mardi 14 juin 2016

Une idée pour le comptage des manifestants

L'écart entre le nombre de manifestants revendiqué par les syndicats et celui annoncé par la préfecture est à chaque fois ridiculement élevé. Pour y remédier en grande partie, les manifestants pourraient, en cours de manifestation, s'inscrire sur un site de comptage indépendant en acceptant la géolocalisation de leur smartphone. 

Le nombre permet d'asseoir la légitimité d'une manifestation et d'être mieux entendu. C'est pourquoi à l'occasion des manifestations contre la loi El Khomri, le nombre de manifestants sera, comme à chaque événement similaire, un enjeu de pouvoir. 

L'idée d'un comptage géolocalisé est, il me semble, rendue possible par le taux d'équipement en smartphones en France, très élevé. De manière pratique, les choses sont très simples: au moment de la manifestation, les participants se connectent avec leur smartphone sur Internet et s'inscrivent sur un site en acceptant au préalable la géolocalisation, et en n'ayant qu'à tapoter sur un bouton pour que l'inscription soit prise en compte.

La localisation des personnes participant à la manifestation pourra ainsi être corrélée avec le parcours de la manifestation et le moment précis où les personnes ont signalé leur présence, puisque tout se fait en temps réel.

Le site de comptage devra évidemment être tenu par une autorité indépendante, du gouvernement comme des syndicats. 

Le site sera en outre chargé de vérifier:

- qu'il n'y ait qu'un seul signalement par IP de smartphone
- que les IP de smartphone correspondent à des particuliers et non à des organisations syndicales ou à des entreprises
- qu'une personne possédant plusieurs smartphones ou tablettes ne se soit pas signalée plusieurs fois
- que les IP de smartphone correspondent à des abonnements (forfaits) ayant une ancienneté d'au moins trois mois
- que les IP de smartphone à la carte ne soient pas pris en compte

Il est clair qu'en ne prenant pas en compte les smartphones avec paiement à la carte, on ne pourra dénombrer tout le monde. Et ce d'autant moins que tout le monde n'a pas un smartphone, ni ne maîtrise le fonctionnement Internet de son smartphone. 

Mais le but serait de fiabiliser au maximum les infos, afin de partir d'un nombre de base qui serait vraiment le nombre minimum de manifestants. On saurait que les autorités préfectorales ne peuvent descendre plus bas, et cela permettrait de faire un pas vers la vérité.

Alors, que pensez-vous de mon idée? Fausse bonne idée?

2 commentaires:

Jérémie a dit…

Bonjour Alan,
Je trouve que c'est une bonne idée (même si je me refuse moi-même à avoir un smartphone, pour pouvoir décrocher parfois d'Internet ^^). C'est vrai qu'il y a toujours un écart important entre les chiffres de la préfecture et ceux des syndicats ou assos, parfois x10 !
Après, il faut effectivement que les gens acceptent/fassent l'effort d'autoriser l'application à les géolocaliser, et ça, c'est pas forcément gagné.
Bonne journée,
Jérémie

Alan Spade a dit…

Merci pour votre avis, Jérémie. Effectivement, le fait que les gens acceptent d'être géolocalisés au moment de la manif est le point le plus délicat.

Si on leur fait comprendre que c'est dans l'intérêt de la manif, afin d'éviter que les autorités ne ramènent les chiffres à la baisse, je crois qu'on peut les convaincre. Ce serait de toute façon une géolocalisation temporaire, juste pour la manif. Et leur anonymat serait bien sûr garanti.

Pour la récente manif contre la loi El Khomri, on a atteint comme je le prévoyais des sommets d'absurdité: plus d'un million de manifestants en France (1,3 million) d'après la CGT, seulement 125000 dans toute la France selon les autorités.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/06/14/loi-travail-une-journee-de-mobilisation-tres-tendue_4950393_823448.html

Soit les autorités se prennent pour la Pravda, soit c'est la CGT, mais il est évident que quelqu'un ment. Comme un arracheur de dents.

Etant donné le déni démocratique que représente la loi El Khomri (utilisation du 49.3), étant donnée l'impopularité de la loi dans les sondages, étant donné le mépris qu'affiche le gouvernement actuel envers la population qu'il est censé gouverner (les sans-dents), mon vote n'ira pas au gouvernement sur ce coup-là.

Mais il me paraît évident que si les gens veulent de la transparence, ils ne doivent pas laisser une autorité quelconque, qu'elle relève des syndicats ou du gouvernement leur imposer des chiffres, et s'approprier eux-mêmes cette transparence qui nous permettrait enfin d'en finir avec ces combats absurdes, au XXIème siècle, sur les chiffres.