km est optionnel chez Tesla, et ne fait pas sauter la garantie batterie s'il n'est pas fait. Un taxi TM3 l'a fait faire, et on lui a automatiquement renouvelé le liquide freinage. Son entretien lui a coûté environ 520 €. A sa place, notez bien que j'aurais fait pareil. J'aurais considéré que j'investis dans mon gagne-pain. Mais tout le monde n'est pas taxi, et n'a donc pas les mêmes besoins.

 

 Très sympathique vidéo

Dans les montées, pas besoin de frein à main quand la voiture est arrêtée. Le redémarrage se fait sans reculer. Le vrai confort. A ce sujet, d'ailleurs, toute la famille a eu l'impression de passer un cran au-dessus niveau confort. Toit vitré superbe, plus d'espace intérieur, sièges chauffants, inclinaison électrique. Système sonore incroyable, le son est de grande qualité. Le point de vue sur la route fait qu'on a moins besoin d'utiliser le pare-soleil que sur la Focus. Le toit vitré est suffisamment teinté pour ne jamais éblouir. Le système de ventilation est génial. La clim marche très bien, et le fait de pouvoir l'activer à distance, via son smartphone, est un "game-changer". 

Un point noir tout de même, la qualité assez cheap, bon marché du comodo de clignotant. Surtout, celui-ci n'est pas du tout assez réactif à mon goût. La différence de qualité avec le comodo de la Mercedes Classe A de remplacement (au moment de la panne de ma TM3) était criante. 

La possibilité d'utiliser le capot avant et le coffre arrière pour mettre les bagages nous a permis de loger sans problème le bac du chat et la cage du lapin de ma fille en plus de nos bagages, sans que nos enfants ne soient serrés à l'arrière, comme c'était le cas avec la Focus. 

 Au sujet du toit vitré, un bémol: nous avons traversé un orage de grêle pendant le trajet vers l'Aveyron, et le fracas dans la voiture était incroyable. Pire qu'avec une thermique. Rassurez-vous, le toit s'en est tiré sans une éraflure. Mais la température est passée de 33 degrés à 15 en quelques minutes. Comme nous avions eu la voiture en mars, nous n'avions jamais été confrontée à un embuage intense du pare-brise. Nous ignorions où était la commande pour désembuer, et avons dû nettoyer l'intérieur du pare-brise à la main pour continuer à voir la route! Inexpérience...

L'accélération est fantastique. Peut-être cette caractéristique a-t-elle un rapport avec le caractère assez agressif d'Elon Musk. En vacances en Aveyron, il m'est arrivé de doubler, sur une nationale, jusqu'à trois véhicules à la suite avant de me rabattre. J'avais juste l'impression d'être en avion, et pourtant mon modèle est le moins puissant des TM3. Mieux encore, à cette occasion, je ne me suis fait engueuler ni par ma femme ni par mes enfants, en raison de la stabilité et de l'impression de sécurité que procure cette voiture. Même dans les grandes montées sur autoroute, le gain en puissance par rapport à la Ford Focus est très appréciable.

 

 Un dépassement pépère et en toute sécurité, en respectant bien sûr les limites...

Je n'ai pas pris l'option Full Self Driving, mais l'autopilote présent de manière standard dans toutes les TM3 fait office à la fois de limiteur de vitesse et de système de guidage. J'ai pu constater à ce sujet des freinages ou décélérations intempestives, notamment dans des virages. Il paraît que ça s'améliore avec le temps. Le limiteur de vitesse est très utile à l'approche de radars, la pédale d'accélération se montrant assez réactive quand on n'est pas habitué.

Et pour les Superchargeurs? Je ne suis parvenu à recharger qu'à 117 kW maximum, une déception par rapport aux superchargeurs annoncés à 150 kW. Bon, cela reste rapide.

Le Superchargeur d'Albaret Ste Marie

Mais surtout, là encore, j'ai été victime de mon manque d'expérience. Ayant réglé la voiture par virement bancaire, et ayant aussi acheté la borne Tesla sur le site du même nom, je croyais que le site avait mes coordonnées bancaires. Ce n'était pas le cas. Résultat, j'ai été interdit de Supercharge après avoir rechargé deux fois. Il faut en effet savoir qu'il n'y a pas d'appareil de carte bancaire sur les Superchargeurs. La Tesla négocie directement avec les superchargeurs, et vous indique la facture qui est prélevée sur votre compte. Ça, je le savais. J'ignorais juste que le site Tesla n'avait pas enregistré ma carte bancaire.

