lundi 29 janvier 2024

Aucune promo ebook en 2023

A titre d'expérience, j'ai décidé de ne faire aucune promotion sur les ventes d'ebook, c'est à dire aucun rabais, sur toute l'année 2023. Comme mes ebooks figurent tous sur la bibliothèque en ligne Kobo Plus, le but de l'expérience était d'examiner s'il y aurait un report des lecteurs sur cette bibliothèque en ligne. Je souhaitais aussi savoir s'il y aurait un effondrement total de mes ventes d'ebooks, sachant que je ne faisais pas énormément de publicité ni de promo auparavant. Afin que les résultats de l'expérience ne soient pas altérés par le fait de la rendre publique, je n'en parle que maintenant, en 2024, sur ce blog. 

Si vous n'aimez pas les chiffres, cet article n'est sans doute pas pour vous. En tant qu'auteur autoédité, c'est le genre d'expérience qui me permet de savoir où j'en suis de mon business, et de savoir vers où orienter mon énergie. 

Un petit mot sur les bibliothèques de type Kobo Plus ou Kindle Unlimited : réservées aux lecteurs voraces, elles vous permettent de télécharger autant d'ebooks que vous le désirez pour une dizaine d'euros par mois. C'est une énorme économie en perspective si vous lisez beaucoup. Néanmoins si vous vous abonnez sur Kindle Unlimited, il faut savoir que vous ne bénéficierez des ebooks que des auteurs autoédités qui ont choisi l'exclusivité Amazon.  

Pour nous autres auteurs, nous bénéficions de rapports qui nous permettent de savoir si nos ebooks sont réellement lus dans ces bibliothèques. Nos revenus d'auteur tiennent en effet compte de ces lectures.

J'ai choisi de faire figurer mes ebooks sur Kobo Plus et non sur la bibliothèque Kindle Unlimited, pour la bonne et simple raison, comme je l'évoquais, qu'Amazon exige l'exclusivité à partir du moment où l'on fait figurer nos ebooks dans sa bibliothèque en ligne. Contrairement à Kobo, qui ne réclame pas cette exclusivité. 

Voici maintenant une comparaison de mes revenus sur Kobo Plus entre l'année 2022 et l'année 2023:                                                                                                                                     2023                            2024                                                                                   

Janvier

16,95

5,59

Février

1,82

0

Mars

1,39

12,57

Avril

19,39

9,50

Mai

7,04

3,09

Juin

6,13

9,01

Juillet

2,74

1,40

Août

1,38

3,84

Septembre

8,09

14,39

Octobre

8,22

0

Novembre

18,61

25,12

Décembre

30,74

10,50

Total : 122,50 € en 2022, 95,01 € en 2023. Soit une baisse d'un peu plus de 25% entre les deux années pour les lectures uniquement sur la bibliothèque Kobo Plus. 

Pour les chiffres de vente sur les deux années, toutes plates-forme confondues, on est à 158 ebooks au total en 2022, pour 90 ebooks en 2023. On voit donc qu'on est loin d'un effondrement total suite à l'absence de promos spécifiques aux ebooks. 

Au sujet du marché anglo-saxon, j'ai arrêté de faire des promos sur les sites de newsletters US en 2023, tout simplement parce que ces promos n'étaient plus rentables pour moi. 

Si je remonte à plusieurs années en arrière, en 2019, année où je faisais davantage de pub, j'étais à un peu moins de 500 ebooks vendus sur l'année. Même l'année où j'en ai vendu le plus, 2018 avec 831 ebooks, je n'ai pas réussi à atteindre les 1000. 

Cette expérience vaut ce qu'elle vaut, mais elle m'inspire plusieurs réflexions. Tout d'abord, chaque auteur a son expérience propre, ses spécificités et ses compétences. Ses points forts et ses points faibles. Je ne suis sans doute pas le mieux placé pour parler du marketing sur internet, n'ayant jamais suivi de cours sur le sujet. Il y a eu des moments, malgré tout, où je pouvais me targuer d'arriver à rentabiliser mes promos. Néanmoins, même dans ces périodes où je surfais sur la vague, mes ventes finissaient inéluctablement par retomber en l'absence d'autres promos. 

