En
devenant parent, je me suis aperçu que je participais avec plus de
poids encore à ce qu'on appelle "pression sociale". En y réfléchissant
et de fil en aiguille, j'ai eu l'idée d'un petit additif à la
Déclaration universelle des droits de l'homme.
Il est des questions plus lourdes de sens que d'autres. Des questions qui en apparence peuvent paraître bien innocentes, comme : "qu'est-ce que tu feras plus tard dans ta vie?", ou sa variante, "qu'est-ce que tu veux devenir plus tard?"
Certains
parents ont l'idée de faire entreprendre à leur rejeton, par exemple des
études commerciales dans de grandes écoles. En soi, l'idée peut se
justifier: mieux vaut devenir patron ou cadre dirigeant qu'employé.
Mieux vaut se tenir du bon côté du fusil...
Sauf
évidemment que le succès n'est pas garanti, et que l'échec peut
entraîner des conséquences terribles pour qui aura été poussé à fond
dans cette voie, sans que ce ne soit vraiment la sienne.
Pour les milliers d'autres Français, de l'ouvrier à la secrétaire, pour qui la fonction en quelque sorte "fait l'homme", perdre son emploi peut avoir des conséquences cataclysmiques, surtout s'ils n'en retrouvent pas.
N'écoutez
pas les médias: nous ne sommes pas dans une crise mais bien dans une
mutation progressive de la société. D'un point de vue strictement
économique, il est normal de préférer à des employés humains des
machines, ou des programmes d'ordinateur, qui vont créer davantage de
richesse à moindre coût.
Que
l'économie détruise toujours plus d'emplois chaque année est donc
normal. Que la richesse produite par les machines, machines qui pour une
bonne part, devraient selon moi appartenir à un patrimoine commun de
l'Humanité au même titre que le Louvre ou le Mont Rushmore, ne bénéficie
qu'à quelques-uns l'est beaucoup moins.
Facteur
aggravant, l'humanité aime toujours autant l'autoflagellation qu'à
l'époque où le peuple suivait en masse les sermons dans les églises, et
il ne paraît pas choquant à des journalistes de prétendre que chaque
Français naît avec 20 000 euros de dettes.
Oui, le Péché Originel s'est quelque peu transformé, mais il est toujours là, dans les mentalités.
Autre
facteur de pression sociale, les droits et devoirs des citoyens
(comprenez surtout: devoirs) dont on nous rebat les oreilles lors des
périodes électorales, et que l'on demande aux conseillers emplois de
dicter aux personnes qui recherchent un emploi.
Nous
sommes d'accord, l'assurance chômage fonctionnant sur la base de
cotisations de ceux qui travaillent, pour qu'elle tourne, il faut
beaucoup plus de gens qui travaillent que de personnes en inactivité. En
revanche, à quoi cela sert-il de s'acharner sur une personne ne pouvant
retrouver d'emploi parce que l'économie en détruit?
Afin de
faire diminuer cette satané pression sociale qui provoque chaque année
plus de suicides, j'ai eu l'idée de rajouter un additif à la Déclaration
universelle des droits de l'homme. Ce serait une sorte d'article n°3
bis, le n°3 précisant:
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Quand je
dis "justifier de sa vie ou de son existence", il s'agit bien de la vie
ou de l'existence de la personne, non de son mode de vie ou de son mode
d'existence.
Cela
signifie, dans mon esprit, qu'on ne peut faire d'adéquation entre la
valeur d'une vie humaine et le fait, pour la personne détentrice de
cette vie humaine, d'exercer ou non une fonction dans la société.
En clair,
la vie est plus précieuse que l'emploi, quel qu'il soit. On ne peut pas
vous dire: "vous ne faites rien, donc vous êtes pire que personne, vous
êtes des parasites".
Si le
pouvoir politique désirait appliquer des programmes à grande échelle
visant à remplacer des centaines de milliers d'emplois par an par des
machines, sachez que ce serait d'ores et déjà possible. Et notamment en
ce qui concerne l'industrie du bâtiment.
Ce que
n'ont pas prévu les utopistes qui au cours du XXème siècle, rêvaient de
remplacer les hommes par des machines, c'est l'attachement des hommes à
leurs emplois. C'est cette idée finalement assez perverse selon laquelle
l'homme équivaut à sa fonction.
Donc, je
crois qu'il faut trouver une juste mesure avec les emplois que l'on veut
conserver (souvent à coups de subventions, puisque de toute façon les
machines font la plupart du temps mieux), mais surtout, envisager très
sérieusement une bien meilleure redistribution des richesses.
Ne
pas oublier, non plus, que si tout le monde avait les moyens de se
rendre aux Bahamas, cela provoquerait une catastrophe écologique. Donc,
opérer cette redistribution en fonction de l'environnement.
L'urgence pour moi, avec cet article, c'est surtout d'amener à faire diminuer la pression sociale sur l'individu. Parmi les premiers touchés en France, on trouve bien entendu les artistes, dont l'apport et la créativité demeurent, en 2013, très largement dépréciés.
L'urgence pour moi, avec cet article, c'est surtout d'amener à faire diminuer la pression sociale sur l'individu. Parmi les premiers touchés en France, on trouve bien entendu les artistes, dont l'apport et la créativité demeurent, en 2013, très largement dépréciés.
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