mercredi 24 février 2021

Amertume, reconnaissance et gratitude

Il y a parfois un fond de vérité dans les clichés, et celui du Français râleur qui ne voit que le verre à moitié vide s'oppose, dans mon esprit, à celui de l'Américain qui consacre une journée, Thanksgiving, à remercier l'univers pour ce qu'il a. Je trouve ces temps de pandémie propices à l'introspection, et je me rends compte que je suis partagé entre ces deux tendances. Je réalise aussi que des facteurs non négligeables dans mon adolescence et dans mes choix professionnels m'ont fait prendre un chemin dont la pente naturelle est celle de l'amertume. 

Si nous étions des êtres rationnels, la gratitude devrait largement l'emporter sur l'envie de se plaindre au sujet du covid-19. En effet, le fait d'arriver à développer, autoriser et produire en un an au moins deux vaccins efficaces à plus de 90% contre le coronavirus, là où cela prend dix ans d'habitude, devrait nous conduire à éprouver de la gratitude tous les jours pendant au moins les dix prochaines années. Et pourtant, je reconnais que j'ai été le premier à dénoncer les lenteurs de l'Europe à produire et distribuer ces fameux vaccins. 

J'avais l'impression qu'en temps de guerre, il était plus facile de produire des armes que des vaccins en temps de paix. Et c'est vrai que le fait de voir le nombre de décès s'accumuler, quand on a l'impression que c'est évitable, est difficile à supporter. 

Notons toutefois que même les Américains, Joe Biden en tête, n'ont pas toujours été parfaitement satisfaits de la cadence de production des vaccins. 

Faut-il, alors, adopter la fameuse "pensée positive" ou bien conserver tout notre esprit critique? Le fait d'être capable de voir ce qui ne va pas autour de nous peut permettre de dénoncer les choses pour ensuite aboutir à quelque chose de constructif. 

En revanche, si l'aspect constructif n'est pas au rendez-vous, si on se laisse en quelque sorte déborder par le négatif comme l'intendant du Gondor qui, dans le Seigneur des Anneaux de Tolkien, n'était soumis par Sauron qu'à des images de défaite, alors, il est possible que dans sa vie, on devienne un "loser" au sens propre du terme. 

C'est à dire qu'à force de s'attarder sur les pertes autour de nous, ou bien sur les pertes dans notre vie, on ne tiendra plus compte des gains, et on deviendra donc un perdant et non un gagnant, dans ce sens où ces pertes vont miner notre moral et nous empêcher d'agir de manière constructive. 

J'avais déjà écrit un article de blog sur le sujet, intitulé Une promesse que je me suis faite. Et récemment, je me suis interrogé. En écrivant La Lettre à moi-même, n'ai-je pas dérogé à cette promesse de ne jamais sombrer dans l'amertume? La lettre s'attarde en effet sur des épisodes traumatiques de mon adolescence, puis de ma vie d'adulte. L'un de mes relecteurs principaux m'avait d'ailleurs formellement déconseillé de la publier sous peine de détruire ma relation avec ma mère et mon frère. 

Et pourtant, j'estime que cette lettre, aussi courte soit-elle, m'a à elle seule permis de faire plus de chemin que je n'en avais accompli pendant de nombreuses années. C'est le danger, je crois, de la pensée positive: vouloir se concentrer tellement sur le positif que l'on va oblitérer tout le négatif dans sa vie, au risque de ne pas régler certains problèmes, et de se retrouver emporté par une lame de fond surgie du passé au moment où on s'y attend le moins. 

Cette lettre m'a procuré une sorte de recul, de vue d'ensemble sur ma vie qui me faisait défaut. C'est ce qui me fait dire à quel point certaines choses dans mon passé, mais aussi certains de mes choix professionnels, me conditionnent en quelque sorte à l'amertume, si je n'y prends garde. Le journalisme, par exemple. J'ai gardé la fibre de ce métier que j'ai pratiqué entre 1996 et 2004. C'est une profession où il est presque obligatoire de voir le verre à moitié vide, le train qui n'arrive pas à l'heure... ou les bugs ou défauts dans un jeu vidéo. 

