lundi 17 décembre 2018

Terry Goodkind, l'Epée de Vérité et l'autoédition

C'est un paradoxe : au moment où je lisais le septième tome de l'Epée de Vérité, de Terry Goodkind, un auteur traditionnellement édité, je suis tombé sur un passage des Piliers de la Création qui correspond parfaitement à la philosophie que je mets derrière l'autoédition. Je n'irais pas jusqu'à en conclure que les auteurs autoédités sont eux-mêmes des piliers de la création, mais dans ce contexte, j'avoue que c'est assez amusant.

Oui, oui, oui, je sais. Vouloir détourner les paroles d'un auteur pour l'attribuer à une idéologie ou un dogme, c'est le Mal. Le philosophe Friedrich Nietzsche aurait-il apprécié de voir une partie de ses concepts détournés et repris à son compte par le parti Nazi, je ne crois pas. 

De la même manière, le romancier de Fantasy Terry Goodkind n'aimerait sans doute pas qu'on lui attribue des pensées liées au mouvement de l'autoédition. 

Donc, que les choses soient claires: l'analogie entre ce passage d'un roman de Terry Goodkind et la philosophie de l'autoédition n'est qu'une vision personnelle. Cela correspond à l'idée que je me fais de l'autoédition. 

Et moi, Alan Spade, ne prétend aucunement représenter l'autoédition. Ce mouvement, par ailleurs très ancien, puisque Denis Diderot lui-même s'autoéditait, ne peut être défini ou limité par les pensées ou élucubrations d'un seul. De nombreux auteurs autoédités vous diront sans doute en commentaire qu'ils ne sont pas d'accord avec ma vision, et c'est aussi toute la richesse de ce mouvement dans lequel je m'inscris.

Ceci posé, voici le passage en question (la traduction est de ma pomme, puisque je lis l'ouvrage directement en anglais): "Si vous voulez être un esclave dans la vie, alors continuez à aller de-ci de-là en demandant aux autres de faire les choses à votre place. Ils vous rendront service, mais vous vous apercevrez que le prix est vos choix, votre liberté, votre vie elle-même. Ils feront à votre place, et au final vous serez réduit en esclavage pour toujours, ayant fait don de votre identité à un prix dérisoire. Alors, et seulement alors, vous ne serez personne, un esclave, parce que vous-même et nul autre l'avez voulu ainsi."

Des paroles fortes. Si je bâtissais un temple à la gloire de l'autoédition, ce sont sans doute ces paroles que je graverais sur le frontispice. Je reconnais qu'elles peuvent aussi être valables, dans une certaine mesure, pour l'édition traditionnelle -- de nombreux auteurs traditionnellement édités ne seraient pas arrivés où ils en sont s'ils n'avaient pas su prendre en main leur destin.

Une traduction pouvant être détournée, voici les paroles originales: "If you want to be a slave in life, then continue going around asking for others to do for you. They will oblige, but you will find the price is your choices, your freedom, your life itself. They will do for you, and as a result you will be in bondage to them forever, having given your identity away for a paltry price. Then, and only then, you will be a nobody, a slave, because you yourself and nobody else made it so."

Comme je le disais, l'autoédition existe depuis toujours, mais ces paroles de Terry Goodkind, ont, pour moi, fait particulièrement écho à l'essor de l'autoédition sous format ebook depuis 2009, suite à la sortie de la liseuse Kindle en 2007. Une autoédition à l'américaine, où effectivement, on ne laisse plus faire à la place, et pour laquelle chaque livre représente en quelque sorte une parcelle à revendiquer, dans cette ruée vers l'Ouest sauvage des lettres. 

Et si vous me dites que les choses n'étaient pas d'emblée aussi pures, notamment parce qu'Amazon, l'inventeur du Kindle, n'a proposé 70% de droits sur les ebooks (royalties d'auteur) que pour s'aligner sur ce que proposait déjà Apple, je suis d'accord. 

Si vous me dites  que les choses ne sont pas restées aussi pures depuis qu'Amazon s'efforce d'obtenir l'exclusivité de publication des auteurs autoédités sur sa plate-forme (programme Kindle Select), je suis également d'accord. 

Les choses sont rarement toutes blanches ou toutes noires.

Il n'empêche que pour moi, l'esprit de départ, ce qui a présidé à ce mouvement, se retrouve dans cette citation de Terry Goodkind. 

mardi 30 octobre 2018

Enfer et bonnes intentions

"L'enfer est pavé de bonnes intentions", disent les tenants du système économique dominant à l'heure actuelle, en évoquant le revenu universel inconditionnel. Le capitalisme, à l'inverse, serait plus vertueux, car calqué sur la nature. Sur le plan des idées comme en pratique - le diable étant dans les détails - la notion de partage des ressources va devoir faire ses preuves en ce XXIème siècle. 

Dans son cycle de l'Epée de Vérité, l'auteur de Fantasy Terry Goodkind appelle cela la "deuxième leçon du sorcier", celle des conséquences inattendues. On pourrait aussi parler d'entropie au sens de "fonction d'état extensive", chaque acte ayant des conséquences. 

Un exemple contemporain assez classique est celui du SDF qui fait la manche, et auquel, pour soulager votre conscience, vous donnez de l'argent. S'il se sert de cet argent pour se saoûler et traverse la rue au mauvais moment, se faisant écraser, vous aurez contribué à son autodestruction alors que votre geste partait d'une bonne intention.

Un autre dicton qui viendrait compléter cet "enfer pavé de bonnes intentions" est celui-ci: "mieux vaut apprendre à un homme à pêcher plutôt que de lui donner du poisson." 

De la même manière, un revenu universel inconditionnel entraînerait des conséquences destructrices: dépendance, démotivation, paresse, immobilisme, désapprentissage, vulnérabilisation de la population. 

A l'opposé, le système capitaliste serait vertueux, puisque comme dans la nature, il entraîne un dynamisme: il faut se bouger les fesses pour obtenir son beefsteak - ou son steak au soja si l'on est végane - la compétence et l'activité intense sont récompensées par l'accumulation de profits et de capital. 

Donc, pour résumer, le revenu universel inconditionnel serait une mauvaise chose en raison des conséquences fâcheuses qu'il entraîne, mais pas le capitalisme, puisque celui-ci est calqué sur la nature, qui est vertueuse. 

C'est une vision qui pourrait être parfaite, et très confortable, si la nature elle-même ne la démentait. En effet, un prédateur beaucoup mieux armé que tous les autres, qui ferait le vide autour de lui dans la nature, serait condamné à se retourner contre ses congénères et à mourir de fin. 

Or, quel prédateur est mieux armé que l'Homme, aujourd'hui pour tout éliminer autour de lui? Lisez par exemple cet article sur la disparition actuelle des vertébrés. 60% des vertébrés disparus en 44 ans, ce n'est pas rien.

La compétition portée à un haut niveau est donc elle aussi victime de conséquences inattendues, par les déséquilibres qu'elle provoque. La deuxième leçon du sorcier.

Sans même parler de compétition, l'humanité a de tout temps cherché à améliorer sa capacité de production de ressources en procréant davantage, pour des raisons économiques. Ce n'est plus le cas dans de nombreux pays développés, mais c'est encore en vigueur dans des pays qui ne le sont pas. 

Le fait de vouloir se multiplier à des fins économiques risque d'engendrer une surpopulation mondiale qui peut s'avérer dangereuse, et conduire à des guerres. 

De la même manière, dans la nature, ce n'est pas toujours la puissance d'un prédateur qui fait la différence. Le nombre peut aussi compter. Ainsi, pour reprendre un exemple biblique, les nuées de sauterelles. 

On sait que la peur de manquer est une vraie motivation pour la procréation. Le manque d'éducation est également un facteur prépondérant. Un revenu universel inconditionnel mondial permettrait de remédier à ce double problème. Il permettrait aussi de gérer les déséquilibres écologiques actuels en répartissant les ressources.

Mais bien sûr, il faudrait aussi s'occuper des conséquences inattendues. Le système économique actuel étant inadéquat, il faudrait le remplacer, ou en tout cas le compléter, par autre chose. 

J'écris de la Science Fiction comme de la Fantasy ou du Thriller, on me pardonnera donc de recourir à des expériences de pensée. J'aime aussi jouer aux jeux vidéo, et je pense qu'il ne faut pas sous-estimer le côté joueur de l'humanité. 

J'ai pensé à un système de points qui viendrait s'ajouter au revenu universel inconditionnel mondial, et au sytème économique actuel. Ces points que l'on pourrait gagner permettraient d'engranger une somme mensuelle supplémentaire. Cette somme pourrait être plafonnée à un certain nombre de points, mais pourrait s'augmenter si vous gagnez différentes catégories de points (avec un plafonnement global).

