mardi 23 novembre 2021

Un outil contre le harcèlement

Comment lutter contre le harcèlement? Il faudrait littéralement aller au cœur des choses. L'une des réactions physiques en cas de harcèlement ou de violence est la hausse du rythme cardiaque. Il s'agirait donc de monitorer la vitesse des battements de cœur à l'aide de montres connectées afin, soit de déclencher une alerte en temps réel, soit, à minima, de pouvoir monter un dossier contre un harceleur. C'est évidemment plus facile à réaliser dans des conditions de travail de bureau plutôt que dans une cour d'école, où les causes de changements de fréquence cardiaque peuvent être multiples. 


Si, comme la grande majorité des Français, vous effectuez un travail de bureau, et que vous n'êtes donc pas en train de construire le sommet d'un gratte-ciel, il y a de fortes chances que votre rythme cardiaque soit stable en général. Le fait qu'il accélère d'un coup dans un travail de bureau peut être le signe que vous avez peur, et que vous êtes donc victime d'une agression verbale ou d'un harcèlement. 

On peut bien sûr imaginer que vous ayez un cœur d’artichaut et que vous tombiez amoureu(x)se souvent, même si le lieu de travail habituel n'est pas toujours l'endroit le plus indiqué.

Il existe aussi des affections médicales susceptibles de modifier votre rythme cardiaque. 

On se doit enfin d'imaginer le cas d'un employé qui chercherait à discréditer son employeur en faisant valider par huissier, lequel suivrait en temps réel sur un site internet la hausse de la fréquence cardiaque de l'employé au moment même de son rendez-vous proposé par email (avec horaire précis tenant lieu de preuve) par l'employeur. Cet employé tordu aurait au préalable ingéré un médicament susceptible de perturber son rythme cardiaque. 

Si l'enjeu est de "faire tomber" l'employeur, la motivation pourrait être suffisante pour avoir recours à ce genre de stratagème en dépit du danger pour la santé.

L'idée de la montre connectée a donc ses failles, et ne pourrait, à mon sens, que constituer l'un des éléments à charge dans un dossier contre un employeur. 

Comment fiabiliser la chose? Peut-être en étudiant de manière plus fine les situations de stress au bureau, pour arriver à déterminer, par exemple, quelle fréquence cardiaque serait du domaine de la peur, quelle autre relèverait de la simple angoisse acceptable, quelle fréquence correspondrait au fait d'être amoureux, ou d'éprouver du désir, etc. Les différents seuils.

Si on fait en sorte que tous les employés soient équipés d'une montre connectée, et que l'on fait des recoupements par rapport à des entretiens avec la direction ou un cadre, on pourrait établir s'il s'agit juste d'un employé qui a des rapports compliqués avec sa hiérarchie, quelle qu'elle soit. Ou bien s'il y a effectivement harcèlement systématique dans une entreprise, ou management par la peur.

D'autres indices existent bien évidemment, comme la multiplication d'arrêts de travail dans une entreprise, la réputation que peut avoir untel ou unetelle.

Si l'on analyse en tout cas ce que nous sommes, nous autres singes évolués, il y a de fortes chances que l'on aboutisse à la conclusion que nous sommes des mammifères passablement agressifs. 

Il serait donc logique, pour une société bienveillante, que nous déterminions dans quelles circonstances peuvent s'exercer les rapports de force les plus délétères, et que nous prenions les mesures adéquates pour faire de la prévention, ou même de la dissuasion. 

Bien entendu, le syndrome du Supertanker va rendre plus difficile l'application de mesures dirigées contre des personnes en position de pouvoir. Il est donc possible que le genre de mesures que je préconise ne soit pas près de voir le jour

Comme d'habitude, les choses se règleront donc à la fois par le rapport de force, par la jurisprudence, et peut-être aussi par le glissement progressif vers une société plus évoluée. 

Mais plutôt que de rester passives, je pense important que les personnes victimes de harcèlement prennent des mesures susceptibles de faire avancer les choses. Souvent, le problème est d'obtenir des preuves. Donc, obtenir une preuve concrète d'une hausse de fréquence cardiaque au moment précis d'une ou de plusieurs réunions ou entretiens avec la hiérarchie peut à mon avis (je ne suis pas juriste ni ne prétend l'être) être retenu par la justice, si cela s'ajoute à d'autres éléments suffisamment probants. 

