mardi 3 décembre 2024

L'Essence des Sens : chapitre 23

A titre expérimental, j'ai décidé de faire paraître un nouveau chapitre de mon dernier roman, L'Essence des Sens (Science-Fiction), sur ce blog chaque semaine. Voici le vingt-troisième.

23. Ironie cosmique

Les jours qui suivirent l’opération, l’équipe de l’ORG fut chargée de surveiller les retombées médiatiques. Bien que la plus grande discrétion ait été d’usage, des individus dont le fils, la fille, le frère ou la sœur se retrouvaient inculpés sous le chef d’accusation d’incitation à la sédition pouvaient être tentés de réagir de manière contraire aux intérêts du Premier Coordonnateur. Il fallait donc exercer des pressions sous le couvert de l’anonymat, ou même déclencher des campagnes de haine et de dénigrement des proches dans la Ruche. Intimider. Montrer que le jeu n’en valait pas la chandelle. La peur de déplaire, et en particulier de contrevenir à la volonté des associés des Fengirs, était heureusement une alliée très puissante. Jaynak s’acquittait des différentes tâches sans dévoiler aucun état d’âme. Il le savait, c’était au moment où il pouvait être le plus tenté de critiquer Grendchko qu’Ymeo, Nejb et Yrkel l’attendaient au tournant. Dans ces instants, il devait prouver aux yeux de tous la vraie signification du mot Fervent. Peu importaient la qualité de ses nuits ou ces images qui revenaient le hanter. Ce rêve dans lequel son oncle Irkouk lui reprochait, par son travail au sein de l’ORG, de détruire la vie de gens bien ? Mieux valait l’oublier au plus vite. Son activité en tant que Fervent était la condition même de sa survie. La remettre en cause, c’était s’interroger sur l’utilité de son existence. Il n’avait clairement pas besoin de ça. 

Pour le moment, la surveillance des Nœuds de la matrice en passant par l’argelen n’était pas nécessaire — Jaynak pouvait enfin souffler. Si Naldeia n’était pas intervenue providentiellement avec ce message sur la tablette… Jaynak bénissait sa chance, et redoutait le jour où on lui demanderait de nouveau de travailler avec le cubar de l’agence. Sa position était si fragile ! 

Le lendemain de leur petite opération, ils avaient eu droit aux félicitations de leur Adepte. « Encore une ou deux missions aussi brillamment réussies, et je pourrais passer Guide Communiante, avait déclaré Ymeo. Et le plus méritant d’entre vous pourra passer Adepte. » Elle l’avait alors regardé, les yeux pétillants. L’ironie de la situation était si cosmique que Jaynak avait du mal à l’assimiler. Devenir Adepte, au moment où il avait perdu tout contact avec l’argelen ! C’était tellement absurde, mais en même temps, aux côtés de Grendchko, tout était inversé. Les plus grandes insanités allaient de soi. C’était donc qu’il devait y avoir une forme de logique là-dedans... Quand Jaynak vit approcher Ymeo dans le couloir en ce début d’après-midi, elle avait les yeux brillants. Elle sortait de son bureau et se dirigeait vers le centre de commandement. « Le Maître me demande, annonça-t-elle à la cantonade, je compte sur vous pour tenir la boutique ! » 

Etant donné l’enthousiasme dont elle faisait preuve, le caractère non professionnel de sa rencontre avec Grendchko ne faisait guère de doute. Jaynak se retint de lever les yeux au ciel avant de passer en salle holo pour son entraînement. Le programme du jour, la traque sur Helgash 7 d’un Slyvnin, une créature ailée particulièrement retorse qui pratiquait l’espionnage sur la planète native des Fengirs, l’avait maintenu en haleine pendant une heure quand une convocation urgente en salle de commande vint interrompre la projection. Jaynak se dépêcha d’aller rejoindre Beyl, Naldeia et les autres. Il s’agissait d’un code rouge et tout le monde était sur la brèche. Naldeia indiqua de s’approcher d’elle. « Mes recherches au sujet de l’un des assistants de Dentchenev ont porté leurs fruits », annonça-t-elle. 

