Il m'est impossible de jouer le jeu de l'unité nationale quand je vois les mesures prises par Emmanuel Macron pour le reconfinement du 30 octobre. Le chef de l'Etat demande aux Français de se cacher derrière leur petit doigt. Je prédis que dès le mois de décembre, le gouvernement sera forcé de durcir le confinement, et que celui-ci va perdurer au moins jusqu'en février 2021. En voici les raisons.
Sauver Noël. Empêcher la propagation du virus. Eviter aux hôpitaux de se retrouver débordés. Tels sont soi-disant les objectifs de ce nouveau confinement. Malheureusement, le gouvernement n'a pas pris des mesures suffisamment vigoureuses, loin de là:
- les écoles, collèges et lycées, restent ouverts
- le télétravail n'est que fortement encouragé, mais les entreprises continuent à tourner
- de nombreuses dérogations existent, comme le fait d'aller voir ses proches en Ehpad
- les frontières restent ouvertes, alors que le virus circule très activement en Europe
Bref, ce gouvernement a surtout pour vocation de maintenir à flot tant bien que mal l'économie du pays.
Souvenons-nous du premier confinement en mars dernier. Les mesures avaient été nettement plus sévères, avec notamment la fermeture des écoles, collèges et lycées, et la fermeture des frontières. Malgré cela, le confinement avait duré beaucoup trop longtemps, et le virus circulait encore un peu trop, même au moment du déconfinement.
Avec le recul, il paraît évident que le confinement aurait dû être beaucoup plus dur en mars dernier. Il aurait fallu pratiquer un confinement à la chinoise, afin de limiter la durée d'autres restrictions, nettement plus draconiennes.
Qu'est-ce que l'on voit aujourd'hui en France? Le virus circule encore beaucoup plus qu'en mars dernier, les gestes barrières et les masques ne suffisent pas, toutes les régions sont touchées, et on sait déjà que quoi que l'on fasse, les lits de réanimation seront tous occupés aux alentours du 15 novembre.
La seule mesure intelligente et courageuse à prendre, c'est donc un confinement à la chinoise, ce qui suppose:
- fermeture des frontières
- fermeture des écoles, collèges et lycées
- fermeture de toutes les usines ou entreprises non essentielles qui ne pratiquent pas le télétravail
- arrêt total de tous les transports en commun
Bref, il nous faut une France à l'arrêt quasiment total. C'est le seul moyen de faire comprendre à nos concitoyens la gravité de ce que nous vivons. C'est l'unique moyen de resserrer dans le temps ce confinement, et de sauver effectivement Noël.
Tout se passe comme si le gouvernement connaissait déjà l'inefficacité de ses propres mesures. Tout se passe comme si le gouvernement voulait confiner les gens pendant tout le mois de novembre, décembre, janvier et peut-être février et au-delà, tout en laissant tourner l'économie au ralenti.
En dehors du fait de laisser tourner l'économie, le but, pour le gouvernement, serait de générer des contraintes suffisamment étendues dans le temps pour garantir la motivation des Français à se faire vacciner, une fois le bon vaccin sélectionné.
Qu'est-ce qui vaut mieux? Une économie qui va tourner au ralenti, en battant de l'aile, dans les 4 à 6 prochains mois, avec un virus qui continue à circuler et à faire des morts, ou une économie à l'arrêt total pendant 6 semaines, qui peut ensuite redémarrer à peu près normalement, avec de bien meilleures possibilités pour casser les chaînes de contamination?
Demandez aux Chinois. Eux ont fait le bon choix. Notre gouvernement, une nouvelle fois, agit de manière totalement irresponsable. On se retrouve en décembre et on en discute.
[EDIT 11 novembre 2020] : le tableau le plus pertinent pour se faire une idée du nombre de personnes en réanimation et comparer avec le premier confinement qui a commencé le 16 mars 2020 ci-dessous. Retenez-bien une chose: la baisse du nombre de personnes en contamination ne s'est amorcée que cinq semaines après le début du premier confinement. Mais le chiffre que nous atteignons à présent est déjà bien plus élevé que deux semaines après le premier confinement. Et le second confinement est beaucoup moins strict que le premier.