vendredi 5 janvier 2018

Star Wars de Disney et Donald Trump, mêmes méthodes?

Comparer les méthodes marketing de la production/réalisation d'une série comme Star Wars et d'un homme politique peut sembler saugrenu, voire périlleux. Je crois que l'idée m'en est venue parce qu'un ami m'avait appris que le modèle dans la vraie vie qui avait inspiré Biff Tannen, le méchant de Retour vers le Futur, se nommait Donald Trump quand il était plus jeune. Il est vrai que Donald Trump est sa propre caricature, très proche d'un personnage de fiction. Les méthodes marketing du maître du bad buzz, comme je le surnomme, me paraissent très proches de celles des producteurs/réalisateurs des épisodes 7 et 8.

Donald Trump est-il vraiment tout à fait sincère dans ses convictions, notamment par rapport au climat? Je m'explique: une partie de ses électeurs, par exemple, sont des ouvriers travaillant dans des mines de charbon, lesquelles mines menaçaient avant son élection de fermer.

Si vous êtes ouvrier et que vous travaillez dans une mine de charbon, il vous sera beaucoup plus difficile de vous lever le matin si vous croyez au réchauffement climatique. Il est plus pratique, dans ce cas, d'être climato-sceptique. 

Un homme politique sait exactement comment pense son électorat, et se met à la place de cet ouvrier. L'avantage d'être climato-sceptique, c'est que c'est une position extrêmement minoritaire, contestée, qui va faire enfler la polémique et vous mettre sur le devant de la scène. 

La caractéristique de la provocation et de la polémique, c'est qu'elle va créer un buzz, une hausse de fréquentation d'un post sur un réseau social, par exemple. Un bad buzz reste un buzz.

C'est la stratégie du "plus c'est gros, plus ça passe", dont Trump est un adepte. 

De la même manière que les animateurs sont choisis en fonction de leur "abrasivité", de la manière dont ils vont faire réagir le public, de par leur aspect physique ou leur attitude (réactions épidermiques), Trump est quelqu'un dont toute la communication, jusqu'à la manière d'être, est axée sur les réactions qu'elle va provoquer. 

Le rapport avec les Star Wars produits par Disney? Eh bien il me semble évident que les épisodes 7 et 8 de Star Wars ont été conçus pour choquer les fans, les faire réagir, provoquer des discussions sur le net, et en particulier les réseaux sociaux.

Les deux principaux axes, d'après ma théorie, ont été le chamboulement des règles en vigueur dans cet univers, et le "plus c'est gros plus ça passe", l'outrageante absence de réalisme que je critiquais dans cet article.

C'est pourquoi, je considère, à l'aune de cette théorie, que les changements dans Star Wars, loin d'annoncer un nouveau développement créatif de la série, et bien que reprenant certains développements dans l'air du temps comme l'antispécisme, n'ont eu pour but que de provoquer afin de faire parler autour du film. Même chose pour les scènes WTF.

Opération réussie. 


On est dans du Trump pur et dur, et on se rend compte qu'Hollywood, dans sa manière d'être, n'est pas si éloigné de celui qui lui sert actuellement de repoussoir. 

Mais revenons à présent sur les premiers épisodes, 4, 5 et 6, et tâchons de voir si leur créateur n'avait pas déjà, à son époque, planté les germes de ce mélange entre artistique et marketing. 

En regardant attentivement ces trois épisodes originels, on peut déjà estimer que George Lucas a été victime du syndrome du Marsupilami.

ATTENTION SPOILERS : albums du Marsupilami, épisode 4,5, 6 et 1 de Star Wars

André Franquin, le créateur du Marsupilami, avait expliqué vouloir, à chaque nouvelle album, inventer une nouvelle caractéristique à sa bestiole. Dans un album, le marsu se mettait ainsi à parler. Dans un autre, il faisait des bonds avec sa queue. Dans un autre encore, il plongeait à de grandes profondeurs. A chaque fois, une nouvelle caractéristique. 

Franquin avait reconnu le côté artificiel, les limites de cette stratégie d'abord amusante. 

