L'ascension au pouvoir de Donald Trump a été rendue possible par le cynisme des précédents gouvernements aux Etats-Unis, lesquels, en devenant toujours plus corrompus, en trahissant leurs promesses à l'égard des minorités, sont devenus mûrs pour accueillir un sociopathe à la Maison blanche. De la même manière, les gens qui, en France, disent que rien ne va changer sous Joe Biden font preuve de cynisme.
Le cynisme tel que pratiqué par Diogène dans la philosophie grecque prônait la sagesse et la vertu. Mais avec le temps, le sens du mot s'est altéré. Le dictionnaire dit maintenant ceci: "Mépris des conventions sociales, de l'opinion publique, des
idées reçues, généralement fondé sur le refus de l'hypocrisie et/ou sur
le désabusement, souvent avec une intention de provocation."
Par rapport à cette définition, je dirais que ce que j'entends, moi, par le cynisme contient une bonne part de fatalisme pouvant aller jusqu'au désespoir -- ce que le dictionnaire appelle "désabusement". Avec parfois une dose d'humour noir à la Charlie Hebdo. Il engendre chez les gens qui le pratiquent une sensation de supériorité intellectuelle par rapport à ceux qui le refusent.
J'ai écouté le discours de victoire de Joe Biden, et je trouve que c'est le plus beau discours que j'ai jamais entendu d'un homme politique. Vous pouvez accéder à l'intégralité de son discours en cliquant sur ce lien. Un discours d'union, de rassemblement et de bienveillance. Mais pas seulement. C'était la première fois que j'entendais un président américain parler de "racisme systémique" aux Etats-Unis.
Biden, qui se définit comme "le mari de Jo" a été élu par les minorités, et il le sait. Il a fait parler Kamala Harris, sa vice-présidente de couleur, avant lui -- le discours de Kamala n'était pas mal non plus.
S'il n'y a pas de changement aux Etats-Unis avec Joe Biden et Kamala Harris au pouvoir, il n'y en aura jamais. Le changement, de toute façon, est déjà arrivé: il suffisait de voir les foules faire la fête le 7 novembre 2020, jour de la victoire de Biden. Ce changement est déjà arrivé, parce que celui qui fait figure de modèle, c'est désormais le nouveau président élu, et non le clown narcissique, pathétique et infantile de la Maison blanche, qui ne vit que par et pour son ego. Kamala va, avec Michelle Obama, constituer un très beau modèle pour les petites filles, et en particulier les petites filles noires. C'est la première fois qu'on a une vice-présidente à la Maison blanche, bon sang!
La première décision qu'a pris Joe Biden est celle qui va marquer sa présidence: c'est la décision bienveillante de mettre au point une "task force" pour contrer le coronavirus.
J'aurais beau sortir tous les arguments du monde en faveur de Joe Biden, je sais la réponse que me feront certains. "Tu es naïf, Alan", ou bien "Tu vis dans un monde de bisounours".
C'est la réponse classique des cyniques. Des gens désabusés. Des gens qui ont désappris à regarder le monde avec leurs yeux d'enfants. Qui ont désappris l'espoir.
Ce cynisme nous a mené, en France, à élire le président le plus cynique de la Vème République, Emmanuel Macron. C'est à dire que la prochaine étape, si nous continuons sur cette pente, va consister à élire un ou une présidente sociopathe. Nous sommes mûrs pour cela.
Le cynisme va aussi consister à dire: "ce ne sont que les vieux qui meurent du coronavirus", on ne va pas faire de confinement sévère. Ou pas de confinement du tout.
Hé, les gens. Nous avons eu 86 852 contaminés, et avons dépassé les 40 000 morts le jour où Joe Biden a été élu 46ème Président des Etats-Unis. Le 7 novembre. Une semaine après le début du reconfinement. Les lits de réanimation sont occupés à plus de 85% en France. Ce ne sont pas que les vieux qui meurent du covid. Et même si. Elle est où, la bienveillance, elle est où l'empathie?
On se tirera de cette épidémie ensemble, ou pas du tout.
Posez-vous la question: y aurait-il eu une Sécurité sociale en France sans un minimum d'espoir, de foi en l'avenir, ou dans les vertus du partage de ressources?
Cela fait déjà une semaine que j'écrivais dans un article que le confinement est voué à l'échec. Le confinement tel que voulu par Macron, en tout cas. Car pas assez strict, loin de là. Il ne définit pas non plus de limite temporelle, ce qui est catastrophique économiquement, mais aussi du point de vue du moral pour les Français, et de l'indispensable bienveillance dont il faut faire preuve. Mais qu'attendre d'autre d'un président aussi cynique que le nôtre? Un président incapable de passer un contrat moral avec les Français, parce qu'il ne leur fait pas confiance -- il préfère la répression.
J'en suis désolé, mais ma voix est trop faible pour que cet article ait porté ses fruits. Il aurait fallu pour cela qu'un nombre massif de gens le partagent sur les réseaux sociaux.
Un grand message d'espoir nous est venu des Etats-Unis. Vous êtes libres d'en ignorer la portée ou la signification. Vous êtes libres de dire que je vois le monde avec des verres de lunettes colorés en rose. Mais je crois bien que le cynisme ne nous mènera nulle part.
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