Autres articles sur le même sujet : 

- Le syndrome du Supertanker

- Carriérisme

- Le Tort tue


dimanche 14 novembre 2021

Immigration : la crise vient de l'Est

La crise migratoire qui existe en ce moment entre la Pologne et la Biélorussie concerne entre 2000 et 4000 migrants, ce qui n'en fait bien évidemment pas une crise majeure pour un territoire aussi vaste que l'Europe. Mais les crispations migratoires sont maintenant bien ancrées dans la vieille Europe, qui a tendance à se recroqueviller naturellement sur elle-même à chaque nouvel afflux. Les médias ne manquent bien sûr pas une occasion de mettre leurs grains de sel sur la plaie. Surtout, un certain Vladimir Poutine et ses alliés comme Loukachenko, le président biélorusse, ont compris qu'à chaque crispation migratoire en Europe, l'extrême droite, alliée de la Russie dans chaque pays membre, en profite pour se renforcer. De là à dire que si votez Le Pen vous votez pour une immigration plus massive encore, il n'y a qu'un pas. 

La Russie est-elle attirée par les extrêmes, quels qu'ils soient? Dans la mesure où les extrêmes, quels qu'ils soient sont un danger pour la démocratie, et que la Russie est une dictature, ça n'aurait rien d'étonnant. 

On se souvient tous des liens du Parti communiste français avec l'URSS. Avec l'effondrement de l'URSS, l'extrême gauche en France a cessé de représenter une force susceptible de s'emparer du pouvoir. 

En parallèle, nous avons depuis les années 80 la montée du Front national, désormais Rassemblement national. Nous avons le cas Zemmour qui semble se profiler pour les élections de mai 2022 en France. Nous avons une haine du migrant qui se cache de moins en moins dans sa volonté d'expulser tout ce qui n'est pas blanc, d'ériger des murs, d'en finir avec le droit d'asile et donc, de s'en prendre aux droits de l'homme. Nous savons aussi que les partis extrêmes, de droite ou de gauche, ont beaucoup moins de respect que les autres pour la démocratie. 

Qui se ressemble s'assemble, tout cela explique donc les liens tissés par une certaine Marine le Pen avec le pouvoir central russe.  

Les Français qui votent le Pen se demandent-ils un seul instant d'où viennent les migrants qui se pressent aux frontières de la Pologne? Ou bien ne réagissent-ils que de manière épidermique ou mécanique, comme un corps biologique qui refuserait toute cellule en provenance de l'extérieur? Dans ce dernier cas, on peut parier que ces Français voteront pour ceux qui prétendront soigner les symptômes, et n'iront pas jusqu'à s'intéresser à la racine du problème. 

Or, que constate-t-on quand on regarde l'origine de ces migrants à l'est de la Pologne? 

Qu'ils viennent en fait du Proche Orient. Quel a été le rôle du principal allié de la Biélorussie, la Russie au Proche Orient? 

Créer ou favoriser le chaos. Maintenir au pouvoir un dictateur, Bashar el Assad, renié par son peuple, ce qui a provoqué l'exode de ce peuple et l'afflux migratoire de milliers de Syriens. 

Les prochaines crises majeures vont concerner l'énergie et le climat. Il va y avoir de plus en plus d'immigration "climatique". Pensez-vous que la Russie voit se profiler d'un bon œil la montée en puissance des énergies renouvelables en Europe, sachant que demain, celles-ci pourront remplacer le gaz naturel? Alors que la Russie est un grand exportateur de gaz naturel vers l'Europe?

Bien sûr que non. 

De la même manière, plus l'Europe montre la voie en matière de démocratie et de droits de l'homme, plus son modèle devient attrayant pour des peuples comme le peuple biélorusse ou le peuple ukrainien. Croyez-vous que la Russie de Poutine accueille cette perspective à bras ouverts? 

Non. Le dictateur russe fera tout pour éviter cela. Sa meilleure stratégie pour y parvenir est de faire basculer l'Europe dans la dictature. Ses intérêts à réussir dans cette stratégie sont, on le voit, multiples.

Si une le Pen était élue, il y a fort à parier que l'immigration, y compris en provenance de l'Est ne ralentirait pas, mais serait maintenue, artificiellement s'il le faut, afin de créer une tension permettant de jouer sur la peur pour que l'extrême droite se maintienne au pouvoir. 

En d'autres termes, si vous laissez la peur de l'immigrant dominer votre vote, attendez-vous à être gouvernés par la peur les années suivantes. 

De nombreux Français le savent très bien. C'est déjà ce qu'ils ont eu avec Macron, qui est d'ailleurs loin d'être un modèle pour tout ce qui relève des droits de l'homme.