Le but serait bien sûr d'accroître la motivation et le dynamisme. 

Par exemple, vous mangez de la nourriture bio, ou bien vous achetez un produit entièrement biodégradable, vous gagnez des points verts. Même chose si vous allez ramasser des déchets dans la nature, refaites l'isolation de votre maison, ou encore, installez des panneaux solaires

Vous faites du bénévolat, ou bien aidez à la réinsertion d'un SDF, vous gagnez des points rouges. Vous travaillez votre condition physique, vous gagnez des points jaunes, puisque vous contribuez de la sorte à votre meilleure espérance de vie en bonne santé, et faites économiser de l'argent à la société. 

Vous écrivez un article de blog inspirant pour la société, ou bien informatif, ou un livre, vous gagnez des points gris (comme matière grise). Même chose si vous réalisez un cycle d'apprentissage de nouvelles connaissances, ou une traduction par exemple. 

Vous réalisez une prestation divertissante, vous gagnez des points bleus. 

On ne serait pas obligé de gagner chaque sorte de point. Mais ça pourrait être une sorte de jeu qui permette aussi d'améliorer sa qualité de vie, qui donne des points de repère.

A l'inverse, les produits les plus polluants, ou à base de plastique, devraient être toujours plus taxés. C'est ce que fait le gouvernement à l'heure actuelle avec le gasoil et l'essence, mais le problème, c'est qu'il n'y a pas de solution alternative à la même échelle que ce qui existe pour le diesel et l'essence au niveau transports. Et il n'y en aura pas tant que l'Etat ne parviendra pas à contraindre les entreprises au même niveau que les individus, ou au moins à les inciter de manière très convainquante. C'est ce qui donne l'impression d'un matraquage, d'une écologie punitive, alors que dans le même temps, on autorise Total à aller forer au large de la Guyane, et on fait bénéficier le même Total d'une exonération fiscale quand il met de l'huile de palme dans les carburants. 

Question d'équilibre.

mardi 2 octobre 2018

Mes valeurs

En cette année 2018, à 46 ans (presque 47), je réalise pour la première fois de ma vie que je suis né avec une cuiller en argent dans la bouche. Pourtant, mes parents sont issus de la classe moyenne française. 

Je suis né en Equateur en 1971, à Quito. A l'époque, mon père était chef d'escale chez Air France. Un métier qui rapporte de quoi vivre, mais nettement moins que pilote de ligne. Ma mère, belge de naissance, était sage-femme. 

Malgré tout, en comparaison avec le niveau de vie moyen des habitants de Quito, nous étions fortunés. J'avais une cuiller en argent dans la bouche. 

Après ma naissance, nous ne sommes restés que deux ans à Quito. Mon père a démissionné de son poste pour devenir dessinateur industriel. 

Vers la seconde moitié des années 70, nous nous sommes retrouvés à Abidjan en Côte d'Ivoire. Nous y sommes restés quatre ans. Et là de nouveau, notre niveau de vie était incomparable par rapport à celui des habitants. Nous avions un boy, un serviteur ivoirien qui jouait le rôle de nounou. 

La différence de milieu social et de niveau de vie érigeait un mur entre mes deux frères, ma sœur et moi et les autres enfants africains autour de nous. 

Le retour en France (dans les Alpes de Haute Provence, à Volx) a entraîné un vrai changement de niveau de vie et de statut. Le fait que mon père soit devenu dessinateur indépendant, ni Dieu ni maître (une formule, mon père était croyant) est évidemment quelque chose qui m'a marqué. Les choses sont devenues plus laborieuses, même si nous n'avions pas à nous plaindre. 

Quand je compare ma trajectoire à celle de Johnny Halliday et de Charles Aznavour, les deux grands chanteurs morts en 2018, et pour lesquels j'ai un immense respect, je mesure l'abîme qui nous sépare. 

Leur carrière, leur énergie, leur talent. Le milieu social dont ils sont issus, surtout Aznavour, et l'incroyable longévité de ce dernier, alors même que l'extrême célebrité véhicule de terribles dangers pour l'artiste. Partir de si bas et arrriver si haut... Je développe d'ailleurs cela dans mon article Mortelle célébrité

Immense, immense respect. Deux artistes qui avaient une générosité, un cœur énorme. Et un portefeuille dans le cœur.

Attention, je n'ai pas dit qu'ils avaient un portefeuille à la place du cœur. Leur cœur était assez grand pour y loger un portefeuille. Tous deux ont été des exilés fiscaux. Tous deux ont voté Sarkozy. 

Ils ne s'en cachaient pas d'ailleurs, et c'est tout à leur honneur. Pas d'hypocrisie. 

Le décès de Charles Aznavour, quelque part, me fait remettre pas mal de choses en perspective. Et quand je repense à ces deux chanteurs, Charles et Johnny, je ne peux m'empêcher de penser à un autre artiste, le grand Jacques Brel. 

Les bourgeois, Monsieur le commissaire, c'est comme les cochons. Plus ça devient vieux, plus ça devient con! 

Admirable chanson que ces Bourgeois. Elle décrit à la fois la lutte des classes, lutte sociale, et la lutte entre générations. Le jeune fauché et rebelle, limite bohême, le vieux bourgeois, riche et respectable. En haut de l'affiche? Mais surtout, surtout, le cycle sans fin. L'un qui devient l'autre. 

Je ne peux, bien sûr, m'empêcher d'y voir une illustration de la vie de Johnny Halliday et de Charles Aznavour, et peut-être, du destin qui nous attend tous. 

Mais je n'ai pas voté Sarkozy. Le dernier pour lequel j'ai vraiment voulu voter, c'est Benoît Hamon, et le revenu universel inconditionnel

Jean-Luc Mélenchon a eu beau parler de "boîte de Pandore" pour ce revenu, je continue à penser qu'il doit être mis en place. 

Revenons un instant sur Johnny Halliday et Charles Aznavour. En dépit de leur carrière extraordinaire, ils sont restés dans le système. Ils en sont aussi devenus, qu'ils le veuillent ou non, les vitrines. Pour deux artistes de ce niveau, combien au talent tout aussi incroyable restés dans les oubliettes de l'Histoire, qui n'ont jamais pu développer leur art?

J'aurais pu être l'un de ces oubliés forcés de prendre un boulot alimentaire, dans mon domaine. J'ai réalisé à temps que je n'avais aucune chance de vivre ma vie avec le système de l'édition traditionnelle, et j'ai pris une autre voie en devenant auteur autoédité. Bien m'en a pris. 

De la même manière, le revenu universel inconditionnel est une autre voie pour notre société, bien éloignée de celle de la croissance infinie qui mènerait au plein emploi, que prônent les économistes. Une croissance dont on sait aujourd'hui qu'elle n'est qu'un mythe. 

Il faut des pauvres pour avoir des riches dans une société. Il faut aussi des pays pauvres pour avoir des pays riches. Tout le système est biaisé. 

Si la France était le seul pays à adopter le revenu universel inconditionnel, on pourrait parier que la volonté d'y émigrer serait encore plus grande pour des ressortissants de pays moins favorisés. 

De la même manière, un seul Etat ne peut à lui seul décider d'instaurer la coopération plutôt que la compétition entre nations, indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique, et faire face aux enjeux vitaux de l'avenir. 

Tout est lié. Il faut donc des décisions au niveau mondial. Un revenu universel inconditionnel, c'est universel, c'est à dire, mondial. 

Un revenu universel ne saurait être autre chose qu'inconditionnel, sous peine d'entraver les citoyens du monde sous les chaînes de la domination plutôt que de vouloir les émanciper.
Il faut, peu à peu, une harmonisation des niveaux de vie à l'intérieur de chaque pays et entre les nations, ainsi qu'une décroissance, une moindre consommation.

J'aimerais que les murs auxquels je me suis heurté dans mon enfance, ceux de niveaux sociaux différents, soient abaissés pour le bien commun. Mais je suis sans doute un doux rêveur. Doux, dur et dingue, comme dirait Clint Eastwood.


jeudi 13 septembre 2018

On a fait fausse route

Les dirigeants des grandes puissances connaissent le problème du réchauffement climatique depuis au moins 30 ans, et pourtant ils ont pris le mauvais chemin en choisissant, à la fin des années 80 et plusieurs fois par la suite, de ne rien changer. Pourquoi? Parce que les mesures à prendre auraient non seulement impacté notre mode de vie, mais aussi notre système économique et notre mode de pensée. Pour lutter efficacement contre le changement climatique, mais aussi les autres maux liés à la pollution, il faut détrôner l'économie pour donner le pouvoir exécutif à l'écologie. C'est cela qui a été inacceptable, non seulement pour nos dirigeants et ceux qui tirent vraiment les ficelles, les grands lobbies commerciaux, mais hélas aussi, pour la majorité de la population. C'est pourquoi nous avons fait fausse route et que nous continuons dans cette impasse. 

