Voici le témoignage de Caroline Plouffe, l'auteur Canadienne indépendante dont je parlais:
"J’ai
dernièrement publié une pétition bilingue sur Change.org afin que les indés canadiens aient aussi droit aux services de
Createspace pour pouvoir vendre leurs livres papier sur Amazon. Pour
le moment, la seule option disponible est le Extended Distribution
Channel afin de pouvoir vendre sur les Amazon des États-Unis, du
Royaume-Uni et de l’Europe, et ce, avec des redevances beaucoup
moins élevées, soit la moitié du montant habituel. Malgré le
message standard de Createspace indiquant que les livres pourraient
également se retrouver sur Amazon.ca, ce n’est pas le cas dans la
réalité.
Les auteurs Canadiens ne seraient pas les seuls à être avantagés avec
un Createspace.ca, mais également les auteurs de l’Europe puisque,
pour le moment, eux aussi doivent utiliser le Extended
Distribution Channel pour vendre au Canada, au lieu d’avoir
droit à totalité de leurs redevances.
Au
Canada, le marché du livre papier est encore (malheureusement) très
fort. Les gens sont encore obsédés par l’odeur du papier et sa
texture et ne peuvent concevoir de lire avec une liseuse. Pas tout le
monde, heureusement, mais une bonne partie de la population. Je dois
donc faire affaire avec un imprimeur indépendant, puisque je ne
vends presque pas en format numérique.
Voici quelques chiffres afin
de vous donner une idée. Veuillez noter que j’ai fait plusieurs
soumissions et c’est encore mon imprimeur actuel qui est le plus
bas soumissionnaire. Avec une commande d’au moins vingt-cinq
livres, mon prix de base est de 8 $ CAN (5,40 €). Je dois
ensuite compter les frais de port au Canada (environ 5$, soit 3.7 €)
et m’occuper moi-même de l’empaquetage et de la livraison (ce
qui inclut l’achat des enveloppes capitonnées).
Il m’est donc
impossible de vendre ce même livre à un montant plus élevé que
12 $ (8,10 €) puisque je dois facturer la livraison et
assumer les frais de paiement si c’est par PayPal. Vous me direz
que 25 % à 33 % de gain n’est pas trop mal. Le marché
reste toutefois plutôt restreint puisque je dois entrer en contact
direct avec l’acheteur, aucun achat spontané n’est possible. Une
fois mes stocks épuisés (car avec plus de vingt-cinq copies, je
risque fort de voir mes livres prendre la poussière dans un coin
avec aucune certitude de les vendre), je dois rediriger le lecteur
vers l’imprimeur, qui a heureusement une librairie en ligne, mais
qui facture 10 $ (6,75 €) de frais d’expédition en
plus des frais de cartes de crédit. Je dois donc baisser mes
redevances à 6 % pour un livre de 15 $ (10,12 €).
J’ai fait une soumission de base sur Createspace.com afin de voir
quels pourraient en être les chiffres : si je vends ce même livre
sur Amazon à l’aide de Createspace à un montant de seulement 8 €,
j’obtiendrais environ 3 €, soit près de 38 % de
redevance, sans me soucier de l’expédition et en pouvant atteindre
un plus grand public. Soyons toutefois logique : je vendrais
probablement ce livre aux alentours de 10 € avec des
redevances de 40 %.
Plusieurs
personnes m’ont parlé de lulu.com, mais les redevances sont
minimes pour les ventes Amazon, pratiquement nulles même. J’ai
regardé les chiffres et je ne vois pour le moment aucun avantage à
faire le saut vers cette organisation.
Je dois
avouer que, bien que ma pétition s’adresse principalement aux
auteurs et lecteurs canadiens, je compte beaucoup sur mes cousins de
l’autre côté de l’Atlantique pour m’aider à changer les
choses. Je n’ai malheureusement pas eu un accueil très chaleureux
de la part de mes homologues québécois… il a même été d’un
froid digne de nos légendaires hivers. Je préfère garder pour moi
l’explication à ce sujet ne désirant pas me faire plus d’ennemis
que j’en ai déjà. Disons que « l’Anglais » (en tant
que personne) n’est pas bien vu dans la province et que le géant
Amazon est perçu comme un gros méchant menaçant l’économie
canadienne tout entière. Vaut mieux rester petit… c’est plus
sécurisant.
Je
saisis l’occasion pour remercier mes amis auteurs de la France qui
m’ont encouragé et supporté dans ma démarche (ils se
reconnaitront). Sans eux, je serais comme un bateau sans phare perdu
au large d’une contrée inconnue."
Je remercie Caroline Plouffe pour son témoignage.
Sans même parler des redevances d'auteur, j'avais déjà signalé que la distribution étendue avec Createspace engendrait une perte de contrôle par rapport aux revendeurs assez inquiétante pour les auteurs.
J'ai tout de même laissé mon livre The Breath of Aoles en anglais en distribution étendue. En revanche, j'ai laissé la version française, Le Souffle d'Aoles, uniquement sur Createspace.
La différence est édifiante entre le prix de la version papier de langue anglaise vendue sur Amazon.ca, 22,72 CDN$, et la version papier en langue française vendue sur le même Amazon.ca, 70,03 CDN$.
La première somme correspond à environ 14€, quand la deuxième somme correspond à plus de 47 €!
Je conseille donc aux auteurs indépendants de langue française de se joindre à cette pétition de Caroline Plouffe, mais aussi pourquoi pas aux lecteurs. Plus les auteurs et lecteurs seront nombreux à signer, plus il y aura de chances que Createspace et Amazon comprennent qu'il peut y avoir un marché pour eux, et que tout le monde serait gagnant à ce que Createspace soit aussi présent au Canada.
3 commentaires:
Intéressant! Est-ce que cela a changé? Je compte publier un livre pour enfant prochainement et je demeure au Québec. J'ai fait beaucoup de recherches et je ne sais toujours pas où je vendrai mes livres. Merci!
A ma connaissance, Chantal, ça n'a pas changé, mais Caroline Plouffe, que vous pouvez contacter sur Facebook, vous en dira certainement plus. :)
Pour toutes les personnes qui suivent le sujet, les livres Createspace sont maintenant disponibles au Canada, au même prix qu'en France! Hourra!
http://alanspade.blogspot.fr/2016/11/mes-livres-papier-disponibles-au-quebec.html
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