Dans La Guerre des Etoiles, ni Obi Wan ni Dark Vador, au cours de leur combat, n'utilisent de pouvoir télékinésiques, et ils ne font pas non plus de bonds spectaculaires.

Les pouvoirs télékinésiques apparaissent dans l'Empire contre attaque, les bonds spectaculaires dans Le Retour du Jedi.

Ce syndrome du Marsupilami pourrait être traduit par l'expression américaine Cool Factor.

Du genre: "ce serait cool si Luke se mettait à attirer son sabre-laser à distance. Ce serait cool s'il pouvait sauter comme un cabri. Tiens, et si les Jedi se transformaient en fantômes après leur mort, ça serait pas super cool?"

Ces ajouts étaient suffisamment mineurs, suffisamment cohérents avec le reste, pour ne pas se mettre en porte-à-faux avec l'univers Star Wars tel que les fans se l'étaient appropriés. 

Dans les préquelles, Lucas n'a plus été victime de ce syndrome. Il a tout juste voulu donner une explication scientifique à la Force, avec les médicloriens.

Mais dans l'épisode 8, le syndrome du Marsupilami revient en Force. Les scénaristes s'en sont servis, selon moi, à la fois pour choquer les fans et pour surprendre au niveau du déroulement de l'intrigue.

Un autre phénomène propre à l'univers Star Wars dès George Lucas a été le "plus c'est gros, plus ça passe." Cet expression peut se traduire en américain par "WTF moment".

Je veux retenir trois scènes: sur Hoth, les gros quadripodes entravés par les filins des X-Wing dans l'Empire contre attaque, le combat des Ewoks lors de leur révolte sur Endor dans le Retour du Jedi, et la scène finale de la Menace fantôme, celle où le jeune Anakin, avec R2-D2, s'en va détruire le vaisseau amiral de la Fédération du commerce. 

La scène des quadripodes entravés, quoique hautement improbable, est très réussie au niveau visuel, un grand moment de cinéma. Elle est l'équivalent au cinéma du jeune Chinois se mettant devant un char sur la place Tienanmen, le symbole de la résistance face à l'oppression. 

Comme, quoi, la grille du réalisme n'est pas suffisante pour descendre un film, parce que Lucas a réussi la prouesse de faire de cette scène un point fort. 

La scène sur Endor est encore plus irréaliste. De nombreuses personnes qui aiment Star Wars supportent mal cette scène. 

Néanmoins, les Ewoks sont les ancêtres des créatures choupinous dans Star Wars 8. Là encore, George Lucas a introduit un nouveau marqueur, en faisant rimer artistique avec marketing. Ce n'est pas le seul, Spielberg l'a fait avec Jurassic Park. 

Ces deux scènes ont encore une logique, quoique distordue, par rapport à la réalité. Avec la scène de la Menace fantôme où un gamin détruit un vaisseau amiral pratiquement à lui seul, en n'ayant jamais piloté de vaisseau (les podracers ne pouvant pas être comparés à des vaisseaux spatiaux, ce me semble) on entre dans le délire le plus total.

Là, c'est un important marqueur qu'a livré Lucas, puisque La Menace fantôme est l'épisode qui a le plus rapporté, sur les 6 premiers (plus d'un milliard de dollars). 

En effet, plus c'est gros, plus ça passe. Et si ça peut alimenter la polémique, tant mieux. 

Les créateurs et producteurs de Star Wars 8 s'en sont souvenus. 

Mais Star Wars 8 ne reprend-il que l'aspect le plus outrancier des scènes d'action? Sans doute que non. Le scénario est habile, suffisamment intelligent pour provoquer une montée en tension jusqu'à la fin, et des retournements, des contre-pieds spectaculaires.

Le film a donc des qualités, mais je dirais que sa principale qualité a été de transformer ses défauts les plus évidents, ceux qui rendent le film pénible à regarder pour les personnes privilégiant le raisonnement par rapport à l'émotion pure, en arguments marketing. 

Balzac savait déjà à son époque qu'il fallait créer la polémique pour vendre. On pourrait donc dire de Star Wars, depuis que la franchise a été reprise par une souris, qu'il Trump énormément...

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