vendredi 20 novembre 2020

Maladies mentales

Les maladies mentales sont beaucoup plus répandues dans la société qu'on ne le croit. Souvent, elles sont d'origine génétique. Faut-il intervenir sur les gènes pour les éliminer, comme on le fait avec la procréation médicalement assistée (PMA) pour certaines maladies rares? Avoir recours, donc, à l'eugénisme? Certainement pas, car si les maladies mentales peuvent être toxiques et dangereuses, les gènes qui les transportent sont une condition de notre richesse et diversité génétique.

Dans la sublime série Star Trek: Deep Space Nine, le docteur Julian Bashir, être génétiquement amélioré et supérieurement intelligent, va faire la connaissance de mutants génétiquement améliorés d'un genre bien particulier. En effet, dans les épisodes Probabilités et statistiques (saison 6) et Chrysalide (saison 7), ces mutants s'avèrent souffrir de forme d'autisme et de schizophrénie. Ou en tout cas de maladies mentales. A tel point qu'on pourrait les croire sortis d'un asile. 

Ils n'en sont pas moins terriblement sympathiques, et permettent de résoudre de grands problèmes de l'humanité. 

Au passage, le personnage de Julian Bashir m'a inspiré mon Docteur Shirba dans ma nouvelle humoristique de Science-Fiction Désastre, tirée du recueil Les Explorateurs. 

 


La série nous met cependant en garde: mettre ces mutants dans des positions de pouvoir, c'est sans doute faire courir l'humanité à sa perte, rien de moins. 

Vous voyez où je veux en venir? Dans l'actualité récente, nous avons un président des Etats-Unis, Donald Trump, qui ne semble pas prendre des décisions rationnelles. Par exemple, au moment même où son pays est ravagé par le coronavirus, il s'acharne à prétendre, deux semaines après les résultats de l'élection qui a vu la victoire de son rival Joe Biden, que celle-ci est truquée. 

Si on examine sous l'angle de la santé mentale Donald Trump, il souffre en fait de sociopathie, ou désordre de la personnalité antisociale, et remplit à un stade aigu à peu près tous les critères définis par la clinique de Mayo

- Le mépris du bien et du mal

- Mensonge ou tromperie persistants pour exploiter les autres

- Être impitoyable, cynique et irrespectueux des autres

- Utiliser le charme ou l'esprit pour manipuler les autres à des fins personnelles ou de plaisir

- L'arrogance, le sentiment de supériorité et le fait d'avoir des opinions très arrêtées

- Problèmes récurrents avec la loi, y compris les comportements criminels

- Violation répétée des droits d'autrui par l'intimidation et la malhonnêteté

- L'impulsivité ou l'absence de planification

- Hostilité, irritabilité importante, agitation, agression ou violence

- Manque d'empathie pour les autres et absence de remords pour avoir fait du mal aux autres

- Prise de risques inutiles ou comportement dangereux sans égard à sa propre sécurité ou à celle des autres

- Relations médiocres ou abusives

- Ne pas tenir compte des conséquences négatives de son comportement ou ne pas en tirer les leçons

- Être constamment irresponsable et manquer de façon répétée à ses obligations professionnelles ou financières

Mais ce n'est pas grave, il est juste Président du pays le plus puissant au monde... 

Dans un autre genre, Emmanuel Macron, le président français, souffre lui aussi de symptômes proches de la psychopathie, comme l'absence d'empathie, le cynisme, l'absence de remords... C'est moins visible chez Macron, car il est moins excentrique, mais si vous doutez de mon objectivité à son égard, regardez quels sont deux des pays où l'on dénombre le plus de morts du coronavirus au monde: les Etats-Unis avec plus de 252000 morts au 20 novembre 2020, la France avec plus de 47000 morts à la même date, pour une population bien plus réduite que les Etats-Unis. Nous sommes dans le peloton de tête des dix pays avec le plus de morts lié au covid-19, et depuis un moment.

En fait, on a le sentiment que pour avoir une chance d'être président en France, il faut être un animal politique, et que pour être un animal politique, il faut être un tueur. Développez des qualités de sociopathe ou de psychopathe, et vous serez récompensé par la société avec la plus haute fonction existante. 

Cela vous semble extrême? Considérons maintenant l'un des fléaux du siècle. Le harcèlement en entreprise. Très souvent, ce harcèlement vient de responsables hiérarchiques qui sont arrivés à ce poste à force de carriérisme, d'opportunisme et, lâchons le mot, de prédation. Eux aussi ont été récompensés du mal qu'ils ont fait avec un beau salaire et des privilèges en veux-tu en voilà.

