jeudi 29 octobre 2020

Pourquoi le nouveau confinement est voué à l'échec

Il m'est impossible de jouer le jeu de l'unité nationale quand je vois les mesures prises par Emmanuel Macron pour le reconfinement du 30 octobre. Le chef de l'Etat demande aux Français de se cacher derrière leur petit doigt. Je prédis que dès le mois de décembre, le gouvernement sera forcé de durcir le confinement, et que celui-ci va perdurer au moins jusqu'en février 2021. En voici les raisons. 

Sauver Noël. Empêcher la propagation du virus. Eviter aux hôpitaux de se retrouver débordés. Tels sont soi-disant les objectifs de ce nouveau confinement. Malheureusement, le gouvernement n'a pas pris des mesures suffisamment vigoureuses, loin de là:

- les écoles, collèges et lycées, restent ouverts

- le télétravail n'est que fortement encouragé, mais les entreprises continuent à tourner

- de nombreuses dérogations existent, comme le fait d'aller voir ses proches en Ehpad

- les frontières restent ouvertes, alors que le virus circule très activement en Europe

Bref, ce gouvernement a surtout pour vocation de maintenir à flot tant bien que mal l'économie du pays.

Souvenons-nous du premier confinement en mars dernier. Les mesures avaient été nettement plus sévères, avec notamment la fermeture des écoles, collèges et lycées, et la fermeture des frontières. Malgré cela, le confinement avait duré beaucoup trop longtemps, et le virus circulait encore un peu trop, même au moment du déconfinement. 

Avec le recul, il paraît évident que le confinement aurait dû être beaucoup plus dur en mars dernier. Il aurait fallu pratiquer un confinement à la chinoise, afin de limiter la durée d'autres restrictions, nettement plus draconiennes. 

Qu'est-ce que l'on voit aujourd'hui en France? Le virus circule encore beaucoup plus qu'en mars dernier, les gestes barrières et les masques ne suffisent pas, toutes les régions sont touchées, et on sait déjà que quoi que l'on fasse, les lits de réanimation seront tous occupés aux alentours du 15 novembre. 

La seule mesure intelligente et courageuse à prendre, c'est donc un confinement à la chinoise, ce qui suppose: 

- fermeture des frontières

- fermeture des écoles, collèges et lycées

- fermeture de toutes les usines ou entreprises non essentielles qui ne pratiquent pas le télétravail

- arrêt total de tous les transports en commun

Bref, il nous faut une France à l'arrêt quasiment total. C'est le seul moyen de faire comprendre à nos concitoyens la gravité de ce que nous vivons. C'est l'unique moyen de resserrer dans le temps ce confinement, et de sauver effectivement Noël. 

Tout se passe comme si le gouvernement connaissait déjà l'inefficacité de ses propres mesures. Tout se passe comme si le gouvernement voulait confiner les gens pendant tout le mois de novembre, décembre, janvier et peut-être février et au-delà, tout en laissant tourner l'économie au ralenti. 

En dehors du fait de laisser tourner l'économie, le but, pour le gouvernement, serait de générer des contraintes suffisamment étendues dans le temps pour garantir la motivation des Français à se faire vacciner, une fois le bon vaccin sélectionné. 

Qu'est-ce qui vaut mieux? Une économie qui va tourner au ralenti, en battant de l'aile, dans les 4 à 6 prochains mois, avec un virus qui continue à circuler et à faire des morts, ou une économie à l'arrêt total pendant 6 semaines, qui peut ensuite redémarrer à peu près normalement, avec de bien meilleures possibilités pour casser les chaînes de contamination? 

Demandez aux Chinois. Eux ont fait le bon choix. Notre gouvernement, une nouvelle fois, agit de manière totalement irresponsable. On se retrouve en décembre et on en discute.

