dimanche 4 février 2018

Salon du Livre Paris Porte de Versailles

Faire partie de l'Alliance Rebelle des Auteurs Indépendants implique certaines responsabilités. 



Oui, on peut vendre des livres pendant le Salon du livre de Paris porte de Versailles. 

Une petite parenthèse tout d'abord: si vous vous demandez si mes chiffres sont exacts, n'hésitez pas à vérifier auprès des magasins concernés: même s'ils ne peuvent vous répondre sur une période précise, ils auront au moins une idée du nombre de livres que j'ai vendus chez eux depuis mes débuts. 

Le samedi 22 mars 2014, en plein salon du livre de Paris porte de Versailles, j'ai dédicacé 19 livres au Cultura la Queue en Brie, dans le 94.

Le samedi 21 mars 2015, pendant que 200 auteurs manifestaient au salon du livre de Paris, j'ai vendu 21 livres chez Auchan Plaisir, dans le 78. 

Le samedi 19 mars 2016, tandis que le salon du livre de Paris battait son plein à la porte de Versailles, je dédicaçais 24 livres au Cultura Villennes, dans le 78. 

Le samedi 25 mars et dimanche 26 mars 2017, pendant que se déroulait le salon du livre de Paris rebaptisé Livre Paris 2017, j'ai dédicacé 42 livres au Cultura Franconville, dans le 95. 

Donc, oui, on peut vendre des livres pendant le Salon du livre de Paris porte de Versailles. On peut même les vendre ailleurs. Surtout si on est auteur indépendant. 

Quand je disais que je faisais partie de l'Alliance Rebelle des Auteurs Indépendants, c'était une boutade. Une telle structure n'existe pas, en tout cas pas de manière formelle. 

Il faut savoir que pour moi, qu'on l'appelle Livre Paris ou Salon du Livre de Paris porte de Versailles, ce salon organisé par Reed-Elsevier, devenu le groupe RELX, se trouve être le symbole absolu de l'édition traditionnelle dans tout ce qu'elle peut avoir de prédateur. 

Le prix des stands, tout d'abord. Je n'ai pas vérifié dans le détail pour cette année, mais il y a quelques années, c'était dans les 900 euros pour un stand riquiqui. Les stands des gros éditeurs peuvent dépasser les 100 000 €.

Mais aussi bien sûr, le fait qu'Elsevier souffre d'une très mauvaise réputation de par ses pratiques prédatrices dans l'édition universitaire. Avec des marges phénoménales.

Vous me direz, la principale qualité d'un tel salon est de nouer des contacts au niveau professionnel, et vous aurez raison. Cela peut être une bonne idée, par exemple, pour un auteur indépendant, de parcourir les travées du salon pour vérifier quels sont les prix pratiqués par les imprimeurs. Ou de contacter des graphistes. Ou des correcteurs.

Le salon draine également énormément de monde, et même si une grande partie du public vient pour les stars, il y aura cette année un stand d'auteurs indépendants

Mais en ce qui me concerne, et cet avis est tout personnel, vous l'aurez compris, j'ai énormément de mal avec ce salon. Le samedi 17 mars 2018, je serai à l'Espace culturel Leclerc Le Plessis Belleville, dans le 60.

Je ne me déplace plus aux Imaginales d'Epinal pour une raison similaire, qui est le prix des stands. 

En tant qu'auteur artisan, je préfère les ventes à la notion de notoriété et de retombées, d'ailleurs aussi hypothétiques l'une que l'autre. 

On pourrait me reprocher de m'encroûter, de me rigidifier dans une posture d'auteur idéaliste arc-bouté sur ses grands principes. 

Eh bien, cela vous surprendra peut-être, mais il m'est arrivé d'applaudir la signature d'un contrat d'édition traditionnelle par un auteur indé. Pourquoi? Parce que je connais le sens de l'entreprise de l'auteur en question, et que je lui fais confiance pour prendre la meilleure solution pour lui. Parce que je sais que l'édition tradi connaît une certaine évolution, dans ce sens où des éditeurs précis, qui souhaitent démarcher les auteurs connaissant le succès sur Amazon, sont prêts à leur laisser leurs droits numériques, en tout cas sur la plate-forme Amazon, qui se trouve être souvent la plate-forme pour laquelle ces auteurs publiaient auparavant en exclusivité. 

Oui, on peut s'hybrider sans perdre son âme.

Quand je vois le nombre de pages lues via Kindle Unlimited et le classement de ces auteurs sur Amazon, je comprends aussi leur choix d'y publier en exclusivité, même si ce choix n'est pas le mien. 

Concernant les évolutions en cours, le message que j'ai envie de lancer à la sphère indé, c'est que les prochains droits qu'il faudra défendre avec vigueur, outre le numérique, ce sont les droits des livres audio. 

L'auteur Michael Sullivan s'est ainsi séparé de son éditeur Del Rey parce que la maison mère de Del Rey, Penguin Random House, avait décrété que les contrats ne pouvaient être signés que si l'auteur cédait ses droits audio à l'éditeur.

Si vous lisez l'anglais, cet article est vraiment édifiant.

Or, Michael Sullivan et son épouse, dans leur grande sagesse, avaient déjà négocié les droits audio avec un éditeur audio, parce que l'argent que leur donnait cet éditeur ne se refusait pas, et l'emportait sur leur contrat initial avec Del Rey. 

Faire en sorte qu'il n'y ait rien à négocier avec l'éditeur pour votre prochain livre parce que les droits en question ont déjà été cédés est donc une excellente manoeuvre, susceptible de vous mettre en position de force... à condition d'avoir fait vos calculs, et d'être prêt à aller jusqu'au bout dans le "non", en rompant le prochain contrat faute d'accord. 

Ce qui me fait aussi dire que vous ne devriez vous engager dans vos signatures de contrat que sur un seul roman, pas davantage. 

1 commentaire:

Murielle a dit…

Vraiment interessant Alan. Merci pour l'article ;)