J'ai grandi dans une famille de gauche, et je me souviens de l'émotion extraordinaire au moment de l'élection de François Mitterrand en 1981. De la ferveur. De ce vent d'espoir. J'avais dix ans. Si j'avais pu voir l'avenir... Mitterrand est celui des présidents de la Vème République qui aura le plus mené les Français en bateau. Un bateau rempli de farine, dans laquelle il aura bien roulé ses concitoyens.
Il faut se méfier des gens trop énigmatiques. Ceux qui ne disent rien cachent parfois beaucoup de choses. L'un des surnoms de Mitterrand était le sphinx. Il est certain que Tonton, autre surnom, qui avait été fait prisonnier de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, puis évadé, et Résistant, a entretenu des relations assez troubles avec le gouvernement de Vichy. Sans doute dans le but de mieux trahir ce gouvernement, certes, et de se procurer une couverture en obtenant l'ordre de la Francisque.
Mais imaginez, quand même. Le mec se fait élire président en cachant qu'il mène une double vie et a eu une fille de sa maîtresse. A partir de 1983, il installera celles-ci dans un appartement de 250 m2 du VIIème arrondissement de Paris. Aux frais du contribuable, bien sûr. Plutôt que de jouer la transparence, Mitterrand cache aussi qu'il a un cancer.
Mitterrand a été porté au pouvoir par des idées de gauche, mais aussi par la corruption avérée de son prédécesseur, Valéry Giscard d'Estaing. Il va appliquer les idées sociales qui l'ont fait élire dans un premier temps, dont la plus notable est l'abandon de la peine de mort. Mais avec le temps, il va apparaître de plus en plus clairement que Mitterrand ne recherchait le pouvoir que pour le pouvoir.
Pas de manière aussi éhontée qu'un Trump. Au contraire, de manière honteuse, en se taisant.
Mais il y a aussi de sacrés relents de Vichy avec Mitterrand. Peut-être pas dans son passé puisque les choses étaient, disons, compliquées, mais dans ses actes. Ou dans son absence coupable d'action.
Je pense bien sûr au génocide des Tutsis par les Hutus au Rwanda. Voici ce que dit à ce sujet l'article Wikipédia sur Mitterrand: Pour François Graner, après analyses, des dirigeants français (et en particulier le président François Mitterrand) se sont rendus complices du génocide, même si la motivation qui les guidait n'était pas une intention génocidaire. Ils ont été informés de la situation, ont laissé faire des livraisons d'armes, ainsi que la constitution d'un gouvernement intérimaire dominé par des extrémistes hutus après la mort du président rwandais Juvénal Habyarimana. François Mitterrand considérait ce sujet comme étant dans son pré carré : aidé de son état-major particulier, il a pesé sur les actions de la France. Des ordres, dont la trace écrite a été retrouvée, ont également été donnés pour faciliter la fuite de responsables associés au génocide. Des zones d'ombre subsistent, telles que l'implication de la France ou de baroudeurs français dans l'assassinat du président Habyarimana.
800 000 Rwandais, en majorité des Tutsis, morts en trois mois tout de même. La France était l'alliée des Hutus, qui ont commis le massacre. Mitterrand a laissé faire, et qui sait, peut-être même provoqué le massacre, alors qu'il aurait pu empêcher cela. La seule différence avec Pétain est qu'il n'aura pas participé activement à cette épuration, ni demandé aux soldats français de s'y mêler, en dehors des livraisons d'armes.
C'est peut-être horrible à dire, mais sur le plan psychologique, ce n'est sans doute pas le fait que Mitterrand ait fermé les yeux sur ces centaines de milliers de morts qui fait de lui un sociopathe.
Ce qui fait de Mitterrand un sociopathe, c'est le suicide à l'Elysée d'un ami proche, François de Grossouvre. C'est aussi le suicide de Pierre Bérégovoy, ex-ami proche et ancien premier ministre de Mitterrand.
Pour un gars de gauche qui a la main sur le cœur, il y a beaucoup de suicides parmi les amis de Mitterrand. Alors oui, c'était un homme de lettres. Il avait le sens de la poésie et de la formule. Il a contribué au rayonnement international de la France. Car il était d'autant plus redoutable manipulateur qu'il était charmeur. Et il savait, comme un certain Emmanuel Macron, manœuvrer en eaux troubles.
Si on regarde la trajectoire de Mitterrand, on s'aperçoit de quoi, en se fiant à ses actes? On se rend compte qu'il éliminait tout ce qui pouvait gêner son ascension. Sa maîtresse et sa fille, tenues dans l'ombre, de même que son cancer. Son passé parfois trouble, muré dans le silence. Et si des hommes où même des peuples doivent périr pour que ses plans s'accomplissent, ainsi soit-il.
Oui, il y a de quoi frissonner quand on constate l'étendue des dégâts. Alors bien sûr, je ne m'arrête dans cet article pratiquement que sur les points négatifs. Ces points-là étaient peut-être le prix à payer pour l'espoir invraisemblable qu'a fait naître Mitterrand, et ses accomplissements.
C'est cher payé, tout de même. Il y aurait de quoi se demander si on ne devrait pas pratiquer une analyse psychologique poussée de chaque candidat à la présidence. Ou même des étudiants de Sciences Po. Jusqu'où sont-ils prêts à aller? Car le cas de Mitterrand est loin, très loin d'être isolé.
On se rend compte que les grandes aspirations sociétales ne sont le plus souvent, pour les candidats à la présidence de la république française, qu'une façade derrière la course effrénée au pouvoir. Et que la sociopathie n'est malheureusement que trop répandue dans les cercles de pouvoir.
Pour pousser un peu plus la réflexion, ces quelques articles :
- Cynisme
P-S: les parents de l'auteur de cet article se sont rencontrés au Rwanda