On a fait fausse route en privilégiant la compétition économique sur la coopération entre Etats, indispensable pour générer des circuits de commerce courts et limiter les transports polluants sur mer et dans les airs, liés à l'import/export. 

On a fait fausse route en mettant un dogme, celui de la vertu des marchés financiers et du capitalisme, au-dessus du principe de réalité et du pragmatisme. 

On a fait fausse route en refusant d'écouter les scientifiques, qui nous disent que les ressources sont limitées, et qu'il faut les répartir équitablement. 

On a fait fausse route en ne sensibilisant pas les économistes aux problèmes écologiques, en leur faisant par exemple réaliser des reportages sur la pollution et ses conséquences sur les frais de santé.

On a fait fausse route en ne sensibilisant pas, ou insuffisamment, nos dirigeants à l'écologie.

On a fait fausse route en ne considérant pas le pétrole et autres hydrocarbures et dérivés comme le plastique comme des produits toxiques pour la nature et pour l'homme, et en ne les taxant pas suffisamment pour qu'ils ne soient plus compétitifs.

On a fait fausse route en ne développant pas des alternatives biodégradables aux produits dérivés du pétrole.

On a fait fausse route en faisant semblant de croire certains lobbies comme Coca-Cola quand ils nous ont dit que le recyclage du plastique, et le tri sélectif règleraient le problème de la pollution.

On a fait fausse route en considérant que la chimie pouvait résoudre tous les problèmes, alors qu'elle ne fait bien souvent que les exacerber. 

On a fait fausse route en mettant des nanoparticules dans les aliments

On a fait fausse route en autorisant des pesticides qui détruisent insectes et oiseaux, et causent des cancers chez l'être humain.

On a fait fausse route en manquant d'empathie avec les animaux, et en rompant le contrat tacite qui nous lie à la majorité des espèces, en les surexploitant.

On a fait fausse route en mangeant trop de viande, et notamment de bovins, ce qui accélère le réchauffement climatique et apauvrit les réserves d'eau.

On a fait fausse route en voulant combler nos lacunes spirituelles par du matérialisme, quête absurde et sans limites. 

On a fait fausse route en privilégiant l'agressivité envers la nature et nous-mêmes par rapport à l'harmonie avec l'environnement et entre les êtres.

On a fait fausse route en ne développant pas assez le solaire et les énergies renouvelables, et, en France, en privilégiant systématiquement le nucléaire.

On a fait fausse route en abandonnant les recherches sur les modèles de véhicules électriques, sous la pression des lobbies du pétrole. 

On a fait et on continue à faire fausse route en laissant les lobbies commerciaux nous dire quelle route prendre, parce que notre idéologie concorde avec la leur. 

On fait fausse route quand, dans les ménages, on choisit l'alimentation comme poste budgétaire à rogner, ce qui fait que l'on achète et privilégie la nourriture industrielle.

On fait fausse route en n'écoutant pas l'Organisation internationale du travail quand elle nous dit que lutter contre le changement climatique créerait plus d'emplois que cela n'en détruirait.

On fait fausse route en cherchant le profit et la rentabilité maximale immédiate aux dépens de notre planète, ce qui nous met au même niveau, sur le plan de l'écologie, que des termites

J'ai oublié beaucoup de choses, qu'on me le pardonne. Mais je l'ai dit et je le répète: on ne pourra pas changer les choses tant que l'on n'aura pas modifié notre système de valeurs et ajusté notre mentalité.

[EDIT 20/08/2022] : ""Ce serait une erreur d'imaginer que les gens demandent qu'on protège leur vie et leur environnement, et qu'ils témoigneraient de la reconnaissance à un idéaliste qui mènerait le combat dans ce sens. Les gens ne pensent qu'à leur confort personnel. Nous en avons eu la preuve lorsqu'au XXe siècle la question de l'environnement s'est posée de façon aiguë. Quand il fut démontré que la cigarette augmentait le risque de contracter le cancer du poumon, la solution la plus évidente aurait consisté à cesser de fumer. Au lieu de cela les gens réclamèrent des cigarettes ne présentant pas ce grave inconvénient. Quand il fut prouvé que les moteurs à combustion interne polluaient dangereusement l'atmosphère, le plus simple aurait été de renoncer à de tels moteurs, mais les gens se contentèrent de réclamer des moteurs similaires n'offrant pas cet inconvénient." --Isaac Asimov, Les dieux eux-mêmes, 1972.

mardi 14 août 2018

Compétition ou coopération ?

Le glyphosate est aux agriculteurs ce que les produits dopants sont aux coureurs cyclistes. Cet herbicide si efficace est un véritable symbole : celui d'une société pour laquelle la notion de compétition mondiale est si importante qu'elle préfère s'autodétruire plutôt que de revenir sur son modèle économique. A ce titre, il n'est pas étonnant que l'Europe, qui s'est bâtie autour de la notion de compétition économique mondiale, soit l'un des défenseurs les plus ardents du glyphosate. 

Je discutais cet été avec l'un de mes cousins de la fin de ma nouvelle de Science-fiction Marinopolis. Sans trop spoiler, je peux dévoiler ici que le héros se demande si la civilisation humaine n'est pas l'équivalent des termites, exploitant une planète jusqu'au trognon pour ensuite passer à la suivante. 

Une vision négative, je vous l'accorde, alors que mes propres goûts littéraires me portent vers une SF plus optimiste, celle d'Asimov par exemple. Une autre nouvelle de mon recueil Les Explorateurs, Entre deux feux, propose d'ailleurs un modèle beaucoup plus en harmonie avec la nature. 

Eh bien, mon cousin Philippe m'a révélé que les tribus aborigènes d'Australie surnommaient justement "termite" l'homme occidental. Bien avant d'avoir lu ma nouvelle! ;)

Quand on voit les ravages que cause le glyphosate chez les insectes comme les abeilles, mais aussi les oiseaux, et les cancers qu'il occasionne chez les agriculteurs qui ne s'habillent pas dans une combinaison digne d'un spationaute, la comparaison avec cet insecte destructeur qu'est le termite s'impose en effet. 

Fait ironique, en faisant des recherches sur les Aborigènes, je suis tombé sur cet extrait du livre d'Adolphe Peter Elkin, Les Aborigènes australiens

De notre point de vue, l'Australien est un parasite de la nature; jamais il ne laboure, ne fertilise ni ne sème: il se contente de récolter. Pour se nourrir, il a donc besoin que tout sur la terre continue à se dérouler selon le processus normal, et l'expérience prouve qu'abandonnée à elle-même, la nature se montre capricieuse dans ses effets. Ce sont tantôt périodes de sécheresse, tantôt pluies diluviennes et maladies. Si l'homme veut subsister, il doit parer à de telles calamités ou en raccourcir la durée. En d'autres termes, il lui faut sortir de son inertie, agir, cesser de se comporter en parasite.

On le voit, la notion de "parasite" par rapport à l'homme est liée à la culture, et varie énormément de l'une à l'autre. 

Mais la culture n'est pas non plus inamovible, et se transforme, notamment sous l'effet des courants écologiques, courants qui s'inspirent parfois de modes de pensée autres qu'occidentales, comme justement celui des Aborigènes... Notons qu'Elkin est décédé en 1979, il n'a donc pas vraiment été influencé par les courants écologiques actuels.

Pourquoi utilise-t-on un produit aussi nocif que le glyphosate (et le Roundup) ? Parce qu'il faut produire toujours plus, en raison de la compétition mondiale.

Comme certains pays produisent à très bas coût, le système économique pousse les agriculteurs à se mettre à leur niveau, en recherchant une productivité toujours plus importante, même si la rentabilité reste très discutable. 

Mais la France ne se contente pas de produire pour son marché intérieur. Elle exporte.

Pour exporter ces céréales, notamment, à très bas coût, on va utiliser des porte-conteneurs géants. Comme le révèle cet article de France Inter, "les 15 plus gros navires présents sur les mers du globe répandent, à eux seuls, plus de soufre que toutes les voitures en circulation, et cela sans aucun système de filtration. Ces émissions seraient responsables du décès prématuré de 60 000 personnes en Europe chaque année."

Encore et toujours la théorie du "plus c'est gros, plus ça passe", qui malheureusement se vérifie. Les crimes les plus immenses restent impunis, parce qu'il faut protéger le sacro-saint modèle économique de compétition mondiale. 