En d'autres termes, la vente d'ebooks à flux tendu serait pour un auteur comme moi une activité à temps plein, nécessitant une planification chaque année des promos. La question majeure qui se poserait dans ce cas est: est-ce que ça génère vraiment des revenus? Est-ce que ça génère de vraies lectures suivies de commentaires, ou bien les gens se contentent-ils d'entasser les ebooks achetés en promo sans jamais les lire? 

Pour moi, en tout cas, les revenus générés par les ventes d'ebooks sont trop modestes par rapport à l'énergie que ça demande. Je déteste, par ailleurs, l'idée de devoir réajuster une stratégie en fonction d'une éventuelle modification par les ingénieurs des algorithmes de vente.

Le gros avantage qu'offrent en comparaison les bibliothèques de lecture est que l'on sait si nos ebooks sont lus ou non. Le deuxième avantage est qu'il n'y a plus besoin de planifier des promos, plus besoin de marketer des pubs. Plus besoin d'investir toute cette énergie qui au final, en ce qui me concerne en tout cas, se justifie de moins en moins avec les années. Parce que les systèmes tels que le "pay to play" d'Amazon font que des auteurs comme moi qui ne souhaitent pas faire leur spécialité du marketing sur internet vont dépenser toujours plus en pub pour des revenus toujours en baisse. 

Bref, pour moi, la pub sur internet vaut de moins en moins le coup, ou les coûts si vous préférez. 

J'ai peut-être aussi trop de "conscience" pour faire de la pub sur des plates-formes qui offrent plus de visibilité et de rentabilité. J'ai entendu dire que c'était le cas de Tik-tok. Mais, outre le format vidéo qui ne me convient pas vraiment, l'idée de faire des promos sur une plate-forme chinoise, avec tout ce que ça peut comporter d'espionnage par un pays, la Chine, qui reste avant tout pour moi une dictature, ne me plaît pas du tout. Je détesterais l'idée de vivre de ma plume grâce à la Chine, compte tenu de ce que représente pour moi le régime de Xi Jinping. 

Ça va peut-être vous paraître ridicule, mais je suis pour la notion d'introduire de la démocratie et de l'éthique dans le business.

Comme le savent ceux qui me suivent, mon principal atout est que je me débrouille en dédicace. Je continuerai à offrir l'ebook correspondant pour chaque livre papier vendu en dédicace, je continuerai à faire de l'ebook et à en vendre, je continuerai à faire figurer mes ebooks sur la plate-forme Kobo Plus, et d'autres plates-formes de même type, c'est à dire non exclusives. Je trouve que l'ebook reste un moyen tout à fait légitime de découvrir des auteurs. 

Mais jusqu'à nouvel ordre, et à moins de partenariats ponctuels avec des plates-formes, que je vois bien sûr toujours d'un bon œil, je n'envisage plus de faire beaucoup de promos sur les ebooks.

jeudi 18 janvier 2024

Extraordinaire

En dédicace à Soisy le 13 janvier, j'y ai rencontré une lectrice qui m'a affirmé avoir lu La Lettre à moi-même de mon alter ego, Emmanuel Guillot. « Touchant » a été son commentaire. J'ai trouvé ce simple retour extraordinaire. Certes, j'avais déjà rencontré cette lectrice auparavant et je lui avais parlé de ce travail autobiographique. Mais là, c'est elle qui m'a abordé et l'a évoqué. La Lettre à moi-même n'existe qu'en version dématérialisée (ebook). Je n'en parle que rarement en dédicace, en raison de son caractère intime et parce que je n'ai pas de support matériel pour la présenter. Pour que j'aborde le sujet, il faut que la personne en face de moi me dise qu'elle préfère les biographies ou autobiographies aux œuvres de fiction. La Lettre ne s'est vendue qu'à 11 exemplaires depuis sa parution en 2020, dont une bonne moitié à mes proches. La lectrice qui m'a fait son retour n'a pas lu mes autres livres, et n'est donc pas une inconditionnelle. C'est pourquoi je trouve ce témoignage si extraordinaire. Quelle était la probabilité statistique pour que cela se produise? Très très proche du zéro pour cent à mon avis. Je considère ce moment de ma vie d'auteur comme un cadeau du destin, le signe qu'une personne s'est intéressée à moi sans même me connaître. Il est fort probable que ce soit la seule et unique fois que l'on me parle de cette Lettre en dédicace de toute ma carrière, c'est donc un moment que j'identifie comme fort. 