Le métier d'auteur à temps plein, c'est encore un cran au-dessus dans le risque de sombrer dans l'amertume. L'investissement personnel est tel, et les retombées financières si légères que l'enrichissement est avant tout personnel. Et certainement, cet état de fait m'aurait fait basculer vers le côté amer de la Force, si je n'avais choisi l'autoédition, qui quant à elle, permet de se contenter de petites victoires, et de ne mesurer son succès qu'avec une aune faite maison, et non celle d'autrui. C'est fondamental au niveau du mental, comme dirait l'autre.

Dernièrement, une prof qui réalise une thèse sur l'édition et l'autoédition me demandait si je souhaitais continuer à autopublier mes propres ouvrages, ou au contraire si je cherchais à être publié par un éditeur traditionnel. A quoi j'ai répondu: Plus que jamais, je continue l'autopublication. Toujours pour les mêmes raisons d'indépendance, et parce que l'autoédition vient de me prouver que même dans des circonstances dégradées, elle me permettait de survivre.

Mais il est vrai que mon passé et les connaissances acquises peu à peu me font approcher le secteur artistique de manière ultra précautionneuse, comme si je souhaitais n'y tremper qu'un orteil. C'est ainsi que dans ce blog, j'ai écrit pas mal d'articles de mise en garde sur ce secteur, et d'indices sur la manière de se protéger: 

- Un rêve, cela peut coûter cher 

- Un rêve, cela peut coûter cher: démonstration

- Succès, gloire... et amour ? 

- Entre hauts sommets et abysses

- Mortelle célébrité  (article central sur le sujet)

- Une promesse que je me suis faite

- Cinéma

Et le présent article, et d'autres encore, que je n'ai pas cités. Le sous-titre de ce blog pourrait presque être: "je suis artiste, et je me soigne!" Ou en tout cas, je tente de mettre en garde contre les aspects pervers de la profession, tout en sachant bien sûr que sans artiste, on s'ennuierait ferme, et que ça englobe des métiers magnifiques. 

Si vous ne devez lire qu'un de ces billets, que ce soit Mortelle célébrité, mais tous témoignent en quelque sorte de ces tiraillements entre le besoin d'une certaine notoriété artistique qui permette de vendre plus facilement et la réalité du terrain, dont j'essaie de rendre compte à ma manière.

Il ne faut pas y voir, je crois, que du négatif. Si malgré tous ces dangers que je décris, je continue d'avancer dans ce secteur, c'est bien que les récompenses immatérielles font plus que compenser la faiblesse des récompenses matérielles. 

A cet égard, j'éprouve une grande gratitude envers mes lecteurs, et toutes les personnes qui prennent sur leur temps pour lire mes livres, et me permettent de réaliser mon rêve. 

Cependant, le fait que les gens nous apprécient et apprécient la culture et la lecture ne doit nous conduire en aucun cas, nous autres auteurs autoédités, à oublier la manière dont le secteur des loisirs en général, et celui de la littérature en particulier, est dévalué par rapport à tout le reste. Tous ces articles que j'ai écrits décrivent les pièges que nous nous tendons à nous-mêmes, ceux que nous tendent la société, mais le but est bien un développement sur les deux fronts: aussi bien dans la manière dont nous traite la société que dans la manière dont nous nous traitons nous-mêmes. Les deux aspects sont de toute façon profondément imbriqués, indissociables.


samedi 6 février 2021

Le Syndrome du Supertanker

De par ses origines et son évolution, l'être humain a à la fois des gènes de prédateur et de proie. Nous savons que nous avons la possibilité de traquer des proies, mais nous savons aussi que si nous traquons des proies trop grosses, trop puissantes, celles-ci ont la possibilité de se retourner contre nous et de nous dévorer. L'instinct grégaire nous permet de chasser en meute, mais quand ce n'est pas le cas, nous privilégions des tirs d'opportunité sur les cibles que nous jugeons les plus faibles. C'est ce que je nomme le syndrome du supertanker. 