Il sera terriblement difficile d'imposer à l'Europe des circuits courts, délivrés des pesticides, privilégiant les cultures bio, parce que cela veut dire que les pays du monde doivent coopérer et non plus se concurrencer. 

Privilégier la coopération plutôt que la compétition. C'est un changement radical de mentalité qui doit s'opérer à l'échelle de l'humanité si nous voulons survivre. 

Sur le plan idéologique, cela signifierait que ce ne seraient plus les économistes qui dirigeraient le monde, en tout cas, plus les économistes du développement à court terme, du profit immédiat.

Et ne croyez pas que les écrivains et auteurs, en tant qu'éminents sages, n'est-ce pas, ne seraient pas affectés (infectés?) par cette mentalité de compétition à tout crin. L'auteur Lee Child, qui est intervenu à plusieurs reprises dans les commentaires du blog de l'auteur Joe Konrath, à l'époque où ce blog était très actif, comparait les auteurs traditionnellement édités et qui vendent à plusieurs millions d'exemplaires, à des joueurs de foot américain de l'élite, alors que les auteurs autoédités n'auraient selon lui appartenu qu'aux divisions inférieures...

EDIT 17/08/2018 : cet article sur l'île de Nauru nous relate l'histoire d'une utopie se fracassant sur la réalité. Là encore, l'aspect "termite" de la société occidentale sans filtre, sans culture, sans valeurs, ressort clairement.

lundi 6 août 2018

Free State of Jones

Vu hier en DVD: Free State of Jones, magnifique fresque historique que je recommande chaudement. Contrairement à de nombreux films sur l'esclavage dans le contexte de la guerre de Sécession, celui-ci s'étend plus loin que la fin de la guerre. C'est ce qui le rend intéressant à mes yeux : comment l'incroyable vent de liberté qui souffle à la fin de la guerre trouve, ou pas, son prolongement dans une réalité plus ou moins apaisée. D'autant que certaines des répliques du film ont une forte résonnance par rapport à la situation actuelle. 



L'une des répliques de Free State of Jones dont j'ai envie de me souvenir est à peu près celle-ci: "nous sommes tous, à un moment ou à un autre, l'esclave de quelqu'un d'autre". Le film a beau être historique, quand je pense au harcèlement au travail et au harcèlement sexuel, et quand je pense aussi à tous ces gens coincés dans leur boulot par la menace (le chantage?) du chômage, je me dis que cette réflexion sur la liberté et l'esclavage tombe particulièrement bien. 

Ce vent de liberté qui souffle si fort dans Free State of Jones, peut sembler paradoxal, quand le pays qui produit et réalise le film est celui qui présente l'un des taux d'incarcération de ses propres habitants les plus élevés au monde, avec un américain sur cinq en âge d'être incarcéré qui se retrouve en prison.

On peut même se demander si on a vraiment progressé depuis l'époque que décrit le film, puisqu'il y a autant de Noirs américains en prison à l'heure actuelle qu'il n'y avait d'esclaves noirs vers l'année 1862, au début du film. D'une terrible tristesse.

Mais d'un autre côté, l'ombre n'est-elle pas la plus sombre là où la lumière est la plus vive? 

Ce que montre très bien le film, c'est comment de nouvelles règles brutalement plaquées sur un système existant ont conduit à des tentatives de détournement: je veux parler de la loi des Etats du Sud sur l'apprentissage, qui n'était qu'une forme de prolongement de l'esclavage. 

Même une fois cette loi abrogée, il y a eu la ségrégation, et il a fallu de nouvelles luttes, qui se poursuivent jusqu'à aujourd'hui.

La domination économique a été, pour les Noirs qui refusaient de s'exiler vers le nord, un autre prolongement: il fallait travailler dans les champs pour ne pas connaître le chômage.

Alors oui, il y a eu un moment où toutes les conditions étaient réunies pour que de nouvelles règles soient établies, et en particulier la victoire des Etats du Nord sur ceux du Sud dans la guerre de Sécession. Mais les mentalités, elles, ont mis bien plus longtemps à progresser. On pourrait même dire que le combat pour la liberté reste plus que jamais d'actualité aux Etats-Unis. 

Les conditions idéologiques étaient réunies, mais de nombreuses mentalités étaient encore fermement ancrées dans le passé.
Cet etat de fait me fait penser à la situation économique en France. On se rend bien compte que les conditions ont changé. Certes, nous sommes sous le dogme d'une société capitaliste, et si le capitalisme est devenu un dogme, c'est parce qu'on s'efforce de l'appliquer même pour des domaines qui devraient relever du public: la santé, l'éducation, l'énergie (même les usines hydrauliques, pourtant profitables en France, sont revendues par l'Etat au privé). 

Mais la manière dont on produit les richesses est différente, les machines jouent un rôle beaucoup plus important, la finance accélère la richesse ou l'endettement, la notion même de travail s'est modifiée. Cette modification de conditions a permis l'arrivée de la notion de Revenu universel, débattue aux présidentielles. 

Cette idée du revenu universel a été rejetée, notamment par des gens qui promettaient une véritable révolution comme Mélenchon, affirmant qu'il ne fallait surtout pas ouvrir la boîte de Pandore du revenu universel. Même pour des gens qui promettent la révolution, on le voit, les mentalités restent ancrées dans le passé. 

Je pense, avec le recul, que toutes les conditions ne sont pas réunies pour l'arrivée de ce Revenu universel: il faudrait notamment arriver à autonomiser davantage chacun au niveau énergétique, et à faire en sorte que ce revenu soit plus global, tienne compte du facteur logement et énergie. J'ai lancé une piste à ce sujet dans mon précédent article. Mais on s'y achemine progressivement, cela me semble quasiment ineluctable.

Le changement de conditions climatiques dont il est question en ce moment, et la décroissance nécessaire, montrent aussi qu'il est impératif de modifier complètement les mentalités pour modifier les règles: la croissance ne peut être nécessaire et utile que si c'est une croissance verte, des emplois qui s'inscrivent dans le développement durable. Vouloir réduire le chômage pour réduire le chômage, vouloir faire baisser la dette pour des raisons uniquement économiques n'a aucun sens si le monde n'est plus viable. Les économistes se contrefoutent de l'écologie, ils vivent dans un monde de chiffres qui n'est pas le monde réel. 

Nous devons cesser de produire plus, ou de consommer plus que ce qui peut être renouvelé annuellement par la planète (le seuil annuel est dépassé depuis juin de cette année je crois). Le député de la France insoumise Eric Coquerel vient de parler sur France Info de planification écologique. Le terme peut sembler drastique. Je pense pour ma part qu'il faudra se garder de la marge de manœuvre, mais que celle-ci devient de plus en plus étroite. 

Quel est le rapport, allez- vous me demander, avec les notions de liberté et d'esclavage dans Free State of Jones ? Tout simplement que nous serons incapables de faire les bons choix tant que nous serons prisonniers d'un dogme, esclaves d'une mentalité rétrograde.

Le monde a été impacté par l'homme. A présent, le monde réagit en impactant l'homme. A nous d'en tirer les conséquences. 

mercredi 1 août 2018

Développer le solaire

De retour de vacances au Portugal, où j'ai eu l'occasion de filmer notamment les toits de Lisbonne, je repensais aux sociétés de panneaux solaires qui m'ont démarché plus ou moins récemment. J'habite dans le Val d'Oise (95), où l'exposition solaire est nettement moins importante qu'au Portugal. Je ne sais pas vous, mais je considère les sociétés de vente et d'installation de panneaux solaires à domicile comme des prédateurs commerciaux, et je refuse de répondre à leurs sollicitations. Je ne pense pas que ces sociétés permettront de développer réellement le solaire en France. J'ai en revanche imaginé une histoire où je donnerais suite à une sollicitation. La société qui me contacterait ne vendrait pas du solaire, mais serait une agence immobilière. 

Assis derrière ma table de dédicace, je vois approcher vers moi un jeune cadre dynamique, cheveux blonds, costume bleu et cravate noire en dépit de la chaleur étouffante au dehors, air avenant.

"Bonjour", me lance-t-il, un grand sourire aux lèvres.
Je réponds prudemment à son  salut. 
"Je représente l'agence immobilière SolarDev, et souhaiterais vous faire une proposition. Vous avez quelques instants à m'accorder?"
Je fronce les sourcils, puis jette un coup d'œil alentour. On approche de l'heure du déjeuner, et le magasin est pratiquement vide. Dans ces cas-là, je peux me permettre un brin de causette. "Allez-y. 
- Voilà, c'est très simple. Je vous propose d'acquérir un hangar dans le sud de la France. Ce hangar de 100 m2 coûte 10 000 €, terrain compris, et se trouve raccordé à EDF. Il se situe à cet endroit, parfaitement exposé."