Lettre à moi-même, l'article sur ce blog

lundi 8 janvier 2024

Why the Supreme Court should declare Trump ineligible

On February 8, 2024, the Supreme Court of the United States of America will render its verdict on whether or not Donald Trump is eligible for elective office, following the 6 January 2021 United States Capitole attack. If the Supreme Court declares Trump eligible, not only will it make the 14th Amendment useless, the decision will also question the very raison d'être of the Supreme Court.

Why should a french author meddle in American elections? Because it could be fun and refreshing for english speaking people to look abroad and see what the average French thinks about this very subject.
The 14th Amendment was designed to prevent any disintegration of the United States of America, and any new civil war.

Now, Donald Trump is promising riots and revolts by his supporters if he is not allowed to be candidate.

My advice to the Supreme Court judges: make Donald Trump inelegible for lifetime on February. If he is to begin a new Civil War, I prefer it to begin on February rather than on November. Because if he is a candidate on November and loses, Trump will never admit his defeat. He didn't admit his defeat against Ted Cruz. Or against Biden. He's not reliable. The elections will provide him with a formidable megaphone to spread his lies if he's allowed to be candidate. It is the sacred duty of the Supreme Court to deprive him of this megaphone while it's still possible, in order for the civil war to be minor rather than massive.

In a word, you never yield to a bully who is threatening you with violence. America must not yield to Trump.

Here is a list of established facts and a question. 

Fact: Donald Trump said there will be "no America" if his supporters and him didn't march to the Capitole.

Fact: There is still an America, even if the States are less united because of Trump's anti-system stance and his poisoning words.

Fact: Donald Trump said "We will be marching to the Capitole."

Fact: Donald Trump didn't march to the Capitole and let his supporters do the dirty job. Because Trump is a coward.

Fact: not a single court in the USA has ruled that the result of the presidential election in favor of Biden was rigged, stolen by Biden.
Fact: Trump has longstanding history of calling elections 'rigged' if he doesn’t like the results. He did it with the 2012 general election, with the 2016 primary and general election, with the 2020 general election.

Fact: Donald Trump accused a Republican named Ted Cruz of stealing Iowa Caucuses through fraud.

Question: how many times has Donald Trump said the elections were stolen by Biden. 10 times? 100 times? 1000 times? If it's 1000 times or more, it's propaganda. Spreading his lies again and again and again until the most gullible people believe them. Against all the decisions of the courts. It's also the definition of a man quite insane, in my opinion.

What is the best way to get rid of a democracy? Pretend that the system is rigged. Flawed beyond repair. Create a monster. Call it Deep State. Pretend that the deep state controls everything. Pretend that there is state controlled media spreading the propaganda.

In fact, the real monster is the one desperately trying to overthrow democracy.

I wouldn't pretend that all is good and well in the media. But by refusing to stick to facts and questioning the entire system without any proof or evidence, people become vulnerable to lies.

We all should know what sects do. They force you to question everything, making you vulnerable to lies. There is a reason for categorizing the Trump supporters as members of a cult.

 

jeudi 7 décembre 2023

Clitoris et religion

 

L'école républicaine est censée être laïque. On n'est pas censé éviter l'enseignement de telle ou telle particularité pour ménager telle ou telle religion. Or, au collège, en biologie, un organe du corps féminin est totalement ignoré : le clitoris. L'organe du plaisir féminin. Ou s'il est mentionné, ce n'est qu'en passant. Cela pourrait être dans le but de ne pas distraire les collégiennes par rapport au travail et à la discipline que cela requiert. Mais moi, je formule ici l'hypothèse que c'est surtout pour ne pas faire de vagues par rapport à la religion, et en particulier à la religion qui décourage le plus le plaisir des femmes, l'islam. Ce qui n'est évidemment pas normal dans un pays laïque.