Si vous dressez le profil psychologique de votre harceleur en entreprise, il y a fort à parier que vous repérerez des traits de sociopathe, et notamment l'absence d'empathie, le cynisme et la manipulation. C'est d'ailleurs un exercice très sain et que je vous recommande afin de vous mettre à distance de la personne en question.

Maintenant, prenons les problèmes domestiques. Le nombre de femmes battues. Mais aussi, l'inceste. Une personne sur dix qui aurait été victime d'inceste dans son enfance, ce n'est pas le signe d'une société qui fait preuve d'une santé mentale rayonnante, il me semble. 

Ces différents fléaux sont donc très souvent du fait des hommes. Mieux vaut être un homme, d'ailleurs, pour être élu président de la république française. Les femmes présidentes se comptent sur les doigts de... enfin, sur aucun doigt. Même chose aux Etats-Unis, d'ailleurs.

Ce sont le plus souvent les hommes qui battent ceux ou celles qui sont moins forts physiquement, eux qui exercent la violence psychologique, parce que notre société patriarcale les a placés en position de puissance sans pour autant leur fournir l'éducation adaptée. Et, toujours, en récompensant dans les faits la prédation que cette même société dénonce hypocritement en paroles.

Le mot "caïd", ou "petit caïd", le mot "tyran", le mot "dictateur" se déclinent au masculin, pas au féminin.

Ne faisons pas d'angélisme non plus, il serait faux de dire que les femmes sont incapables de manipulation, de violence psychologique ou physique, ou de prédation. Elles en ont sans doute moins envie, mais elles sont surtout souvent moins en position de le faire. 

En fait, ce sont nos gènes qui, pour faire de nous de meilleurs prédateurs, mais aussi des gens plus créatifs, comme on l'a vu dans la série Deep Space Nine, nous ont prédisposés aux maladies mentales. C'est pourquoi l'évolution n'a pas éliminé ces gènes, qui sont également partagés entre hommes et femmes. 

Dans ce cadre de la maladie mentale, je me suis intéressé récemment aux mères fusionnelles. Non pas pour rejeter la "faute" sur les femmes, mais parce que cela fait partie du problème. D'ailleurs, si ce sont les gènes les principaux responsables, de quelle faute parle-t-on? Peut-on reprocher à quelqu'un d'avoir hérité de gènes toxiques? N'y aurait-il pas une légère forme d'injustice à le faire? 

Les mères fusionnelles, donc, sont décrites par ce très bon article de deux types: les mères étouffantes et les mères peu aimantes. Toutes deux sont qualifiées de manipulatrices et toxiques. Ce qui signifie que vous pouvez avoir une mère qui met de la distance, mais qui sera quand même une mère fusionnelle. Cela peut sembler paradoxal, et notamment avec cette phrase de l'article: Nombreuses sont celles qui se retrouvent face à des thérapeutes parce que leur mère les a étouffées, absorbées, écrasées de cet amour qui les a ligotées, toujours ramenées en arrière comme le ferait un cordon ombilical en bretelle, empêchant le bébé de quitter le ventre maternel. Mais les mères peu aimantes et fusionnelles, cela existe aussi.

A quel point ces mères fusionnelles, d'un genre ou de l'autre, sont-elles courantes dans la société? C'est une question importante, parce qu'au travers de mes recherches sur le sujet, j'ai pu relier ces mères à l'affection connue sous le nom de schizophrénie.   

Ce trouble mental qu'est la schizophrénie est d'une grande complexité, comme vous pouvez le découvrir dans cet article Wikipédia. J'ai eu l'impression en me documentant que la schizophrénie était la mère de pas mal de troubles mentaux, en fait. Par exemple, l'autisme et ses dérivés seraient considérés comme un symptôme de la schizophrénie. 

En effet, la schizophrénie qui fait le plus peur, celle dont on refuse de parler et qui est souvent "l'éléphant dans la pièce" dans les familles, la schizophrénie paranoïde, n'est que l'une des formes que revêt ce trouble mental. 

En me documentant, j'ai constaté que la science est loin d'avoir tout découvert à ce sujet. Je suis persuadé qu'il existe de la schizophrénie sous des formes atténuées qui échapperont à des tests classiques de psychiatrie, et qui ne vous feront pas envoyer dans un asile.

On remarque bien sûr à quel point cette affection a fait peur à la société dans la répression qu'elle a exercé à l'égard des malades: internement, camisoles de force, électrochocs, lobotomie, neuroleptiques ultra puissants... On a déployé les grands moyens.

