Quand on vieillit suffisamment, on s'aperçoit que le nombre de personnes que l'on a connues et qui sont mortes représente une foule considérable. En ce qui me concerne, en cette année 2025 en particulier, les morts sont venus toquer à la porte.
J'aime, de temps en temps dans ce blog, aborder des sujets tabous. Des sujets qui, en temps normal, forcent en quelque sorte au silence. C'est une manière pour moi de défier l'entropie. J'avais déjà abordé le sexe dans cet article.
Aujourd'hui, c'est la mort. Je le fais en pensant non seulement à mes proches décédés en cette année 2025, mais aussi bien sûr, à leurs familles et à leurs proches, qui ressentent du chagrin et qui souffrent. J'ai envie, au travers de cet article, de leur envoyer de l'amour. Bien sûr, ils ne le liront pas forcément. Il y a donc aussi, pour moi, une fonction thérapeutique à écrire cet article. Je n'ai pas pu me rendre à tous les enterrements. J'ai envie, en quelque sorte, de marquer le coup, pour mieux traverser cette épreuve. La mort fait partie de la vie, il n'est pas question ici de se complaire dans la douleur ni de se plaindre.
Désolé pour l'aspect funèbre en une période qui devrait être de fête, aujourd'hui étant, de surcroît, l'anniversaire de mon fils.
Il y a d'abord eu ma tante Cécile début 2025. L'une des sœurs de ma mère, qui avait plus de 80 ans et vivait à Mons, en Belgique. Elle qui avait en horreur l'impotence a été victime d'une maladie cardiaque qui l'a rendue, à son corps défendant, impotente. Plutôt que de la faire admettre en soins palliatifs, sa famille proche a fait corps de manière admirable. Elle est restée à son domicile, où nous sommes allés la visiter en famille, et ses filles et ses petites filles se sont relayées pour l'assister jour et nuit jusqu'à la fin. Ma mère elle-même, qui a 82 ans, est venue lui porter assistante pendant une semaine. Elle en est revenue lessivée. Cécile et Jean-Pierre m'avaient généreusement accueilli chez eux à l'époque où le festival Trolls & Légendes recevait encore des auteurs autoédités.
Il y a eu Izoumi, notre chat domestique. La présence dans cet article d'un animal de compagnie peut sembler incongrue, mais le cœur ne fait pas de différence entre les espèces. On s'attache à ces petites choses. Ses problèmes rénaux se sont aggravés, il ne cessait de maigrir et à la fin, ne se nourrissait plus. Nous avons dû le faire euthanasier. C'était l'animal domestique au caractère le plus doux que j'ai connu.
Et puis il y a eu la maman d'Anne-Christine, ma femme. Malgré le décès de son mari en 2020, et le fait qu'elle se retrouve seule à Dijon, Emmanuelle n'a jamais voulu quitter son appartement pour se rapprocher de nous à Pontoise. Elle voyait de moins en moins souvent son médecin, se contentant de sa pharmacienne. Ses jambes faiblissaient malgré la pratique de vélo d'appartement. Pour une raison inconnue, à la fin juillet, elle a fait un malaise dans son appartement. Elle est tombée et s'est ouvert le crâne sur son parquet. Elle avait 86 ans. Nous n'avons pris conscience du drame que trois jours plus tard, grâce à un voisin qui avait remarqué qu'elle n'avait pas ouvert ses volets. C'était quelqu'un d'un bord radicalement opposé politiquement par rapport à moi, mais nous étions complices malgré tout et avions des débats enflammés. Une mamie gâteau, très généreuse envers nous. Anne-Christine se remet peu à peu de cette perte inattendue.
Ensuite, il y a eu Djamchid, le père d'un ami de l'époque du lycée de mon frère Tristan, Keyvan, qui est aussi devenu le mien un peu plus tard. Les relations que nous tissons sont ce qui nous définit. J'ai vu Keyvan fonder sa "première famille" à Volx et je garde un souvenir heureux des moments passés ensemble. La vocation musicale de Keyvan lui est venue de son père, je sais donc que les liens qui les unissaient étaient forts. Je lui envoie, à lui comme à tous les autres, mon amour.
Enfin, autre rappel d'un passé plus lointain encore, il y a eu Martine, une amie de mes parents à l'époque de la Côte d'Ivoire. Dans son cas, c'est comme si le destin l'avait pointée du doigt et avait décidé qu'elle ne passerait pas 2025. Diagnostiquée d'un cancer foudroyant en septembre, elle est décédée en décembre, à l'âge de 79 ans. Son mari, Jean-Yves, montre un courage admirable. Quelle sagesse, quelle sérénité dans cet homme! Leurs enfants Alexis, Marie-Liesse, Joëlle et François sont de la même génération que mes frères, ma sœur et moi, et nous avons eu une enfance heureuse, et d'excellents souvenirs. Il y a des amis plus proches que d'autres, que l'on considère comme sa propre famille. Ils en font partie.
Même si c'est un prisme nombriliste, en rassemblant tous les morts avec lesquels nous avons été en relation, il y a moyen de retracer des pans entiers de notre vie. Ces morceaux de vie ne meurent pas avec les défunts, mais sont ravivés au contraire, et nous rappellent à nos souvenirs.
En général, je préfère regarder vers l'avant plutôt que vers l'arrière. Vivre le moment présent en préparant l'avenir. Mais le regard vers le passé permet aussi de se prémunir du déni. De comprendre et d'accepter. Et d'aimer. Qu'ils reposent en paix.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire