C'est sans doute le cas depuis plusieurs années, et je l'avais d'ailleurs déjà annoncé sur ce blog. C'est maintenant officiel, d'après Nielsen: En 2014, le genre des livres numériques pour adultes sont ceux qui se vendent le plus et particulièrement la romance, la fantasy, les thrillers et les polars. Ces catégories représentent 50% des ventes (citation de l'article d'IDBoox).
Les statistiques officielles mettent toujours un certain temps à rattraper la réalité. Alors pourquoi ce terme de point de bascule?
Parce que les auteurs bien informés, notamment par le site Author Earnings, savent, chiffres à l'appui que les auteurs autoédités vendent plus d'ebooks, ou livres numériques, que les cinq plus gros éditeurs des Etats-Unis réunis.
Ils savent aussi que leurs statistiques de vente ne sont pour l'instant pas prises en compte par les organismes officiels, mais le sont par un site comme Author Earnings, mis en place par des autoédités.
Ils savent donc, qu'à partir du moment où en tant qu'auteurs autoédités pris collectivement, ils vendent plus d'ebooks que les plus gros éditeurs, et qu'à partir du moment où de manière générale, dans les genres où ils écrivent (romance, thriller, fantasy, polar, excusez du peu!) il y a plus d'ebooks qui se vendent que de livres papier, l'avenir est clairement dans le camp de l'autoédition et non de l'édition traditionnelle.
Pourquoi? Parce que les auteurs n'ont plus besoin de passer par des éditeurs pour diffuser leurs ebooks sur Amazon (KDP Publishing), Kobo/la Fnac (Kobo Writing Life) ou Apple (iTunes Producer, Smashwords). Ils peuvent le faire tout seul, de même qu'ils peuvent externaliser les corrections, voire corriger leurs ouvrages entre auteurs pour faire baisser les coûts, trouver eux-mêmes leurs couvertures, etc.
Et ils fixent leur prix eux-mêmes, et décident de leurs promotions et de leur stratégie.
Ce qui arrive aux Etats-Unis se répercute de manière très claire en Grande-Bretagne et en Allemagne, mais aussi, de manière moins nette sans doute pour le moment, en France.
En France, on parle de 5% de vente d'ebooks, mais on ne dispose pas des statistiques sur les différents genres. Si vous mettez les ventes d'ebooks sur le même registre que les ventes de livres scolaires, de non fiction, etc., c'est sûr qu'il y a moyen de biaiser fortement les stats qui intéressent directement les auteurs autoédités de fiction.
Si vous ne prenez que les chiffres des éditeurs (par exemple du SNE) sans tenir compte des ventes d'auteurs autoédités, vous biaisez encore plus les statistiques et les chiffres.
Alors, l'article parle d'une baisse des ventes des ebooks de 6% aux Etats-Unis. Rien d'étonnant à cela, puisque, à la suite des négociations entre Amazon et Hachette, Amazon a perdu le droit de pratiquer des rabais sur les ebooks des éditeurs traditionnels, qui du coup, vendent de facto plus cher, et donc, moins d'ebooks, afin de protéger leur marché sur les livres papier.
Il est important de préciser que cette étude porte sur les 30 éditeurs les plus importants du pays. Eux voient leurs ventes d'ebooks baisser, et mécaniquement, on constate dans le dernier rapport d'Author Earnings portant sur les 50,000 ebooks les plus vendus sur le seul Amazon (Amazon représente 65% du marché sur les ventes d'ebooks aux Etats-Unis), que les auteurs indépendants sont passés devant en termes de vente d'ebooks, sans doute pas devant les 30 éditeurs les plus importants, mais du moins devant les 5 plus gros, ce qui est déjà considérable.
Les auteurs indépendants ne sont pas concernés par la baisse des ventes de 6%, n'ayant pas augmenté les tarifs de leurs ebooks afin de leur faire atteindre le même niveau de prix que les ebooks des gros éditeurs maintenant affichés à leur prix réel, c'est à dire sans rabais de la part d'Amazon.
Il n'est pas dit du tout que le volume total d'ebooks vendus aux Etats-Unis ait baissé en 2014. Selon moi, il est probable qu'il ait encore augmenté.
Il ne s'agit pas non plus de dire que le marché de l'ebook est ou sera une mine d'or pour les auteurs en France. Même pour l'édition traditionnelle, les ventes moyennes de livres en France se situent entre 100 et 600 exemplaires par roman (lire l'interview instructive en bas de cet article). On est très très loin d'un Eldorado.
Ceux qui touchent pour l'instant le pactole à coup sûr sont les financiers à la tête des groupes d'édition, groupes issus de la fusion de nombreux éditeurs. Pour l'instant. Cela peut, cela doit changer.
Ce qui me réjouit, c'est que de plus en plus, l'information devient transparente sur les chiffres de vente, ainsi que sur les possibilités et perspectives: pourquoi aller alimenter une sorte de Veau d'Or, quand on sait qu'on a la possibilité de se forger un petit appoint, aussi modeste soit-il, en vendant soi-même directement ses écrits?
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