Vous
êtes auteur édité de longue date, mais votre éditeur n'a pas inclus les
droits numériques dans votre contrat d'édition, ou ne les exploite en
aucune manière. Vous êtes jeune auteur et, en
analysant le marché, vous vous êtes aperçu(e) que les ventes de liseuses
numériques avaient décollé depuis 2011 en France, que l'ebook allait
devenir dans le futur le moyen de distribution rêvé puisque ne
comportant pas de retours et limitant considérablement le risque
financier. Dans un cas comme dans l'autre, il est temps de proposer au
public vos textes au format numérique. Voici donc quelques exemples
parmi d'autres d'étapes de la création d'ebooks qui permettront aux
auteurs d'ouvrages non illustrés de numériser leur(s) roman(s) de
manière simple et rapide. [Article déjà paru sur le site Espaces Comprises]
1re étape : ISBN et exclusivité
Si
j'ai tenu à lier le sujet du numéro ISBN, numéro d'identification de
votre livre, à celui de la distribution exclusive ou non, c'est que le
principal acteur du livre numérique, loin devant tous les autres en ce
qui concerne la visibilité qu'il procure aux auteurs indépendants,
Amazon, ne demande pas d'ISBN et propose une option d'exclusivité,
appelée KDP Select.
En
d'autres termes, pour ceux qui auraient à l'esprit de profiter des
fonctionnalités de KDP Select, à savoir la gratuité de leur ouvrage pour
une période promotionnelle de cinq jours maximum et la mise à
disposition (contre paiement à chaque téléchargement) dans la
bibliothèque de prêt du Kindle, en échange de l'exclusivité pour trois
mois de leurs ouvrages sur Amazon, il y a matière à questionner
l'utilité d'un numéro ISBN.
Que
cela soit clair, je déconseille fortement l'exclusivité. Certes, les
concurrents d'Amazon commencent seulement à comprendre que tous les
auteurs indépendants réunis pèsent à peu près 25% des ventes d'ebooks,
soit autant que les deux plus gros éditeurs aux États-Unis.
Certes,
le modèle économique des concurrents d'Amazon semble lié au modèle des
gros éditeurs, et les Kobo, Apple et consorts ne commencent à miser que
très prudemment sur les auteurs indépendants, avec beaucoup de retard.
Mais
le poids économique des auteurs indépendants va finir par faire pencher
la balance. C'est irrémédiable. Aux États-Unis, l'essor de l'ebook est
allé de pair avec la progression des ventes d'ebooks des auteurs
indépendants, et le basculement des auteurs de milieu de liste vers
l'autoédition.
Ainsi,
dans le milieu de la SFFF (science-fiction, fantasy, fantastique), on
estime que le seuil des 50% d'ebooks vendus par rapport aux livres
papier a été dépassé outre-Atlantique.
Il
est donc fort probable que la SFFF soit, avec la romance, les livres
érotiques et le polar, le premier domaine à basculer du côté indépendant
de la Force en France. Et dans ce cas, les concurrents d'Amazon
suivront, contraints et forcés.
Donc, privilégiez le plus grand nombre de distributeurs possible, pour ne pas favoriser l'un d'eux,
préserver votre future indépendance et ne pas nuire aux lecteurs qui ne
possèderaient pas un Kindle. Faites en sorte de ne pas tarir les petits
ruisseaux si vous voulez un jour avoir une grande rivière. En d'autres termes, ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier.
Vous pouvez récupérer le Formulaire d'autoédition pour le particulier demandeur d'un ISBN auprès de l'AFNIL : http://wwww.afnil.org, les numéros vous seront ensuite envoyés. Libre
à vous de les utiliser pour les ouvrages numériques ou papier de votre
choix. Les ISBN permettent en théorie un meilleur repérage de vos ebooks
sur Internet, donc mieux vaut ne pas les négliger pour les
distributeurs concurrents d'Amazon.
2e étape : la conversion
Le moyen le plus simple revient à utiliser le site Feedbooks,
à y copier/coller vos documents, à les publier gratuitement, juste le
temps de récupérer les fichiers epub et Kindle, puis à les retirer du
site.
C'est
cependant une solution qui reste amateur, valable si vous souhaitez
juste offrir un extrait de vos textes en format numérique sur votre
site, mais pas si vous souhaitez vendre – les fichiers créés par ce
biais comporteront la mention Feedbooks.
Je recommande de créer des fichiers sans DRM (digital rights management,
verrous numériques). Les DRM empêchent en effet la conversion et la
sauvegarde des fichiers ebook par les lecteurs, ce qui est préjudiciable
pour ces derniers, et sont aisément contournés par les pirates de tous
bords.
Amazon
est le seul distributeur à permettre la conversion directement à partir
de fichiers Word (.doc). Personnellement, je préfère utiliser le
logiciel Mobipocket creator. Il existe un tutoriel en anglais
que je recommande. Si j'utilise Mobipocket, c'est qu'il me permet de
compresser au maximum mes fichiers Kindle, ce qui diminue mes "frais de
livraison" à chaque vente d'ebook sur Amazon et améliore ma marge.
