samedi 31 décembre 2022

Poutine : quand les étoiles se désalignent

Quand les circonstances deviennent favorables au-delà de ce que l'on pouvait espérer dans une carrière, on dit que les étoiles s'alignent. On peut parler de chance, et on peut aussi dire qu'il faut forcer la chance, la provoquer. Les étoiles se sont alignées tout au long de la montée en puissance de Poutine, avec des revers qu'il a su transformer en opportunités, ce qui démontre une certaine résilience de sa part. Néanmoins, dans son cas, on peut penser que les étoiles sont entrées en désalignement dès le mois de février 2014.

Après Rasputin, le rat Poutine. Le dirigeant russe, qui a longtemps eu une face de rat avant d'avoir recours au botox sur les conseils de son ami Berlusconi, a d'ailleurs dû fuir un rat dans son enfance. Simple anecdote, bien sûr, mais qui révèle peut-être son totem. 

Trêve de plaisanteries. A quel moment se sont alignées les étoiles pour Poutine pour la première fois? Je pense que cela remonte à 1968, date à laquelle Poutine se fait embaucher, à l'âge de 16 ans par le KGB pour la première fois. C'est très important, parce que ça va lui donner une connaissance précise des rouages du système, même s'il ne va occuper qu'un poste peu important en Allemagne de l'Est. 

Cela va aussi lui permettre de se donner une image d'espion, sorte de James Bond russe, valorisante aux yeux de nombre de ses compatriotes.

La deuxième fois que les étoiles s'alignent remonte à 1989, la chute du mur de Berlin. Un véritable traumatisme pour Poutine, mais qui va provoquer des conditions très favorables pour lui. A l'issue de cette chute, il y avait au moins deux issues possibles pour la Russie:

- l'accélération de la corruption qui était celle de l'ex URSS en Russie en l'absence d'un leader fort

- la diminution de la corruption et une politique plus libérale, si ce n'est démocratique, grâce à un leader suffisamment fort et cohérent

C'est la première hypothèse qui a prévalu, l'accélération de la corruption. Le leader qui a succédé à Gorbatchev, Eltsin, beaucoup trop porté sur la boisson, était loin, très loin d'être incorruptible. Cela, déjà était un premier alignement d'étoiles, puisque cette corruption va s'étendre encore plus à tous les niveaux de la société russe, mais aussi dans des pays alliés tels l'Ukraine ou la Biélorussie. 

Grâce à cette corruption rampante, en 1991, Poutine, rapatrié en Russie, va pouvoir faire ses preuves du côté de St Petersbourg, en s'appuyant sur son expérience de petit caïd de banlieue ayant travaillé pour le KGB. Le maire extrêmement corrompu de St Petersbourg, Anatoli Sobtchak, le prend en effet sous son aile. Il va compter sur lui pour dévier toutes les enquêtes gouvernementales au sujet des malversations à St Petersbourg. Une partie des habitants de St Petersbourg vivent alors dans une pauvreté extrême. 

Quand Anatoli Sobtchak va perdre la mairie en perdant de manière loyale les élections, Poutine perd aussi son poste. Il va en concevoir une haine de la démocratie. Sous son règne, chacune des élections sera truquée en sa faveur. 

Le fait que Poutine ait perdu son poste et en retrouve un nouveau à Moscou, au Kremlin, adjoint de Pavel Borodine, le directeur du Département de l'administration des propriétés présidentielles en 1996, va constituer un nouvel alignement d'étoiles. Je ne prétend pas que tout soit lié à la chance, bien sûr. C'est parce que Poutine était un truand plutôt doué, insensible aux émotions humaines, sans scrupules, qu'il a su gravir les échelons. En 1997, il entre dans l'administration gouvernementale, avant, d'être, en 1998, carrément nommé Directeur du FSB (ex-KGB). Il s'appuie sur des réseaux mafieux, certains datant peut-être de son époque de St Petersbourg. Il joue sur les deux tableaux, et comme le FSB n'a pas suffisamment de moyens de contrôle, pas suffisamment de fonctionnaires incorruptibles, il est gagnant.