Jaynak, Yrkel et Nejb dressèrent l’oreille. Dentchenev était l’un des rivaux de Grendchko, un Guide Communiant qui avait été disqualifié de la course aux élections en raison de fichiers retrouvés dans ses données personnelles où il remettait en cause l’alliance avec les Fengirs. A l’époque où l’affaire avait éclaté, Jaynak avait fortement soupçonné Grendchko d’avoir fait placer de fausses preuves compromettant son rival — rien n’avait pu être démontré, bien sûr. Le personnage restait néanmoins prioritaire parmi ceux à surveiller. 

« Alicha, l’une des assistantes de Dentchenev, va entrer en relation avec plusieurs de ses mystérieux collaborateurs dans les Cavernes d’Ambre d’ici une demi-heure. Je propose de lancer une mission de surveillance. Jaynak et moi devrions suffire pour cette mission — il nous faut un spécialiste de l’argelen, et nous ne devons pas être trop nombreux pour ne pas attirer l’attention. 

– Je viens avec vous, annonça Beyl. 

– Sauf votre respect, vous êtes trop voyant. La présence d’un androïde dans les Cavernes ne manquera pas d’éveiller les soupçons. 

– Dans ce cas, dit Beyl, Yrkel et Nejb vous accompagnent. » Naldeia le fixa, et chacun put lire l’irritation dans son regard. « J’ai l’habilitation pour ce type de mission. Ymeo m’a transmis les codes. 

– Vous avez l’habilitation. J’ai le dernier mot sur les moyens employés. Yrkel et Nejb vous accompagnent. 

– Entendu, soupira Naldeia. Mais pour plus de discrétion, vous entrerez trois minutes après nous. » 

Yrkel et Nejb acquiescèrent. 

« Cette fois, vous prendrez vos disrupteurs, ordonna Beyl. Vous les dissimulerez à l’aide de vos ceintures de camouflage. » 

Naldeia parut sur le point de faire une remarque, mais se contenta de hausser les épaules. 

Ils utilisèrent deux flotteurs pour se rendre sur place. Jaynak se retrouva dans celui de Naldeia. Celle-ci enclencha le pilote automatique, et l’appareil perdit rapidement de l’altitude, contournant avec efficacité les noyaux, passerelles, et le trafic — un code spécial le rendait prioritaire par rapport à la plupart des véhicules civils. Naldeia eut un sourire en coin et se tourna vers Jaynak. « On dirait que tu as la cote auprès d’Ymeo. S’il n’y avait pas Grendchko, elle t’aurait déjà amené dans son appartement — ou dans un coin tranquille. » 

Le teint de Jaynak devint plus foncé. « Dans ce cas, j’imagine que je dois remercier Grendchko. » 

Naldeia gloussa. Jaynak, quant à lui reprit son sérieux. « Tu réalises, j’espère, que je cours à la catastrophe ? Yrkel et... » 

Elle lui fit aussitôt signe de se taire. « Aie confiance. Ce cubar où tu vas te connecter est spécial. Il va nous permettre de réussir la mission avec grande efficacité. Tu auras juste à suivre les instructions. » 

Jaynak la scruta, ne sachant sur quel pied danser. Depuis leur dernier succès, il y avait eu davantage de repas en commun avec toute l’équipe, et Jaynak et Naldeia n’avaient pas osé se singulariser en cherchant à déjeuner à part. De ce fait, ils n’avaient pu faire le point sur la situation ni sur les mesures à mettre en place pour pallier la lacune de Jaynak. Ce cubar si spécial des Cavernes d’Ambre était un élément nouveau. Jaynak brûlait d’interroger son équipière à ce sujet. Il se retint pourtant, percevant la réticence de la jeune femme. Savoir qu’ils étaient sans doute espionnés à chaque instant était si frustrant ! Sans compter qu’ils allaient bientôt se poser sur l’une des plates-formes d’accueil des Cavernes, et que le temps était venu de connecter les oreillettes les reliant aux autres. Naldeia en profita pour signaler à Beyl qu’ils étaient arrivés sur place. 

Jaynak effleura le bouton sur sa ceinture, et son disrupteur disparut à sa propre vue. Lui et Naldeia rejoignirent l’entrée principale des Cavernes. Des Adeptes surveillaient ostensiblement les lieux. En réaction à l’opération militaire menée par Grendchko, le pouvoir civil traditionaliste entendait ainsi préserver toute intrusion armée en cet endroit consacré. 