"Elles le découvriront bien assez tôt" diront certains. "Il y a suffisamment de sexe sur Internet sans encore en parler au collège." Ou encore, "mieux vaut ne pas les distraire avec ça, et en faire de bonnes travailleuses bien disciplinées". Certains diront aussi que ce n'est pas à l'école d'enseigner cela, qu'ils s'en chargent eux-mêmes. Mais le font-ils vraiment? Et comment? 

Comme on le voit, il y a d'autres raisons que la raison religieuse pour éviter de parler du clitoris en classe. Je pense néanmoins qu'une grande majorité de professeurs a reçu une éducation religieuse, et que le tabou du sexe, que j'évoquais dans cet autre article, joue dans la décision de ne pas aborder le sujet. 

Et il y a aussi la crainte, bien sûr, que les parents de confession musulmane ne retirent leur fille du collège sous prétexte que cet enseignement heurte leur morale. Sous-entendu, il est décadent d'évoquer ce sujet. 

Le truc, voyez-vous, c'est que le plaisir féminin, c'est important. Parce que ça dit beaucoup de notre manière de traiter les femmes dans notre société. Cet enseignement du rôle du clitoris, je le juge nécessaire non seulement pour les adolescentes, mais aussi pour les adolescents. Parce que dans un rapport librement consenti, cet organe est fondamental dans la stimulation du désir féminin, et dans ce que l'on appelle les préliminaires. Une femme insuffisamment stimulée va éprouver de la douleur lors du rapport. Pour que les choses se passent bien, il faut donc que les deux partenaires soient au courant du mode d'emploi du clitoris.

Certains professeurs pourraient craindre de se voir traiter de pédophile parce qu'ils dispensent cet enseignement. Pour moi, c'est le contraire. Un pédophile va tenter de profiter de la naïveté de l'adolescente par rapport à son corps. Une ado avertie en vaut donc deux, d'autant que ce type de cours peut justement être l'occasion de discuter de la pédophilie. Vous pensez peut-être que l'inceste est inexistant dans les familles? Ce genre de cours peut aussi aider à détecter cela. 

Il y a aussi le reproche d'introduire de la pornographie à l'école. Là encore, pour moi, c'est le contraire. Ce type de cours peut être l'occasion d'enseigner aux garçons que la fellation, s'ils la réclament à une fille sans contrepartie, équivaut à une demande de soumission. Ce sera le moment d'évoquer le symbolisme du nombre 69, qui est le nombre de la réciprocité et de l'égalité sexuelle.

Sans aller jusqu'aux travaux pratiques, ce type d'enseignement serait l'occasion de mettre nos ados, en quelque sorte, "sur les bons rails" par rapport au respect que chacun doit avoir pour son partenaire. La même empathie que l'on enseigne à la maternelle aux bambins doit être réenseignée au collège. Avoir de l'empathie au moment du rapport, c'est prendre soin du plaisir de sa partenaire, ou de son partenaire. 

Que faire si cela contrevient à l'enseignement de l'islam, et que des élèves s'y opposent? Je pense qu'il faudrait présenter ce cours comme un cours de biologie, de découverte d'une partie importante du corps féminin, et un cours d'éducation sexuelle. Dans un second temps seulement, le professeur pourrait dire qu'il autorise les personnes heurtées par le contenu du cours à sortir, mais en leur demandant d'écouter malgré tout le début pour se faire une idée

Nous vivons en république. Nous devons vivre tous ensemble en tenant compte des sensibilités des uns et des autres. Mais un enseignement le plus complet possible ne saurait en aucun cas être dicté par la peur d'aborder tel ou tel sujet. J'ajouterais que l'école n'est pas forcément là pour ne former que des futurs travailleurs et travailleuses. Elle est là aussi pour former des êtres humains avec un sens de leur responsabilité d'être humain, et avec une conscience éveillée. 