Autre événement déterminant, autre alignement d'étoiles, le règne de plus en plus chaotique d'Eltsine le mène à une procédure d'impeachment, au moment même où Poutine est devenu le chef du FSB. En 1999, donc, Eltsine est menacé de destitution par Yuri Skuratov, le procureur général de la fédération de Russie, lequel enquête sur des actifs en Suisse qui lui appartiennent ainsi qu'à ses proches et qui ont été utilisés pour acheter des biens de luxe. Poutine va alors sauver la mise d'Eltsine en produisant une vidéo sulfureuse, sextape sur laquelle on voit un homme ressemblant à Skuratov, ayant des relations sexuelles avec deux jeunes femmes. Skuratov sera acculé à la démission. 

Eltsine, reconnaissant, va alors faire de Poutine son successeur. Poutine va ensuite organiser des attentats attribués aux tchétchènes sous faux drapeau pour renforcer son influence. C'est là qu'il va fameusement déclarer vouloir "buter les terroristes tchétchènes jusque dans leurs chiottes". La même année, le dernier jour de 1999, Boris Eltsine démissionne au profit de Poutine. Incroyable alignement d'étoiles, là encore, après de nombreuses manœuvres de Poutine.

Je passe sur de nombreux autres épisodes, notamment les empoisonnements célèbres, volontairement spectaculaires, dont le dictateur s'est rendu coupable en toute impunité, les élections honteusement truquées ainsi que l'exécution d'un opposant, tué de plusieurs balles dans le dos sur le pont le plus surveillé de Russie. Si le premier désalignement d'étoiles s'est produit au moment de l'organisation des JO de Sotchi par la Russie en 2014, c'est en raison de la Révolution de Maïdan en Ukraine. Cette révolution au moment même de ses JO va rendre Poutine fou furieux et conduire à l'invasion de la Crimée toujours en 2014, puis à la tentative d'invasion de l'Ukraine en 2022.

L'affaiblissement des démocraties de par l'influence russe dans le monde, et en particulier aux Etats-Unis au moment de l'élection de Trump en 2016, pouvait ressembler, là encore, à une sorte de voie royale pour Poutine. Il avait la Crimée en 2014, et l'improbable alliance avec les Américains (ou du moins Trump) en 2016. Il pensait avoir le champ libre, son ego s'est mis à enfler, enfler. Bien que son allié Trump soit battu en 2020 par Biden, la défaite des Américains contre l'Afghanistan, déjà signée par Trump, va achever de le convaincre que le moment est venu pour lui d'envahir l'Ukraine.

Mais dans cette victoire apparente qu'était la Crimée en 2014, se dessinait déjà en creux ce qui allait constituer le début de la défaite pour Poutine. On a vu ce qu'il en était avec les épisodes de Kharkiv et la reprise de Kherson par les Ukrainiens. On sait que Moscou a subi un train de sanctions jamais vu jusqu'alors. On a vu l'aide gigantesque des Etats-Unis pour l'Ukraine, et celle, considérable de l'Europe en la faveur de la résistance ukrainienne. La Russie en est maintenant réduite à mendier l'aide de la Chine, laquelle reste sur sa réserve. 

Et le sort de Poutine et de son régime semble bel et bien scellé, dans un délai assez court.


mercredi 21 décembre 2022

1150 livres

Retour à la normale, ou presque. Après les deux années de Covid qui auront marqué une forte baisse de mon activité, 2020 et 2021, cette année 2022 m'aura permis, avec 1150 livres papier vendus, de retrouver un niveau de vente plus habituel. Pas de quoi s'enrichir, bien sûr, tout juste survivre, mais l'essentiel pour moi a toujours été de vivre de ma passion. 

Imaginez cent mille Alan Spade. Juste cent mille auteurs autoédités en France qui vendent plus de 1000 livres en un an. Cela ferait plus de 100 millions de livres vendus qui échapperaient à l'édition traditionnelle chaque année. Soit entre un quart et un cinquième de la vente totale de livres en France en un an (2021 avait été une année exceptionnelle pour l'édition, avec 480 millions de livres vendus). 

Et encore. Si on ne compte que les romans de fiction, je suis sûr que plus de 100 millions de romans de fiction vendus en autoédition, ça donnerait un poids bien supérieur à un quart ou un cinquième du secteur pour l'autoédition. 

Mais bien sûr, c'est juste une fantaisie. Il n'y aurait pas assez de place en dédicace pour 100 000 auteurs: les lieux sont limités, les temps de dédicace aussi. C'est juste un exercice de pensée, mais qui garde son intérêt, pour montrer que l'édition traditionnelle n'est pas invincible, y compris dans ce qu'elle considère comme ses bastions. 