Jaynak ressentit une pointe de culpabilité en franchissant le seuil sans encombre. Amener un disrupteur ici, c’était aller directement à l’encontre de la volonté des Guides Communiants. Ces mêmes Guides que Grendchko s’efforçait de discréditer dans ses discours officiels, et, sans doute à terme, de remplacer par ses propres Fervents — les fameuses « grandes réformes » qu’avait évoquées Ymeo. 

Les Cavernes possédaient des puits de lumière naturels, éclairage partiel que les Nadariens avaient complété avec des cristaux spécialement choisis pour leur faculté à émettre une lueur ambrée similaire à la couleur des cubars d’argelen qui faisaient la spécificité des lieux. Jaynak glissa un regard vers Naldeia, et vit qu’elle partageait son émotion. Tous deux savaient avoir été arrêtés à proximité des Cavernes d’Ambre, même si Jaynak, pour sa part, n’en conservait aucun souvenir. Revenir ici était comme un défi jeté au sort, et Jaynak ne pouvait se défaire de l’idée qu’ils risquaient d’être de nouveau appréhendés et privés de liberté. 

C’était ridicule. Ils étaient à présent ceux qui dépouillaient leurs concitoyens de leur liberté, Jaynak ne devait pas l’oublier. Le but de leur mission était justement d’identifier d’autres séditieux dans le but d’une intervention ultérieure. 

« Par ici », fit Naldeia en secouant Jaynak par le poignet. Ils parcoururent à pas rapides la vaste caverne principale, animée de subtils courants d’air. Les citoyens venus communier n’étaient pas nombreux, mais ce devaient être les plus convaincus des traditionalistes. Ces Cavernes étaient devenues un enjeu politique, et les gens les savaient susceptibles de se transformer derechef en un terrain de bataille. Même la présence des Adeptes à l’entrée ne suffisait pas à rassurer ceux qui avaient vu débarquer ici soldats et drones il n’y avait pas si longtemps. 

Naldeia et Jaynak pénétrèrent dans une salle intermédiaire où stalagmites et stalactites se rejoignaient parfois en minces colonnes. 

« Nous sommes arrivés, fit Nejb dans l’oreillette. 

– Positionne-toi à l’extrémité sud-ouest de la caverne principale, et Yrkel au nord-ouest. On vous fera signe dès que les suspects auront été identifiés grâce à l’argelen. » 

Jaynak renvoya un regard interloqué à Naldeia. Comment pourraient-ils visualiser les suspects alors qu’ils se trouvaient dans une salle à l’écart des autres ? L’argelen pouvait permettre d’obtenir des noms ou des données à distance, mais pas de découvrir des visages inconnus. A moins bien sûr que les suspects ne soient connectés à des cubars non loin les uns des autres, et qu’ils se regardent. Mais pourquoi prendraient-ils un tel risque, quand le but de la communication au travers de l’argelen était justement le secret ? 

Naldeia posa l’index devant sa bouche, lui intimant une nouvelle fois de ravaler ses questions. Elle désigna un cube d’argelen ambré intégré à l’une des parois de la grotte. Jaynak secoua la tête, mais se dirigea vers le cubar. Il y apposa la paume. Aucune connexion, si ce n’est une démangeaison au niveau du front plus vive encore que toutes les précédentes. Jaynak lâcha un grognement, retira sa main du cubar et la porta à son front. 

La plaque sous laquelle provenait l’irritation était comme poussée de l’intérieur par une force autonome irrésistible. L’espace devint suffisant pour que Jaynak y glisse un index. Il y avait quelque chose de rond, qu’il fit rouler. Il finit par déloger la chose, qu’il saisit entre le pouce et l’index — sa plaque se remit en place. L’objet entre ses doigts ressemblait à un cristal de données ovale, mais en plus mou. Sa couleur ambrée était semblable à celle du cubar. Jaynak ne se souvenait pas avoir jamais vu un tel objet. Il ressentit l’impulsion irrésistible de remettre sa paume sur l’argelen — ce qu’il fit, sans lâcher l’objet de l’autre main. Tout à sa fièvre, il n’aperçut pas Naldeia sourire. 

