mardi 10 février 2015

Un article à lire absolument pour les auteurs indépendants

L'article publié aujourd'hui sur la plate-forme Autoédition est à lire absolument si l'on s'intéresse à l'autopublication de romans sous le format ebook. Traduit par l'auteur Bruno Challard, originellement publié sur le site allemand selfpublisherbibel, il prouve en analysant le fonctionnement des fameux algorithmes d'Amazon que Kindle Unlimited, loin d'être un service comme un autre, vient bouleverser la donne pour tous les ebooks publiés sur Amazon. Y compris ceux qui ne participent pas au programme Kindle Select. Un changement dont le seul véritable bénéficiaire est incontestablement Amazon. 

La méthodologie du test, que vous pouvez retrouver en cliquant sur ce lien, me semble très rigoureuse, et le site allemand qui l'a mis en place milite en faveur des auteurs indépendants. Je n'ai donc aucune raison de mettre en doute ses conclusions.

Kindle Unlimited est la nouvelle offre d'abonnement illimité d'Amazon pour 9,99€ par mois, j'en ai parlé peu après sa sortie en France dans cet article.

Je n'ai pas eu l'occasion de tester ce service pour mon propre compte, puisque je suis en faveur de la diffusion sur un maximum de plates-formes.

Néanmoins, je croyais benoîtement qu'il fallait qu'un ebook présent sur Kindle Unlimited et emprunté soit en partie lu, à hauteur de 10% minimum, pour que le livre soit compté comme une vente par les algorithmes d'Amazon.

En effet, Amazon ne commence à reverser de l'argent aux auteurs ayant leur livre sur KDP Select et bénéficiant du programme Kindle Unlimited que si 10% de l'ebook a été lu par le lecteur l'ayant téléchargé.

Or, l'article  de selfpublisherbibel vient démontrer qu'en fait chacun des prêts, même si les 10% n'ont pas été atteint, compte comme une vente.

Cela revient à favoriser énormément les ebooks qui se vendent déjà très bien sur Amazon et étant inscrits dans KDP Select, service qui impose l'exclusivité sur Amazon, au détriment des autres plates-formes de vente d'ebooks.

Est-ce que cela aide tous les auteurs autoédités passant par KDP Select? Pas forcément, selon moi. En effet, pour que l'on commence à emprunter vos ebooks, il vous faut déjà une forme de "reconnaissance préalable".

Oui, cela peut aider si vous avez des ventes, ou même des ebooks gratuits téléchargés régulièrement, c'est incontestable.

Mais l'effet le plus immédiat est de dévoyer le système de ventes d'Amazon: les plus visibles ne seront plus forcément ceux qui vendent le mieux, mais ceux qui vendent et "prêtent" le mieux et ont passé allégeance auprès d'Amazon.

Par la mise en place de ce sytème, Amazon augmente considérablement la pression sur les épaules de l'autoéditeur qui souhaite rester indépendant, et ne pas avoir recours à KDP Select.

Le message sous-jacent que je perçois, c'est : "soit tu plies, soit on ne verra plus tes livres". C'est mathématique.Tous les auteurs diffusés en version numérique par Amazon se retrouvent donc impactés par Kindle Select et Kindle Unlimited, même ceux ne participant pas à ces programmes.

Le degré le plus élevé d'allégeance à Amazon, pour un auteur, vient évidemment des ebooks que l'on fait publier par les maisons d'édition d'Amazon (et Amazon cherche aussi à créer une maison d'édition en France).

Or, que constate-t-on en jetant un coup d'oeil sur le top 100 d'Amazon US? Que les "ebooks maisons" d'Amazon (Thomas &Mercer, Amazon Crossing, Amazon Encore, 47 North, Montlake Romance, Grand Harbor Press, Little A, Two lions, Skyscape, Lake Union, Waterfall et j'en passe) sont en train de truster de plus en plus de places sur ce top 100.

Il faut dire que les ebooks de ces maisons bénéficient aussi d'un programme maison (sans jeu de mots), Kindle First permettant aux ebooks téléchargés gratuitement de compter comme des ventes, comme on l'avait vu avec l'exemple de l'ebook de Jacques Vandroux publié par Amazon Crossing.

Si j'en crois les auteurs Joe Konrath et Barry Eisler, les conditions de ces maisons d'édition ne sont plus aussi favorables aux auteurs que par le passé.

Je détesterais dire qu'Amazon est en train de "refermer le piège" sur les auteurs, parce que cela ressemble beaucoup trop à un discours de peur, celui des gros éditeurs, qui restent de toute façon bien moins favorables pour les auteurs que l'autoédition notamment via Amazon.

Néanmoins, il est certain que l'étau se resserre et que la pression va s'accroître de plus en plus sur les autoédités.

Avec un bémol: les derniers chiffres d'Author Earnings (janvier 2015) restent heureusement excellents pour les autoédités aux Etats-Unis, où ils sont impactés depuis plus longtemps que nous par Kindle Unlimited.

Plus que jamais je me félicite de ne pas dépendre de mes ventes Amazon. Vous allez me dire, c'est leur site. Ils en font ce qu'ils veulent. S'ils souhaitent transformer ce qui était sans doute la plate-forme la plus équitable pour les auteurs en la plus inéquitable (même si on est heureusement encore très loin du compte, après tout, on reste à 70% de marge par ebook vendu), c'est leur droit.

S'ils veulent que des auteurs passant par KDP Select et voyant leur courbes de ventes monter s'aperçoivent peu après que non seulement, ils n'ont pas fait une vente, mais en plus l'ebook n'a même pas été lu suffisamment sur Kindle Unlimited pour leur assurer un petit revenu, c'est leur droit aussi.

S'ils veulent transformer un terrain qui était à peu près clean en bourbier dont ils seront les seuls vrais bénéficiaires, en tout cas à court terme, qu'ils y aillent.

Je ne doute pas que de nombreux autoédités profiteront à court terme d'un regain de visibilité. Mais je vous fait une prédiction qui se réalise déjà en grande partie depuis l'arrivée de Kindle Unlimited: la visibilité sur Amazon (et en particulier sur Amazon.fr) ne signifiera plus forcément des revenus décents.  

[EDIT 11/02/2015]: A voir aussi comment l'auteur Nick Stephenson a augmenté ses ventes après avoir retiré la plupart de ses titres de KDP Select.

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