Je continue de penser que seul le revenu universel inconditionnel est adapté pour les artistes et auteur. Et bien sûr, si ce revenu universel inconditionnel existait, il ne serait pas soumis aux cotisations Ursaff, puisque ce serait un revenu de subsistance: on n'ôte pas le pain de la bouche des gens avec des cotisations! Ces cotisations pourraient être versées sur les sommes gagnées par les auteurs et artistes en plus de ce revenu universel inconditionnel.  

Et je pense que ce revenu doit être universel, et non réservé aux seuls auteurs et artistes, pour de simples raisons d'équité sociale: les auteurs et artistes ne sont pas meilleurs que les autres, ne méritent pas plus de vivre que les autres. En faisant en sorte que les personnes qui sont en emploi perçoivent ce revenu universel, on maintient intacte la motivation pour le travail. Ce revenu universel doit aussi s'accompagner d'un logement universel afin de rendre les gens d'autant plus indépendants.

J'ai vendu ces 1150 livres sur une seule région, l'Ile de France. Sur ces 1150, à peine une dizaine ont été vendus par Amazon, les autres signés en dédicace. En raison de trop grandes difficultés de règlements facture, j'ai abandonné toute collaboration sur les livres papier avec la Fnac. Si j'avais eu les moyens de me démultiplier, de vendre sur les 13 régions françaises métropolitaines, je serais peut-être à plus de 10 000 livres papier vendus. Mais avec des "si", bien sûr...

Ce qu'il faut savoir, c'est que je n'ai nullement l'intention d'industrialiser mon activité: passer en offset, avec des tirages à 800 ou 1000 exemplaires pour chaque titre, ce serait beaucoup d'investissement, du stockage en entrepôt, davantage de temps de déplacement et de frais de déplacement, une logistique plus complexe. Et donc, beaucoup de risque en plus. 

Je préfère conserver l'aspect artisanal de mon activité, avec des tirages entre 100 et 500 exemplaires.

Je suis en train d'écrire mon septième roman destiné à la publication, de nouveau un roman de Science-Fiction, mais quelque part, c'est un crève-cœur pour moi de me dire qu'avec l'augmentation du nombre de titres, je vais forcément devoir en laisser de côté, ou réaliser une sorte de système de tournante pour permettre à chaque titre d'être vendu, au moins sur l'année si ce n'est à chaque séance. Parce que la place sur une table de dédicace n'est pas extensible à l'infini. 

Et ce ne sont pas les ebooks qui m'offrent de réelles perspectives: j'en ai vendu dix fois moins que de livres papier, 150 cette année. Et encore, c'est en raison d'une promotion que j'avais faite en fin d'année 2021, sans quoi je serai à 100 ebooks. 

J'ai en effet décidé de laisser tomber complètement cette année la pub Facebook et Amazon, ainsi que la promotion de mes titres en anglais via des newsletters américaines. Plus de pub du tout, en fait. Parce que ce n'est plus rentable pour moi, tout simplement. Et je ne vous dis pas de faire la même chose si vous êtes auteur: calculez en fonction de ce que ça vous rapporte.

Je vais vous faire une confidence: je déteste me mettre au service d'un algorithme. Surtout en sachant que ce dernier peut être modifié à tout moment.

La fin des confinements et de la plupart des restrictions liés au covid a donc permis un regain de mon activité. Néanmoins, les choses sont plus difficiles que par le passé, je trouve. Certains endroits qui recevaient des auteurs ont profité des restrictions pour garder leurs portes fermées aux auteurs, même après la fin des restrictions. C'est compliqué.

Le titre qui s'est le mieux vendu à mon catalogue est Memoria, avec plus de 360 exemplaires, suivi du Souffle d'Aoles et de Passager clandestin, avec respectivement 190 et 177 exemplaires. 

Depuis mes débuts de manière réellement suivie dans l'autoédition en 2010, j'en suis à plus de 12500 livres papier vendus, et 5300 ebooks. Mieux que rien, quand on n'est pas présent dans les rayons autres que numériques.