Le commercial me sort une tablette, et me pointe son hangar sur Google Maps, dans le sud de la France. 

"Quel serait l'intérêt pour moi d'avoir un hangar là-bas?
- Le solaire, bien sûr. Dans cette région, l'aide pour l'achat de panneaux solaires correspondant à la surface de toiture du hangar est de 6000 €. Les panneaux eux-mêmes reviennent en moyenne à 9000 €, mais je vais vous communiquer une liste de vendeurs de panneaux que vous pourrez mettre en concurrence. 
- Admettons que je sois intéressé. Pourquoi vouloir me faire acheter un hangar et non un terrain sur lequel installer les panneaux? 
- Parce que le tarif de revente de l'électricité est bien meilleur sur un toit plutôt que dans un champ."

Suit une explication plus technique par rapport aux tarifs de rachat, au cours de laquelle le vendeur me démontre que le hangar, qui aura coûté, avec ses panneaux solaires, 13 000 € après aide de la région, sera remboursé intégralement, et commencera à me constituer une rente dès la 8ème année après l'investissement initial. Il me parle d'un revenu de 1800 € par an pour la surface concernée, et donc d'un gain cumulé de plus de 14 000 € dès la huitième année.

Je décide alors de considérer sérieusement cette possibilité, et prend les coordonnées de l'agent, lequel ne se paiera que sur une commission de la vente du terrain et du hangar.

Un scénario impossible ? 

Je suis allé sur différents sites pour élaborer ce scénario, comme celui-ci (infos de 2008), celui-ci et celui-ci (tarifs rachat électricité 2018). Je pense que c'est crédible, mais si vous vous êtes intéressé à la question, n'hésitez pas à m'envoyer des liens vers vos blogs.

Peu importe l'endroit où l'électricité est produite, du moment qu'elle est raccordée au réseau. Ce qui intéresse les gens, je pense, c'est une rentabilité en moins de 10 ans, avec un investissement qui reste sous la barre des 20 000 € (19 000 dans mon scénario, mais avec une aide de la région de 6000 € qu'il faut déduire). 

Si les gens ont la possibilité de se constituer une rente intéressante grâce au solaire, celui-ci va pouvoir se développer massivement. Le prix des panneaux solaire, qui reste un obstacle, va pouvoir diminuer. Mais il ne diminuera pour les régions du nord qu'à partir du moment où les gens installeront suffisamment de panneaux solaires dans le sud. 

L'idée de l'article m'est venue en parcourant des plaines d'Espagne qui m'ont semblé désertiques et parfaitement exposées au soleil. Je n'ai vu aucun champ de panneaux solaires sur mon parcours vers le Portugal.

A titre d'exemple, j'ai déjà fait venir chez moi une société qui m'a proposé un plan d'investissement sur 25 ans pour du solaire dans mon pavillon à Pontoise, dans le 95. La rentabilité était beaucoup trop lointaine, les travaux impliquaient un remplacement intégral de ma toiture, ce qui est toujours risqué puisque une toiture est un élément statégique indispensable pour la durabilité d'une maison, bref, je n'ai pas donné suite. 

Je considère que l'élément esthétique doit être l'une des priorités pour les sociétés qui cherchent à vendre du toit solaire. Dans une ville comme Lisbonne, par exemple, il faudrait être capable d'imiter parfaitement la tuile ocre tout en faisant du solaire. Le tourisme est trop important, et il faut obtenir l'approbation des maires pour faire du toit solaire.

Il existe déjà des panneaux solaires qui imitent parfaitement l'ardoise. C'est dans ce sens que l'on doit aller. 

L'autre frein en plus de l'esthétique des panneaux, c'est qu'en France, l'énergie doit être rachetée par un opérateur unique: EDF. L'absence de concurrence sur le rachat de l'électricité nuit bien sûr au développement du solaire. 

Le dernier frein que j'identifie, c'est que les champs de panneaux solaires (panneaux au sol) rapportent très peu par rapport aux panneaux montés sur toit. Cela devrait aussi changer si l'on veut favoriser le solaire.

Dans mon scénario, le hangar est raccordé à EDF, et le prix d'achat comprend le raccordement. Peut-être serait-il possible d'inventer d'autres scénarios, dans lesquelles l'énergie produite serait stockée dans des batteries, batteries que l'on pourrait revendre ou louer, soit à des maisons, soit à des voitures électriques. 

Cela implique bien sûr que le marché de l'énergie électrique ne soit plus le monopole d'une seule société, mais que chacun puisse en tirer parti. 

A l'heure où l'on parle de réchauffement climatique et de nuisance du nucléaire, ce serait une initiative en faveur d'une énergie propice au développement durable, puisque les panneaux solaires à base de silicium sont recyclables facilement et à moindre coût. 

Je terminerais en disant que je ne sous-estime pas l'importance d'une bien meilleure isolation dans les maisons, immeubles et appartements. Bien au contraire, puisque l'économie générée par une meilleure isolation serait sans doute plus importante que les gains à obtenir grâce au solaire. 

Néanmoins, l'un n'empêche pas l'autre, n'est-ce pas ? 

Note: pour le prix du hangar en lui-même, je me suis inspiré de ce site

[Edit 04/08/2021] :  tendance très inquiétante, en Chine, des centrales à charbon sont construites spécialement dans des régions peu peuplées comme le Xinjiang et la Mongolie intérieure pour produire l'électricité des producteurs de polysilicium, ceux-là même qui fabriquent des panneaux solaires à des tarifs très concurrentiels, grâce au charbon.

Les panneaux solaires construits en Chine, et qui alimentent notamment le marché américain, sont deux fois plus coûteux en CO2 que ceux fabriqués en Europe.

On marche donc sur la tête, en raison d'une compétitivité économique qui ne tient pas compte du facteur écologique: si les centrales chinoises à charbon étaient taxées en fonction de la pollution qu'elles émettent, elles n'existeraient pas car elles ne seraient plus compétitives.

De la part de la Chine, c'est totalement irresponsable, et de la part des Etats-Unis et des pays européens qui importent des panneaux en provenance de Chine, c'est une forme de greenwashing, une manière de délocaliser leur pollution en Chine.

Tout n'est donc pas rose du côté des panneaux solaires, et ce sera le cas tant qu'il n'y aura pas une taxe carbone mondiale obligatoire. 

Source: l'Opinion.

[EDIT 24/10/2019] Le saviez-vous? Si vous installez des panneaux solaires dans le but de revendre à EDF, même si vous recevez déjà de l'électricité, le raccordement pour la revente d'électricité sera payant, à vos frais.

Par ailleurs, vous devrez vous acquitter d'une taxe de 60 € par an.
Enfin, le contrat de revente à EDF (rachat obligatoire de l'électricité par EDF) est valable pour 20 ans NON RENOUVELABLE, c'est à dire qu'au bout de 20 ans, quand vous avez enfin amorti vos frais, vous ne pouvez plus revendre votre électricité.
Je sais pas vous, mais moi je pense qu'on pourrait faire mieux, en France, en matière d'incitation à l'électricité verte.
Seule l'autoconsommation semble attractive.

mardi 26 juin 2018

Symboles et littérature de l'imaginaire

Le plus bel objet magique sur lequel je sois tombé dans ma vie de lecteur, le plus symbolique, celui qui a le plus résonné en moi, est le Choixpeau magique dans Harry Potter à l'école des sorciers. Il s'agit d'un objet magique dont la symbolique est rattachée au monde réel, et en cela il résume parfaitement la série Harry Potter: un roman qui mélange monde réel et monde magique. 



Vous êtes plutôt littéraire ou plutôt matheux? Ni l'un ni l'autre? Plutôt intellectuel ou manuel? Timide ou audacieux? Courageux ou prudent? Paresseux ou travailleur?

Ces différentes caractéristiques, ces différents penchants, aptitudes ou compétences, ces traits de personnalité et ces valeurs, et bien d'autres, sont ceux qui nous définissent en tant qu'êtres humains. 

Ils nous renvoient tout aussi bien à la génétique qu'au développement personnel, à l'inné aussi bien qu'à l'acquis, au figé qu'à l'évolutif. 

La question métaphysique de la prédestination, du destin, de notre évolution, de notre présent et de notre futur, déjà écrit ou non, est intimement liée à ces caractéristiques, ces éléments qui nous composent. 

En inventant le Choixpeau magique, un chapeau qui, au moment de votre arrivée à l'école de Poudlard, va vous envoyer dans différentes familles auxquelles sont liées différents traits de personnalité et aptitudes (Gryffondor, Serdaigle, Poufsouffle, Serpentard), la romancière J.K. Rowling a réalisé le tour de force d'inventer (de découvrir, ou de redécouvrir, diront certains) un objet magique qui fait résonner tout cela en nous. 

Dans le roman, il est précisé que le Choixpeau tient compte de l'envie des élèves. Sur Internet, on peut aussi tomber sur différentes théories, dont l'une d'entre elle établit que le Choixpeau prend en fait en compte des valeurs auxquelles les enfants sont attachés. Vous n'irez pas forcément à Gryffondor parce que vous êtes courageux, mais parce que vous estimez que le courage est un idéal à atteindre. 

Je dirais qu'à la rigueur, peu importe la fonction exacte du Choixpeau, en tout cas du point de vue de l'auteur que je suis. Ce qui compte, c'est sa charge symbolique. La manière dont il va faire résonner toute une série de connaissances en nous, par rapport à notre évolution, justement dans un moment où les enfants, dans le récit, doivent faire le choix qui va conditionner les prochaines années qu'ils vont vivre, et peut-être, leur futur entier. 

Si vous n'êtes pas capable de faire le parallèle avec vos années de collège, c'est sans doute que vous n'avez jamais été au collège.

On a donc cet objet magique qui nous renvoie à tout un tas de choses du monde réel. Je n'aborderai pas l'aspect psychanalytique des symboles. Si cet aspect vous intéresse, je ne saurais trop vous conseiller de vous plonger dans Psychanalyse des contes de fées, de Bruno Bettelheim. Cette lecture ne pourra que vous confirmer que la symbolique, dans un récit, a un impact réel sur le lecteur. 

L'exemple de ce Choixpeau dans Harry Potter est fascinant pour moi en tant qu'auteur de littérature de l'imaginaire. Est-ce que, en tant que romanciers, nous faisons la démarche volontaire de rechercher des symboles à haut niveau de résonnance? Je ne le pense pas. Je ne crois pas que telle ait été la démarche de J.K. Rowling, et ce n'est pas la mienne non plus. Je crois que ces symboles nous sont apportés par le fil du récit, par l'histoire. 

Je ne dis pas non plus qu'il n'y ait pas quelques séances de brainstorming, ou si vous préférez, de cogitation. 

[Attention spoilers: univers d'Ardalia] 

Quand j'ai défini l'univers d'Ardalia, je me suis appuyé sur des objets magiques, avec des propriétés symboliques de leur élément. Le noueux, sorte de baguette magique qui permet aux shamans de convoquer les vents, ou l'orbe de Kerengar, qui possède des propriétés liées à la matière, et à la terre. 

J'ai aussi ajouté un aspect spirituel aux éléments. Le dieu du vent, par exemple, est aussi celui du Destin.

Mais je dois bien reconnaître que je n'ai jamais conçu (ou découvert) un objet qui puisse posséder une résonnance aussi forte, à différents niveaux, que ce Choixpeau. 

L'une des choses dont je suis le plus fier est l'Eau Turquoise des Malians, le peuple semi-aquatique aux pieds palmés. Un fluide qui va comporter différentes caractéristiques selon les bassins dans lesquels il est placé. Dans le bassin d'apprentissage, l'eau a une mémoire, et permet aux malians d'accéder à la sagesse de leurs ancêtres. 




Mais dans les bassins de naissance et de seconde chance, ce fluide va permettre aux créatures (pas toutes, d'ailleurs) de fusionner. De devenir l'équivalent de frères ou soeurs siamoises, si l'on veut se rapprocher de quelque chose d'humain.

La symbolique que l'on peut trouver dans l'Eau Turquoise, c'est l'harmonie entre les êtres - la déesse des Malians est la déesse de l'harmonie. C'est aussi, quelque part, notre propre évolution en tant qu'êtres humains issus de l'eau dans les temps anciens.

Mais il y a bien sûr quelque chose d'expérimental, dans cette trilogie Ardalia, l'idée de concevoir des peuples extraterrestres à une époque primitive et sauvage, grosso modo avant l'âge du fer.

C'est peut-être cet aspect expérimental, en dépit des nombreux repères qui existent par rapport à notre réalité, qui rend la résonnance moins forte avec celle-ci. 

En dehors de ses fonctions d'évasion pure, l'imaginaire nous permet en tout cas d'interroger, parfois de décrypter, notre univers. D'où ces nombreuses passerelles avec le monde réel que l'on trouve dans les univers de l'imaginaire.

lundi 18 juin 2018

Commander les livres Alan Spade

Lorsqu'on est comme moi auteur autoédité, l'un des plus grands écueils à surmonter est la distribution en librairie. C'est tout le sens de mon partenariat avec Expressediteur.com. Si vous vous demandez comment commander les romans Alan Spade en format papier, voici le mode d'emploi.

Tout d'abord, un immense merci à vous, lecteurs, pour votre soutien ! Grâce à vous, j'ai récemment dépassé le 12 000ème exemplaire vendu (ebook et livre papier cumulés).

Vous avez remarqué que mes romans n'étaient pas présents en rayon, mais vous souhaitez les commander auprès de votre libraire? Pas de souci, il suffit de demander à votre libraire de passer par le site Expresséditeur.com

Tous mes livres (en français) sont référencés sur ce site, qui permet aux libraires de les commander en toute sécurité, avec envoi du livre dans les 48h. C'est sécurisé pour le libraire (marge de 35% garantie), sécurisé pour vous, le lecteur, et sécurisé pour moi, l'auteur-éditeur. Que demander de plus? 

Vous pouvez aussi commander mes livres sur Amazon, en version papier ou ebook. A noter: les versions anglaises des livres papier de la trilogie Ardalia (The Breath of Aoles, Turquoise Water et The Flames of the Immolated) ne peuvent être commandées que sur Amazon. Il vous faudra alors cliquer sur le lien "livres étrangers". 

Les versions anglaises de mes ebooks sont quant à elles disponibles sur les grandes plates-formes, Amazon, La Fnac, Kobo, Apple, Google Play. Depuis peu, il existe également des versions ebooks contenant les deux langues, français et anglais, à prix abordable sur ces plates-formes. Des versions bilingues, donc, idéales pour l'apprentissage. 

Pour les commandes Fnac Alan Spade de livres papier, il arrive, malheureusement trop fréquemment, que ces commandes soient gelées. Comme on dit, il faut bien vivre, et lorsqu'une facture Fnac dépasse le délai légal de paiement de deux mois j'attends d'être réglé par la société qui gère les factures Fnac, Alize-SFL, avant d'accepter toute nouvelle commande.
Dans ce cas, je l'indique sur mon site d'auteur. Mieux vaut alors passer par votre libraire, ou par Amazon, pour commander votre livre et gagner du temps.


La société Alize-SFL gagnerait d'ailleurs énormément à s'inspirer du système mis en place par Expresséditeur.com

On peut continuer à commander les versions ebook de mes livres sur le site de la Fnac, car ce n'est pas Alize-SFL qui s'occupe des règlements, et je n'ai pas de souci de ce côté. 

Enfin, si vous préférez régler directement le créateur, ce qui est aussi le choix d'un certain nombre d'entre vous, il existe une possibilité de commandes groupées sur mon site, avec règlement en ligne par Paypal. Les versions ebooks sont dans ce cas offertes en plus des livres papier. 

Ces commandes groupées ne concernent pour l'instant que mes romans de SF et Fantasy, mais je pense faire une offre groupée sur les thrillers dès que le prochain, en cours d'écriture, sera sorti. 

Encore un grand merci  à vous tous, grâce auxquels cette aventure peut se poursuivre!

dimanche 10 juin 2018

Ronron et disruption

Dans la vie courante, le fait d'être arraché de votre sommeil par un bruit soudain est l'une des choses les plus brutales et agressives qui puissent vous arriver. Rien d'étonnant à ce que la disruption, qui vient perturber le ronron habituel d'un secteur économique, soit ressentie par ceux qui en sont victimes comme cataclysmique. Et pourtant, cette disruption peut être un facteur d'innovation, voire de progrès, et avoir un effet libérateur. 

Selon la définition du terme, la disruption, au niveau marketing, est une "stratégie d'innovation par la remise en question des formes généralement pratiquées sur un marché, pour accoucher d'une "vision", créatrice de produits ou de services radicalement innovants."

Je suis le survivant d'une disruption. Celle-ci, dans mon cas, n'a pas été le fait d'une entreprise en particulier mais du phénomène global d'Internet. Le groupe de presse, Posse Press, qui m'employait au début des années 2000, offrait des sharewares dans des DVD sous blister, livrés aux lecteurs avec les revues du groupe. 

Avec la montée en puissance du haut débit, les lecteurs se sont mis à télécharger de plus en plus, et comme ils lisaient de plus en plus les articles de tests de produits sur le net, de manière gratuite, ils ont fini par se détourner des revues payantes. 