On a cru à un moment que la schizophrénie était surtout liée à l'acquis, c'est à dire aux interactions entre la mère et son enfant. Mais les études plus ou moins récentes, comme cette très bonne étude québecoise, démontrent que c'est avant tout une affection d'ordre génétique, héréditaire. 

Quel rapport, allez-vous me demander, avec les mères fusionnelles? Eh bien, c'est vraiment relié, comme le montre cet article, qui étudie le cas d'un patient schizophrène appelé Monsieur X.

Voici les extraits qui me font dire cela:  

 
Dans la structure d’une personnalité psychotique, la relation d’objet est fusionnelle, et il y a déni de la réalité extérieure. Si la mère est trop fusionnelle, elle ne permet pas l’altérité. Le «je» ne peut se former qu’en opposition à l’«Autre»

Monsieur X interagit soit de façon fusionnelle, soit par l’exclusion; donc excès ou défaut de présence.


Le contact se crée et devient graduellement trop intense, car fusionnel. Le patient devient «accéléré», s’excite, devient nerveux et tend soit à se refermer, soit à me questionner sur l’existence et l’aspect bénéfique de certaines parties de son corps. C’est alors que j’introduis de fréquentes pauses afin de « défusionner » la relation avec le patient lorsque celui-ci démontre des signes d’inquiétude face à la transmutation des parties de son corps ou encore lorsqu’il devient agité.

Et surtout ceci, très important: À la question concernant comment il se situe par rapport aux autres êtres humains, incluant moi-même, Monsieur X a été en mesure de nous placer à l’extérieur de lui-même, sauf pour ce qui est de sa mère, qu’il a catégoriquement déclarée comme étant à l’intérieur de lui-même. Cela confirme l’aspect fusionnel de sa relation à sa mère. «Pourquoi dire “je”, s’il n’y a personne à qui l’opposer? La mère fusionnelle ne permet pas l’altérité.» (Lacan, 1949)

Jacques Lacan est cité dans l'article, et il ne faut pas hésiter à se documenter sur ses écrits pour en savoir plus. 

S'il est aussi important pour moi d'évoquer les mères fusionnelles dans cet article, c'est parce qu'elles représentent un retour aux sources, un retour vers les causes premières de certaines maladies mentales. Retour aux sources, parce que cela nous renvoie à une réalité commune: à l'exception des êtres humains nés dans des couveuses, nous avons tous été fusionnés à une mère, reliés à elle par un cordon ombilical. La problématique de "fusion/défusion" revêt une importance capitale sur le plan mental, me semble-t-il. 

Cela dit, je peux me tromper. 

Je parlais à un moment de la notion de créativité liée aux maladies mentales. Si vous vous rendez sur la page Wikipédia qui traite des personnalités ayant le syndrome d'Asperger (une variante de l'autisme, elle-même dérivée, donc, de la schizophrénie), vous pourrez lire ceci: Albert Einstein, Isaac Newton, Charles Darwin, William Butler Yeats et Thomas Jefferson entre autres, présentent des traits associés au spectre de l'autisme ainsi qu'une intelligence et une créativité hors normes. Les excentricités du pianiste virtuose Glenn Gould ont souvent été reliées au SA. Plusieurs psychiatres ont conclu que l'ancien champion du monde d'échecs Bobby Fischer était également autiste Asperger.

J'ajouterais à cette liste Elon Musk, qui présente notamment des difficultés d'élocution. Ces différentes personnalités, Einstein, Newton, Darwin, Yeats, Musk, etc. peuvent être considérés comme des locomotives, des gens qui à eux seuls font avancer l'humanité.

Bon, je nuance, quand même. Quelqu'un comme Elon Musk sait s'entourer et ne serait pas arrivé à ce niveau s'il n'avait pas d'excellents collaborateurs à ses côtés. Son hyper agressivité a parfois été un frein, mais souvent, il a su la canaliser pour en faire un atout. S'il parvient à réaliser son rêve de coloniser Mars, son nom restera davantage dans l'Histoire que celui de Christophe Colomb. Mais il a d'autres choses à son actif: Tesla, The boring Company, et... Neuralink. 

Et Neuralink, justement, c'est ce qui rend la mention d'Elon Musk si pertinente par rapport à cet article. Neuralink envisage notamment de supprimer des affections comme Alzeimer grâce à des implants dans le cerveau. Mais l'objectif final de Neuralink va plus loin: permettre à l'homme d'absorber et d'échanger de plus grands volumes d'information en interne pour suivre le rythme infernal des intelligences artificielles. 