[EDIT 11 novembre 2020] : le tableau le plus pertinent pour se faire une idée du nombre de personnes en réanimation et comparer avec le premier confinement qui a commencé le 16 mars 2020 ci-dessous. Retenez-bien une chose: la baisse du nombre de personnes en contamination ne s'est amorcée que cinq semaines après le début du premier confinement. Mais le chiffre que nous atteignons à présent est déjà bien plus élevé que deux semaines après le premier confinement. Et le second confinement est beaucoup moins strict que le premier.



mercredi 14 octobre 2020

Lettre à moi-même

Mon alter ego Emmanuel Guillot publie aujourd'hui, en version ebook uniquement, un texte autobiographique, Lettre à moi-même. Présentation: Tout le monde devrait, adulte, s’écrire une lettre à soi-même dans le passé. Afin de donner des conseils, délivrer des suggestions à l’adolescent que l’on était. Pour faire le point sur sa vie, et qui sait, entrevoir de nouvelles vérités. L’auteur-éditeur Emmanuel Guillot revient ici sur ses 16 ans et son premier amour, mais aussi sur les drames devenus en quelque sorte des secrets de famille. Il dévoile aussi l’histoire de son nom de plume, Alan Spade. Retrouvez dans cet article de blog la première page de cette lettre.

 

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Juste un petit avertissement préalable : si vous vous lancez dans la lecture de cette lettre, vous risquez de ne pas oublier cette histoire avant un moment. 


A Bernadette et Tristan,

Pardonnez-moi d’avoir écrit cette lettre

Et surtout, de l’avoir rendue publique


Les enfants commencent par aimer leurs parents en avançant en âge, ils les jugent il leur arrive de leur pardonner — Oscar Wilde


Cher moi-même,

A toi qui t’es un jour exclamé devant tes parents, tes deux frères et ta sœur : « Je suis le martyre de cette famille ! », ce qui t’a valu pendant des années, et en particulier de la part de l’aîné, Tristan, ce sobriquet de « Martyre de la Famille », je tenais à t’écrire cette lettre. Le « je », c’est toi devenu adulte, qui va sur tes 49 ans. Le destinataire, c’est moi plus jeune, adolescent de 16 ans, entré depuis quelques mois au lycée Félix Esclangon de Manosque, dans les Alpes de Haute Provence.

Pourquoi avoir choisi cet âge ? Pourquoi ne pas t’écrire plus tôt, pour te prévenir, te permettre d’éviter ce premier drame ? Ce cataclysme qui s’est abattu sur la famille il y a moins d’un an, en cette fin de mois de juillet 1986 ?

Parce que ton moi futur est devenu romancier. Il a pris le parti de rédiger cette biographie sous forme de lettre unique, sans réponse de ta part, comme un message envoyé dans le passé, alors même qu’il était en train de préparer son prochain roman de Science-fiction, qui porte sur la mémoire. En tant qu’auteur de fiction, il faut à ton moi futur un drame, un point d’accroche sur lequel rebondir. C’est la règle du jeu.

Tu n’as pas encore vu Blow Out, de Brian de Palma. « Un si merveilleux cri » était en quelque sorte la conclusion du film. La fiction tire son poids, sa pertinence, de la réalité. Cette lettre est une biographie. Nulle fiction là-dedans. Il n’en reste pas moins qu’il me faut un tremplin pour l’écrire, et faire passer ce que j’ai envie non, ce que j’ai un besoin vital de faire passer. Ce prétexte, c’est cette idée de message à soi-même dans le passé. Un message où je pourrais te livrer mes réflexions et mon ressenti sur ce que tu as vécu, mais aussi sur ce que tu es en train de vivre en ce moment, et sur ce qui va t’arriver dans le futur. Un message pour donner des conseils et suggestions à l’ado déphasé que tu es. Un message, enfin, volontairement rendu public, sous forme de lettre publiée en version électronique.

Tu excuseras l’aspect décousu de cette lettre. Ces bonds dans ton futur. Ces retours dans ton passé. Cette missive est à l’image de mes souvenirs. A toi de remettre de l’ordre dans ce puzzle chronologique.