Quand on sait qu'un supertanker, l'un de ces grands navires qui transportent du pétrole, va polluer autant qu'au moins un million de voitures, est-ce que vous avez l'impression que les médias, le gouvernement, et même les gens, se déchaînent autant contre les supertankers ou les supercontainers que contre les voitures individuelles à essence ou diesel? Entendons-nous bien: je milite pour les voitures électriques, j'en possède d'ailleurs une à laquelle j'ai consacré ce long article. Mais j'ai beau savoir que chacun doit mettre la main à la pâte pour faire avancer les choses, je ne suis pas dupe. Les principales puissances, celles à qui l'on devrait mettre le plus de pression pour faire changer les choses et enrayer le réchauffement climatique, sont celles qui reçoivent le moins de pression. Au contraire, ce sont les industries pétrolières qui se constituent en lobbies puissants pour que rien ne change, et continuer à recevoir des subventions. En plus de l'argent, elles ont pour cela une arme dont elles usent et abusent, le chantage à l'emploi.

Et pourtant de nos jours, le solaire et l'éolien coûtent de moins en moins cher, à tel point que le nucléaire lui-même n'est plus rentable. On se rend compte que les chocs pétroliers n'ont plus lieu d'être, et qu'ils devraient en toute logique être épargnés à nos enfants, si les bonnes mesures sont prises. Mine de rien, c'est assez rassurant pour l'avenir.

Le mécanisme pervers hérité de nos gènes qui veut que l'on n'ose pas s'en prendre au pouvoir, qu'il s'agisse du gouvernement, de la hiérarchie ou de grandes entreprises, mais que l'on privilégie les plus faibles comme proies potentielles est transposable à de nombreux niveaux dans la société. Vous connaissez le dicton "on ne prête qu'aux riches"? Ce n'est que l'une des illustrations de ce syndrome du supertanker.

Le chômage, par exemple. La connotation péjorative qui s'est attachée au mot "chômage" en fait presque un terme issu de la novlangue. C'est à dire un mot qui n'est pas neutre. Un mot qui culpabilise, qui vous pousse à faire des choix qui ne sont pas toujours en votre faveur. On sait aujourd'hui que les revenus du capital, mais aussi la production issue de machines, rapportent beaucoup plus que ce que coûte le chômage à la société. Mais là encore, l'être humain va identifier les proies les plus faibles. Il ne va pas s'en prendre aux trillions de taxes que ne paient pas les milliardaires, il va préférer qualifier de parasites les gens qui sont au chômage, au RSA, ou même les SDF dans la rue.

Ce syndrome du supertanker, les gens qui sont devenus les plus grands prédateurs dans la société le connaissent bien, et le mettent à profit. Dans les cours d'école, ils ont fait en sorte d'être les caïds qui terrorisent tous les autres, ou les amis de ces caïds. Dans leur vie professionnelle, ils ont le profil de sociopathes manipulateurs et incompétents. Ils sont incapables de prendre les bonnes décisions parce que tout tourne autour d'eux. Comment réussissent-ils? En s'entourant de gens qui ont une vraie conscience professionnelle. Ce sont ces personnes compétentes et consciencieuses qui vont avoir en main, très souvent, le destin de leurs entreprises. Les manipulateurs ont quant à eux un pouvoir de façade basé soit sur l'intimidation, soit sur l'intrigue et le fait de monter les gens les uns contre les autres. Ou les deux.

Ils intimident, parce qu'ils ont compris que pour être inamovibles, ils devaient être le supertanker. On ne s'en prendra pas à eux s'ils sont identifiés comme de gros prédateurs. Ce sont souvent, en réalité, des lâches et des faibles, qui pratiquent soit le harcèlement, soit la manipulation. Leur incapacité à éprouver de l'empathie fait qu'ils génèrent burnouts et arrêts de travail autour d'eux.  

Le chantage à l'emploi des gens puissants que j'évoquais en début d'article va faire de ces manipulateurs des bourreaux, et va favoriser la création du fameux triangle de Karpman qui fait des personnes en entreprise soit des bourreaux, soit des victimes, soit des sauveurs. Un triangle qui génère évidemment énormément de stress, de névroses et de situations malsaines. D'autant plus qu'en France, les gens ont souvent l'impression d'être très limités au niveau de la mobilité professionnelle, ce qui a tendance à faire exploser l'usage de psychotropes tels les antidépresseurs et antianxiolytiques. 