J'ai eu l'impression que Memoria méritait un bon accueil du public, et j'ai été heureux de voir les réactions de gens en dédicace. Je suis bien conscient, croyez-moi, de tenir mes ventes à bout de bras, et de n'avoir aucune maîtrise sur ce qu'on pourrait appeler "l'étincelle du bouche-à-oreille". Mais comme on dit, c'est le voyage qui compte, pas la destination. Enjoy!

lundi 12 décembre 2022

Auchan exige un numéro de SIRET

Après la centralisation du paiement des factures, le groupe Auchan est passé à l'étape suivante en demandant aux auteurs un numéro de Siret. Je n'avais pas souhaité en fournir un au moment de la centralisation, je viens de recevoir un email avec menace de déréférencement de mes romans pour le 9 janvier 2023 par la centrale Auchan. 

Il s'avère que si je n'ai jamais choisi de faire de ma petite entreprise d'autoédition une entreprise dans le sens officiel du terme, c'est que mon étude de marché m'a indiqué que le seuil de rentabilité n'était pas suffisant pour cela. Trop d'investissements, bénéfices trop réduits, concurrence exacerbée. Mieux valait me contenter de déclarer mes revenus artistiques sur une feuille d'impôt spécifique (le formulaire 2042 C-Pro pour ceux qui savent) afin de régulariser ma situation. 

Survient le décret n° 2020-1095 du 28 août 2020 relatif à la nature des activités et des revenus des artistes-auteurs, qui entend forcer tous les artistes-auteurs à faire la démarche pour avoir un numéro de Siret. C'est sur ce décret que s'appuie Auchan pour réclamer aux auteurs un numéro de Siret. Cela me pose évidemment un énorme problème.

Pour ceux qui se souviennent, j'avais déjà posté ici un article sur les problèmes occasionnés par la centralisation de la facturation du groupe Auchan. Cette nouvelle étape d'incitation à la déclaration des entreprises d'autoédition sous peine de déréférencement est propre à Auchan. Je travaille avec d'autres enseignes, et aucune n'a pris cette initiative. Par exemple : 

- Amazon ne me demande pas de Siret sous peine de déréférencer mes livres et ebooks
- Apple, La Fnac/Kobo, Google Play ne me demandent pas de Siret sous peine de déréférencer mes ebooks
- YouTube ne me demande pas de Siret sous peine de déréférencer mes vidéos…

Auchan m'a donc envoyé l'email suivant:  

Bonjour, 

Vous avez été référencé en tant qu'artiste local le 1/3/2022.

Aux fins de réactualiser votre dossier, nous vous prions de nous communiquer votre SIRET, information manquante à ce jour. 

Si vous n'avez pas de numéro de siren/siret, il vous appartient de vous mettre en conformité avec les obligations fiscales et sociales liées à votre activité. 

Vous devez vous inscrire en tant qu' auto-entrepreneur ou autre statut qui vous permettra d'être en règle avec la loi. 

Vous trouverez ci dessous un lien pouvant vous aider dans vos démarches

 
Dès obtention de votre SIRET (numéro à 14 chiffres) , celui-ci sera vérifié par nos services.
 
Cela nous permettra également d'être conforme à nos propres obligations légales en matière de réception de factures.

Sans réponse de votre part avant le 9 janvier 2023, nous nous verrons dans l'obligation de désactiver votre référencement.
 
Merci et bonne journée.
 
Bien cordialement,
 
Service référencement fournisseurs

Voilà pour l'email. Le gouvernement fournit plusieurs liens d'explications dont celui-ci expliquant ce statut d'artiste-auteur. Il existe aussi un simulateur vous permettant de calculer combien vont vous coûter vos cotisations par année. En gros, 123€ pour 1000 € de recettes brutes, ou 186 € si vous choisissez de déclarer uniquement vos bénéfices.

Pour moi, cela revient à entre 1500 € et 2500 € par an, selon mes recettes chaque année. Pour 2021, j'étais à 9116 € de bénéfices. Mettez-vous à ma place: vous recevez 9116 € de revenus liés à vos ventes en un an, et on vous demande de verser 1500 € pour cotiser pour les arrêts maladie, la retraite et la CSG. 

Et là, vous vous dites: depuis que j'ai commencé mon activité à plein temps en 2014, j'ai pris combien de jours d'arrêt maladie? Zéro, bien sûr, puisque chaque jour de dédicace où je serais en arrêt maladie représenterait pour moi une perte sèche. 