J'ai dû appeler en catastrophe Tesla, qui m'a donné la marche à suivre. Après avoir rajouté via mon smartphone ma carte bancaire sur le site, j'ai pu régler la note (une trentaine d'euros) de mes supercharges précédentes, et débloquer l'accès aux superchargeurs. Il ne me restait que 2% de batterie sur mon smartphone quand j'ai terminé l'opération. En effet, comme je n'avais jamais fait de long trajet, j'ai oublié de relier mon smartphone à l'une des deux prises USB permettant de le recharger, d'ailleurs idéalement placées sous le tableau de bord. Impréparation, quand tu nous tiens! Bonjour le stress... 

Nous avions loué un gîte au sud de Rodez. Nous faisions au maximum 200 km aller-retour dans la journée, pour nos visites. Nous avons utilisé une prise classique pour la recharge, et en rechargeant la nuit, nous n'avons eu aucun problème, et n'avons stressé qu'une seule fois par rapport à ce qu'il nous restait comme énergie. Je vais y venir.

 

Nous n'avions pas accès au garage pour recharger, heureusement que nous avions pensé à la rallonge!


 Elle a pas fière allure, notre Star Rider?

En voiture électrique, la route semble encore plus belle, la nature plus vibrante. Le fait de savoir que l'on ne pollue pas, à l'exception peut-être des particules de pneus, ne fait bien sûr qu'ajouter à la sensation de bien-être. Je sais, c'est psychologique. Mais ça compte, quand même. 

 

 Le village de Conques

 

 De superbes sites à explorer, aussi bien pour les amateurs de vieilles pierres que de randonnées

Au retour, nous avons eu notre deuxième épisode de stress (le premier, souvenez-vous, était lié à la carte bancaire). Nous sommes passés par Villecomtal, lieu où ma femme a une partie de ses racines (son grand-père y a vécu). La région est magnifique. Mais du coup, le trajet retour a été complètement modifié. A un moment, je m'aperçois qu'il nous reste 272 km avant le prochain superchargeur, celui de Vienne! Alors que j'avais rechargé à 335 km au début (départ du sud de Rodez). Problème, j'avais un peu trop accéléré dans la première partie du trajet, celle où la batterie était encore froide. 

La tablette permet de vérifier notre consommation électrique en temps réel. Celle-ci était trop élevée. J'ai donc dû réduire l'allure à 60 km/h pendant environ une demi-heure, alors même que nous empruntions des routes de montagne. Mais peu à peu, grâce aux descentes, notre consommation s'est améliorée. Et améliorée. Et encore. Malgré les montées. En fait, le moteur s'est mis sur un rythme tellement économe, que j'ai pu de nouveau rouler à 110, voire à 130 sur les portions d'autoroute proches du Superchargeur de Vienne, et y arriver avec 50 km de marge!

Fier de ma voiture, en fait. Faut juste faire l'effort de la comprendre pour optimiser ses trajets. Il existe d'ailleurs un site et une application utiles pour cela : A better route planner.  

Est-ce que j'ai eu l'impression qu'il manquait des infrastructures de recharge, au final? Oui, du côté de Dijon, où nous avons fait étape à l'aller. Le parking Ste Anne à Dijon comporte une possibilité de recharge, mais si deux voitures s'y mettent en même temps, cela fait sauter le système. L'impossibilité de recharger à Dijon à l'aller nous a fait recharger une fois de plus en superchargeur, ce qui a semblé un peu long pour les enfants. Mais au retour, ils ne se sont pas plaints, malgré l'épisode stressant après Villecomtal. 

En définitive, je dirais que si vous ne faites que de la ville, aucun long trajet, vous pouvez sans problème opter pour une Zoé ou une autre électrique comme la Peugeot e208. Mais si c'est pour partir en vacances, pour de longs trajets, une Tesla est irremplaçable.

Je n'ai jamais été un aficionado des tablettes de type iPad, que je trouve trop encombrantes. Là, celle de la Tesla est de très bonne qualité, et je trouve que c'est la première utilisation vraiment pertinente de ce type de tablette. Sa lisibilité est sans défaut, même par grand soleil.

 Vivement l'arrivée de l'usine de Berlin, et, peut-être, la conception de nouveaux modèles encore moins coûteux pour que les prix baissent. 

 

[EDIT 21/09/2020]: Mon code de parrainage Tesla: https://ts.la/emmanuel98270 Cliquez sur le lien si vous souhaitez bénéficier de 1500 km gratuits en commandant votre Tesla.