Si vous-même pensez être victime d'un manipulateur, vous aurez tout intérêt à dresser le profil psychologique de la personne en question, afin de mieux vous en prémunir. A cette fin, je ne saurais trop vous recommander de vous procurer au moins deux ouvrages, et de les lire: Les manipulateurs sont parmi nous, d'Isabelle Nazare-Aga, et Sortir de l'emprise et se reconstruire, de Julie Arcoulin. Attention, ces livres sont traditionnellement édités, c'est à dire qu'en version ebook, ils sont vendus avec des verrous numériques.

Autre article sur le même sujet: maladies mentales

mercredi 3 février 2021

Cinéma

Le cinéma est-il l'un des milieux les plus pourris qui soient? Ou bien est-ce au contraire le plus vibrant d'humanité? Est-ce le secteur le plus exclusif? Ou au contraire le plus inclusif? Le Bien et le Mal sont les deux faces d'une même pièce, mais une chose est sûre: entre l'émergence de nouveaux acteurs très puissants dans l'industrie du spectacle comme Netflix et Youtube et l'impact du coronavirus, le cinéma est en train de subir une vraie mutation. 

S'il y a une chose que le cinéma sait faire ressortir, c'est l'humanité de ses personnages. Et dans certains cas, dans des films comme Intouchables, d'Olivier Nakache et Éric Toledano (film inspiré d'un roman intitulé Le Second Souffle de Philippe Pozzo Di Borgo) on peut même parler d'humanisme. Le cinéma nous fait vibrer et nous insuffle de puissantes émotions. Il peut être militant, aussi, et changer la société à coups de films comme Erin Brockovich, La liste de Schindler ou Pentagon Papers. Il peut nous faire rêver à un avenir porteur d'espoir malgré d'immenses difficultés, comme dans Interstellar.

On peut être tenté de reprocher au cinéma ses choix jeunistes, et de privilégier, de manière quasi eugéniste, les personnages possédant les plus forts charismes: plus belle gueule, voix la plus marquante, personnalité la plus magnétique, physique le plus séduisant. Ce refus de la vieillesse au point d'aller jusqu'à mutiler les visages et les corps (d'actrices, le plus souvent), à coups de chirurgie soi-disant esthétique. 

Mais si l'on fait entrer dans l'équation les figurants, alors le cinéma devient la forme d'art la plus inclusive et populaire: les directeurs de casting ne vont-ils pas parfois démarcher les gens dans la rue pour les recruter pour un film? Quel autre art ne demande aucun CV pour participer à un tournage qui coûte des millions? 

Le point commun, malgré tout, que je vois entre le cinéma mainstream et le monde de l'édition traditionnelle, c'est le goulot d'étranglement. Pour le cinéma dans sa forme la plus traditionnelle, celui-ci est dix fois, cent fois plus resserré que dans le monde de l'édition: c'est le nombre de salles en France dans lesquelles le film sera diffusé. Pour l'édition traditionnelle, ce sont les librairies et points de vente de livres. 

Ces goulots d'étranglement, par leur nature même, ne peuvent que générer des contraintes et des injustices monstrueuses. Avec en plus, la notion, pour le cinéma, de budget de tournage, qui rend la contrainte temporelle encore beaucoup plus importante que dans l'édition. Chaque minute de tournage coûte beaucoup d'argent.

Ma théorie, c'est que ces entonnoirs ont en quelque sorte canalisé le pouvoir de ceux qui décident qui sera à l'écran et qui sera en librairie. Ils font d'eux, en quelque sorte, des rois et des reines. Des despotes. Ils les invitent à former des systèmes féodaux, des mafias, en instituant de grandes familles du cinéma et de l'édition, des familles où l'on pratiquera l'omerta, la loi du silence sur ce qui se passe derrière le décor. Népotisme, entre-soi, droit de cuissage et consanguinité, c'est un miracle permanent de voir la compétence d'artistes survivre à tout cela. Certains prétendront avec cynisme que le talent des artistes en est justement sublimé. Comme s'il fallait détruire pour créer...