La religion elle-même devrait être un sujet d'étude, comme je l'évoquais dans un autre article, au titre qui pourrait vous paraître paradoxal par rapport à celui-ci, L'école est-elle trop laïque?  Et il y aurait beaucoup à dire sur l'idée selon laquelle le paradis, et donc la notion de plaisir intense, ne saurait exister qu'après la mort. Alors que le clitoris, n'est-ce pas, peut provoquer un plaisir divin de manière tout à fait naturelle, à condition de déculpabiliser les ados, notamment par rapport à la masturbation...

mardi 28 novembre 2023

L'Etat de Palestine

Comment est-ce que j'imagine le futur Etat de Palestine? Ma vision est évidemment celle d'un Occidental qui n'est pas un expert sur le sujet. Elle se base sur la logique, ce qui est contradictoire dans une région où règnent les passions. Mais justement, une solution viable, durable aussi bien pour les Israéliens que pour les Palestiniens ne pourra intervenir qu'en rejetant les passions. Ce qui signifie qu'il faudra aussi rejeter certaines traditions, si elles aboutissent aux passions. 

Le monde est régi par des rapports de force. Les guerres du passé nous apprennent qu'Israël est en position de force dans la région qu'elle occupe au Proche-Orient. Son étroite alliance avec les Etats-Unis y est pour beaucoup. Mais l'Histoire nous apprend aussi que la seule domination militaire est loin de pouvoir garantir la paix. Pour garantir la paix, il faut faire des compromis. 

Je ne vois pas le pays le plus puissant de la région, Israël, accepter à ses portes la création d'un Etat Palestinien doté d'une armée, si cet Etat a pour principe la destruction d'Israël. Nétanyahou a déjà commis cette erreur avec le Hamas, et je ne vois pas Israël commettre de nouveau cette erreur. C'est ce que dicte la logique.

J'irais même plus loin. Israël n'acceptera sans doute que la Palestine soit dotée d'une armée que s'il s'agit d'un Etat frère. 

Et étant donné l'influence de pays comme la Russie, l'Iran et la Syrie, la Palestine aura besoin d'une armée pour se prémunir des influences étrangères. En fait, ce sont ces influences étrangères qui empêchent la paix dans la région, allié à la volonté de colonisation d'une partie des Israéliens. Ce sont donc les deux tendances qu'il faut réprimer. 

Je vois également un troisième travers à éliminer, qui est la corruption. Il faudra que la constitution palestinienne prévoie de solides garde-fous contre la corruption .

Ce futur Etat palestinien, je le vois s'étendre de la bande de Gaza à la Cisjordanie. La constitution palestinienne devra prévoir un Etat laïc, allié avec Israël. Mais attention, la création de l'Etat palestinien devra aller de pair avec une refonte de la constitution israélienne. Israël deviendra ainsi également un Etat laïc, qui aura pour principe l'interdiction de toute colonisation des pays voisins, et en particulier la Palestine. Dans la constitution israélienne figurera le principe non seulement de paix, mais de vie en harmonie, et même d'alliance avec l'Etat palestinien. 

La constitution du futur Etat palestinien devra prévoir des garde-fous interdisant les influences étrangères à partir du moment où elles mettent en danger l'alliance avec l'Etat d'Israël. 

La grande concession de la part de l'Etat palestinien viendra des terres volées par les colons israéliens: les colons pourront y rester, à condition de prendre la nationalité palestinienne. S'ils refusent, ils devront rentrer en Israël. 

La grande concession de la part d'Israël sera que le pays perdra 200 000 citoyens, appelés à devenir Palestiniens s'ils ne rentrent pas en Israël

L'Etat palestinien sera indépendant et autonome, dans les limites de son alliance avec l'Etat d'Israël. Même chose pour Israël. 

En cas d'attaque des pays voisins, Israël se portera au secours de l'Etat de Palestine. La réciproque sera également vraie. 

Vous comprenez maintenant pourquoi je parle de rejet des traditions. La tradition des Palestiniens est la guerre et la résistance à Israël. Parfois avec une dose d'antisémitisme, il faut être clair. La tradition israélienne est la conquête de nouveaux territoires et la colonisation aux dépens des Palestiniens. Souvent avec une fausse impression de supériorité civilisationnelle, il faut le dire. Ce sont ces deux traditions qu'il faut abolir. 