Quand je serai à la retraite... ah, mais non, je gagne bien trop peu pour envisager de me mettre un jour à la retraite! Donc je cotise pour quoi, en fait? Pour mes soins dentaires? 1500 € le détartrage chaque année, c'est un peu cher, quand même... 

Ne soyons pas ridicules, mes amis du gouvernement! Chers amis, qui pensez que les auteurs autoédités sont des parasites: est-ce que nous pesons tant que ça sur l'assurance maladie, alors que nous n'avons pas le droit d'être malade? Est-ce que nous pesons tant que ça sur les caisses de retraite, quand nous n'avons pas le droit de prendre notre retraite? 

Quand quelqu'un achète un numéro de Siret, c'est qu'il a fait son étude de marché. Il sait qu'il va prendre des risques, mais il sait aussi qu'il y a des débouchés. Il va pouvoir embaucher. Et à plusieurs, on devient plus forts, on dégage beaucoup plus de bénéfices. Là, c'est comme si le gouvernement me demandait d'industrialiser ma petite activité artisanale qui me fait survivre: je devrais imprimer en offset, louer des entrepôts de stockage, multiplier les séances de dédicace. Au risque, d'ailleurs, de tuer ma créativité d'auteur en multipliant les préoccupations d'entrepreneur. 

Avec pour conséquence, bien sûr, que peu d'auteurs parviendraient à relever le challenge. Nous ne sommes déjà pas si nombreux à en vivre, mais ce genre de mesure ne peut qu'inciter à une plus grande concentration, un nombre moins grand d'auteurs qui en survivent. Un peu comme dans l'édition traditionnelle, tiens donc.

Justement, vous pourriez être tenté de me conseiller l'édition traditionnelle. Mais vous devriez vous douter, puisque je suis l'un des rares auteurs qui vit de sa plume, et que je suis assez fier de ma capacité d'analyse, que j'ai déjà fait une analyse assez poussée de l'édition traditionnelle (j'ai d'ailleurs été édité brièvement). Mon analyse et mon expérience de terrain m'ont amené à conclure que je n'arriverais pas à vivre de ma plume en empruntant cette voie.

Et il y a aussi la préoccupation écologique. Nous vivons à une époque où il faudrait aller vers la décroissance, et éviter les gaspillages liés à l'industrialisation systématique. Je rappelle que contrairement à l'édition traditionnelle, qui pilonne 50% de ses livres, aucun des exemplaires que je commande n'est pilonné. S'il y en a en trop mauvais état, je les mets à disposition dans des boîtes à livres gratuites.

Merci de laisser répandre dans la société nos idées qui vont germer et donner naissance à de nouvelles opportunités. Merci de nous permettre de distraire les gens afin de les rendre plus efficaces ensuite, quand ils se remettent au travail.

Nous savons qu'en retour, notre société prend grand soin de ses auteurs, et nous l'en remercions chaudement. Mais merci de ne pas vouloir trop nous soigner.

Tant de soins vont finir par nous tuer.

[EDIT 13/12/2022] : juste un petit mot pour dire mon attachement au système de solidarité en France, qu'il s'agisse de la Sécurité sociale ou de la retraite.

 
Ce système est issu des trente glorieuses, d'une période de reconstruction. 
 
Un système conçu pour des entreprises qui vont générer suffisamment d'argent pour qu'une partie de cet argent soit redistribuable au plus grand nombre. 
 
Un système de solidarité qui n'a pas empêché 5% de Français d'être plus riches que tous les autres réunis. 

Un système de solidarité qui n'a pas empêché le secteur de l'édition de se concentrer à mort, précarisant de plus en plus les auteurs et permettant à des Antoine Gallimard de jouir d'une fortune de plus de 150 millions d'euros.  

Le secteur de l'édition est sans doute le plus concentré de l'industrie française. C'est le seul secteur où il existe un système de retour des invendus par les libraires, et où les conditions de ventes sont donc aussi difficiles pour les différents acteurs, en particulier ceux qui ne maîtrisent pas toute la chaîne de production/diffusion/distribution. 
Ce système de solidarité n'est en aucun cas conçu, calibré, pour l'autoédition, dont les ressources sont trop faibles, les débouchés trop peu importants pour permettre à ceux d'entre nous qui en vivent à temps plein de faire acte de solidarité. 
Cela étant, si vous avez un autre métier à côté, ou si vous gagnez suffisamment en autoédition pour ne pas mettre votre vie, votre santé ou celle de vos enfants en danger, je vous encourage bien sûr à vous inscrire et à demander votre numéro de SIRET. 
 