Une falaise abrupte lui faisait face. Jaynak en contempla les aspérités. Par automatisme, il se demanda où poser ses mains s’il devait l’escalader. Son regard s’élevait vers les sommets lorsqu’un chuintement se fit entendre. Une ouverture venait d’apparaître à même la roche. Comme il pénétrait d’un pas résolu dans la cavité, Jaynak constata que la porte faisait bien ses trois mètres d’épaisseur. Le couloir dans lequel il s’avança était nimbé d’une lueur mauve. La porte se réintégra parfaitement. Impossible, d’où il se trouvait, d’en déceler le moindre contour. Quand il se retourna, Jaynak vit un drone flotter devant lui. « Suivez-moi » fit la voix métallique. Le trajet s’avéra sinueux, compliqué, et bientôt Jaynak perdit tout sens de l’orientation. Enfin, une porte de tirinium glissa en face de lui. Installé dans un modulofauteuil, Belganov tourna vers lui son visage empreint de sagesse et de perspicacité. 

Au moment où les autres souvenirs de Belganov, dont leur première rencontre dans un fumoir, affluèrent, la partie de l’esprit de Jaynak qui n’était pas immergée dans l’argelen réalisa qu’il était en train de revivre une scène de son passé. Ces fragments disparus dans l’intervalle où il s’était rendu dans les Cavernes d’Ambre lui revenaient enfin. 

« Bienvenue dans notre humble repère, dit Belganov. Ne soyez pas timide, entrez donc. » 

Jaynak s’exécuta et la porte de tirinium se referma derrière lui. Le professeur en biotechnologie affichait un visage affable. Le drone restait cependant au-dessus de l’épaule du savant, et Jaynak supposa qu’il était chargé d’assurer la sécurité du vieil homme. « Vous avez eu le courage d’honorer notre rendez-vous, et vous allez en être récompensé. Si vous en êtes d’accord, je vais vous dévoiler certains pans de notre passé auxquels peu d’individus ont accès. » 

Jaynak hocha la tête. 

« C’est aujourd’hui que vos yeux vont se déciller, dit Belganov. Veuillez placer votre paume sur ce bloc d’argelen. » 

A proximité d’une console de dernière technologie, il y avait un large cubar ambré intégré à la roche formant le bureau du professeur. Jaynak posa la main dessus, et Belganov fit de même. Jaynak ne reconnut pas tout d’abord le frêle individu à la démarche altière dont l’image s’imposa à lui. Sa peau grise était incroyablement fine et nervurée. Surtout, elle était parcourue par intermittence de fascinants courants électriques bleutés, comme si un orage avait été prisonnier de son organisme. Ce fut la forme oblongue de son crâne qui lui remit en mémoire un documentaire holo que Jaynak avait vu plusieurs années auparavant. L’individu était un Ektrim. D’après la rumeur, l’influence des Ektrims au sein de l’Expansion était inversement proportionnelle à leur discrétion. 

Grand fut l’étonnement de Jaynak en observant au premier plan les bras d’un Nadarien entouré de personnes dont il percevait qu’ils étaient de hauts dignitaires d’une époque plus ancienne. Il réalisa alors qu’il revivait là des souvenirs que l’un de ses ancêtres ayant assisté à la scène avait gravés dans l’argelen. Aucun doute n’était possible, ces édiles faisaient visiter à l’Ektrim les Cavernes d’Ambre d’Argea tandis que le peuple communiait. 

Deux autres scènes se succédèrent, quasiment identiques. Des édiles escortaient un second, puis un troisième Ektrim dans les Cavernes d’Ambre de deux autres cités de la planète. L’événement devait avoir été d’une grande rareté, car Jaynak n’avait pas connaissance d’Ektrims ayant mis les pieds sur Nadar de son vivant. 

« Ces Ektrims ont été conviés à visiter les Cavernes des cités principales de Nadar, commenta Belganov. Une faveur incommensurable. A l’époque, une guerre avait éclaté entre les Fengirs et un peuple de la galaxie aujourd’hui oublié, disparu à jamais. Nous n’avions jamais été en contact avec les Fengirs, et leur flotte menaçait la nôtre. Leur puissance nous était inconnue, et nous étions très inquiets. Les Ektrims se sont alors dévoilés à nous. Leur technologie avancée a permis d’obtenir rapidement des protocoles de communication. Dès qu’une compréhension mutuelle s’est installée, ils ont proposé de jouer les médiateurs avec les Fengirs. La seule condition était que nous laissions quelques-uns de leurs savants visiter notre planète. Après de houleux débats entre les Coordonnateurs de l’époque et les Guides Communiants, nous avons accepté. Ce compromis, inédit dans toute notre histoire, était à la hauteur de l’inquiétude qui régnait à ce moment. » 