La seule réponse est la laïcité, car la religion, dans des contextes de tension, est ce qui fanatise les gens. Laïcité ne veut pas dire absence de religion ni de foi dans chaque pays. Cela signifie juste que la religion ne doit plus rien avoir à faire avec le pouvoir et la guerre, que ce soit en Israël ou en Palestine. 

C'est un immense changement. Et même si l'on imagine ce changement arriver, il y aura sans doute d'autres guerres à venir, l'alliance des Israéliens et Palestiniens devant faire face à des pays arabes qui ne manqueront pas d'être hostiles dans un premier temps. C'est le double prix à payer pour parvenir à une stabilité future, voire à la paix et la prospérité dans la région. Ce que je souhaite de tout cœur.

[EDIT 29/05/2024] Ma position a évolué quant à cet Etat de Palestine. Je vous livre ici mes dernières réflexions.
Au sujet de la Palestine, se poser les bonnes questions est impératif. En particulier, les Palestiniens eux-mêmes veulent-ils d'un Etat palestinien? Trois fois dans l'Histoire, ils ont eu l'occasion d'accepter d'avoir un Etat. Et notamment en 1948, dès le début d'Israël. Trois fois ils ont refusé.
Alors, les Palestiniens n'ayant jamais été en démocratie, ça ne reflétait peut-être pas la volonté du peuple, ces refus. Mais demandons-nous si le fait, pour des pays occidentaux, de vouloir absolument un Etat palestinien ne signifie pas surtout que nous voulons que les Palestiniens reconnaissent l'Etat d'Israël.
Est-ce que les Palestiniens, s'ils acceptaient à la fois la création d'un Etat palestinien et la reconnaissance d'Israël, ne seraient pas dénoncés comme des traîtres par tous les pays arabes environnants, et par l'Iran? Ne subissent-ils pas une pression permanente pour les maintenir dans le combat contre Israël? Ne serait-ce pas cette pression-là qu'il faudrait combattre?
Qu'est-ce qui a changé pour que des Etats occidentaux comme l'Espagne reconnaissent tout à coup la Palestine?
Réponse: depuis le 7 octobre 2023, les Palestiniens ont subi d'énormes pertes, humaines mais aussi matérielles, avec la destruction de leurs logements.
En reconnaissant l'Etat de Palestine, certains pays européens mettent la pression sur les Palestiniens pour qu'ils aillent vers cette solution, tout en s'efforçant symboliquement de s'excuser pour les morts et la destruction des logements. Le rapport de force, estiment-ils, va en la faveur de la création de cet Etat.
Mais que vaudrait l'engagement d'un pays forcé par les armes à en reconnaître un autre? 

Ça ne vaudrait rien du tout, à mon avis.
Pour notre bonne conscience, nous avons besoin de voir se dessiner une solution qui permettrait la paix dans la région. Mais rien ne dit que c'est ce que veulent les Palestiniens. Aussi gênant cela soit-il pour les Occidentaux, les Palestiniens veulent peut-être une guerre éternelle, jusqu'à la destruction de l'Etat d'Israël. Même en ayant subi des pertes aussi considérables qu'à l'heure actuelle.
Nous autres Occidentaux souhaiterions que ce soit la logique et la rationalité qui règnent en Palestine. Mais ça n'arrivera pas si tous les pays arabes aux alentours ne reconnaissent pas Israël. Ça n'arrivera pas si les enfants palestiniens sont élevés dans la haine d'Israël.
Pour que la rationalité et la paix l'emportent, il faut que les conditions soient réunies. Il faut que ces peuples apprennent à vivre ensemble. Il faut que les leaders palestiniens apprennent la démocratie, c'est à dire à écouter leur peuple. Il faut que le régime iranien change radicalement de visage. Le chemin a accomplir est encore immense avant de pouvoir parler de la création d'un Etat palestinien. Là, tout ce qu'on fait, c'est de mettre la charrue avant les bœufs.

mardi 21 novembre 2023

Gouverner, c'est aimer

Les mères de famille sont, à leur niveau, des gouvernantes. Les pères de famille sont, à leur niveau, des gouvernants. Nous faisons de la politique quand nous élevons nos enfants. Nous prenons les décisions. Nous sommes ministres de l'éducation (y compris sexuelle), de la culture, de la justice, du travail, de l'intérieur, de la défense, du sport. Nous sommes présidents. Et si nous ne pouvons pas avoir d'enfants? Nous devenons ministres de l'immigration en adoptant un ou plusieurs enfants.