[EDIT 02/02/20123] :  Un email en provenance du Cultura de Claye-Souilly m'informe que désormais, les Cultura réclament aussi le numéro de SIRET.

mardi 6 décembre 2022

Vaccination universelle annuelle

La crise du covid 19 pourrait représenter une opportunité: celle de lutter simultanément contre la grippe et contre le covid avec un vaccin unique comprenant les deux injections. Or, on constate que pour l'instant, on n'a même pas le choix de ce "deux en un" sur Doctolib, au moment de la prise de rendez-vous. 

Tout d'abord un petit mot sur la vaccination des personnels soignants. Bien qu'ayant une amie d'enfance infirmière et qui refusait, en septembre 2021, de se faire vacciner, je considère que la vaccination doit être obligatoire pour les personnels soignants. 

Le covid a fait près de 160 000 morts en France en trois ans. Même compte tenu d'un chiffre plus élevé au début quand il n'y avait pas le vaccin, à son rythme actuel, c'est entre un peu moins de 20 000 morts par an et 36 000 morts. Plus les morts annuels de la grippe. C'est trop.

Les chiffres exacts des covid longs sont difficiles à obtenir, mais on est peut-être au-delà des deux millions de personnes affectées en France.

Si vous avez fait le choix de soigner et que vous ne croyez pas suffisamment en la science pour vous faire vacciner, malgré le recul qu'on a maintenant sur les vaccins, malgré toutes les preuves de son efficacité, vous pouvez encore faire votre métier, mais en cabinet privé. Pas dans l'hôpital public, ça me semble clair. Il y a une incompatibilité majeure, car ce qui fonde la médecine, c'est la science. Chaque personnel soignant devrait être au clair par rapport à sa vision de la science et de ce qu'elle peut apporter. Si on refuse les preuves scientifiques, si on préfère aller sur des infos supportées par peut-être 5% des scientifiques, c'est un choix, mais qu'il faut assumer.

Sans état d'urgence permanent, la vaccination universelle annuelle ne peut être obligatoire. Et un état d'urgence permanent, ça n'existe pas, c'est une dictature. Donc, selon moi, la vaccination annuelle ne peut être obligatoire pour la population. 

Par ailleurs, il y a toujours les cas particuliers de personnes qui ne peuvent être vaccinées pour raisons médicales, qu'il faut bien sûr prendre en compte. 

Mais actuellement, on a tendance à mettre la pression sur les personnes les plus âgées, 80 ans et plus, pour qu'elles se fassent vacciner tous les 3 mois. Et tous les 6 mois pour les plus de 60 ans. 

C'est une pression sociale discriminatoire. Cette pression devrait se faire de manière uniforme, pour tous les citoyens, et une fois par an. 

Avec les nouveaux vaccins plus efficaces contre les derniers variants associés avec le vaccin contre la grippe en une seule injection, nous avons moyen de motiver puissamment le citoyen pour se faire vacciner, et enfin désemplir les hôpitaux. Pas forcer. Motiver.

L'Etat devrait envoyer à chaque citoyen, une fois par an, une invitation à se faire vacciner. 

Pour le moment, quand on veut prendre rendez-vous pour une vaccination sur Doctolib, on ignore:

- si on aura droit à un double vaccin, comprenant à la fois la grippe et le covid, en une seule injection
- à quel type de produit on va avoir droit
 
Il y a peut-être moyen de savoir, mais il faut avoir franchi toutes les étapes de validation, et on ne le sait qu'au moment où c'est trop tard, où on s'est engagé à honorer le rdv. Non!
 
On devrait le savoir bien avant, ça éviterait d'appeler les centres de vaccination à chaque fois. 
 
Les autorités se plaignent du faible nombre de vaccinations, mais elles ne jouent pas cartes sur table. 
 
Organisons une vaccination universelle, pour le moment annuelle, en espérant que les futurs vaccins verront leur durée s'accroître au fil des ans, et nous aurons moyen de réduire les conséquences sur la société de ce double fléau qu'est la grippe et le covid. Sans pour autant ne mettre la pression que sur nos aînés. C'était déjà injuste avec la grippe, ça l'est d'autant plus avec le covid.