Vous n'êtes pas obligé(e) d'utiliser la table des matières de Mobipocket. En
utilisant les feuilles de style de Word, il y a moyen de créer un
sommaire comportant des hyperliens pour chaque titre de chapitre. Il
n'est pas indispensable de le faire, mais cela facilite la navigation à
l'intérieur du livre et c'est plus professionnel.
[EDIT 29/10/2014] Je ne me sers désormais plus du tout de Mobipocket Creator, me contentant dans l'ordre de convertir mes fichiers Libre Office en epub via Writer 2epub, puis de vérifier et de sauvegarder systématiquement l'epub sous Sigil, et enfin de convertir l'epub en .mobi via Calibre (ce qui rajoute une table des matières à la fin). Les conseils ci-dessous demeurent cependant valables.
Il
importe de remplir les champs de métadonnées quel que soit le
distributeur. Les métadonnées correspondent à la signature numérique de
votre fichier. Par exemple, pour un fichier de type Word, vous accédez
aux propriétés pour savoir qui est le créateur du document. Les
métadonnées sont un peu plus étendues : elles comprennent non seulement
le nom de l'auteur, mais celui de l'éditeur s'il y a lieu, l'ISBN, la
description du livre (quatrième de couverture), et parfois même la
couverture, que vous pouvez y intégrer directement.
En
théorie, on peut se passer des métadonnées internes au fichier epub,
car tous ces renseignements, il vous faut les communiquer de nouveau
dans les champs appropriés sur les sites ou fichiers excel des
distributeurs concernés. Il n'est en général pas nécessaire d'intégrer
la couverture de l'ebook dans les métadonnées. Attention, pour Apple,
non seulement ce n'est pas nécessaire mais il ne faut pas le faire, sous
peine de voir votre fichier epub refusé (oui, Apple utilise l'epub, un
format commun aux PC et Mac, tout comme les fichiers .RTF).
Votre
fichier de départ doit être "propre", c'est à dire que les polices de
caractère prises en compte par les ebooks sont basiques, pas au-delà de
la taille 14, les lettrines ne sont pas prises en compte, et les césures
ne sont pas définies par vous, mais par le matériel utilisé (liseuse).
Ainsi, la Kindle Paperwhite ne pratique pas la césure, là où les
dernières Bookeen et Kobo proposent l'option. Dans le corps du texte de
votre traitement de texte, veillez à ce que le style reste partout sur
"standard", et ce afin d'éviter les surprises.
J'ai
tendance à inclure une présentation de l'ouvrage (de type quatrième de
couverture) au début de l'ebook (je parle ici du corps du livre), afin
que le lecteur sache de quoi il s'agit s'il ne l'a plus lu depuis
longtemps. Je le fais, même si j'ai déjà rentré la présentation dans le
champ de métadonnées de l'ebook.
À
des fins promotionnelles, je rentre aussi la description de mes autres
ouvrages en fin de fichier, avec des liens hypertextes vers mon site et mon blog. Il est aussi possible de procéder à des échanges de présentation avec d'autres auteurs, afin d'essayer de « partager le lectorat ».
Pour les fichiers EPUB, auparavant, j'utilisais le logiciel Calibre couplé au logiciel Sigil.
Calibre permet d'assurer une conversion de manière simple
(personnellement, dans l'onglet présentation, je supprime l'interligne
automatique entre paragraphes, pour resserrer le texte). Il est possible
si l'on maîtrise le css de faire un epub de A à Z avec le logiciel
Sigil (merci à Roshieru Chan pour l'info). Personnellement, je ne
l'utilise qu'à partir de fichiers epub déjà constitués (il n'y a pas
besoin de connaître le css dans ce cas de figure). Sigil permet, avec
l'onglet "Insert", puis "SGF Chapter marker", d'insérer très facilement
des chapitres, puis de générer une table des matières sans avoir à le
faire sous Calibre (moins fiable, selon mon expérience).
En
ce moment, je bâtis mes fichiers epub directement à partir du
traitement de texte que j'utilise, à savoir LibreOffice. Je continue à
utiliser Sigil, mais juste pour la vérification finale de l'epub, même
plus pour le chapitrage.
Pour cela, je suis allé récupérer le plugin Writer to ePub sur Internet. Puis dans l'onglet "Outils" de Libre Office, en sélectionnant "Gestionnaire d'extensions", je l'ai ajouté.
Il
me suffit ensuite de créer tous mes titres de chapitres (juste les
titres de chapitre, pas les chapitres entiers) à l'aide des feuilles de
style en titre 1 (en limitant la police de caractère à la taille 14, les
tailles supérieures n'étant de toute façon pas gérées par les ebooks)
pour obtenir un chapitrage automatiquement. Je rentre les métadonnées,
je laisse les préférences par défaut, je lance la conversion et c'est
magique, tout se fait tout seul (l'epub est créé dans le même répertoire
que celui du document converti). C'est une solution ultrasimple une
fois que le plugin est installé, plus encore que de définir des
hyperliens sous Word.
(Etapes 3 et 4 à venir dans le prochain article.)