"Dis-moi qui te dirige, et je te dirai qui tu es." Harvey Weinstein était l'un des producteurs les plus puissants aux Etats-Unis avant l'affaire #metoo. En France, on a de grandes figures qui n'ont certes pas été à l'origine de scandales aussi retentissants: notre caïd national, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Luc Besson... Depardieu est le pote de Poutine le dictateur-empoisonneur, Deneuve s'est élevée vent debout contre le mouvement me too. Luc Besson, quant à lui, est quelque peu retombé de son piédestal depuis quelques années, rattrapé par sa réputation. J'avais d'ailleurs écrit cet article à son sujet. 

Quant à la vie quotidienne des acteurs, c'est le darwinisme de la course aux cachets, où il faut jouer des coudes, de débrouillardise et de son réseau au moins autant que de son talent pour s'en sortir. Par rapport au côté humain d'un film comme Intouchables, il y a une vraie dissonance cognitive. En fait, si l'on veut un film qui se rapproche du quotidien des acteurs, il faudra plutôt aller chercher du côté de Revenant. Les comédiens et acteurs devront faire preuve d'à peu près autant de pugnacité et de résilience que le personnage joué par Di Caprio dans Revenant pour s'en sortir. Et d'autant plus s'ils connaissent le succès. Il y a un vrai enjeu à se remettre de son succès, à renaître de ses cendres à la manière de Mickey Rourke dans The Wrestler.

Et les sacrifices ne sont pas que personnels dans ce métier. J'ai déjà évoqué l'amoindrissement de l'espérance de vie des artistes dans mon article Mortelle célébrité. Mais si vous avez la mauvaise fortune d'être enfant de couple d'acteurs, il y a fort à parier que vous serez le premier à trinquer. Pensez Drew Barrymore, pensez Michael Douglas. Les addictions à la drogue, à l'alcool... Les parents acteurs n'ont pas le temps de donner beaucoup d'amour. Si les enfants n'ont pas de parents de substitution, il y a fort à parier qu'ils vont chercher à combler leurs manques de manière chimique dès qu'ils en auront la possibilité. Sans compter que les actrices qui veulent concevoir vont souvent attendre d'avoir au moins 40 ans pour le faire, afin de préserver l'éclat de leur beauté nécessaire (indispensable?) à leur carrière. Une grande différence d'âge avec son enfant n'est pas toujours synonyme de complicité. 

Mais les choses bougent. En tant qu'industrie de loisir, le cinéma a été supplanté par le jeu vidéo depuis un bon moment. Et les sociétés technologiques comme Netflix et Google, qui possède Youtube, rebattent les cartes. Ce n'est sans doute pas plus mal. Cela amène beaucoup plus de diversité dans le milieu du cinéma, une dilution du pouvoir, de la même manière qu'Amazon, autre GAFA, a quelque peu démocratisé l'édition en faisant exploser la visibilité d'auteurs inconnus du public. 

Il était temps, ça commençait à sentir sérieusement le moisi.

On va me dire, les GAFA concentrent elles-mêmes beaucoup de pouvoir. C'est vrai, et il est possible que comme la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf, ces nouveaux acteurs finissent par exploser. Mais les technologies et cet espèce d'immense brassage numérique qui est leur apanage sont là pour rester.

On a beaucoup décrié la surabondance des CGI dans le cinéma, les images générées par ordinateur qui sont l'équivalent en moins statique de Photoshop. Mais si un jour, cela permet à des actrices âgées de continuer à travailler sans passer par le charcutier du coin, ce sera peut-être pas plus mal, non? Le progrès aidant, elles pourraient même envisager de tourner en étant enceinte sans que ça se voie.

C'est sûr, rien ne sera plus comme avant, et peut-être, peut-être est-il permis d'espérer que les belles valeurs de l'humanisme puissent un jour se rencontrer aussi derrière le décor.