On peut se demander si Neuralink ne sera pas tenté de supprimer des affections mentales comme la schizophrénie. Et elle est là, toute l'ironie savoureuse de la chose: si Elon Musk parvient à nous supprimer le gène de la schizophrénie (ce que je crois impossible), il empêchera l'humanité, dans le futur, de faire naître d'autres Elon Musk. Il n'y aura plus de personnes victimes du syndrome d'Asperger, et capables d'une créativité débridée. Tant il est plus facile de supprimer que de créer ce que la nature, la créatrice la plus fertile, a conçu.

Donc l'eugénisme ne devrait être utilisé que dans des cadres strictement réglementés comme ceux de la procréation médicale assistée, pour éviter des drames familiaux. 

Bien meilleure que l'eugénisme, me semble-t-il, serait l'idée, pour chaque individu, de bénéficier d'une sorte de cartographie génétique remontant sur trois ou quatre générations -- les gènes peuvent sauter une génération. Savoir de quelles affections génétiques souffrent nos parents ou grands-parents, ou ce que l'on peut léguer à nos enfants peut s'avérer extrêmement précieux. Et pas seulement pour certaines formes de cancer ou les maladies rares.

En effet, à partir du moment où des gènes peuvent influer sur des comportements, de la même manière que vous pouvez vous prémunir, ou anticiper les actes d'un harceleur au bureau en définissant son profil psychologique, de la même manière vous pourrez le faire à la maison. Vous pourrez même essayer d'éduquer vos enfants à l'empathie et de la développer chez eux, car les formes de psychopathie pure, qui interdisent cet apprentissage, sont rares. Vous pourrez aussi travailler sur la mise à distance, y compris sur vous-même.

Et qu'en est-il des auteurs, me direz-vous? Nous autres auteurs sommes-nous tous des malades mentaux, nous aussi? Nous vivons de nos affabulations. Nous manipulons nos personnages, et à travers eux, le lecteur. A la manière des prestidigitateurs, nous détournons l'attention du lecteur pour mieux réaliser nos tours de passe-passe. Nous manipulons aussi les lecteurs par d'autres moyens, et notamment, l'émotion. Certains d'entre nous sont créatifs, ont de l'imagination.

Tout cela s'inscrit en effet dans le champ d'une hétérodoxie mentale. Aliénation serait peut-être un peu fort, mais il n'empêche que le fait de s'incarner dans un personnage peut faire penser au fameux dédoublement de la personnalité, ou en tout cas rendre plus vulnérable aux troubles de la personnalité. 

Faut-il pour autant ne jamais s'approcher à moins de cinq mètres des auteurs? Les considérer comme des gens toxiques et peu fiables? Eh bien, demandez-vous quelle est l'intention derrière leurs écrits. S'il s'agit juste de vous distraire, il me semble que cela fait partie des demandes fondamentales de l'humanité, et que nous répondons donc à un besoin, une nécessité. 

Il est peut-être plus difficile de juger un auteur par ses actes, parce que souvent, nos actes sont nos écrits, mais cela reste une grille de lecture valable, me semble-t-il. 

De manière générale, on pourrait juger les maladies mentales sous le prisme de la bienveillance ou de la malveillance dans le comportement des individus. Manipulation, oui, mais à quelle fin? Qu'est-ce qui relève des gènes, qu'est-ce qui est guérissable ou ajustable? Comment la méditation peut-elle être un meilleur remède que pas mal de médicaments?  Comment nos sociétés trop individualistes empirent-elles le mal par l'internement ou d'autres formes punitives? Vaste sujet à explorer.

Nous arrivons à la fin de ce billet de blog. Il y a des articles que vous lisez sur Internet qui d'un seul coup, vous permettent d'envisager le monde sous un autre angle. Ces articles sont précieux. Celui-ci m'a demandé pas mal de documentation et de travail. Je ne serais pas arrivé à ces conclusions, bien sûr, sans un cheminement personnel qui a commencé il y a longtemps, mais qui s'est accéléré avec la rédaction de la Lettre à moi-même.

Si vous trouvez que cet article vous a apporté quelque chose et que vous souhaitiez me récompenser, merci de télécharger la Lettre à moi-même, sur un site payant de préférence (Amazon   Kobo  Apple   Google). 

Vous pouvez aussi la lire, par simple curiosité.

 

[EDIT 23/11/2020] Le gène de la paranoïa, s'il existe, nous a quant à lui été transmis pour faire de nous, non de meilleurs prédateurs, mais de meilleurs survivants. A l'époque où les premiers hommes évoluaient dans les hautes plaines, ceux qui croyaient que seul le vent faisait bouger les herbes étaient défavorisés par rapport aux plus paranos, qui pensaient que c'étaient des prédateurs.     

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