Belganov se tut et une autre image se forma, plus familière. Jaynak reconnut le Coordonnateur Dalnev, célèbre pour avoir inauguré, trois siècles auparavant, l’alliance avec les Fengirs, puis, plusieurs années après, l’entrée de Nadar au sein de l’Expansion. Dalnev utilisait l’argelen pour communiquer avec ses compatriotes. Il leur expliquait les avantages des technologies novatrices qu’allaient apporter les Fengirs, et leur suggérait de leur faire bon accueil. 

Nouvelles images, celles de délégations fengiriennes débarquant en grande pompe. Puis, la construction et l’assemblage par des robots d’importantes usines au sein des noyaux des cités principales. 

Jaynak sentit qu’on lui tirait le coude et interrompit son contact avec le cubar. 

« Nous avons essayé à de nombreuses reprises de nous infiltrer dans les parties des usines des Fengirs interdites aux visiteurs sans jamais y réussir, dit Belganov. Nous avons perdu nombre des nôtres au cours de ces tentatives. 

– Pourquoi cette obstination ? 

– Nous pensons que les Fengirs produisent des nanites qu’ils parviennent à faire passer dans le cerveau de nos concitoyens. L’hypothèse est qu’ils le font au moment où les nôtres sont les plus vulnérables, au cours de séances de communion avec l’argelen. Pour tout dire, nous sommes persuadés qu’ils influencent la pensée de nos semblables à l’aide de ces nanites. » 

Jaynak eut un mouvement de recul. 

« Vous ne me croyez pas ? » 

Jaynak considéra son interlocuteur quelques instants. « Vous voulez le fond de ma pensée ? finit-il par demander. Je crois que vous êtes resté trop longtemps dans ces Cavernes. Ça a donné un coup de turboboost à votre paranoïa. 

– Et pourtant, fit le professeur d’un ton grinçant, selon vos propres termes, vous avez la nette impression que quelque chose vous force la main au moment du vote, n’est-ce pas ? Comment l’expliquez-vous ? Comment expliquez-vous que vous ne puissiez penser à nos alliés Fengirs que de manière positive ? 

– Ce n’est pas parce qu’on n’a pas la réponse à certaines questions qu’il faut inventer n’importe quoi. » Un signal sonore retentit. Belganov effleura sa console et une image holo d’un Nadarien apparut. « Professeur, plusieurs groupes de commandos armés dirigés par des Guides Communiants convergent vers les Cavernes. Nous devons appliquer le plan B3 immédiatement. 

– Entendu. Application du plan. » Belganov se tourna vers Jaynak. « Nous allons devoir reporter cette conversation à plus tard. En attendant, je vous propose de vous mettre à l’abri avec moi un peu plus profondément sous la roche. 

– Il n’en est pas question, dit Jaynak. Vous m’avez promis la liberté de choix. Je ne suis pas un Réfractaire, moi. Je n’ai rien à voir avec vos histoires. 

– Vous êtes sûr ? J’ai bien peur que la neutralité ne soit impossible à ce stade. 

– Vous devez tenir parole ! 

– C’est ce que je vais faire. » Belganov plongea la main dans une alcôve et saisit un paralyseur qu’il pointa sur Jaynak. « Je suis désolé, mais vous devez tout oublier de notre petite entrevue — il en va de la sécurité de notre réseau. » Tout en continuant à mettre Jaynak en joue, Belganov sortit autre chose de l’alcôve. « Vous voyez cet objet ? » 

Le Jaynak du passé ignorait quelle était cette chose ovale que lui présentait le savant. Le Jaynak du présent reconnut l’objet qui avait été logé dans son crâne. 

« C’est un orbar. Un orbe indétectable par la technologie fengirienne, en symbiose avec l’argelen. En se reliant à votre lobe frontal, il va vous faire oublier notre rencontre. Vos souvenirs du jour présent ne vous seront rendus qu’en vous connectant à un cubar bien précis situé dans ces Cavernes, et à condition que vous teniez au même moment l’orbar dans votre main. Nous attendrons que la poussière retombe avant de vous rendre votre mémoire. » 

La dernière chose que vit Jaynak fut la lueur émanant du paralyseur.

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