Un chef d'Etat qui n'a pas eu d'enfants ne devrait pas, à mon sens, être autorisé à gouverner. Il n'a pas la maturité nécessaire. L'expérience de vie. N'est-ce pas, Macron?

Si l'on y réfléchit, on ne juge pas assez nos hommes et femmes politique selon leur vie privée. En France, nous n'avons eu que des chefs d'Etat masculins. Le seul critère appartenant à la vie privée selon lequel nous jugeons nos présidents, c'est: est-il un homme fidèle? Un certain François Hollande, qui avait une maîtresse, a ainsi vu sa popularité dégringoler durant son quinquennat.

Associer la fidélité d'un homme à sa fiabilité, c'est un bon critère. Mais si c'est le seul, ça reste simpliste. Trop limité. Que pensent les enfants de nos chefs d'Etat de leurs parents? De la manière dont ils ont été gouvernés, élevés, éduqués durant l'enfance? Voilà un vrai critère. 

Il est vrai qu'un chef d'Etat n'a pas à élever sa population. Ce serait infantilisant, abêtissant. Ce n'est pas ce qu'on leur demande. On leur demande de faire ce qu'il faut pour l'intérêt commun.

Mon avis personnel, c'est que ce sont nos enfants qui nous indiquent comment les élever au mieux. De la même manière qu'un bon conseiller emploi sait écouter son client en recherche d'emploi, parce que c'est souvent lui qui a la clé de son retour vers l'emploi, un bon parent sait écouter ses enfants. Il a de l'empathie, de la sensibilité, cette forme d'intelligence particulière qui permettra à l'enfant de donner le meilleur de lui-même sans être contraint, mais volontairement. 

L'intérêt commun, c'est le peuple qui sait en quoi il consiste. Un bon gouvernant saura le détecter en écoutant son peuple. Pas toujours, vous me direz. L'enfant refuse parfois de manger des légumes, ou de la soupe. Le peuple refuse de faire tout ce qui est nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique. Alors, il faut trouver des compromis. Il faut aussi mener par l'exemple, montrer l'exemple. 

Un parent va-t-il obtenir les meilleurs résultats avec son enfant s'il lui témoigne du mépris? Ou va-t-il le faire grandir en lui faisant confiance? 

Il ne s'agit pas, je le répète, pour un chef d'Etat, de materner sa population. Aimer n'est pas forcément materner. Aimer, c'est rendre plus indépendant, donner du pouvoir. Décentraliser. 

Et Science-Po, me direz-vous? Et l'ENA? Utiles pour apprendre le cadre dans lequel on gouverne, les institutions, les lois. L'essentiel est pourtant ailleurs. L'essentiel vient de la manière dont nos gouvernants se sont comportés en tant que parents. Il y a fort à parier qu'ils réagiront de la même manière en gouvernant, avec les mêmes travers et les mêmes qualités.

Un chef d'Etat prometteur pourrait être une mère qui a eu un enfant juif, un musulman, un catholique, un animiste, un agnostique et un athée, et qui les aura élevé dans l'harmonie, pour leur meilleur bénéfice, avec un souci d'équité dans la répartition de son amour. 

A ce stade, ce n'est plus une question de parti, de droite ou de gauche, d'extrême-droite ou d'extrême-gauche. C'est une question d'avoir été un bon parent.

dimanche 12 novembre 2023

L'auteur et le réalisateur

Ce n'est pas possible, pour un auteur de Science-Fiction, d'avoir autant de chance. Dans la vraie vie, ça n'existe pas. Et pourtant...

Imaginez, vous êtes auteur de Science-Fiction, avec à votre actif trois romans, des nouvelles de SF, et des articles pour Time/Life. Un jeune réalisateur non seulement génial, mais bankable auprès de Hollywood vous contacte. Il a eu tellement de succès avec son dernier long métrage qu'il est sûr de pouvoir imposer son film de SF.

