Un coup de chapeau au blog E-Reading and Ray Tracing, qui a en mars 2015 renvoyé dans les cordes ce que l'on pourrait appeler le mythe du "grand méchant format propriétaire" dans un article intitulé Interopérabilité du livre électronique. Où il apparaît qu'Amazon n'est pas le seul acteur vicelard et cupide de l'ebook, ô surprise, à vouloir fidéliser les lecteurs en les empêchant de changer de machine...
Il y a un reproche tout à fait fondé que l'on peut faire au format propriétaire: c'est de devoir, si l'on change de machine, convertir les centaines d'ebooks que l'on possédait sur sa liseuse d'ebooks via le logiciel Calibre vers, par exemple le format Amazon, si on migre dans le sens du format .epub vers le format propriétaire d'Amazon, le .mobi et ses déclinaisons. Si l'on est un grand lecteur, c'est clairement dissuasif.
Malheureusement, l'article Interopérabilité du livre électronique démontre que les DRM (verrous numériques) que vous possédez sur vos ebooks légalement achetés chez Apple ou la Fnac, par exemple, rendront eux aussi inévitable l'utilisation du logiciel Calibre (qui permet, grâce à certains plugins dont la légalité est douteuse, d'enlever les DRM), si par exemple vous passez de la lecture sur iPad à la lecture sur Kobo (et vice-versa).
Si vous n'achetez que sans DRM, c'est que vous êtes bien informé. Cela signifie aussi que vous évitez délibérément certains ebooks publiés chez de gros éditeurs. Ce n'est pas le cas du grand public.
Vous me direz, Amazon autorise aussi les éditeurs et auteurs indépendants à mettre des DRM sur les ebooks vendus sur son site. Il est toutefois possible de repérer facilement sur Amazon les ebooks avec ou sans DRM, comme on peut le voir dans cet article.
J'avais déjà signalé en 2012 le problème posé par les DRM.
Le débat qui concerne le "format propriétaire" d'Amazon et son "écosystème fermé" est à mon avis un faux débat. Les sites qui fournissent de l'ebook gratuit en toute légalité comme Projet Gutemberg ou Feedbooks proposent à chaque fois la version Amazon. Si vous achetez une Kindle, vous n'avez aucune crainte à avoir de ne pas trouver l'ebook dans le bon format, parce que même si c'était le cas, et même si le livre avait des DRM, il serait encore possible de le convertir à l'aide de Calibre.
Je souhaiterais, pour ma part, qu'Amazon rende ses liseuses compatibles avec l'epub. Mais ce n'est pas le cœur du combat pour l'instant.
Si les éditeurs voulaient mettre la pression à Amazon sur son format propriétaire, ils n'utiliseraient plus que le Watermarking (une technique de "tatouage numérique") et non plus les DRM. Comme le précise l'article d'E-Reading and Ray Tracing, certains éditeurs le font, mais c'est loin d'être le cas de tous.
Si les constructeurs voulaient concurrencer Amazon, ils se créeraient une boutique commune à toutes les liseuses d'ebook, quelle que soit leur marque, et ils s'interdiraient de reformater du fichier epub.
Surtout, ils permettraient sans discrimination aux auteurs indépendants de diffuser leurs ebooks sur leur plate-forme, ce qui est encore loin d'être le cas partout (Bookeen, Cultura, suivez mon regard). Même le site Feedbooks ne permet pas aux indépendants d'y vendre leurs œuvres.
Pour l'instant, les intérêts individuels, que ce soit des constructeurs, des revendeurs ou des éditeurs, font qu'il n'est absolument pas possible pour eux de présenter une ligne de front unie contre Amazon. Ils se contentent donc de brandir l'épouvantail du format propriétaire censé enchaîner le lecteur.
Sauf que dès que l'on creuse un peu, on s'aperçoit que cet épouvantail n'a aucune substance...
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