Comment j'interprète l'épisode Bragelonne dans ma carrière. Cela remonte à 2003-2004 et à l'époque, j'avais dans l'idée de me faire publier traditionnellement. J'ignorais le concept d'autoédition. L'épisode a été très douloureux, mais j'ai su rebondir.
1) Une stagiaire lit mon manuscrit initial et le défend auprès de Stéphane Marsan
2) Après les 6 mois d'attente de départ, je vais au stand Bragelonne au salon du livre de Paris, et je demande des nouvelles de mon manuscrit. Coup de bol, c'est la même stagiaire qui tient le stand à ce moment, et qui se souvient de mon manuscrit
3) La stagiaire défend de nouveau mon manuscrit auprès de Marsan. Celui-ci n'a aucune intention de me publier, mais, reconnaissant peut-être un certain potentiel, décide de me commander un nouveau roman, au cas où
4) La stagiaire me fait venir dans les locaux de Montreuil (à l'époque) et m'explique que mon manuscrit n'est pas retenu, mais qu'on m'en commande un autre. Elle ne parle d'aucun contrat, et je commets l'erreur de ne pas aborder le sujet. En revanche, elle me propose de travailler directement avec Marsan
5) Ayant effectué ma période d'attente de 6 mois pour le premier manuscrit, j'estime que les choses doivent s'accélérer pour le second, et le fait de travailler avec Marsan, le directeur de collection (à l'époque) me paraît être une opportunité unique. C'est d'autant plus important pour moi que les choses se fassent rapidement que ma femme est enceinte et que je suis au RMI. Bref, dans la mouise
5) Marsan n'a toujours aucune intention de me publier, ce que j'ignore bien sûr. Mais il me fait venir à plusieurs reprises pour évoquer l'univers et le scénario du nouveau roman "pour voir ce que ça donne"
6) Il faudra que j'attende 6 nouveaux mois pour obtenir mon nouveau refus, après avoir envoyé les trois premiers chapitres. L'éditeur connaissait pourtant l'urgence de ma situation personnelle.
A aucun moment, Marsan n'a eu l'intention de me publier.
Evidemment, comme j'étais tout nouveau dans le milieu à l'époque, j'ignorais mon potentiel en tant qu'autoédité. Mais je suis persuadé que mon histoire n'est pas unique, et que c'est pareil chez tous les gros éditeurs.
Si je n'avais pas autant douté de moi-même à l'époque, j'aurais refusé d'aller plus loin sans la signature d'un contrat préalable, avec une avance conséquente. Mais la vérité, c'est qu'il est tellement difficile de travailler étroitement avec un éditeur que de nombreux auteurs seraient prêts à payer pour le faire.
Le véritable piège, c'est qu'on vous fait miroiter que les choses vont aller très vite, puisque vous travaillez avec le directeur de collection. Mais non, en fait. S'il y a bien une caractéristique de l'édition traditionnelle, c'est son extrême lenteur.
Avec le recul, je peux dire avec certitude que cette expérience directe ne vaut vraiment pas le coup, et ce quel que soit l'éditeur.
Ce que font payer les éditeurs aux auteurs, c'est leur manque de confiance en eux. Et ils le leur font payer très, très cher.
Et comment ça s'est passé pour ma femme et moi, me demanderez-vous? A l'époque, j'étais dans une phase de transition, puisqu'en 2003, Internet concurrençait énormément les revues de jeux vidéo avec l'arrivée du haut débit. Ma date de péremption approchait, je ne pouvais plus travailler dans la critique de jeux vidéo pendant encore très longtemps. J'avais ma carte de journaliste, mais le secteur me paraissait sérieusement bouché, et j'étais vraiment fatigué de "réseauter" pour trouver du boulot.
Au moment où ma femme était enceinte, juste après l'épisode Bragelonne, j'ai réussi à lui trouver du travail en CDI dans une association pour laquelle elle travaille encore à ce jour. Elle y est même devenue cadre. Je cherchais pour moi-même mais je me suis aperçu, comme on me faisait la description du poste, qu'il conviendrait mieux à mon épouse.
L'aînée de ma famille, ma fille, est née en avril 2005.
J'ai refais des piges, uniquement pour un magazine, PC Fun à l'époque, mais ça s'est terminé par un procès aux Prud'hommes en référé parce que la société mère a voulu virer tous les pigistes qui faisaient le magazine sans même délivrer de feuille jaune (Assédic) pour le chômage.
J'ai opéré une reconversion en cherchant un travail qui me permettrait de bosser à temps partiel, afin de continuer à écrire. Le Souffle d'Aoles, le fameux second manuscrit proposé à Bragelonne, était en chantier à l'époque. En 2006, j'ai trouvé du travail à l'ANPE, devenu très vite Pôle Emploi.
J'ai quitté ce travail en 2014 pour écrire à temps plein. Le Souffle d'Aoles s'est depuis vendu à plus de 4000 exemplaires papier.
Après avoir financé la traduction du premier tome de la trilogie, j'ai embauché une correctrice professionnelle de langue anglaise et traduit les deux autres en anglais.
Après avoir financé la traduction du premier tome de la trilogie, j'ai embauché une correctrice professionnelle de langue anglaise et traduit les deux autres en anglais.
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