La disruption s'accompagne en effet souvent d'une baisse de coût pour le consommateur, et en cela, le phénomène du "low cost" est un phénomène essentiellement disruptif. 

Je pourrais donc avoir une dent contre ces nouvelles technologies qui m'ont forcé à opérer deux reconversions professionnelles successives. Pourtant, il me serait difficile de nier que dans le cas d'Internet, le positif l'emporte largement sur le négatif. 

L'ironie des choses, c'est qu'après avoir été victime d'une disruption, j'en ai été le bénéficiaire: en lançant la liseuse Kindle en 2007, Amazon est venu chambouler le paysage de l'édition traditionnelle. 

Nous autres auteurs, à quelques exceptions près que l'on met en vitrine, sommes traditionnellement les otages du marché du livre, les seuls acteurs qui ne sont pas considérés comme des professionnels, notamment parce que nos revenus liés à l'écriture ou à la vente de nos livres sont insuffisants, et que nous devons, dans notre grande majorité, prendre un boulot alimentaire pour faire bouillir la marmite. 

Après la révolution de l'ebook qui a véritablement débuté en 2009, en particulier aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en France, une nouvelle catégorie d'auteurs est née, capable d'assurer sa subsistance de manière indépendante, via la vente d'ebooks. Les journalistes ont parlé d'ubérisation de l'édition. 

Cette révolution ne m'a pas permis, dans mon cas particulier, de vivre de la vente d'ebooks, mais a amené des ressources supplémentaires. Je n'ai pu manquer de ressentir l'aspect libérateur de ce qui a été, pour le monde de l'édition, une énorme perturbation. 

Il y a un domaine que l'on pourrait penser à l'abri de toute disruption. A la fois parce que ce domaine relève d'une haute technologie, inaccessible au commun des mortels, et parce qu'il est traditionnellement le domaine réservé des gouvernements. Il s'agit de la fabrication de fusées, du lancement de satellites, et, de manière plus large, de la conquête spatiale. 

Oui, vous me voyez venir avec mon Space X. La compagnie d'Elon Musk a prouvé qu'elle pouvait remettre en cause le modèle traditionnel de lancement de fusées. En parvenant à faire atterrir les premiers étages des lanceurs, Musk a prouvé qu'un autre modèle, beaucoup plus économe, était possible. 

En concevant ses entreprises autour de labo de recherche et de développement et non en rajoutant ces labos dans un deuxième temps aux entreprises, Musk a prouvé qu'on pouvait innover de manière plus pointue encore. 

Il a démontré, en cassant le secteur réservé des grands marchés de l'espace, que ceux-ci étaient dans un ronron, et gaspillaient dans une large mesure l'argent du contribuable. Pourquoi? Parce que, notamment, le fait de faire atterrir le premier étage des fusées était jugé infaisable ou trop coûteux. 

Il est venu avec un regard neuf, et a prouvé que c'était possible, d'une certaine manière, parce qu'il était trop con pour comprendre que c'était impossible. 

Combien de personnes ont dû être jugées trop stupides, parce que faisant preuve d'audace ou d'un regard neuf? Les adversaires de Napoléon auraient probablement jugé ses plans de combat complètement insensés. De même, l'idée, pour les Allemands, de passer en force avec des blindés dans la forêt des Ardennes devait sembler totalement irréaliste à l'état-major français. 

Dans le domaine scientifique, la disruption procède aussi de la remise en cause des théories existentes. Imaginez le tremblement de terre dans la communauté scientifique, quand on a été à même de prouver que la loi de Newton ne s'appliquait pas pour la planète Mercure? Que c'était Einstein qui avait raison avec sa théorie de la relativité? 

Récemment, sur Facebook, je pointais du doigt le gaspillage des briques de jus de fruit, de lait et de potage, qui conservent des gouttes de contenu aux quatre coins. Une autrice, Isabelle Grammont, est intervenue en disant: "le meilleur emballage, c'est celui qu'on ne produit pas", que je traduirais avec mes mots à moi: le meilleur emballage, c'est quand il n'y a pas d'emballage. 

Imaginez maintenant un entrepreneur qui me prenne au mot. Cet entrepreneur se mettrait à stocker le lait, les jus de fruits et autres, dans des cuves. Il installerait une tuyauterie parallèle dans chaque foyer. Cette tuyauterie serait reliée à un ou des robinets distincts des arrivées d'eau. 

Résultat des courses, la prochaine fois que vous voulez un jus d'orange, vous surfez à l'aide de l'app sur votre smartphone, achetez la quantité requise, et faites couler le robinet prévu à cet effet pour recueillir votre boisson. 

Une idée farfelue? Ou bien un regard neuf posé sur l'industrie? A l'heure où l'on parle d'un septième continent de plastique, l'emballage va devenir un secteur à fort enjeu. 

Je peux me tromper, mais je prédis que c'est l'un des secteurs qui va subir une disruption au XXIème siècle. 


mercredi 30 mai 2018

Prestation de services et commentaires

Les commentaires sur les sites de vente concernant les romans ou livres en général, s'ils ne suffisent pas à eux seuls à générer des ventes, sont un ingrédient quasiment incontournable pour l'auteur autoédité. Ces commentaires représentent donc un enjeu économique fort, non seulement pour les autoédités, mais aussi pour tous les acteurs du marché. Ces quelques lignes d'appréciation si précieuses surviennent rarement d'elles-mêmes. Pour l'auteur inconnu, en obtenir représente une débauche de temps et d'énergie considérable. Cet état de fait pourrait s'améliorer en France, à condition que des prestataires de service s'y prennent intelligemment. 

Je suis auteur depuis 2001, autoédité depuis 2006 (avec une brève parenthèse vers l'édition en 2009-2011). Mon but est de vivre de ma plume, ce que j'arrive à faire depuis 2014. On me pardonnera donc la portée utilitaire de mon propos, sachant que de nombreux blogueurs font preuve d'une bonne volonté admirable, et soutiennent activement les auteurs autoédités. 

J'ai conscience que tous les blogueurs, quels qu'ils soient, sont des êtres humains et non des outils au service des auteurs. 

Maintenant, voici ce que j'ai constaté au sujet des commentaires de livres : 

- les commentaires sur les blogs, hormis certains blogs très rares que l'on peut appeler "blogs prescripteurs", et qui sont assiégés par les éditeurs, n'ont pas d'effet direct sur les ventes
- un commentaire sur un blog, quel qu'il soit, peut néanmoins être utilisé de manière indirecte, par exemple à l'occasion d'une séance de dédicace, et se révéler utile pour l'auteur
- les commentaires sur les sites de vente peuvent générer des ventes, et/ou des "pages lues" (emprunts dans le cadre des abonnements Kindle ou KoboPlus)
- les ebooks classés dans les meilleures ventes suscitent nettement plus de commentaires, comme si certains lecteurs se sentaient obligés de donner leur avis (leur aval?) sur le dernier titre à la mode
- il est de plus en plus difficile, pour un auteur inconnu, d'obtenir un commentaire sur un site de vente
- on obtient nettement plus facilement un commentaire sur un site dédié ou un blog si on envoie le livre papier plutôt que l'ebook, que ce soit en passant par un site comme Goodreads, Livraddict ou Simplement pro
- un site comme Goodreads propose à présent d'envoyer des ebooks à des lecteurs moyennant paiement de l'auteur, dans le but d'obtenir des commentaires

On ne va pas se cacher les choses: envoyer un livre papier, pour l'auteur autoédité, représente d'autant plus un budget que les frais de port vont en augmentant, si on passe par La Poste. 

Donc, si l'on regarde les choses de manière lucide, les auteurs qui tiennent le plus à obtenir des commentaires sont prêts à investir de l'argent pour ce faire. 

On constate aussi, lorsqu'on a comme moi des romans traduits en anglais, que les sites qui, aux Etats-Unis, vous permettent d'être vus par des dizaines de milliers d'abonnés, ces sites payants qui vous permettent de faire la promo de vos ebooks, réclament au moins une dizaine de commentaires positifs pour accepter votre ebook. 

En conséquence, aux Etats-Unis, outre l'offre payante de Goodreads précédemment évoquée, un prestataire de service nommé Hidden gems books s'est mis en place. 

Il est intéressant de voir que ce prestataire a débuté uniquement avec des romances: les romances sont en effet le genre le plus actif de l'autoédition, et sans doute aussi le plus lu. Le service s'est par la suite ouvert aux autres genres. 

Amazon interdit à juste raison que l'on paye quelqu'un pour qu'il vous commente votre livre. J'ai toujours recommandé d'éviter ce genre de pratique. 

Hidden gems books (HGB) va jouer le rôle d'intermédiaire: c'est ce service que vous paierez, et non les commentateurs. Cela fait toute la différence, puisque HGB ne rémunère pas, d'après ce que j'ai pu voir, les commentateurs. 

Le site procède à une sélection de lecteurs souhaitant lire des livres gratuits en échange de commentaires, en évacuant au fil du temps les lecteurs qui ne commentent pas, ou bien dont le commentaire est trop succinct ou trop peu argumenté. Le site affirme qu'il obtient ainsi en moyenne 80% de commentaires, c'est à dire que si vous payez pour obtenir 50 commentaires, vous êtes sûr d'en obtenir une quarantaine. 

Les tarifs, 2$ par lecteur, m'ont semblé raisonnables compte tenu de la difficulté qu'il y a en temps normal à obtenir des commentaires, et du côté fastidieux, notamment, d'envoyer des livres papier - les commentaires sont faits sur des versions électroniques. 

Attention, ce que l'auteur paye, c'est la mise en relation avec le lecteur, ceci afin de ne pas enfreindre les règles d'Amazon. Le nombre de commentaires n'est donc pas garanti, et si un site se met en place, il devra veiller à ce que les lecteurs s'engageant à commenter des livres dans un délai imparti tiennent leurs engagements à 50% au minimum. En dessous de ce seuil, la déception des auteurs fera que le site ne sera plus viable.

Il faudra surveiller cela genre par genre: si les personnes qui s'occupent d'un tel site s'aperçoivent que seulement 2 commentateurs de roman de Fantasy sur 10 tiennent leurs engagements, là où 9 commentateurs sur 10 tiennent leurs engagements en romance, ça veut dire que la recherche de commentateurs intéressés doit davantage s'orienter vers des lecteurs de Fantasy. Ou vice-versa, bien sûr. 


Ce qui m'a décidé à essayer ce prestataire pour ma trilogie en anglais, c'est à la fois parce que le service avait plutôt bonne réputation auprès des auteurs, mais aussi parce qu'il arrive assez souvent que les commentaires obtenus par le biais de HGB ne soient pas élogieux. 

Masochisme? Eh bien, je me mets à la place du lecteur. En tant que lecteur, j'ai envie d'avoir des commentaires honnêtes, pointant aussi bien les failles du livre que ses qualités. Il est essentiel qu'un prestataire comme Hidden Gems Books puisse garantir l'impartialité des commentaires. 

Ce type de service, à ma connaissance, n'existe pas en France. Je trouve cela vraiment dommageable pour les nouveaux auteurs, ceux qui ont besoin des quelques premiers commentaires indispensables pour commencer à faire bouger les choses au niveau des ventes.

Indispensables, ces commentaires, mais pas toujours suffisants, nous sommes bien d'accord. D'autres efforts promotionnels seront tout aussi indispensables de la part de l'auteur (newsletter, pubs sur Facebook ou Amazon pour le marché anglo-saxon, dédicaces).

Donc, si vous connaissez quelqu'un qui a un projet de start-up dans l'univers de l'ebook et qu'il ou elle puisse mettre en place dans la francophonie quelque chose de similaire à ce que fait Hidden Gems Books, à la condition que les tarifs soient honnêtes et que l'impartialité des commentaires soit garantie, je pense que vous serez bien accueillis par les auteurs autoédités. 

En effet, tant qu'à mettre de l'argent sur de l'envoi de livres, pourquoi ne pas réserver ce budget à un prestataire qui simplifierait grandement les choses pour les auteurs? Un prestataire qui serait capable de garantir un certain nombre de commentaires en fonction d'une somme d'argent, et dans un temps donné.

La demande est là. Le succès d'un tel service dépendra bien sûr de sa capacité d'attirer aussi bien des lecteurs intéressés et sérieux, du côté des commentateurs, que des auteurs désireux de voir leur livre commentés sur les sites de vente. 

PS: A noter que Kobo propose déjà, dans ses "services pour les auteurs" la possibilité d'obtenir des commentaires de la part "d'un professionnel de l'édition de Publishers Weekly". Cela coûte cher, et n'a rien à voir avec ce que je propose, à savoir un service d'intermédiation entre les auteurs et les lecteurs/commentateurs. 

[EDIT 31/05/2018] : un auteur me parlait sur Facebook des "commentaires pourris qui nous flinguent les ventes". J'ai dernièrement reçu le commentaire 1 étoile suivant sur Kobo, pour mon dernier roman, Passager clandestin, qui s'intitule "A fuir." En voici le copier-coller:  "Completemnt nul ennuyeux a ne pas perdre son temps."  

Il est évident qu'après cela, mes ventes ont nettement baissé sur le site, et j'en suis dégoûté. Mais justement, un prestataire qui emploie des gens qui lisent vraiment le livre et le commentent évitera ce genre de commentaires. Ils ne seront pas acceptés, car pas assez argumentés. L'auteur qui commande des commentaires à un prestataire doit avoir au moins l'impression que les lecteurs rédigeant les commentaires ont lu le livre. C'est le principe de base. Mais oui, bien sûr, se faire commenter de manière honnête comporte toujours le risque de ne pas plaire. Il faut faire avec. 

samedi 19 mai 2018

Un nouveau concept

Oui, je sais, vous allez me dire que je suis peut-être le seul à trouver nouveau ce concept. Il n'empêche qu'au cours de ma carrière d'auteur autoédité, je ne l'ai jamais vu mis en pratique dans des romans de Fantasy. L'idée? Permettre à mes lecteurs de découvrir à la fois les versions française et anglaise de ma trilogie de Fantasy dans un même ebook. Un marché de niche, certes, mais qui me permet pour la première fois d'aborder une catégorie qui semblait jusqu'alors l'exclusivité de la non-fiction: l'apprentissage de la langue. 


L'idée m'est venue en voyant scintiller les yeux de certains de mes lecteurs quand je leur proposais, en dédicace, de leur envoyer gratuitement la version anglaise de l'ebook, pour compléter leur achat du livre papier. 

Je me suis dit: le fait de pouvoir lire à la fois en anglais et en français suscite donc de l'intérêt pour certains de mes lecteurs, que ce soient des mères de famille dont l'ado apprend l'anglais et apprécie la Fantasy, ou bien des lecteurs ayant un intérêt pour le bilinguisme, ou la traduction. 

Un intérêt suffisant pour mettre un peu plus d'argent dans un ebook à la fois en français et en anglais? Ça a été mon impression, mais je ne pourrais bien sûr répondre à cette question qu'empiriquement, au vu de mes courbes de ventes. 

De plus en plus de lecteurs achètent directement en VO les romans de Fantasy, il faut le savoir. Ils peuvent avoir envie de s'améliorer dans leur connaissance de la langue anglaise.

J'aime énormément l'impression d'être un pionnier dans le domaine de l'autoédition, et, même si cette expérience se traduit par des courbes aussi plates que la mer du Nord, je suis heureux d'expérimenter, parce que ça fait aussi partie du métier. Oui, c'est assez grisant, même si d'autres l'ont sans doute déjà fait avant moi, se sont plantés et ont eu tellement honte de leur échec qu'ils n'ont pas parlé de cette expérience (ce qui expliquerait que je pense, dans ma grande naïveté, avoir innové). 

Je trouve le format ebook propice à la navigation entre chapitres, et passer d'un chapitre anglais à un chapitre en français offre un plus non négligeable par rapport au simple fait d'appuyer sur le mot anglais pour en avoir la définition. Le contexte, voilà ce qui est très appréciable. Le sens, la manière dont le traducteur (et j'ai traduit deux de mes trois romans de Fantasy, Eau Turquoise et Les Flammes de l'Immolé, moi-même) va surmonter des difficultés ou aborder des tournures de phrase. 



Bien sûr, même si Dawn Lewis, la correctrice professionnelle de langue anglaise qui m'a aidé à traduire, corriger et remettre dans le bon ordre la trilogie en anglais, est à mon avis très talentueuse et a fait un travail magnifique, je ne vais pas vous demander de me croire sur parole quant à la qualité de la traduction. 

Vous pouvez vous faire votre propre opinion, en téléchargeant gratuitement Une brève histoire d'Ardalia - Duo français anglais.  

Vous pouvez aussi lire les critiques anglo-saxonnes sur les sites de vente

En pratique, pour les romans dont la couverture est française, j'ai mis la version française en premier, et la version anglaise en deuxième. Pour les romans dont la couverture est anglo-saxonne, j'ai mis la version anglaise en premier, et la version française en deuxième.

Si l'idée vous séduit, n'hésitez pas à télécharger les romans, ou bien à les recommander aux personnes autour de vous susceptibles d'être intéressées. Y compris via les réseaux sociaux! 






Prix: 5,99 €



Prix: 7,99 €



Prix: 8,99 €