Les dirigeants des grandes puissances connaissent le problème du réchauffement climatique depuis au moins 30 ans, et pourtant ils ont pris le mauvais chemin en choisissant, à la fin des années 80 et plusieurs fois par la suite, de ne rien changer. Pourquoi? Parce que les mesures à prendre auraient non seulement impacté notre mode de vie, mais aussi notre système économique et notre mode de pensée. Pour lutter efficacement contre le changement climatique, mais aussi les autres maux liés à la pollution, il faut détrôner l'économie pour donner le pouvoir exécutif à l'écologie. C'est cela qui a été inacceptable, non seulement pour nos dirigeants et ceux qui tirent vraiment les ficelles, les grands lobbies commerciaux, mais hélas aussi, pour la majorité de la population. C'est pourquoi nous avons fait fausse route et que nous continuons dans cette impasse.
On a fait fausse route en privilégiant la compétition économique sur la coopération entre Etats, indispensable pour générer des circuits de commerce courts et limiter les transports polluants sur mer et dans les airs, liés à l'import/export.
On a fait fausse route en mettant un dogme, celui de la vertu des marchés financiers et du capitalisme, au-dessus du principe de réalité et du pragmatisme.
On a fait fausse route en refusant d'écouter les scientifiques, qui nous disent que les ressources sont limitées, et qu'il faut les répartir équitablement.
On a fait fausse route en ne sensibilisant pas les économistes aux problèmes écologiques, en leur faisant par exemple réaliser des reportages sur la pollution et ses conséquences sur les frais de santé.
On a fait fausse route en ne sensibilisant pas, ou insuffisamment, nos dirigeants à l'écologie.
On a fait fausse route en ne considérant pas le pétrole et autres hydrocarbures et dérivés comme le plastique comme des produits toxiques pour la nature et pour l'homme, et en ne les taxant pas suffisamment pour qu'ils ne soient plus compétitifs.
On a fait fausse route en ne développant pas des alternatives biodégradables aux produits dérivés du pétrole.
On a fait fausse route en faisant semblant de croire certains lobbies comme Coca-Cola quand ils nous ont dit que le recyclage du plastique, et le tri sélectif règleraient le problème de la pollution.
On a fait fausse route en considérant que la chimie pouvait résoudre tous les problèmes, alors qu'elle ne fait bien souvent que les exacerber.
On a fait fausse route en mettant des nanoparticules dans les aliments.
On a fait fausse route en autorisant des pesticides qui détruisent insectes et oiseaux, et causent des cancers chez l'être humain.
On a fait fausse route en manquant d'empathie avec les animaux, et en rompant le contrat tacite qui nous lie à la majorité des espèces, en les surexploitant.
On a fait fausse route en mangeant trop de viande, et notamment de bovins, ce qui accélère le réchauffement climatique et apauvrit les réserves d'eau.
On a fait fausse route en voulant combler nos lacunes spirituelles par du matérialisme, quête absurde et sans limites.
On a fait fausse route en privilégiant l'agressivité envers la nature et nous-mêmes par rapport à l'harmonie avec l'environnement et entre les êtres.
On a fait fausse route en ne développant pas assez le solaire et les énergies renouvelables, et, en France, en privilégiant systématiquement le nucléaire.
On a fait fausse route en abandonnant les recherches sur les modèles de véhicules électriques, sous la pression des lobbies du pétrole.
On a fait et on continue à faire fausse route en laissant les lobbies commerciaux nous dire quelle route prendre, parce que notre idéologie concorde avec la leur.
On fait fausse route quand, dans les ménages, on choisit l'alimentation comme poste budgétaire à rogner, ce qui fait que l'on achète et privilégie la nourriture industrielle.
On fait fausse route en n'écoutant pas l'Organisation internationale du travail quand elle nous dit que lutter contre le changement climatique créerait plus d'emplois que cela n'en détruirait.
On fait fausse route en cherchant le profit et la rentabilité maximale immédiate aux dépens de notre planète, ce qui nous met au même niveau, sur le plan de l'écologie, que des termites.
J'ai oublié beaucoup de choses, qu'on me le pardonne. Mais je l'ai dit et je le répète: on ne pourra pas changer les choses tant que l'on n'aura pas modifié notre système de valeurs et ajusté notre mentalité.
[EDIT 20/08/2022] : ""Ce serait une erreur d'imaginer que les gens demandent qu'on protège leur vie et leur environnement, et qu'ils témoigneraient de la reconnaissance à un idéaliste qui mènerait le combat dans ce sens. Les gens ne pensent qu'à leur confort personnel. Nous en avons eu la preuve lorsqu'au XXe siècle la question de l'environnement s'est posée de façon aiguë. Quand il fut démontré que la cigarette augmentait le risque de contracter le cancer du poumon, la solution la plus évidente aurait consisté à cesser de fumer. Au lieu de cela les gens réclamèrent des cigarettes ne présentant pas ce grave inconvénient. Quand il fut prouvé que les moteurs à combustion interne polluaient dangereusement l'atmosphère, le plus simple aurait été de renoncer à de tels moteurs, mais les gens se contentèrent de réclamer des moteurs similaires n'offrant pas cet inconvénient." --Isaac Asimov, Les dieux eux-mêmes, 1972.