Déjà, on peut se demander si le fait même d'afficher en toute transparence la stratégie de sécurité nationale de son pays relève de l'arrogance ou du désespoir. Arrogance parce qu'il sera plus facile aux adversaires ou ennemis des Etats-Unis de contrer leur stratégie, connaissant les différents axes. Désespoir parce que ce type de document peut quelque part être interprété comme un appel à l'aide des USA à ses alliés, pour mettre en place cette stratégie.
Ce qui m'a frappé dans ce document, c'est la non reconnaissance de la position historique de première superpuissance mondiale des Etats-Unis par l'administration Trump. Partant de là, il y a une incapacité de cette même administration à reconnaître que c'est la politique post seconde guerre mondiale, et notamment la politique vis-à-vis de l'Europe, qui a permis aux USA de s'assurer cette place de première superpuissance mondiale.
A aucun moment, l'existence de la CIA ni des services de renseignements n'est mentionnée dans ce document. Or, on sait que l'administration Trump est en désaccord profond avec la CIA.
Le texte va même jusqu'à encourager les USA à ne pas s'occuper du reste du monde, par exemple du continent africain, et de n'avoir une politique que réactive et non préventive envers le terrorisme.
C'est à dire, en gros, de devenir aveugle par rapport à l'étranger, ou en tout cas une bonne partie du monde.
Une telle politique est évidemment catastrophique, et ne peut que mener à de futurs 11 septembre 2001 (au fait, c'était un président démocrate qui était à la maison blanche le 11 septembre 2001? Je n'en ai pas l'impression).
Evidemment, il y a toute la politique d'extrême-droite de la maison blanche qui ressort, et la politique anti-Europe dont les médias ont parlé.
Etonnamment, le texte s'enorgueillit du soft power des USA, alors même que Trump est celui qui aura le plus contribué à détruire ce soft power, avec notamment l'abolition de USAID. Cela fait partie de ce que l'on pourrait appeler "les mots creux" du texte. Il y en a beaucoup, et notamment par rapport à l'OTAN. Le texte n'évoque pas le désengagement des USA de l'OTAN, se contentant de réasséner l'objectif de 5% de budget des Etats-membres.
Là où l'on perçoit le désengagement des USA vis-à-vis de l'OTAN, et de l'Europe, c'est lorsque le texte se réclame de la doctrine Monroe. Une doctrine condamnant toute intervention européenne dans les affaires « des Amériques » (Nord et Sud), tout comme celle des États-Unis dans les affaires européennes. Le texte parle même de "corollaire Trump", de la même manière qu'il existait le "corollaire Roosevelt" à cette doctrine Monroe. C'est à dire que l'administration Trump ne veut pas se désengager totalement des affaires internationales. Elle ne veut y être impliquée que dans la limite où ça sert ses intérêts et son business. Une attitude, bien sûr, de la plus totale irresponsabilité.
Le document démontre ainsi une totale méconnaissance du mécanisme des guerres en Europe et du rôle stabilisateur des USA, en prônant le nationalisme pour toutes les différentes nations. C'est la porte ouverte à la guerre, ce texte.
La plus grande trahison au monde que commet ce texte reste bien entendu le fait de nier les changements climatiques et les régulations qui s'imposent. L'écologie n'est donc mentionnée qu'en passant, pour la dénigrer, alors que ce devrait être l'un des premiers objectifs du texte. Parce qu'en protégeant la nature et le monde, on protège les USA.
En résumé, ce texte, en méconnaissant tout ce qui a fait la grandeur des Etats-Unis, ne peut qu'en accélérer le déclin.