mardi 8 août 2023

Limiteur de vitesse Tesla : aïe aïe aïe !

En voyage en Italie dans ma Tesla Model 3 SR+, j'ai pu tester le régulateur de vitesse de manière plus extensive que je ne l'avais fait jusqu'à présent. J'ai compris pourquoi j'utilisais si peu ce régulateur, avec notamment une très mauvaise surprise en Italie. 

Je reviendrai en fin d'article sur le voyage en Italie en lui-même, mais j'ai pris conscience que le simple régulateur de vitesse dynamique, sans même parler de l'autopilot et des fameux "freinages fantôme" posait des problèmes de sécurité suffisamment graves pour faire l'objet du corps de l'article. 

Le très gros problème, à mon sens, du régulateur de vitesse Tesla est qu'il ne régule pas seulement la vitesse, mais a également l'ambition de réguler la distance de sécurité avec la voiture qui précède... mais pas avec la voiture qui vous suit! On a là un morceau de code que l'on sent détaché de l'ensemble du code informatique de conduite autonome. Un morceau de code qui a l'ambition de prendre des décisions quasiment de vie et de mort, en étant détaché de son programme principal. La conduite autonome, de toute façon, en Europe, n'est pas mise en place au niveau législatif, et la plupart des gens, comme moi, font le choix logique de ne pas se l'offrir. 

J'ai demandé à mon frère, qui a une Prius, s'il avait le régulateur de vitesse simple, sans distance de sécurité, et il m'a répondu par l'affirmative. L'heureux homme! Si un régulateur tout bête, sans distance de sécurité, existait sur les Tesla, je l'utiliserais nettement plus souvent sur les trajets longs et fatigants pour le pied. Ce serait tellement plus simple...

Il est en principe possible de régler la distance de sécurité, pour autoriser plus de mansuétude, moins de rigidité du système. Mais à ce sujet, le manuel de la Tesla Model 3 a évolué. Voici le manuel qui date de 2020, année d'achat de mon véhicule: 


D'après ce manuel, on peut, en naviguant dans les menus, modifier la distance de sécurité. Fort bien. Sauf qu'avec les mises à jour, ce n'est plus possible de cette manière. On ne peut y parvenir qu'en direct, en conduisant, comme l'atteste le dernier manuel de 2023.



Et vous noterez que la fonction de régulateur dynamique de vitesse a changé de chapitre, se retrouvant dans "fonctionnalités de l'autopilot" dans le dernier manuel. Ce qui prouve bien que ce morceau de code-là est très lié au code général de l'autopilot, et sans doute de la conduite autonome. 

Changer la distance de sécurité en direct, j'avoue que je ne l'ai pas fait sur ce trajet. Je l'ai fait dans le cadre de cet article, et je me suis aperçu qu'il était réglé sur son réglage par défaut pendant le voyage, à savoir 3. Je ne pense donc pas que ça aurait changé grand-chose à mon expérience, la distance de sécurité minimale étant de 2.

En Italie, les camions ne suivent pas toujours les lignes sur autoroute. Il suffit qu'un véhicule morde d'un chouïa sur votre ligne pour que le régulateur de vitesse estime que le véhicule empiète entièrement sur votre ligne, et que c'est à vous de réagir en conséquence, en freinant de manière à remettre de l'écart avec ce véhicule qui n'est pourtant pas, en grande majorité, sur votre ligne. Donc, le régulateur le fait à votre place, et freine. C'est hyper emmerdant, disons-le, même si on peut contrecarrer la chose en réaccélérant. On se rend bien compte que le régulateur de vitesse/contrôleur de distance de sécurité n'en a rien à faire de la distance de sécurité avec le véhicule qui se trouve derrière vous. 

J'en ai eu l'illustration de manière bien plus criante encore dans un petit village d'Italie où j'avais régulé la vitesse en raison de la présence d'un radar. Cette fois, le conducteur d'une Fiat arrivait en sens inverse quand il a débordé légèrement sur ma voie, alors qu'il y avait une ligne infranchissable. La Tesla a réagi de manière hystérique, en déclenchant le freinage automatique d'urgence. Ce qui, bien sûr, a manqué de causer un accident avec le véhicule qui me suivait, qui m'a copieusement klaxonné, et à juste raison. Là encore, le régulateur de vitesse/contrôleur de distance de sécurité n'a pas tenu compte de l'écart avec la voiture qui me suivait. Il a suivi son programme, qui signalait une collision inévitable à l'avant. Il a donc tenté de réduire les dégâts en m'immobilisant. 

Sauf qu'en fait, il y avait largement la place de s'éviter, ce qui a été fait. 

Quand on analyse ce que Tesla a fait, on s'aperçoit que la compagnie a donné à un bout de code le pouvoir de prendre des décisions drastiques, que seul un humain devrait pouvoir prendre, et en ayant une conscience bien trop limitée de la situation, puisque l'intégralité du code de la conduite autonome n'est pas en place sur mon véhicule. 