Je dois te l’avouer, je n’ai, en tant qu’auteur, jamais réussi à communiquer autant d’émotion que je le souhaitais dans mes romans. Il me faut bien faire ce constat d’échec, je n’arrive pas à « me lâcher » tout à fait. Paradoxalement, alors que les biographies sont le genre qui m’attire le moins, j’ai le sentiment — peut-être à tort — que cette lettre va être la chose la plus puissante en émotion que j’ai écrite. En tant qu’artiste, je me dois de la communiquer au public pour partager cela et échanger. Même si un tel acte constitue aussi, j’en ai conscience, un manque d’empathie, de délicatesse, de sensibilité envers mes proches — d’où la dédicace du début. Cela pourrait aussi passer pour une sorte de profanation des secrets de famille à usage bassement mercantile. Un manque abyssal de pudeur. Pourtant, cet éclairage du public est la lumière dont j’ai besoin pour me délivrer des ombres du passé, nourries par le sceau du secret de la vie privée. C’est ainsi, en quelque sorte, une déclaration d’indépendance. Une émancipation. J’écris donc ces lignes avant tout pour moi. Mais j’ai aussi l’espoir d’aider des personnes qui vivraient des difficultés similaires à celle que toi, l’ado, tu es en train de traverser. Même s’il faut pour cela remuer le passé. Même s’il me coûte, aussi, d’écrire ce qui va suivre.

Mais tout d’abord, comment m’est-elle venue, cette idée de lettre à moi-même, qui n’a rien de novateur ?

Une image, dans un rêve. Très intense. Celle de Laetitia, celle que tu prétends être ton premier amour. Et aussitôt après, la honte. L’envie si forte de lui demander pardon, non seulement de m’être immiscé dans sa vie, mais surtout pardon pour cette forme de harcèlement visuel qui va durer deux ans. Tu as un grand vide dans ton cœur au moment où tu reçois cette lettre, Emmanuel. Un gouffre affectif. Dû à cette perte terrible, il y a seulement un an. Tu subis également une sournoise pression sociale, non pas en provenance de ta famille, mais des jeunes de ton âge. Cette pression, tu te l’es aussi mise sur les épaules et dans la tête, en observant des couples se former au collège et au lycée, et se bécoter ouvertement. Tu enviais tellement ceux qui partageaient ces idylles ! Sans doute pressentais-tu que ton salut passerait par l’amour. Tu as souhaité vivre ta propre histoire à ton tour. Ton instinct était dans le vrai quand il t’a fait savoir que l’amour ne tomberait pas du ciel. Ce sont des choses qui se provoquent. Il faut le vouloir.

Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi être prêt à franchir le cap de la relation à deux, et tu ne l’es absolument pas. 

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Vous souhaitez lire la suite ? Vraiment ? Ce texte court, d’un peu plus de 12 000 mots, soit sept fois moins qu’un roman de taille standard, vendu uniquement en version électronique, ne bénéficiera jamais de rabais promotionnel de la part de l’auteur-éditeur. Beaucoup diront que c’est du vol. De l’extorsion. Avant de cliquer sur le bouton d’achat, souvenez-vous que vous avez été prévenu. 

 

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[EDIT 15/10/2020] : Juste un mot. Je sais que nous vivons une période difficile, voire déprimante pour certains. L'évocation de drames familiaux pourra vous donner envie de vous tourner plutôt vers une comédie, ou une comédie romantique. Quelque chose de léger. Mais s'il y a une chose qui, je pense, caractérise cette lettre, c'est la résilience.


Nous avons besoin de résilience et nous en aurons encore plus besoin dans les mois à venir.

Moi, mon travail thérapeutique est fait grâce à cette lettre. Je suis content, car je peux passer à autre chose. Mais je suis convaincu que cette lettre peut aider certains d'entre vous. Elle ne pourra jouer son rôle, cela dit, que si elle est lue et commentée.