Pour la première fois depuis que j'utilise le service Kindle Direct Publishing, j'ai décidé de tester le service KDP Select sur un roman. Trois romans en fait, reliés les uns aux autres au sein du coffret ebook The Ardalia Trilogy. Je ne mène en effet cette expérimentation que sur une version en langue anglaise, pour des raisons très précises.
Si vous lisez mon blog, et notamment l'article sur l'exclusivité et l'autoédition, ou celui qui concerne la viabilité ou l'offre Kindle Unlimited, vous serez en droit d'être surpris, et à la limite, de crier à la trahison. Quoi, Alan Spade, qui s'est toujours prononcé en tant qu'opposant de l'exclusivité Kindle Select, retourne sa veste?
S'il y a une chose que j'ai toujours préconisé pour les auteurs, c'est de réaliser des expérimentations. J'ai attendu un bon moment avant de mener une vraie expérimentation sur KDP Select (j'avais déjà fait le test sur trois mois avec une nouvelle, A brief history of Ardalia, mais ça n'avait pas été probant).
J'ai maintenant suffisamment de recul pour savoir que mes ventes de livres en langue anglaise sur d'autres plates-formes qu'Amazon sont vraiment infimes: depuis 2014, date de publication de The Breath of Aoles, premier tome de la trilogie Ardalia, je suis à zéro sur Kobo, et peut-être à deux ou trois sur Apple.
Ma méthode de promotion pour mes romans anglais a consisté à m'efforcer d'obtenir suffisamment de commentaires pour accéder à de la promo sur des plates formes payantes d'envoi de newsletter, de type Ereader news today, Book barbarian ou Free Kindle Books and Tips.
Or, ces sites, même quand ils ne sont pas exclusivement dédiés au Kindle, ne m'ont permis d'avoir pratiquement aucune retombée autre que des ventes sur Amazon.
Ma newsletter anglaise, de taille certes très réduite (150 membres) et très récente, n'a donné de retombées que sur Amazon.
Quant à mes pubs Facebook pour les livres en anglais, elles n'ont rien donné jusqu'à présent.
Il y a des auteurs ou autrices américains hybrides, comme Kris Kathryn Rusch, ou même de purs indépendants, qui fonctionnent bien sur Kobo, d'autres sur Apple, d'autres encore sur Barnes & Noble, et je sais qu'une bonne partie des personnes qui ont fait la critique de mes livres en anglais l'ont fait sur des versions epub que je leur ai envoyées.
J'en suis malgré tout venu à penser que les auteurs américains qui marchaient bien sur les plates-formes concurrentes d'Amazon devaient avoir une expérience de terrain, et notamment en termes de séances de dédicaces, sur leur territoire.
Je considère aussi à présent que si le service Kindle Unlimited est l'un des pires moyens de rémunérer les auteurs, il fait un peu figure de bibliothèque, certes privée, aux Etats-Unis, et offre donc, à condition d'effectuer de bonnes promos au préalable, une meilleure visibilité aux livres en anglais.
Avec le recul, je vois beaucoup plus le service KDP Select comme une sorte de premier pas vers les maisons d'édition Amazon, ce qui explique - sans pour autant justifier complètement, on est d'accord - la notion d'exclusivité.
Cela fait pas mal d'arguments militant en faveur d'une expérimentation.
J'aurais évidemment beaucoup moins d'arguments pour le marché français, où Kobo, notamment, demeure une alternative d'autant plus intéressante que Kobo/Fnac fait la promo de plus en plus d'auteurs indés. Et où, bien sûr, je suis sur le terrain.
J'ai décidé de limiter cette expérimentation à la trilogie anglaise en un seul volume. Les lecteurs de langue anglaise ne possédant pas une liseuse Kindle peuvent toujours télécharger les romans individuellement sur les autres plates-forme, et ce pour un prix similaire à la trilogie au final.
Et si je devais connaître le succès avec cette version, me direz-vous? J'ai pleinement conscience qu'un auteur ne dépendant que d'Amazon ne peut plus se proclamer auteur indépendant. Je crois qu'il faut tout simplement rester confiant en sa capacité de rebondir, si Amazon devait faire défaut. C'est une Lapalissade, mais la confiance en soi reste le meilleur remède contre le doute.
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