Vous saisissez le problème? On a là Tesla, une société typique de la Silicon Valley, qui va typiquement considérer que la puissance de calcul du processeur installé allié à la fiabilité de son logiciel va supplanter les capacités humaines... y compris quand le code est incomplet! Et ça, à mon humble avis, ça cause beaucoup plus de problèmes que ça n'en résout. 

Donc, Tesla, merci de nous offrir lors d'une prochaine mise à jour un régulateur de vitesse simple, sans contrôle de la distance de sécurité. Ce contrôle est un paramètre bien trop complexe pour être confié à la simple version de l'autopilot (puisque, rappelons-le, la partie sur le régulateur de vitesse se trouve dans le chapitre autopilot). 

Et ce voyage en Italie? Il a débuté par une très désagréable surprise. Le règlement par carte bancaire automatique en Superchargeur ne marche pas avec toutes les cartes bancaires et dans tous les pays, même si votre carte est une carte visa avec paiement autorisé dans le pays en question, comme j'en ai eu confirmation en interrogeant à ce sujet le groupe Facebook dédié à la Model 3 et Y. Il faut donc privilégier à tout prix le règlement SEPA (par Iban) si vous voyagez à l'étranger.

Au premier superchargeur suisse, celui de Krienz, après la recharge je reçois le message sur écran comme quoi la supercharge est bloquée pour cause de non paiement. J'accède alors au message sur mon compte en passant par l'application Tesla et je paye directement en passant par l'appli par CB. Le message d'avertissement s'enlève de l'écran
.
Au deuxième superchargeur suisse, celui de Beckenried, rebelote, même message comme quoi je n'ai pas payé après la recharge, même solution en passant par l'appli. Le message d'avertissement concernant la supercharge disparaît de l'écran de la voiture après paiement. 
 
Au troisième superchargeur suisse, celui de Melide, de nouveau le message s'affiche, de nouveau je passe par l'appli pour payer. Mais cette fois, non seulement le message d'avertissement concernant la supercharge ne disparaît pas de l'écran de la voiture, mais je perds la connexion entre l'appli et ma voiture. 
 
Arrivé au superchargeur de Modène en Italie, impossible de supercharger. Le message est toujours affiché sur l'écran. Je ne peux pas non plus passer par l'onglet entretien, ayant perdu la connexion avec la voiture sur l'appli. J'essaie de contacter Tesla, sans succès. 
 
Je me replie en catastrophe sur une borne Enel, je prends une formule d'abonnement, et je finis par bénéficier d'une recharge à 50 kw. Résultat, trois heures de trajet de perdus, avec le stress lié au fait que mon hôte Air BNB m'attendait bien avant. 
 
Le lendemain, je finis pas arriver à joindre Tesla France. Ils me remettent ma connexion sur l'appli, et il apparaît que la troisième fois, j'avais bien payé la charge: ce n'était donc pas une erreur de ma banque ou autre, mais bien un problème 100% Tesla. Je leur envoie la facture acquitée, et le problème sur l'écran est réglé.
Tesla a refusé de faire un geste commercial à la suite de cette méga galère.  
 
Par la suite, j'ai pu recharger sans problème sur un Superchargeur en Italie, même sans avoir fait le changement lié au prélèvement (c'est à dire que le paiement automatique par carte est passé sans problème).  

Au niveau du temps d'attente dans les superchargeurs, ça a été très satisfaisant malgré la période estivale plus chargée: j'ai attendu une seule fois environ trois minutes, au tout début. J'ai aussi pu supercharger à légèrement plus de 170 kw, qui est la limite absolue sur ce modèle, ce qui ne m'était jamais arrivé avant.

En dehors des problèmes de régulateur de vitesse, j'ai été toujours aussi satisfait de la consommation de la voiture et de son comportement routier. Toujours autant de plaisir à la conduite.

J'ai pu recharger dans mon logement Air bnb sans problème (je m'en étais bien sûr assuré auparavant). 


Et la Toscane est bien sûr une région magique à visiter, que je recommande. 























  On pourrait intituler ce tableau "naissance de la Fantasy"


Ce ne devait pas être un bon été pour Tesla chez moi, car en revenant chez moi, mon Wall Connector Tesla (borne de recharge) m'a lâché. Heureusement, il était sous garantie et va être remplacé. 

Au final, et malgré les problèmes de jeunesse de Tesla, je reste un client satisfait. La satisfaction n'empêche pas l'esprit critique, et c'est l'esprit critique, et constructif, qui peut faire naître de futures améliorations pour tous les utilisateurs. 

P-S : je parle dans le titre de "limiteur de vitesse Tesla" qui n'est pas le terme techniquement correct. Ce dont il est question dans l'article est bien le régulateur adaptatif, ou dynamique de Tesla. J'ai utilisé le terme de "limiteur de vitesse" car il m'a semblé plus accrocheur dans le titre. Pour moi, la solution que doit mettre en place Tesla serait un simple régulateur, non adaptatif, non dynamique.

Il existe bien un limiteur au sens strict du terme chez Tesla, que l'on peut régler à condition de mettre le véhicule en mode "Park" (frein à main), puis d'entrer un code pin, ce qui est bien sûr très contraignant.


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