C'est déjà une double chance extraordinaire d'être contacté par un réalisateur doué, mais en plus bankable. Mieux encore, le réalisateur en question n'a pas vraiment d'idée pour son film, et va accepter de s'appuyer sur l'une de vos nouvelles de SF pour le scénario. Il vous propose carrément d'écrire le roman tout en participant à l'écriture du script.

Vous vous rendez compte de la chance que ça représente, au niveau liberté créatrice, pour l'auteur? L'écriture conjointe d'un roman qui va devenir un film, ça n'existe pas dans le milieu du cinéma. J'ai déjà rencontré en séance de dédicace des gens qui travaillaient pour Netflix, mais qui avaient déjà leur propre univers, leurs propres idées et qui vous embauchent pour travailler dessus. C'est ça, ou bien des adaptations de roman déjà écrits. Mais travailler dans la dimension créative sur l'écriture d'un roman inspiré d'une de vos nouvelles en parallèle avec l'écriture d'un script tout en ayant l'assurance que le film sortira, le tout en collaborant avec un réalisateur surdoué, ça n'arrive jamais pour les auteurs. 

Alors certes, l'écriture d'un scénario est contraignante, et le script va aussi contraindre le roman pour homogénéiser les deux. La liberté de création est donc loin d'être totale, mais tout de même. Ce qui arrive à cet auteur de SF a tout d'un rêve. 

Mais ça ne s'arrête pas là. Imaginez que ce réalisateur vous ait contacté en 1964. Et que vous terminiez avec lui l'écriture du script et du roman en 1968. Juste avant le lancement de la mission Apollo où les premiers hommes vont marcher sur la lune! Ce serait une coïncidence historique absolument fabuleuse, de nature à vous faire penser que les étoiles s'alignent vraiment pour vous.

Imaginez aussi que vous ayez écrit ceci au début de votre roman: It was a vague and diffuse sense of envy - of dissatisfaction with his life. He had no idea of its cause, still less of its cure; but discontent had come into his soul, and he had taken one small step towards humanity. Traduction : "C'était un sentiment vague et diffus d'envie - d'insatisfaction à l'égard de sa vie. Il n'avait aucune idée de sa cause, encore moins de son remède ; mais le mécontentement était entré dans son âme, et il avait fait un petit pas vers l'humanité.

Imaginez maintenant qu'un astronaute du nom de Neil Armstrong ait lu votre roman. Et qu'il ait décidé de modifier quelque peu ce que vous avez dit tout en le prolongeant. Bref, de s'en inspirer. Un petit pas pour l'homme, un grand bond pour l'humanité. Et au moment le plus critique! Juste avant de commencer à marcher sur la Lune!

Ce serait vraiment du délire, n'est-ce pas?

Mais ça ne s'arrête toujours pas là. Imaginez maintenant que les critiques fassent du film coécrit avec ce brillant réalisateur l'un des dix meilleurs films de tous les temps. Parce que, encore une chance dans la chance, la collaboration s'est bien passée et a été très productive.

Je veux dire, un cul bordé d'autant de nouilles, ça n'existe pas, non? Ça ne peut pas arriver? 

Eh bien si. Cet auteur de Science-Fiction, c'est Arthur C. Clarke, et ce réalisateur, c'est Stanley Kubrick. Ce film encensé par la critique, c'est 2001, l'Odyssée de l'Espace. 

A un certain niveau, la chance, c'est comme une poupée russe. La plus grosse de ces poupées, c'est d'être né dans un pays de privilégiés par rapport à la majorité des humains. La seconde de ces poupées, c'est de bénéficier de gènes propres à garantir votre santé et votre longévité tout en vous faisant disposer de bonnes facultés mentales dès le jeune âge. La troisième, ce sont les parents. Une autre de ces poupées, c'est votre éducation. Une autre encore, votre aptitude au bonheur. 

En ce qui concerne Arthur C. Clarke, on a l'impression que l'emboîtement des poupées a été beaucoup plus long que la normale.